mardi 5 avril 2011

DES COUPS DE RÂTEAU QUI SE PERDENT !



Lettre ouverte et néanmoins j'espère fort sympathique à Nicolas GUILLEMET, Benoît CYPRIANI, Corinne TISSIER, Daniel HUOT, Francois LOPEZ, Jean-Sébastien LEUBA et Jean-Louis FOUSSERET…







(À PROPOS DES BATTERIES DE SOUFFLEUSES À NOUVEAU EN MOUVEMENT SOUS LES FUTAIES BISONTINES ET MALGRÉ TOUTES LES BELLES PROMESSES PRÉVUES DANS L’ÉLÉGANTE LITTÉRATURE DU NOUVEL AGENDA 21.)


Ou l’idée d’un « geste citoyen, eco-responsable » facile et peu coûteux… mais qui a dû passer entre les dents de la belle machine à nous faire prendre des bouteilles d’arachide de culture pour des paquets de cacahuètes sauvages bons pour les singes, et les milliers de visiteurs crédules qui payent pour les voir bouffer derrière les barreaux.


« … pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux, en construisant un nouveau modèle de développement plus responsable » J-L Fousseret, maire de Besançon.


Imaginez... (Et permettez aussi que je sois un peu long à me lancer dans mon propos au lieu de me jeter dans le métier comme on le fait aujourd'hui, toujours à bout de souffle…) Oui, imaginez le son d’une mobylette, manette de gaz à fond… ou bien encore cette sorte de scooter débridé qui s’acharne à prouver qu’il existe. Vous savez ! Ce genre d'engin qu’on déteste voir débouler des quartiers populaires pour faire du bruit sous nos fenêtres… Ces deux roues « agaçants » et leur pollution sonore « intolérable » pour la tranquillité de nos centres-villes. Une nuisance, tellement préjudiciable à la qualité de vie dans nos rues qu’il est toujours apparu nécessaire aux élus bisontins, de rappeler sans cesse leur engagement sur le sujet « Il faut responsabiliser les parents et les enfants. Près de 80% des deux-roues seraient « kittés » ou débridés ». Nous explique une édition déjà ancienne du BVV. « Avec pour conséquences (outre des problèmes évident de sécurité) DES NUISANCES SONORES …/… Les jeunes utilisateurs doivent toujours garder à l’esprit que la répression des contrevenants a débouché, par exemple, en 2005 sur la confiscation par les services de police nationale d’une cinquantaine de deux-roues. A méditer... » concluait l’article de 2006. Oui, méditons, méditons…






Fort de cet engagement voulu par le locataire de l’hôtel de ville de mettre un vrai coup d’accélérateur au principe de développement durable, on avait même signé une charte environnementale en 2005 au niveau du Grand Besançon, et mis sur pieds le fameux Agenda 21 local. Une démarche remise à jour au mois de février de cette année 2011 et dont les prémices remontent au mois de novembre 2003 avec la venue à Besançon du Directeur de l’Institut européen d’écologie, l’immense et inénarrable Jean-Marie Pelt. L’idée de tout faire pour diminuer l’impact de nos comportements sur l’environnement, celui de réduire au maximum les gaz à effet de serre en particulier « Pour limiter la pollution de l’air et diminuer les maladies respiratoires, pour contribuer à l’atténuation du réchauffement climatique » (une des principales recommandations du sommet de Rio en 1992). L’idée de préserver les équilibres fragiles et d’essayer de tout faire pour mieux vivre ensemble. Un plan de 157 actions à l’époque. Un dispositif qui s’est voulu « exemplaire » à Besançon et dans la communauté d’agglomérations. Les conclusions d’un rapport plein de bon sens : « Les principales nuisances environnementales sont la conséquence de notre non organisation » a t’on pu lire sur une plaquette distribuée au grand public et à la presse en 2006. « Notre non organisation… » Oui, car « c’est aux collectivités de montrer l’exemple » insistait-on fièrement ! « Agir, inciter, fédérer … /… Fédérer autour des bonnes pratiques de jardinage à Besançon. Modifier le parc de matériel pour mieux répondre aux objectifs de la gestion différenciée des espaces verts. Réduire le bruit ». Oui ! « RÉDUIRE LE BRUIT ». « La Ville de Besançon et la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon ont compris, depuis longtemps, la nécessité d’une nouvelle gouvernance, capable d’intégrer nos responsabilités environnementales » a écrit Allain Bougrain-Dubourg lors du 4e forum du développement durable organisé dans la capitale régionale le 6 février 2009. Une belle rhétorique qui réussit à entretenir un certain zèle dans les meetings, les comités de quartiers ou dans les pages payées d'avance de la bonne presse parisienne. Même si l’on doit tout de même reconnaître l’effort, considérable et constant, du premier jardinier de la ville, son côté « apiculteur » averti, éleveur de chèvres ou « vigneron » (dorénavant responsable d’une exploitation viticole communale sur les hauteurs de Velotte). Oui, l'homme qui murmure aux pots d'échappements des mobylette sauvages précitées…

Et voyez dans ma longueur… comme je suis beau joueur en exégète averti d'un Agenda savoureux et plein de savants rebondissements.


Oui, même s’il faut parfaitement bien mesurer toute l’action de ancien délégué national chargé de l’écologie urbaine et du développement local au PS sous le mandat de François Hollande… en cette matière d’un rapprochement franchement honnête avec la famille de pensée de son frangin, membre de l’ONG « Les amis de la terre », vice président du conseil régional en charge des transports (plus propres) et tête de liste du mouvement Europe Écologie - Les verts en franche Comté. Oui… même si j’avoue encore préférer l’action partielle (forcément un peu « partiale » et intéressée), une action insuffisante ou fragmentaire… au manque d’action ou aux bâtons dans les roues, aux feuilles de route chiffonnées juste après les discours de convenance, la propagande et ses effets de cirque ; « la pornographie » a dit Godard (et on se demande bien ce que vient foutre Godard là dedans ?! Godard et tout son cinéma pour qu’on se souvienne de lui au lieu de ses films que personne ne va jamais voir).



BESANÇON, PLACE GRANVELLE - PHOTO © JL GANTNER 2011



Mais voilà que j’arrive enfin à l’objet de mon propos. Oui, permettez que j’arrive à mon rythme et selon mon souffle, à mon allure (ma bonne allure)... jusqu’à à cette compagnie de « souffleurs » qui a repris du service aujourd’hui même, et comme chaque année à la même époque notamment sous la futaie de la place Granvelle. (Des souffleurs… mais qu’il ne faudrait pas confondre avec ceux du « Français » qui ont toujours eu le sens de l’humour pour rattraper les acteurs principaux qui perdent quelquefois le leur sur la scène des grandes comédies humaines. (Mais « souffler » n’est pas jouer comme chacun d'entre nous l’a appris pour se distraire les méninges). Non, ni ce genre de souffleurs, ni d’autres bénéficiaires de courants d’air incertains comme ces gens de Bacchus (pour en passer un instant par une scène locale et le sujet de ses amours mortes…) Ces artistes « locaux » et leur souffle court à force de n’être jamais complètement prévus au programme d’une véritable culture « durable ». Des artistes… Et rendons d’emblée un hommage particulier à cet honorable Jacques Rouxel, cet autre genre de souffleur de bonnes formules dans le bec d’une paire de Shadocks qui n’ont pas fini de nous faire rire perchés sur leur pattes ridicules ! Et pardonnez alors ma digression...) Des souffleurs, ou plutôt ces drôles d’engins équipés de leur moteur à essence carrément polluant sinon au moins très bruyant, conduits par un binôme de scaphandriers jaune ou orange fluo (dont j’ose espérer qu’ils sont au moins rémunérés par la ville elle même ou la communauté d’agglomération. Je veux dire avec un contrat à durée déterminée et des avantages sociaux en bonne et due forme comme les socialistes en prescrivent la nécessité pour les autres, au lieu de cette pratique d’une sous-traitance si pratique … qui agirait dans le cadre d’une mission de service public commandée, mais pour son compte personnel et son propre enrichissement, beurk !… Je ne sais pas ? Mais je vais quand même me renseigner dés que j’en aurais l’occasion !) Un binôme de jardiniers d’un genre franchement décalé dans le décor actuel de nos préoccupations écologiques et de santé publique ; celles de la politique fermement affichée par la ville depuis l’élection de Jean-Louis Fousseret dés 2001, et qui s’est considérablement amplifiée depuis cet échec cuisant du Grenelle de l’environnement de 2007. (Un fiasco à mettre sur le dos d’un gouvernement actuel et de ses fâcheux principes dont ce cher Godard vous rappelait la formule tout à l’heure). Bon, comprenez avant tout que je n’ai rien contre la gent souffleuse de feuilles mortes elle-même ! Je veux dire cette machinerie programmée d’une soufflerie infernale de résidus verts dans le jardin socialiste en tant qu’individus ou personnel salarié sur le terrain. Non, rien du tout ! Et comprenez qu’il eût fallu que j’employasse cette précaution d’usage avant de m’attaquer plutôt à sa hiérarchie, cette forme de représentation admirable de la multitude shadockisée dont nous évoquions l’éloquente prédisposition il y a un instant. Une direction des affaires municipales « engagée depuis de nombreuses années déjà dans une démarche de gestion durable des espaces vert et dans la mise en œuvre des techniques alternatives…» et qui pose l’ambition de « limiter, voire de supprimer les outillages bruyants (balayeuse, souffleuses…) » je cite là le point 131 du nouvel agenda mis à jour cet hiver au chapitre de « La prévention du bruit dans l’environnement ». Oui, beaucoup de bruit pour rien, non ?!... Une équipe et son allégresse aux affaires qui oblige encore de nettoyer les sols de nos parcs à coup de décibels rustiques et de rejets de CO2 affligeants pour l’avenir de nos gosses déjà privés de mobylette. Des séances d’assaut d’au moins deux heures sans discontinuer. Un effeuillage en règle au caractère brutal pour les appareils auditifs de nos personnes âgées ou pour les oreilles encore frêles des marmots. Un vacarme franchement rédhibitoire et des litres d’essence brûlées à chaque passage répété tout l’été jusqu’aux derniers jours de l’automne. Soit bien huit mois d’une politique de jardinage « intensif » qui fait un peu tâche au milieu des projets de ruches et de reconversion des plans de circulation en mode doux. Une attaque à l’arme lourde contre le bon sens et les bonnes manières qu’on rencontre généralement chez les gens bien élevés. Une technique de soufflerie intensive et nauséabonde, réputée aussi pour cette propension de l’outil à brasser toutes sortes de particules nocives et de déjections canines dans l’air qu’on respire.


RATEAU NEUF 14 DENTS (DOUILLE FORGÉE) / 22,25€ TTC


Bref ! on se demande pourquoi l’homme a un jour inventé le râteau. L'instrument simple, bon marché, et qui ne réclame aucune sorte d’entretien mécanique particulier… Un truc on ne peut plus économique, mais qui ne rapporte sûrement rien à personne non plus au delà d’un petit coup de pouce au bien être des gens. Un appareillage des plus sobre et plutôt de gauche même si on l’utilise de la main droite. Un accessoire d’autant plus joli sur les photos des touristes ou sur les couvertures des grands hebdomadaires en mal de sensations fortes. L’ustensile et son maniement plutôt agréable (si l’on en croit tous ceux, nombreux qui savent encore s’en servir...) Un moyen efficace de promener les feuilles où l’on veut et même de les ramener d’où elles viennent, l’esprit libre, libéré des contingences sonores agressives ; libre alors de penser à autre chose en rapprochant les feuilles vertes des moins rouges ou des plus jaunes, d’en faire une jolie palette de couleurs pour épater les professeurs d’art plastique ou les décorateurs de théâtre. Libre d’en faire des petits tas ou des gros ; libre d’attendre que ces feuilles-là s’en aillent toutes seules ou qu’elles pourrissent sur place pour convertir les odeurs de pluie en parfum subtil de sous-bois. Une pratique artistique entièrement SILENCIEUSE ! Tant pour l’utilisateur du métier que pour son client de la voie publique apaisé.

Car je plains pour finir, ces forçats de l’éradication total du moindre poil qui dépasse de nos sylves urbaines ; ces bagnards rendus sourdingues au bruissement du vent dans les feuilles, ces fameux « soirs sereins et beaux… » Comme je plains tout autant ces consommateurs des terrasses de brasseries, comme ces marcheurs du palais Granvelle invités à spéculer sur ces autres et fameuses « Feuilles d’automne » hugoliennes, dans la fureur des moteurs. Des feuilles d’automne et toute la poésie qu’elles contiennent, à qui l’on fait la chasse dés les premiers jours du printemps pour je ne sais quelle raison religieuse ? Comme je plains, oui, l’impossible chuchotement de quelques conversations philosophiques dans l’aliénation du bruit des gaz vrombissants ; le murmure des paroles amoureuses dans le vacarme des moteurs éreintants. Toutes ses feuilles mortes qu’ont pourrait continuer de ramasser à la pelle… (et voyez comment je ratisse large dans ma tentative de manœuvre pour en finir avec les paradoxes, les incongruités d’usage et les contradictions de notre monde moderne en pleine exagération !)

Où revient nécessairement l'idée d'un beau râteau promis sur le papier, et beaucoup de bruits pour continuer encore longtemps de nous en passer.


JL Gantner / le 4 avril 2011