samedi 17 août 2013

3 JOURS DE MONTAGE AVEC LILI™

3 jours de montage. Ou plutôt, 45 heures de boulot en 3 jours. Pour dire l'intensité du programme de vacances ! Le salon réaménagé en studio de post-production, et une machine à café au bord de l'asphyxie...

Comme d'habitude, sans sucre le café, mais avec beaucoup de flotte et un peu de lait. Un café américain quoi ! Même si c'est pas bon pour les vieux le lait, oui ça va...
Lili™ au petit soin pour son papa carrément content de partager ce jeu de construction pictural avec sa môme comme ils se l'étaient promis. 3 jours de boulot sans décoincer des écrans. Le temps aussi de rattraper des heures de conversations essentielles à propos du monde qui nous entoure et de toutes les drôles d'idées qu'on peut s'en faire.


 LILI + JL GANTNER PENDANT LE MONTAGE
  
Juste pour planter le décor d'une séance de travail destinée à mettre en forme le film d'un morceau de musique joué sur des falaises normandes devant la caméra de Lili™. La caméra, un appareil photo ou son téléphone portable... comme bientôt une assiette plate, un trombone à coulisse ou une clé à sardines auront aussi bientôt la possibilité toute naturelle de faire des films, ou comme les marchands de Tupperware vendront aussi des contrats d'assurance, et votre banque des crampons douze pointes pour accompagner leur ligne de meubles d'extérieur...

ART WORK © LILI + JL GANTNER 2013

Bref, je vous raconte pas la tête d'Henri Verneuil obligé de tourner son "Mouton à cinq pattes" sur son iPhone 5 au lieu d'une équipe dévouée, mais quand même un peu encombrante de "cent dix huit mille" techniciens de l'image et du son qu'il faut tous inscrire au générique ! Et alors oui, bon, bien sûr ! Tous ces gens aujourd'hui au chômage déjà que c'est déjà pas facile de trouver du boulot et que c'est vraiment pas prêt de vouloir s'arranger... Vous voyez où tout ça nous emmène. Un monde où même les chinois finiront par se faire piquer leur taf par des imprimantes 3D. Un monde où on se demande bien ce que les gens pourront foutre au lieu de bosser toute leur vie comme des cons pour élever leurs mioches, les trimballer dans les supermarchés avant de les poser devant la télé le reste de la journée, et payer leur facture d'Internet pour être sûr de continuer de capter toutes les chaines de foot en répondant au téléphone en même temps. Heu... si tu pouvais me retrouver le time code de l'image de la mouette qui vole au dessus des vagues juste au moment où le soleil se couche.

ART WORK © LILI + JL GANTNER 2013

Un monde sans boulot, sans thunes, sans télé, sans téléphone,  sans foot, sans rien !... Une sorte d'idéal hédoniste en quelque sorte.  Ok je l'ai. Qoui ? La mouette, je l'ai retrouvée. Ce qui sur le plan philosophique relève d'abord d'une contradiction élémentaire. L'idéal hédoniste. On ne fait pas toujours bien attention à tout ce qu'on dit ! où c'est parce qu'on fait toujours trop de choses en même temps. Puisque tout le monde sait que l'idéalisme (merci Platon) est en tout point l'opposé de cette école de pensée matérialiste au moins aussi vieille que la première. L'hédonisme. Tiens, pourquoi pas puisqu'on est encore en vacances... Rien que des gens qui se causeraient de tout et de rien comme il leur serait agréable de le faire autour d'une table d'un bistrot de leur choix en écoutant un bon morceau de rock et en bouffant des moules avant d'aller se recoucher (Enfin si ça les chante !) Ok, les moules à force ça pourrait aussi être un p'tit peu lassant, alors on changerait des fois pour un dos de cabillaud béarnaise ou un chou farci.

 
ART WORK © LILI + JL GANTNER 2013
 

On boirait aussi de la bière, mais pas trop pour pas gerber les moules farcies à la béarnaise tout de suite. Pis on mettrait du vin sur la table pour ceux qui n'aiment pas du tout la bière surtout quand elle est chaude. Du rosé, d'accord, comme vous voudrez ! Mais alors sans sulfite parce qu'au bout de 2 verres ça plombe aussi la tête après avoir déjà fait des trous dans l'estomac. Comme je vous le dit ! (Selon l'INSEE, plus d'un million de français seraient en surdose de souffre à cause du fameux Côte de Provence qu'on s'enfile l'été par cubis pour accompagner les merguez et les chipolatas bourrées elles aussi de saloperies industrielles...) Mais faut bien faire un p'tit peu travailler le commerce ! Ceux qui continuent de bosser pendant que les autres picolent. Tu ne trouves pas que l'image est fade et qu'ils ont l'air un peu de ne pas savoir où ils vont pendant ce traveling ? Et si on rajoutait un peu de couleur sur le sable ? Un truc bien saturé de bleu et d'ocre, et alors les gars marcheraient dedans l'un après l'autre avant de jouer à s'en coller plein la figure pendant le refrain. Je r'veux bien un peu de café. Oui, ou du rosé si c'est l'heure, mais alors avec des Monaco™.

ART WORK © LILI + JL GANTNER 2013

Hédoniste je vous disais ! C'est à dire d'abord épicurien dans le sens premier du terme, sans souci d'aucuns plaisirs inutiles à engranger au sein de la pire compétition au bonheur moderne qu'il soit. Pas de télé pour se faire chier des soirées entières devant des conneries, pas de bagnole pour éviter de croiser trop de monde qu'on ne connait pas sur la route et qu'on a vraiment pas envie de connaître vu le genre de caisse de looser qu'ils se trimballent, ni d'ordinateur connecté aux millions d'étalages mondialisés pour obtenir tout tout de suite même si on aurait dû attendre un peu pour savoir si on avait vraiment absolument besoin de tout ce fourbi maintenant alors que l'appart est déjà rempli de trucs dont on ne sait déjà plus quoi foutre. Hédoniste, dans le sens de toute une vie qu'on passerait à se la choisir vraiment, plutôt qu'un idéal préfabriqué après lequel tout le monde coure sans cesse pour s'apercevoir à la fin qu'on s'est complètement gouré de chemin de croix, mais pour se taper la visite du même calvaire quand même ! Bref ! Et le gros plan du chanteur... je le mets avant ou après le plan large des falaise ? Dieu qu'on avait pourtant cru mort et enterré dès le 19e siècle du côté de Leipzig, et qui revient encore nous casser les couilles selon ce bon vieux concept indémodable de trouver inconcevable que "rien soit à l'origine de tout !" Bein ouais, mais c'est bien sûr !... Et plutôt que "rien", va donc pour "Dieu" alors ! De la rhétorique pratique ?! Un vrai truc de journaliste. Un de ces vieux sophismes usés jusqu'à la culotte d'un présentateur de télévision ! Dieu... comme manière de vivre pour vivre toute une vie sans la ramener en se contentant de ce qu'on a et sans oublier de faire la bise à tout un tas de cons qu'on peut pas voir en peinture, etc... Tu parles d'une connerie ! Ce truc d'une constriction névrotique de ses propres mœurs naturels, dans le seul but de plaire à un ectoplasme débarqué d'on ne sait quelles nimbes et sans aucun fondement logique. Où l'absurde condition de toute une civilisation soit disant"éclairée", qui par arrangement chrétien, a toujours préféré se complaire dans la servitude, la souffrance et la contrainte, au cas où des fois, on ne sait jamais !... Apprenez donc en baver comme on vous le demande et continuez de bien la boucler si vous espérer voir un jour le Paradis éternel... Quand à moi, je vous laisse ma place. Celle là et toutes les autres du même acabit.  Allez-y m'ssieurs dames... Une bonne place au dernière étage avec vue sur la mer et entièrement gratuite.  Pour ma part, mon p'tit paradis, j'le trimballe toujours avec moi et partout où j'me trouve.  Un jardin d’Éden en forme de trucs à prendre comme ils viennent chaque jour qui passe au lieu d'attendre qu'un censeur officiel ne finisse par choisir ou non de m'filer tout le paquet d'un coup au moment où j'en aurais définitivement plus b'soin. Des p'tits morceaux de paradis comme ces quelques heures passées à gamberger avec Lili™ devant ses jolies images de ciel remplis de mouettes et de musiciens. En tout cas, elle est super belle la mer là, avec cette couleur là ! On dirait un tableau de Monet. les nénuphars de Claude Monet dans un clip des "Red lemons"... Trop la classe non ?!

 ART WORK © LILI + JL GANTNER 2013

Avec tout ça, j'ai perdu le fil de ce que j'avais commencé de vous dire... Oui, un film voilà. Un clip de 3 minutes monté en 3 jours sans voir la plage et sans que personne ne nous ait obligé de rien. Juste ce qu'on s'était promis Lili™ et moi, de passer un peu de temps ensemble les mains dans le cambouis d'un de ces projets importants du moment. Les tribulations d'un groupe de rock sur les plages de Normandie, pour accompagner la sortie du titre phare de leur dernier album.  Un groupe de rock, des paysages maritimes et de la couleur partout. De quoi s'amuser quelques jours sans trop bien savoir exactement où tout ça nous conduirait. L'épicurisme, l'hédonisme, L'impressionnisme... entre le café et le rosé. Pour le clip, promis, Néon vous le met en ligne dès sa sortie officielle. JLG



mercredi 14 août 2013

LE VENTOUX SOUS "L'ASSOMMOIR"

Tout ça "ne promettait pas beaucoup de bonheur" avait écrit Zola, alors que son "Assommoir" aurait pu parfaitement convenir à la situation d'un ouvrier du dérailleur, ferraillant avec sa machine par au moins 40° à l'ombre pour escalader les flancs du géant dans la fournaise... 

La dernière déclivité conséquente cochée sur mon programme de la semaine, après une remontée du modeste col de Vence où j'avais par hasard, croisé les gens de la Sky et pris leur train pour quelques mètres à m'imaginer appartenir au gotha du cyclisme mondial. Oui, bon, ça va !!! Je me prends pour qui je veux et même pour Chris Froome si ça me chante... Chris Froome, Carl Lewis, le dernier album de Daft Punk ou même les Beatles si ça me fait plaisir !...


Une visite des promontoires un peu bêcheurs de la côte d'Azur après ceux plus raboteux des Alpes occidentales, avant d'en terminer sur cet impitoyable mont Ventoux dont je connaissais déjà le joli programme de réjouissances pour l'avoir expérimenté une première fois sur le même versant depuis Bedoin en juillet 2009.



Une ascension de 1500m de dénivelé positif, improvisée dans le brasier provençal au pire moment de cette journée caniculaire de juillet. Un véritable assommoir, oui ! Une montée dans le cagnard d'une heure et près de quarante cinq minutes, pour égrainer les 21 km sur une sorte de chapelet infernal composé de bornes kilométriques mesurant plutôt le nombre de mouvements de brasse coulée depuis Saint-Estève, pour atteindre complètement "noyé" le virage du Chalet Reynard. le seul vrai replat (quelques mètres seulement...) avant d'entrer dans le vif du sujet, la nef de la cathédrale provençale du cyclisme. Cette rampe d'asphalte tracée dans la caillasse blanchie par le soleil et la tempête depuis des lustres. Un martyr de 8 km encore à près de 2000m d'altitude... Un supplice largement consentie, vous me direz... Car, allez ! Rien ni personne n''a jamais obligé quiconque à se jeter dans ce chaudron torride de la dépense inhumaine, pendant qu'un peu plus bas, l'ombre des platanes nous tendent les bras sur une terrasse de café où la limonade glacée coule à flot. Mais, comme on le sait en philosophie, il faut bien des personnages "conceptuels" pour garantir le show et servir de porte-parole à la folle et si peu compréhensible condition de l'homme sur terre. 



J'en étais là de ma réflexion sur la douleur "expiatoire" ou "rédemptrice" (comme disent les bons chrétiens) confrontée à l'envie passionnée d'ouvrir quelques nouvelles portes secrètes d'une métaphysique triturée dans l'effort de 90 coups de pédales par minute sur une pente moyenne à 10% et sous un soleil de plomb. Une spéculation ontologique à partir d'un coup d'assommoir derrière les oreilles "librement consenti"—je vous le concède donc— pour explorer la couleur de nos limites intérieures et vérifier l'équilibre précaire de nos amours souterraines. D'une pensée à une autre, il me vint aussi à l'esprit ces paroles d'Exsonvaldes écrites pour un "aérotrain" : "Dans ce monde... Lentement, je prends de la hauteur... Lentement... Prendre la fuite et fendre l'air..." Bon, c'est pas tout ça, mais après il faut encore redescendre. Le même machin mais dans le sens inverse et à fond de train, parce qu'on ne va pas non plus y passer son été ! Et bonjour à Robert si tu le croises en rentrant.
JL Gantner

© JL GANTNER 2013



mardi 13 août 2013

LA ROUTE DE "L'ALPE" AVEC ZARATHOUSTRA QU'ON AURAIT MIEUX DÛ ÉCOUTER AVANT DE TOUT DÉPENSER DANS UNE BOUTIQUE DE FRINGUES À LA MODE...

La montée de l'Alpe en 55 minutes... au lieu d'un peu plus de 37 pour Marco Pantani en 1995, ou 38 minutes tout juste pour Lance Armtrong en 2001. (Pantani qui lors de ce tour de France 1995 dépose littéralement Virenque et Jalabert à une dizaines de kilomètres de l'arrivée avant d'exploser le record de l'ascension à une moyenne inimaginable de 466 watts !...) Virenque, de retour en 1997 en 38 minutes et 11 secondes...  

On pourrait ainsi continuer la liste des aberrations chronométriques enregistrées dans la plus célèbre des grimpées cyclistes sans pour autant réussir à flinguer le monument. Un peu plus de 1000m de dénivelé qui ont tout supporté déjà de la vindicte des érudits comme de toutes les formes de nausées populaires. Au final, de vaines tentatives pour abattre le titan médiatique. 21 virages mythiques qui font l'unanimité dans les rangs des millions de supporters de la Grande Boucle, et 14 km d'ascension depuis le Bourg d'Oisans comme moyen de se frayer soi-même un chemin, ou plutôt une modeste sente de chèvres dans la légende. L'Alpe, l'illustre grimpée qui fait aussi rêver des milliers d'amateurs. l'objectif ultime pour 6000 cyclistes passionnés embarqués dans la pente chaque année. La récompense d'un hiver entier d'une préparation rigoureuse ou pas ! Pour ma part, la clé de voute d'une semaine de vacances à chasser les cols alpins, comme alpiniste à 20 ans, je chassais les premières et les grandes échappées solitaires possibles dans le massif du mont-Blanc...


Une journée idéale de la fin de ce mois de juillet 2013. La température parfaite au matin après une nuit d'orage apocalyptique. Les dernières heures de repos calfeutrées dans une belle chambre anglaise plantée au sommet de l'objectif. Le temps de récupérer d'un enchainement effectué la veille du col de la Colombière (1613 m) et du passage des Aravis (1486 m) avant de rejoindre les gorges de l'Arly. Une première ascension de 16 km depuis Cluses en arrivant de Genève, pour vérifier l'état de forme et la qualité du matériel embarqué. Une glissade ensuite vers le Grand-Bornand avant de remettre la gomme vers la Clusaz puis dans les ombres acérées et sous les abruptes du Mont Charvin. 6 épingles dans des pâturages sauvages avant une descente à tombeau ouvert vers Albertville. Une petite centaine de kilomètres en tout. Une séance d'affutage parfaite pour attaquer les virages de cette Alpe dont on fait si grand cas, avec la condition physique des grands jours.




La montée n'est pas la plus raide, ni la plus difficile du secteur à quelques distances du Lautaret et du Galibier. De quoi rapidement avoir des fourmis dans le jambes et tenter d'emmener gros dès les premiers lacets au risque de faire péter le moulin avant le sommet. Tenter de jouer les stars du peloton, les "purito", les "Aigle de Tolède" ou les "Pistolero"... Mais l'âge venant est un bon conseil pour mener l'expédition à bon port sur le rythme qu'il convient. Une allure de montagnard plutôt qu'une succession de dépenses inutiles... 


Une montée tout à l'économie...  Voilà pour le côté tactique de l'aventure avant de tout lâcher chez Rapha™ (la nouvelle boutique de la marque britannique sponsor de la Sky, installée juste au sommet de la rampe réputée mondialement). la visée précise du jour pour tout avouer. Une bonne montée pour justifier l'achat de beaux maillots de corps et d'une paire de chaussettes également signée de la jeune maison anglaise pour transpirer des pieds avec classe ! Une montée sèche de 14 km pour se payer le luxe d'un passage à la caisse sans avoir à culpabiliser. "Et si vous pouviez me remettre aussi une petite veste imperméable qui va bien et un slip en laine mérino pour passer l'hiver au chaud avec la petite bande blanche sur le côté pour rester discret dans les grandes occasions !..."  


Une montée de l'Alpe, pour passer le reste de ses vacances fauché après s'être laissé faire les poches par une bande de professionnels du marketing dont j'avoue avoir réussi à me laisser berner comme il m'arrivera certainement encore de le faire à l'avenir malgré toutes les précautions pour me prémunir définitivement de cette bêtise. La passion, comme l'amour, que voulez-vous ?!... Comme on ne compte pas sa propension au labeur pour vivre ses rêves quels qu'ils soient. "De la béatitude malgré soit !" pensait Nietzsche à l'heur de son grand midi. Et j'eusse dû mieux me méfier de toute cette "beauté rusée" comme le fit avantageusement ce "surhomme" cher au philosophe de Leipzig, qui "comme l'amant à qui trop velouté sourire donne méfiance".  "Ainsi parlait Zarathoustra" alors que pour ma part je continuais ma route sans fin et ma fol échappée dans les rayons des grands magasins.
JL Gantner     

PHOTOS © Elvis & Lili 2013


mercredi 7 août 2013

NUIT AUX NANTILLONS

C'était soit le bistrot, soit le projet d'une nuit "à la belle" juste sous le glacier des Nantillons. Un peu moins de 3000m d'altitude dans le massif du Mont-Blanc, et une vue imprenable sur les aiguilles de Chamonix. La face NE de Blaitière, le Grépon, l'M ou les Charmoz...  On a les nuits qu'on peut !




Bon d'accord, c'est beau ! Mais c'est quand même dingue de consentir autant d'efforts, juste pour avoir le plaisir de se flinguer le dos sur un simple et rudimentaire tas de cailloux ! Une "trimée" infernale dans la seule perspective de ressentir enfin l'horrible souffrance s’atténuer une fois l'ultime but atteint. Celui d'une nuit entière à attendre les premières lueurs du jour comme on guette fébrilement les premiers signes de terre après des semaines en mer... Un bon millier de mètres de dénivellation chaotique au dessus "des immondes précipices" comme on disait au XIXe siècle. Un voyage à pied, chargés comme des mules, dans des déclivités redoutables au dessus des glacières du Montenvers ou dans les pierrailles surchauffées de Blaitière, juste, pour un bivouac sous le ciel traversé de pinacles et de hauteurs prodigieuses du Haut Faucigny. 



Une besogne de forçat pour une seule nuit un peu au dessus de ce bas monde et d'une grande mer polluée qui le borde ! Voilà bien un objectif "balnéaire" idiot, si loin des plages et des zones touristiques conventionnelles, si éloigné des galeries marchandes de toutes sortes. Une marche de bête de somme en plein cagnard, avant que ne s'effondre la journée sous les projecteurs de la grande fournaise cosmique.  La bonne lumière pour lancer le film d'une nuit dans un décor de pierres rugueuses et de neiges écorchées au milieu de l'immense capharnaüm tellurique. Le grand marché aux étoiles pour récupérer d'une année entière de consommation à outrance et d'actualité synthétique. Notre mon Sinaï, notre Olympe... notre Tai-Shan ou notre mythique Meru projeté sur le grand écran naturel, au lieu des consternants affichages aux cristaux liquides pour nous entretenir en temps réel de nos obligations de brillances essentielles dans la sciure convenue et les rognures déférentes des nouvelles arènes médiatiques. Le point de vue privilégié sur quelques sommets respectables. Ce Nébo ou ce Golgotha... Un de ces "Mont Analogue" aurait dit René Daumal dans son récit inachevé. Le poète qui était aussi alpiniste... Le décor d'une fabuleuse expédition de la pensée au pays des "hommes-creux" et de la "Rose-amère", au lieu d'un paysage de caravanes piétinantes sur les plages méditerranéennes. Cette sorte d'affreuse scène marine où la plus basse classe de nos semblables empile des souvenirs de supermarché dans le trafic continu. L'étrange cérémonie touristique des hommes-bêtes devant leur fourrage estival commun. Le sainfoin de l'humanité en vacances. La coutume d'un étalage grossier du monde apocalyptique, priant les membres grands ouverts sous le soleil exactement. Mes frères de sang,  étendus de tout leur long sur le sable bondé et trempés dans la sainte huile cosmétique pour ressembler à leurs Dieux de pacotille quelques jours encore après la rentrée. L'ordre hérétique et surabondant d'un monastère trivial condamné au tourment éternel. Un traquenard "religieux" pour pauvres diables persuadés du monde libre et naturel qu'ils habitent dans la plus parfaite des symbioses. Mais il faut bien habiter comme dormir quelque part, n'est-il pas ?!...
JL Gantner


"Ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes" dit Nietzsche à propos de son Zarathoustra (livre 4) sortant de la caverne et définitivement transfiguré.



PHOTOS © JL GANTNER & P DUHAMEL 2013