jeudi 20 mai 2010

TOUR CYCLISTE DU JURA (version longue)



LE TOUR CYCLISTE DU JURA
(un résumé de la course en version longue)


IMAGES © FRANCE TÉLÉVISION

Jean-Luc Gantner

Jean-Marie Baverel (images)

Abou Sow (prise de son)

Benoit Courtine, Eric Debief, Françoise Médard (montage)

Frédéric Regenczuk (mixage)

Francis Nivot, Jacues Andria (transmission satellite)

Brigitte Pelissier (Scripte)

Jérôme Lidolf (édition)

© FRANCE TV / 2010






lundi 17 mai 2010

TOUR DU JURA 2010



L'ÉDITION 2010 DE LA GRANDE BOUCLE JURASSIENNE

3 JOURS SUR LES ROUTES DU JURA, AVEC PLUS DE 120 COUREURS ENGAGÉS
(LES PREMIÈRES IMAGES)





RÉSUMÉ DU TOUR CYCLISTE DU JURA 2010

© FRANCE TÉLÉVISION




lundi 10 mai 2010

TRAIL DES FORTS 2010



LE TRAIL DES FORTS à Besançon (7e ÉDITION)


LES CORPS « DÉFAITS »

ET L’INCROYABLE EFFET DU DÉCOR



Le Trail... L’idée d’une excursion dans des paysages fantastiques, le concept peut-être un peu vieillot d’une « randonnée en pleine nature », mais à très grande vitesse pour faire plus moderne. Comment vous expliquer exactement ?!





LES IMAGES DU TRAIL DES FORTS 2010

FRANCE TÉLÉVISION PARTENAIRE DE L'ÉVÉNEMENT.




Dimanche 9 mars, 8H. Lieu dit La Mallecombe à Besançon. 1300 coureurs prennent le départ de l’épreuve, sur deux distances distinctes (28 et 45 Km). Les conseils de mes amis spécialistes étaient stricts (en l’occurrence, mon amie Maria Charton, coureuses d'ultra, et un certain yann Gabet, le patron du magasin Endurance Shop à Besançon et qui avaient beaucoup ri de mes orgueilleuses prétentions) : L’obligation d’un entraînement à la hauteur de l’événement... C’est-à-dire : trois à quatre séances de course à pied par semaine au moins, pendant deux à trois mois minimum... Une longue préparation spécifique pour qui voudrait « juste » essayer de tenter le diable sur le parcours le plus long. C’est-à-dire 45Km de montées escarpées, de descentes abruptes (près de 4000 mètres de dénivelé général) ; de faux plats dans les deux sens, et sur tous les types de terrains. De la roche rendue glissante par le crachin, des sentiers déversant au bord des cascades, et des tonnes de boue qui colle aux semelles. Des monceaux de pierres qui roulent sous les pieds, et cette multitude de racines saillantes qui obligent à mille précautions avant chaque nouvelle enjambée. Ce fatras de branches cinglantes... une séance entière de flagellation ! Voilà pour le doux projet d’une aventure laborieuse de course à pied en dehors des routes habituelles, et les risques délectables qui accompagnent obligatoirement ce genre d’aventure sportive aux limites de la résistance morale et physique. Pour rester un instant sur ces bons conseils de mes amis, je dois vous avouer que mon agenda d’entraînement est vide depuis le début de l’année. Un problème dos récurant après une hernie discale il y a 1 an... et l’impossibilité de pratiquer la course à pied de manière régulière. Quelques footing tout de même ! et une pratique assidue du VTT depuis l’achat d’une machine de guerre qui monte les côtes toute seule et pique dans les descentes comme un avion. 45 Km... Une distance plus longue qu’un marathon ; et l’idée que certains muscles vierges de la moindre préparation n’apprécieront pas forcément la gentille distraction. Une surchauffe de quelques fibres spécifiques dés la montée au Rocher de Valmy et le début d’un vrai martyr à partir du le 20e kilomètre. Un chemin de croix pour les adducteurs et les restes d'un dos blessé. Tragique, sublime...


Ne parlions-nous pas ensemble, hier, des corps... des corps tourmentés dans l’histoire de l'art, de l’expression la plus sombre de l’anatomie humaine dans la représentation picturale occidentale. Des corps, torturés, suppliciés, martyrisés. La souffrance comme matrice d’un monde où le sacrifice constitue la règle sourde et la compensation d’un anthropocentrisme fanatique. Une nécessité métaphysique pour supporter l’inacceptable injustice qui régit nos rapports humains. Pourquoi courent-ils ?!... et sans récompense matérielle en ligne de mire, la question n’est pas banale. Au fil des kilomètres, je pensais à cette idée alors... celle d’une rédemption vitale, indispensable en contrepartie d’un confort quotidien exorbitant ; ces corps contorsionnés sous la douleur, ces faces grimaçantes... ces yeux, oui, exorbités dans les derniers kilomètres de la compétition. Cette sorte d'abnégation face aux difficultés. Je ne saurais dire exactement pourquoi ? La recherche d’une preuve d’existence peut-être ? La ferme intention de racheter quelques culpabilités du genre humain, dans l’action individuelle d’une lointaine douleur à supporter pour les autres. Cette idée d’un pêché originel, compris comme un sentiment ancien indélébile de la difficile carrière des hommes sur terre. Une vieille douleur de la grande comédie humaine sans cesse réactualisée. Je ne sais pas. Peut-être encore ce procédé épicurien qui consiste à provoquer une souffrance exagérée, au profit du moment extatique qui doit suivre d’un repos du guerrier bien mérité. (l’ensemble des réjouissances humaines à savourer, comme l’estime de soi ; ou la fierté d’avoir honnêtement, régulièrement combattu dans la plus noble des compétitions).





LES COMMENTAIRES D'UN COUREUR À L'ENTRAINEMENT (Pierre Antoine Mayol), QUELQUES JOURS AVANT L'ÉVÈNEMENT,

LE PETIT MOT D'UN PRO, LES EXPLICATIONS DE L'ORGANISATEUR, ET UNE "SPÉCIAL DÉDICACE" À LA FIN.

REPORTAGE © FRANCE TÉLÉVISION




Pour le décor... Les fameux forts dont le titre semble vouloir parler avec l'amusement d'un léger glissement de terrain (je veux bien sûr parler d'un agréable dérapage sémantique. Un joli jeu de mot quoi !) D’abord cette colline de Rosemond et ces ruines du fort Verne, 465m (juste le temps d'un clignement d'œil un peu furtif). La suite se déroule autour du fort Moncey sur les hauteurs de Planoise (une visite éclair et sans photo-souvenir) avant d’entreprendre la traversée de la vallée du Doubs par le ravitaillement d’Avanne, et de remonter au lieu-dit du Rocher de Valmy (la croix de Lorraine érigée par le groupe Guy Mocquet en hommage de leurs amis fusillés à la citadelle de Besançon le 26 septembre 1943). Les forts devants et les moins fortiches derrière... un bon millier de coureurs un peu à la ramasse déjà ! dans cette partie de mise en jambes, pour rejoindre le cirque du Bout du monde sur la commune de Beure (un des points de vue imprenable sur le Doubs et l’Ouest de Besançon. Juste le tout début du calvaire ! Car le pire est à venir ; en commençant par cette montée raide et glissante qui conduit la course sur le chemin des monts des Buis (près de 300M de dénivelé d'un coup sec). Rien, à côté d’un final taillé sur mesure au-dessus des sources d’Arcier (Un tas de cailloux disposés sur un pan vertical et pas une balustrade pour se raccrocher. une sorte de piste noir de plusieurs centaines de mètres à remonter à mains nues et les mollets en vrac). Mais il reste encore 15Km pour en arriver là ! La chapelle des Buis, la descente sur more, une remontée jusqu'aux ruines du château de Montfaucon (ses supporters, ses troubadours, sa musique baroque et même... une sublime créature humaine aux pieds de chèvre sur le bord du sentier. « Le satyre du bois de la Roche » qui peut m’écrire quant elle veut !) Une montée encore et puis une belle descente, une montée, une descente, une montée...


Après je ne sais plus ! Tout est un peu flou, un vrai trou noir sur l’effroyable escarpement terminal. (Des chèvres volantes, assises sur des boulets de canons, à l’assaut des prussiens en pleine canonnade à Valmy – Valmy, commune française du département de la Marne à la limite de la Champagne pouilleuse, où eu lieue la bataille célèbre du même nom, 20 sept 1792. La bataille au lendemain de laquelle fut proclamée la République à paris. Rien que ça !... Des corps de chèvres éclatés sous les bombes, de la chair à canon en forme de boue qui colle sous les godasses. Des corps morts à Verdun et leurs effets sur notre envie de courir et de tenir jusqu’au bout coûte que coûte. J’ai tout filmé grâce à ma caméra embarquée rivée sur l’épaule et mon enregistreur de sensations fortes accroché autour du cou. Le résultat bientôt sur www.france3.fr. La preuve de la bataille de Valmy par l’image, la victoire des français sur la Prusse qui n'en revient toujours pas, et une chèvre de haut niveau qui gagne la course à la fin.


Bon et bien voilà... Vous souhaitant un bon repos à tous. Et bravo encore à Arnaud Perrignon (Team Sport et Neige Salomon) pour sa première place et son temps de chamois... Bravo aussi à la brillante première féminine de la distance, Valérie Danton. Salut et à l’année prochaine avec un entraînement adéquat. Juré, craché.

NÉON™







Pour les chiffres (parce qu'il faut toujours bien être comptable de quelque chose) : Néon™ est arrivé à bout de force en 5H45 et s'est classé 218e sur 500 inscrits en individuel. Soit 94e de la catégorie V1. (Bon, le tout en filmant... en portant sur les épaules le matériel nécessaire pour filmer bien devant soi et même un peu sur les côtés dans les virages serrés. Le tout en changeant de piles lorsqu'il le fallait pour réussir à filmer la course jusqu'au bout, et en prenant des poses pour la caméra des collègues de la télé régionale...)






samedi 8 mai 2010

RAVEL - CONCERTO EN SOL


ENTRACTE /

Je n'ai pas pu résister à récupérer ce post de cet excellent Clément Liscoet sur sa page Facebook. Ce concerto en sol de Maurice Ravel. L'Adagio assai du deuxième mouvement. Au piano A.B. Michelangeli. L'orchestre lui, est conduit par Sergio Celibidache.








8 MAI...



LE « SOUVENIR FRANÇAIS »
SÉANCE DE RATTRAPAGE



« La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu’un individu » (Ferdinand LOT)




PHOTO © JL GANTNER (1983)


CAMP DE CANJUERS, ALPES DE HAUTE PROVENCE
ENTRAINEMENT DE LA SECTION MILAN DU 27e BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS (1983)


Je ne sais pas qu'elle grosse connerie j'avais bien pu faire à 18 ans, pour me retrouver tout un mois dans un endroit pareil sous les couleurs du drapeau français ? Trente jours de cagnard à jouer aux guerriers sur ce plateau aride des Alpes de Haute Provence qui borde les gorges du Verdon. Les falaise de l’Escales... Un vrai supplice pour ceux qui connaissent mon intérêt pour les parois de ce genre. 300 mètres de calcaire impeccable dans un décor de rêve. Une catégorie d’aspérités formidables en forme de gouttes d’eau et jusqu'aux baignoires... Pour mémoire, les itinéraires du bombé de « Pichenibule / 7b », les longueurs de « Dingomaniaque / 6c+ » dans les dalles grises, ou la fissure plus sauvage du « Necronomicon / 6c ». Les soirées à la terrasse des bistrots de La Pallud. (Où je devrais convoquer cette parabole de ce bon vieux mythe de Sisyphe pour que l’on se comprenne bien sur le protocole d’accord qui régissait mes rapports avec l’institution militaire à cette époque de ma vie !)
Un mois de manœuvre avec pour seule distraction quotidienne, la première possibilité d’un exercice de tir de missile sol-sol Milan™ au prix exorbitant de celui d'une Golgf GTI. D'une séance de tir un peu cher ou celle d’une séance de récupération/destruction d'obus tirés la veille et qu’on nous conviait expressément de découvrir dans un champ de mines de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Levé à 3 ou 4 heures du mat après une nuit sur des lits-picots rangés sous des tentes dortoirs. Mille mecs déployés chaque matin après le café en une seule colonne dans leur treillis de campagne, et un chef par section pour leur gueuler dessus toute la journée. Le chef !... Pas le genre philosophe... si vous voyez de quoi je veux parler. ! (Bien que j'en ai ensuite connu d'autres, qui n'avaient même pas fait leur service militaire...) Le 8 mai donc... ce 8 mai là, 1982, pluvieux à Paris ; le premier 8 mai « férié » depuis longtemps selon les propres souhaits du président François Mitterrand de renouer avec une certaine idée du souvenir et des traditions nationales. À vrai dire... je ne m’en souviens plus vraiment. Ni du défilé sur les Champs Élysée sous la pluie, ni de l’accident de Villeneuve le même jour (le corps du pilote filmé au ralenti par les caméras de TF1 alors qu’il est éjecté de sa monoplace et projeté contre le grillage de sécurité). Diffuserait-on la même horreur aujourd’hui à vingt heure sur nos écrans retroéclairés ? Je ne sais pas ? Faudrait voir !... Bon week-end en tout cas, et bonne armistice à tous.



CORPUS CHRISTI


LE CORPS DANS TOUS SES ÉTATS D’ART.

(PROJET D'ASSISTANCE TECHNIQUE DÉDIÉ À MA FILLE AINÉE QUI S'IMAGINE QUELQUEFOIS QUE JE L'OUBLIE, SUR LA QUESTION D'UNE MEURTRISSURE IMMÉMORIALE, ET SES CONSÉQUENCES DANS LA PRODUCTION ARTISTIQUE OCCIDENTALE). Les conséquences d'une meurtrissure... et parce que j'ai aussi un peu de mal à dormir à quelques heures du départ d'une course pour laquelle je ne suis pas nécessairement suffisamment entraîné !


(En réalité, l’idée d’un Derrida plutôt difficile à commenter dans le détail, et cette volonté affichée d’essayer de sortir de ce bourbier au plus vite pour réussir à se concentrer sur la dernière saison de Desperate Housewives en streaming sur un écran 17"...)

Pour mémoire... (et il faut quand même bien essayer de se lancer un jour !) : La critique déconstructionniste représente l’idée selon laquelle la relation directe entre le signifiant (la forme d’un signe) et le signifié (le contenu d’un signe) ne tient plus pour structurer notre histoire de la métaphysique. À l’immobilisme de la structure, Derrida propose l’alternative d’une l’absence de structure, libérant ainsi le discours circonscrit depuis toujours à ce dogme, pour une aventure nouvelle de la parole où s’opéreront dorénavant des glissements de sens infinis.

Une explication qui vaut ce qu'elle vaut. Et vous pouvez toujours me faire part de vos remarques en temps utile.




ECCE HOMO - PHOTOMOBILE™ / JL GANTNER - 2006


Bref ! Revenons alors à notre sujet du jour. Alors que dans l’antiquité on honore, on glorifie une certaine idée du corps parfait, athlétique, guerrier ; ces dieux comblés et invincibles, ces armées grandioses et victorieuses... À la majesté des formes et leur pureté, qui caractérisent ensuite l’époque romane, succède dans l’art occidental de la fin du Gothique, l’expression des sentiments. La recherche de l'expression des sentiments humains, peut-être aussi en remplacement de plus en plus définitif du caractère magique de l’œuvre première. À partir du XIII e siècle, les sculptures s’animent, les visages s’affinent, les gestes perdent de leur rigidité jusqu’à gagner cette incroyable intensité rencontrée sur les pietà du XVe...
D’un art, d’abord érigé par les hommes comme un objet de médiation possible entre la vie et la mort, un intermédiaire entre le monde visible et l’invisible... L’art confirme un changement de statut presque radical dans la civilisation occidentale au moment même où celle-ci se consolide franchement.

La renaissance et l’anthropocentrisme qui l’accompagne, va donc tout changer, tout remettre en cause.. La question de l’expression de la souffrance des âmes et celle des êtres de chair et de sang surtout. La question du martyr des corps devient de plus en plus, une des conditions sine qua non de l’œuvre d’art. Les thèmes picturaux se constituent et se multiplient, qui concernent le tourment, la peine, les meurtrissures, le supplice de l’homme sur terre... Voyez l’exemple fameux de « L'Enfer » (volet de droite du triptyque du « Jardin des Délices ») de Jérôme Bosch (1453-1516). Sa préoccupation pour l’humanité corrompue, condamnée à l'enfer éternel. Cet « Adam et Eve jetés du paradis » comme pilier d’ascendance ; le fondement, la structure de la vision des corps dans le monde occidental. Oui, c’est bien l’enfer et les limbes de la souffrance humaine qui fascine dès lors. Et c’est bien sûr : la passion du Christ qui captive d’abord les hommes du cinquecento, la crucifixion du fils du Dieu chrétien, comme ce « Martyr de Saint-Sébastien ». Ce « Barthélemy » peint par Miche Ange, portant sa propre dépouille dans la fresque du « Jugement dernier » ; « Judith décapitant Holopherne » (vers 1598) du Caravage... Mais aussi ces corps ensanglantés dans « L’incendie du bourg » (1514-1515), la fresque de Raphaël. Une véritable mue du statut occidental des corps, en marche.

Plus près de nous, « La porte des enfers » de Rodin (œuvre commandée en 1880 et jamais livrée), reprendra cette mue en marche sous le pinceau du maître de la Sixtine, comme un écho mille fois augmenté. Et le pire reste à venir ! L’imaginaire des corps, qui n’a pas fini de se transformer. Toute une rhétoriques du paysage humain à renouveler, comme ces corps bientôt... fragmentés d’un Magritte ; son « Evidence éternelle » (1930) ; ceux d’un Giacometti surréaliste après sa rencontre avec Breton, « la femme égorgée » (1932). Les corps, décomposés d’un Picasso, comme une question aux mille réponses possibles qui hante l’artiste. « Qu’est-ce qu’un corps ? semble demander cette école cubiste perméable à la psychanalyse naissante. À partir de quel point de vue l’évoquer ? Une question dont « Guernica » (1937) représente peut-être au vingtième siècle une sorte d’achèvement tragique. Des corps interrogés de l’intérieur, passés à la moulinette de leur propre mythologie (un continent entier de réponses toutes faites.) Un désert à explorer ; désintégré puis recomposé par l’art moderne et la pensée intellectuelle qui l’accompagne depuis Marcel Duchamp (sa rencontre avec Raymond Roussel...). Son « Nu descendant l’escalier » et plus tard sa « Mariée mise à nu par ses célibataires, même » (1915-1923, volontairement inachevée). Jean Dubuffet... « Le Métafisyx » (1950), désacralisant le nu féminin, « Changé en galette, aplati au fer à repasser ». Jean Dubuffet qui fissure l’icône, l’idole féminine jusqu’à la monstruosité.

Des artistes qui s’interrogent, qui enquêtent, jusqu’à prendre cette « décomposition » au pied de la lettre, à l’image de l’artiste française Annette Messagier (« Mes vœux, 1989) par exemple. Annette Messagier qui s’interroge sur la condition féminine et le statut de son propre corps ; une anatomie, comme un objet morcelé par le regard des hommes. Cette spécialité « photographique », puis « cinématographique »... qui découpe, fractionne le corps/cadavre pour donner du sens à cette vaste chambre froide du désir ardent. Une chorégraphie mortuaire, hiérarchisée et subordonnée au seul besoin de jouissance masculine. Où il serait question des corps de Godard alors ! Le cinéma moderne. Ce corps sur la toile, enfin libéré de ses chaînes académiques après 1945. Les corps de Jean Eustache. Ceux, de Cassavetes. Cassavetes qui selon Deleuze, « cherchait le courant qui aurait su passer d’un corps à l’autre ». « Cet enchaînement des attitudes, dit encore Deleuze, qui remplace l'association des images ». Le corps de Brecht, le Gestus de Brecht... cette attitude de l’anatomie, la coordination des attitudes entre-elles qui révèle le temps ou la pensée. Cette idée fixe à défaire, qui veut que le corps mis en scène fût infiniment plus vulgaire que l’image, noble, de la pensée. L’idée de la parole, du verbe comme instrument « sacré » du langage, par opposition à ce poids corporel compromettant, cette masse aliénée, confuse et embarrassante. Avec le cinéma moderne, Le verbe est devenu chair, et la chair ne tarde pas à reprendre sa fonction principale. Une décomposition des corps et leur recomposition comme pire instrument de terreur et de répulsion... Prenez Francis Bacon. Bacon qui peint non le corps lui-même, mais plutôt la sensation du corps. « des figures surgissant de leur propre chair » aimait commenter l’artiste irlandais. Bacon qui surgit dans un XXe, siècle se surpassant en massacres, en tortures et en horreurs de toutes sortes. « Une humanité qui se vomit elle-même » a écrit l’historienne Margherita Leoni-Figini à propos de l’œuvre du peintre. Des figures terribles, convulsées ; comme, oui, expulsées d’elles-mêmes... comme ces personnages défaits, démontés, décomposés, disparaissant de Beckett. « J’ai voulu peindre le cri affirme Bacon... plutôt que l’horreur ».

Et c’est pour finir, le corps véritable, le corps lui-même et non plus sa représentation, qui fait carrière aujourd’hui et depuis les années soixante sur la scène de l’art contemporain. Un corps outil, un corps support d’expression, véhicule de toutes les provocations, de toutes les revendications. Les « corps pinceaux » d’Yves Klein, le corps comme « toile vivante » chez Keith Haring. Les corps statues de Bruce Nauman... Là encore, le corps n’échappe pas à son chemin de croix. À l’exemple des souffrances volontaires que s’infligent des artistes comme Gina Pane ou Chris Burden « coupée au rasoir » pour l’une et « blessé par balle » pour le second. Martyr, absurde, peut-être ?... Les corps morts d’Andres Serrano, photographiés comme des natures mortes qui rappellent dit-on aussi ces vanités peintes par Théodore Géricault. Le corps dans touts ses états d’âme artistique, « sacrifié » comme la matière première de toutes nos blessures intérieures, de toutes nos écorchures. Non ! Le corps dans l’art, n’a pas fini de mourir pour nous aider à vivre un peu. Une transgression vitale. Le procédé peut-être d’un repoussoir nécessaire, indispensable.

NÉON™






dimanche 2 mai 2010

PHOTOMOBILES™ - LES BIJOUX DE FAMILLE / I


LES BIJOUX DE FAMILLE ou « LES ENCADRÉS »
PROJET
PHOTOMOBILES™/2010



L’esprit est un peu chargé, je veux dire légèrement « exagéré ». un cadre excessif, véritable, « récupéré » de l’époque Louis XIII ou Louis XIV... comme point de départ du projet, et une image de fond issue d’une tentative de prise de vue ratée au téléphone portable chez un antiquaire en 2006 chez qui je n’avais rien acheté (comme je déteste en général les vieilleries, la pacotille ancienne et le rustique).

L’étude de cette « boîte à bijoux ». relève de ce vieux procédé de l’accumulation, de la restauration et du collage de souvenirs intimes... La méthode du recyclage, donc... et j’y viens ! avec l’âge peut-être ?!... comme Ingres s’était déjà conformé à l’exercice avec son « Odalisque » traitée successivement à la manière orientale, puis en grisaille, à la craie, à l’huile ou à la mine... Un certain bonheur de la « réinsertion »... et un certain penchant pour l’appropriation aussi, comme qui dirait pour s’accommoder de tout. Comme Manet copiant Le jugement de Paris pour son fameux Déjeuner, Un copieux repas repris à son tour par Picasso. Sherrie Levine « photographiant des photographies » d’Edward Weston (Oui, un vrai scandale monsieur le juge ! Une sale copieuse, comme je vous le dis.) Ou encore les fleurs de Warhol dans les années soixante-dix, ni plus ni moins empruntées en l’état à une publicité de la marque Kodak™. Une pratique artistique aux contours juridiques jugés assez flous, comprise entre la citation et la rapine pure et simple (un vrai pillage ! M’ssieur le commissaire, je vous assure !) En vérité, un délice intellectuel post-moderne, ou le sacré côtoie la matière ordinaire, banale ; ou l’image prestigieuse se mêle à la simple effigie industrielle, fonctionnelle. Tout est bon dans le cochon mon bon Léonard ! (Ce « recycleur » lui-même... de vierges à gogo...) Un procédé de location, d’emprunt... plutôt que ce foutu esprit de la propriété™, ce droit d’auteur© un peu hypocrite et tellement prétentieux. Le côté : « C’est à moi » ou « c’est chez moi » puisque je l’ai acheté avec mes sous. « C’est mon pays... puisque j’ai même un papier officiel qui le prouve... Que j'ai aussi le coup de tampon qui va avec. « Oui, ma maison, ma bagnole et ma femme aussi, bien sûr ma femme ! Ma femme et mon chien. » Oh, Mon Dieu ! Le côté propriétaire... et sa propriété « bien encadrée » ; les cadres de la structure sociale et nos coutumes générales pour ne pas déborder... Tout un système institutionnel d’encadrement hiérarchisé, pour que rien ne bouge surtout ! les procédés malhonnêtes de répartition, la grande arnaque libérale, et celle des kolkhozes pour s’y opposer, les délices du collectivisme, la dictature du prolétariat.






C’est je crois Marcel Duchamp qui disait d’ailleurs sur le sujet de la propriété : « qu’il avait eu cette chance de passer à travers les gouttes ». Lui, le fils de petit notaire de province, de petit notable... l’inventeur génial du fameux Ready made, qui se souvenait avoir compris « heureusement assez tôt » que la possession était vaine... « Réduire ses besoins, posséder le moins possible... insistait Marcel Duchamp, comme la clé du bonheur de vivre et celle d’apprendre à aimer vraiment ». Ce Diogène d’Athènes en substance... plutôt qu’un mauvaise traduction de Karl Marx. Diogène et ses contradictions. L’illustre disciple d’Antisthène, qui pensait l’amour comme une discipline absurde et qu’on ne devrait jamais s’attacher à personne dans le but ultime de garantir sa liberté. » La liberté donc... Voilà la belle affaire ! Ce cynisme, cette « sagesse », cette « vertu » oubliée. Cette saine critique des convenances... et ses limites dont on pourrait discuter des heures entières sans en voir le bout.









Un projet de « Bijoux de famille » donc, tendance Magritte. Une approche « baroque » ; un traitement du message « à l’indienne », pour arrêter une bonne fois pour toutes de prendre toutes nos communications au sérieux. Le côté Brahma, Lakshmi ou Shiva de la grande messagerie Photomobiles™/2010, pour rester zen malgré le joyeux bordel médiatique et télévisuel qui nous plombe le paysage et le ciel tout entier. une prolifération de natures mortes sur l’écran et toute l’obscurité qui en résulte. Et en parlant d'indiens, tiens ! Raoni, le chef Kayapos est revenu nous tirer les oreilles ce dimanche soir sur TF1. Le chef se dit dorénavant prêt à la guerre, prêt à livrer bataille, à constituer une armée contre les blancs qui ont voté la construction du barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu, programmant du même coup la fin d'un monde, la forêt des ombres. Sa terre, la terre de ses ancêtres. "Votre technologie a abruti mon peuple, dit Raoni. Depuis l'arrivée des blancs, les malheurs se sont abattus sur mon peuple". Et voilà comment d'un coup de pinceau hertzien, cette première chaine par ailleurs souvent binaire et démagogique, m'a recollé un coup de pied au cul concernant cette bonne vieille idée "bourgeoise" de la propriété. Ou comme disait Charles Fourier qui ne croyait pas en "la bonté naturelle et infinie de l’homme "(le Fourier de "la propriété, c'est le vol" ) : "La propriété est aussi la seule garantie... de la liberté de chacun de disposer de lui-même et de se prémunir des atteintes extérieures, de tout abus contre lui" (Je traduis rapidement bien sûr). ce Fourier qui se battit contre l'Élysée, mais sans rejoindre "la Montagne" pour autant. Allo ! Ouais je sais que t'en a rien foutre des indiens et que tu n'aimes pas la montagne non plus ! D'ailleurs t'en a jamais rien eu à foutre de rien sinon de ta petite personne et de ta petite carrière idiote ; sinon de tout ce qui a une petite chance de faire briller encore un peu plus ton vernis. Je ne sais pas pourquoi je m'énerve, d'ailleurs ?! Avec tout ce clinquant dorénavant, au lieu des idéaux passés. Bon, je te laisse. J'ai ma boîte à bijoux à repeindre et un bon coup d'huile à redonner dans les charnières. À un de ces quatre comme on dit. Je t'embrasse, et prends bien soin de toi.






© TOUS DROITS RÉSERVÉS





LES PHOTOMOBILES™/JL GANTNER