lundi 22 décembre 2008

PHOTOMOBILES™ - 89


LES PHOTOMOBILES™/JL GANTNER


Des images, des messages/objets... réalisés à partir de son téléphone portable. Ses communications régulièrement mises "en ligne". Tout un commerce d'échange et totalement inutile de libres transports avec un vrai mobile d'une bonne marque™ collée sur l'écran. "De l'art moderne" pour ceux qui en douterait, comme on dit aussi "De l'électronique embarquée" ou "De la pression dans un pipe line
.

JL Gantner est plasticien, journaliste/plasticien.. dans le sens d'un artiste qui préfère pratiquer l'information sur le mode de la digression.... aux trous de taupinières des sociétés de contrôle et du régime des entreprises. Tous les milieux d'enfermement préconçus et l'asservissement aux méthodes du brouillard givrant.



LA BOMBE À FRAGMENTATION
MESSAGE N°89


N°89 / Bombe à fragmentation
Message envoyé de la place de la révolution à Besançon
24 mai 2004 à 15H05



Je n’aime pas les musées. C’est-à-dire que j’apprécie à fortiori la « belle » œuvre pour ce qu’elle saurait se dissimuler sous l’alcôve, ne pas se dévoiler tout à fait d’emblée, garder sa réserve. Tout l’inverse d’un musée soumis à la pression, aux lois inquiétantes de l'économie de marché. Non, je rigole bien sûr ! C'est Noël... La naissance du petit Jésus... Marie (la mère de Dieu) aux anges devant son tout petit ; Joseph un peu largué qui compte les points sans la ramener ; les rois mages, leurs noms de scène un peu nazes (Balthazar, Melchior et puis Gaspard, le nom d’un petit fantôme qui a fait carrière chez Disney...) Des animaux de compagnie planqués dans le décor... Un bœuf et un bel âne, bien sage pour finir le tableau (celui du Baroche par exemple, Frederico Barocci. L'œuvre, éblouissante est conservée au musée du Prado, à Madrid). Toute une conception de l'art moderne avant que ce Clément Greenberg ne veuille s'en mêler d'un peu trop près juste avant la seconde guerre mondiale, garder sous globe la poussière des siècles passés, tout garder en l’état pour que rien ne bouge, surtout. Bonjour les dégats !...

Depuis, on a eu Jeff Koons heureusement ! Jeff dans la position d'Adam 1990. Eve, la Vierge ; n'importe qu'elle bombe... sous les traits de la Cicciolina allongée sur le dos et prête à tout pour les beaux yeux de son jeff adoré. Pour dire toute la vérité, le mariage de ces deux-là n'aura pas tenu bien longtemps. Bon, et après ?!

Regardez bien ce que vous voulez, où vous voulez et même en payant un max si ça vous fait plaisir. Vous pouvez même regarder la télévision si ça vous chante. Regardez la une comme la deux, et même la TNT si vous préférez. Oui, voilà, vous pouvez bien continuer de commenter le monde en guerre sur un écran LCD de votre choix (cette nouvelle caverne, cette nouvelle « immaculée conception ») considérer la politique exécrable, les crises passagères, les carnages récurrents... mater d’un œil à vingt heures les enfants palestiniens en charpie sous les bombardements des israéliens et puis vous boucher l’autre face aux horreurs perpétrées par le Hamas depuis des mois. Une certaine idée sur la persistance rétinienne et tout ce qui torpille le procédé magique du souvenir comme les contes, les jolies fables, la mystification, l’hypocrisie, le mensonge, la convoitise surtout ! et puis cette satanée jalousie qui gâche tout.

Mais de quoi parlions-nous juste avant ? D’une bombe, c’est ça, d’une de ces sortes de machines infernales, froides et inquiétantes qui avait pourtant tout pour plaire au début ! (La télévision et les grandes histoires d’amour ratées). Je veux dire juste avant qu’« elle » ne se fasse larguer pour de faux, mais « elle » n'avait rien compris au film. Une bombe sacrément bien foutue, qui jouait à s’exploser les viscères toute seule au lieu de l'appeler et de le serrer, « lui » dans ses bras à « elle » pour le reste de sa vie. Une bombe de cinoche. Un truc qui te pète à la gueule juste avant de toucher le sol et d’en foutre partout. Une bombe à fragmentation pour se répandre sur les murs en forme d'un tableau post-moderne. Saint Jean-Baptiste décapité et le coup de grâce du bourreau... ou le festin d'Hérode et la danse de Salomé dans une représentation du Caravage.




(Et va savoir pourquoi je pensais à John Travolta dans PULP FICTION juste à ce moment-là ! TRAINSPOTTING, la bande déjantée archi culte de Dany Boyle ; THE CRYING GAME ou l’étonnant VIRGIN SUICIDE, le talent de Sofia Coppola, la fille de son père! les frères Cohen, FARGO ou THE BIG LEBOWSKY, n’importe ?! Le côté Louise Brooks, Anny Ondra ou peut-être un peu Tippi Hedren de mes histoires d’amour... Tout ce que j’écris à propos de tout et n’importe quoi quand je m’emmerde tout seul dans le noir ! Tout ce que je peins pour me donner le droit de boire, et que je balance juste après pour m’éviter la nausée. Moi, face à ma propre mort, moi face à Dieu au moment de ma mort, « Moi, avec mes rêves et mes visions » aurait dit Bergman ; moi et tous mes cauchemars. Tout ce qui me détraque le cerveau quand je regarde sous la hauteur du ciel, toute la psyché du monde qui m’entoure, mes pulsions sexuelles, les corps dorés par l’abîme, tout ce qui brille au fond d’un gouffre, l’obscurité du plaisir charnel, l’inconjugable plaisir des puits ( je puis, ou plutôt vous pûtes !) les antres, les fosses… et puis les vraies aussi ! la vertu d’un fourre-tout et le mérite de son charmant fourreur… Je ne sais pas !)
... Allo ! Oui, je sais bien que tu ne m'entends plus.
Tony™




LES PHOTOMOBILES™ DE JL GANTNER


mardi 16 décembre 2008

ROBERT RAUSCHENBERG



ROBERT RAUSCHENBERG
OU UNE ÉTRANGE IDÉE DES "COMBINES" POUR RÉUSSIR À TROMPER TOUT SON MONDE À BON PRIX.




Ce que j’ai d’abord « aimé » chez lui, c’est son grand prix de peinture en 1964 à la Biennale de Venise, la victoire d’un américain sur un français, en l’occurrence, Bissière, Roger Bissière. Une victoire qui reléguait d’un coup la façon « française » et sacrément pompeuse de cette « École de paris »... au rang d’une fabrique de croûtes surfaites, complètement démodées. Oui, bon, d’accord ! à part Buffet. Bon, Buffet et on en parle plus. Kisling peut-être ? ce futuriste !!.. Un polonais. N’y comptez pas. C’est-à-dire qu’à part quelques exceptions étrangères venues s’installer en France comme (le roumain) Brancusi, Chagall (un Russe), Modigliani (italien) ou ce Picasso (l’espagnol) et qui bossaient pour la génération précédente... Je ne vois pas ce que ce Paris des années soixante, cette « nouvelle école de Paris » aurait pu laisser comme souvenir impérissable dans l’histoire du monde ! Comme ça, c’est fait. L’école de Paris... et on en parle plus.




ECRASED DE KOONING DRAWING 1953 / ROBERT RAUSCHENBERG
Traces d'encre et crayon sur papier avec marie-louise et étiquette dans un cadre doré.
Musée d'art moderne de San Fransisco, USA.



C’est l’effacement d’un dessin de Kooning en 1953, qui avait commencé de le rendre un peu célèbre. Une histoire de potache qui tourna au scandale, mais pas seulement. Robert Rauschenberg, qui n’avait rien trouvé de mieux, que de gommer un dessin au crayon de son ami De Kooning. « Une performance »... Oui, un sacré scandale à l’époque !



BLACK MARKET 1961
(Marché noir)



« J’ai toujours été très attentif à ne jamais rien apprendre », disait le maître, le fondateur du pop art. L’ami de John Cale, le danseur en parachute, le « néo dada », le pote de Jackson Pollock... Rauschenberg est mort dans la nuit du 12 au 13 mai 2008. L’événement a fait quelques lignes dans les journaux français pendant que j’écrivais quelques notes à propos de maisons molles, celles de Richard Rogers. Des maisons molles, des murs transparents, des habitacles perméables à la poésie... Je me suis repassé « Les oiseaux » d’Hithcock (toutes les scènes, une par une et dans l’ordre jusqu’au générique de fin). Tippi Hedren / Mélanie au volant d’une Aston Martin DB2/4 MK DHC. Le coupé, peut-être le plus beau jamais construit dans le monde, toutes marques confondues. Tippi hedren... l’actrice de « Marnie ». Que voulez-vous que je vous dise de plus. Rauschenberg. Je ne crois pas avoir été autant enthousiasmé par personne d'autre. Pollock, Warhol Lichtenstein, Jasper Johns, bien sûr !... Le Tintoret, Fragonard, Botticelli... dans le désordre. Giotto. Lorenzetti, Piero della Fransesca juste avant. L’école de Sienne, Rome, Venise, et la Toscane pour aller vite. Les annonciations de Filippo Lippi, celles de Fransesco Del Cossa évidemment. À propos de ce Del Cossa ! je ne vous apprendrai rien si je vous dis que ce dernier s’amusait à peindre des escargots sous les jupes de la vierge Marie. Des cornes et une coquille énormes sur le bord du tableau...




CANYON 1959
Huile, crayon, papier, tissu, métal, boîte en carton, papier imprimé,
reproductions imprimées, photographie, bois, tube de peinture et miroir sur toile
avec huile sur aigle impérial, ficelle et oreiller.




Un gastéropode tout baveux juste aux pieds de l’immaculée conception... Voyez-vous ça ! Un bourgogne monstrueux qui coulisse à son rythme entre deux grandes idées du monde, celle de Descartes, celle qu’on joue quelquefois à la roulette russe pour arrêter de se faire chier dans un monde déjà froid ; et puis celle du ciel, un éther mythique tout de même un peu dur à avaler en dehors des églises, de la liturgie officielle. (Une signification qui fait d’ailleurs encore débat aujourd’hui). Un escargot ?... l’ange Gabriel n’en est pas encore revenu ! Certains diront que c'est ce qu'on appelle "chercher la petite bête !" On dit tellement de choses... Voyez comme voyait Daniel Arasse, cette bestiole au pied du St Jérôme de Lorenzo Lotto. Un escargot, une sauterelle... Vous pourrez bien dire : des "arasseries", et peut-être auriez-vous raison ?! Comme aujourd'hui, tout le monde a toujours raison.

Comment ne pas tomber dans le panneau d’un Robert Rauschenberg après ça ? Le type, une véritable réincarnation de cette manière de faire de la renaissance à base d’escargots , de sauterelles et de toute une panoplie d’objets hétéroclites réunis sur la même toile (des combines). Un véritable bric-à-brac de citations, d’allégories, de métaphores... Un authentique carnet de souvenirs intimes et disposés juste au bon endroit pour se rappeler facilement de ce qu’on aurait perdu en route, mille amours mortes, des parfums essentiels de fleurs fanées... une délivrance paternelle.



FIRST LANDING JUMPING 1961
(Saut du premier étage)



« J’ai toujours été attentif à ne rien apprendre »... Et n’allez pas prendre cette déclaration au pied de la lettre ! Non, grand Dieu non ! N’imaginez pas que cet homme-là et son esprit si fin (un des plus grands artistes du XXe siècle), aurait pu un jour tailler dans le marbre cette sorte d’incitation à ne jamais rien étudier vraiment ; cette sottise d’une exhortation à ne jamais rien voir de mieux que le bout de son nez. Bon Dieu, de Bon Dieu, non ! Mille fois non. Ce Rauschenberg-là... n’aurait jamais su parler d’autre chose que du procédé par lequel le « bon artisan » s’exprime, apprenant... puis répétant à l’infini le même geste jusqu’à... l’écoeurement.

Je ne sais plus quel imbécile me parlait d’art dernièrement. De ce que l’œuvre d’art n’aurait « forcément » aucun besoin du moindre mode d’emploi, de la moindre science, de la moindre éducation pour se laisser voir, lire ou entendre. De ce que l’œuvre, n’importe qu’elle œuvre... de quelque histoire qu’elle provienne, de quelque nature qu’il soit possible de la définir, devrait se suffire à elle même comme forme de terminaison nerveuse d’un processus artistique spontané, impulsif ou même... hasardeux, allons-y ! (Je crois que ça l’arrangeait bien, celui-là ! Ce baratineur.) Je devinais cet imbroglio de connexions cérébrales s’agiter, s’affoler aux ordres intérieurs abscons de mon interlocuteur un peu trop sûr de lui. Un type, un passager du transport en commun pour pas cher et qui file droit devant lui sans trop savoir ou il va. Un tireur d’élite de flèches empoisonnées à l’eau plate. Un de ces types qui filent comme un avion vers des mers de clichés. Le tout sans jamais avoir vraiment oser se mouiller les pieds au-delà des plages parfaitement cataloguées. Un type banal qui se prend pour Dieu, mais suffisamment malin pour prétendre tous les jours le contraire auprès de ses meilleurs camarades de classe. Un type méchant en fait. Exécrable. Un monument, une citadelle d’égoïsme. Narcisse à son apogée. Le genre de type qui fait rire au début avec ses simagrées faciles, ses grimaces à bon prix, mais qui finit par se répéter jusqu’à la nausée. Un « bon artisan » du gras-double, de la cochonnerie de supermarché. Un « vulgaire » artisan (dans le sens ou ce Monsieur Rauschenberg pointait du doigt la bonne méthode de certains petits malins pour savoir faire le singe à la tête des gondoles. Des crieurs de citations, des annonceurs). Un type tout ce qu’il y a de plus de gauche forcément ! Mais alors de cette gauche de propriétaires bien nourris, bardés de principes bien appris pour épater les gens du quartier, faire le paon, baratiner la donzelle... fanfaronner à l’école avec sa progéniture fringuée à pas de prix... et « forcément » plus douée que les autres. Le genre de mec de gauche, mais seulement pour son propre compte. Ses grandes idées sur la justice sociale, l’évolution de carrière obligatoire pour tous, l’augmentation de salaires pour chacun... mais dans le seul souci de son propre enrichissement. L’homme de troupe blindé de poncifs, ce salaud... contre la guerre et les famines, tous les morts de faim dans le monde ; contre les renvois à la frontière ou les roquettes israéliennes, contre les banques ou le marketing mondialisé, contre les sous-marins nucléaires... mais qui voudrait aussi gagner plus et finir plus tôt. Un qui braille sur la mauvaise répartition des choses dans le monde et qui ne partage rien de lui-même de ce qui lui appartient, de ce qu’il s’est payé avec ses sous, de ce qu’on lui a transmis d’office grâce à une vieille politique de droite. Les pires ! Le genre de député, d’adjoint au maire, l’espèce de syndicaliste, d’élu du personnel... qui prétend se donner du mal pour l’humanité en souffrance et qu’il exècre en secret. L'imbécile... Oui, ce salaud disait sartre !

Mais revenons plutôt à Rauschenberg justement. À cet incroyable faiseur de couleurs. Ce journaliste véritable. Son grenier de la mémoire du monde. Rauschenberg l’allégoriste... ce Baudelairien, ce kafkaïen... Mais je ne vous apprendrai rien sur ce point, que vous ne sauriez voir par vous-même, n'est-ce pas ?! Et pardonnez-moi alors cette digression.
Néon™




dimanche 7 décembre 2008

NÉON™ ET LILI 6/12/2008



Je crois qu'il était question d'aller au Grand Palais voir Picasso, ou bien Pollock à la Pinacothèque. je crois même qu'il eu surtout fallu ne pas dépasser la station Rambuteau, les futuristes à Beaubourg... En fait, on a fait quelques photos sur le pont Alexandre III avec un appareil de prise de vues numérique. C'est-à-dire pas tout à fait des photos, mais des souvenirs assistés par ordinateur. Une machine à se souvenir des bons moments, mais qui n'en fait qu'à sa tête avec le vent, les cheveux dans les yeux, les arrière-plans, les temps de pauses hirsutes. On a quand même essayé de faire avec, de shooter quelques trucs en plein courant d’air. On a fait ça, l’histoire de bien rigoler. J’avais un train à cinq heures. On a tenté de traîner jusque-là ; des trottoirs bondés vers Madeleine et une crêpe au chocolat.


LILI, PARIS, PONT ALEXANDRE III (06/12/2008) © JL GANTNER


C’était lundi, j’avais d’abord retrouvé Lili sur une scène, une toute petite scène, mais une scène de théâtre quand même du côté de Montparnasse. « Regarde, meurs, souviens-toi », le nom de la pièce. Trois moments de la vie d’une déportée à Ravensbrück. Un texte de Jean-Louis Bachelet. De quoi se foutre un sacré coup de blues juste avant les fêtes de noël. Des phrases considérables. Des fragments de génie. Une paroi tragique du temps qui s’écoule. Mille temps terrestres réunis sous la pluie, une poussière immonde. Un écoeurement en beauté.



La pièce « Regarde, meurs, souviens-toi » sera accueillie
du 24 mai au 30 juin 2009 au Théâtre de L’Ile Saint Louis, à Paris
pour trente représentations.

Avec, dans l’ordre d’apparition :
Olivier Raclot, Aliouchka Binder, Aurélie Gantner et Marjolaine François.



mardi 25 novembre 2008

NÉON™ À LA RADIO


ARCHIVE SONORE


C'était en 2006. UN ENTRETIEN RADIOPHONIQUE réalisé par Thierry Eme, à l'occasion d'une exposition des Photomobiles™.


On a parlé de reportages, du métier de journaliste sur le ton d'un monde un peu déglingué. De la condition de l'image dans les médias du moment. je crois même qu'on a parlé un peu de JL Godard ! C'est pour dire que je me suis quand même pas mal amusé ce jour-là derrière le micro de Thierry. Un émission entière pour évoquer un tout petit instant le monde sensible. L'identité, les marques, les appellations d'origine contrôlées... Il fut je crois question d'équivalence et d'altérité, la faute à Debray. Des lignes bien dessinées et puis des chemins de traverse. Des tracés magiques à la marge des flux constants. On aurait dû insister sur le cas désespéré de Serge Daney et puis dire quelques trucs généraux à propos de Proust, mais le temps passait. il fallait aussi conjuguer le Pop art dans une arithmétique de lave-linge soldée dans la vitrine d'un grand magasin.



EXTRAIT DE L'ÉMISSION RADIO / 2006









lundi 17 novembre 2008

NEON™ VOYAGE EN IRAN


ATELIER




IRAN / "CLICHÉS" PERSANS
L'HISTOIRE D'UN REPORTAGE
JEAN-LUC GANTNER



C'était juste avant Noël. Je ne connaissais rien de cet Iran mystérieux, d'une région du monde décrite politiquement comme une des plus hostiles du moment, "l'axe du mal", selon l'administration Bush. Le très conservateur Mahmoud Ahmadinejad, le maire de Téhéran, remplacerait bientôt le président Khatami à la tête du pays. Le début d'un bras de fer avec l'occident sur le sujet sensible du nucléaire militaire. J'avais comme tout le monde l'image de L'ayatollah Khomeyni qui s'agitait dans ma mémoire ; les images choc de la révolution islamique de 1979. La seule évocation du voile obligatoire, de la burqa jettée sur le corps des femmes suffisait à me faire refuser toute transaction avec cette culture d'un autre âge. Des images choc ! Il y avait pourtant ce formidable film d'Abbas Kiarostami Le goût de la cerise primé au festival de Cannes, le cinéma de Mohsen, puis de Samira Makhmalbaf, la fraicheur de Dariush Mehrjui ; l'extraordinaire Ballon blanc (Jafar Panahi, 1995) caméra d'or à Cannes en 1996... cette peinture Qajare aussi ; les vers sublimes d'Hafez... « Viens » chantait Hafez le perse, « éparpillons partout des fleurs, versons du vin dans la coupe ! Viens, fendons le plafond du ciel, formons un projet nouveau ! » ; la poésie d'Omar Khayam ; les sables brûlés de l'antique Persépolis... La belle Ispahan ou les jardins de Shiraz. Une culture, la culture d'une des plus grandes civilisations du monde.


AFFICHE DU FILM/DOCUMENT - DESIGN GRAPHIC ©JL GANTNER


LE DOCUMENT FUT DIFFUSÉ EN 2005 SUR ARTE
DANS LE CADRE DE L'ÉMISSION METROPOLIS
(PROD coupd'oeil/mobilehome/arte)
.


Nous ne savions véritablement que peu de choses à propos de la quantité d'images que nous allions trouver (environ cinquante mille... des photographies provenant principalement des albums royaux élaborés par la cours de Perse dans la deuxième moitié du 19e siècle), leur qualité surtout. L'intérêt considérable que ces images représenteraient pour l'histoire, et au-delà même du simple patrimoine culturel national iranien...


La salle des archives du Golestan Palace, à Téhéran / PHOTOS©JL Gantner 2005



Farrokh Ghaffari (TEHERAN1921-PARIS 2006). Le cinéaste et créateur de la cinémathèque de Téhéran vivait en France, dans le quartier de Montparnasse depuis 1979. Après la révolution islamique et l'arrivée au pouvoir des Mollahs, celui qui fut l'ami d'Henri Langlois, Le compagnon de Jacques Truffaut ; l'érudit de toute une histoire du cinéma moderne européen et créateur de la cinémathèque de Téhéran, n'a plus jamais retrouvé l'ambition de poursuivre son métier. L'exil fut pour cette homme d'exception, un affreux tombeau. Nous nous étions rencontrés comme ça, un peu par hasard, sur le projet du premier film de Simin Motamed Aria. L'actrice réalisait alors un portrait du cinéaste et je m'étais tout à fait par hasard, un peu mêlé de cette drôle d'aventure comme chef opérateur. Des mois plus tard, nous avons repris le fil de la conversation à propos de son passé de cinéaste, ses souvenirs concernant le tournage de "La nuit du bossu" en 1963. Farrokh Ghaffari venait de signer la première oeuvre cinématographique moderne sérieuse dans son pays. Bref, pour cet homme de l'art, retrouver et "révéler" l'existence de ces milliers de photographies dont personne ne semblait alors se soucier, lui paraissait la chose la plus importante du monde.



DESIGN GRAPHIC ©JL GANTNER 2005
D'après : ©Fond d'archives photographiques du Golestan

Aidé d'une amie, en commun, le projet d'un tournage a pris forme doucement. Six mois de travail, un an... pour retrouver la trace des centaines d'albums photographiques fabriqués par les anciens princes de Perse. Le pari de nous faire ouvrir les portes de la caverne au trésor par les autorités iraniennes, celui d'obtenir l'autorisation de reproduire une quantité importante de documents pour la diffusion d'un reportage sur la chaîne de télévision arte. Le voyage eut lieu aux premiers jours de l'année 2005, dans les conditions d'une production quasi amateur.


DESIGN GRAPHIC ©JL GANTNER 2005
D'après : ©Fond d'archives photographiques du Golestan


Des milliers d'images, pour majorité, des plaques de verre tirées sur papier et rassemblées dans des albums anotés de la main de Naserdin shah et Mozaferin Shah, les deux deniers rois de la dynastie Ghajar.


D'après : ©Fond d'archives photographiques du Golestan


En 1845, soit trois ans après l'invention du procédé photographique en France, un exemplaire de cet appareil est offert par le tsar de Russie au roi Mohamad shah, le père de Naserdin "le roi photographe". (Sur ce point, Shariar Adl, historien, ne se prononce pas de manière certaine sur qui, de la diplomatie russe ou des émissaires de la couronne britanique fut les premiers à offrir cette prouesse de la technologie occidentale au maitre de Téhéran. Des témoignages rapportent que deux appareils ont ainsi fait l'objet d'une marque de faveur à l'intention de la cour d'Iran... Outre la polémique pour l'anecdote, c'est sans nul doute de cette manière que l'histoire de la photographie a commencé dans l'ancien empire de Perse.

L’objet photographique s’inscrit d’amblée sur le trône de Téhéran comme une nouvelle science au service du pouvoir. La représentation, « idéalisée » des princes… dans l’art persan (et comme un peu partout ailleurs, au moins jusqu’au 17e siècle…) permet au daguerréotype, non seulement de s’installer tout naturellement dans les salons de la cour impériale, mais également, de voyager dans tout le reste du pays. SHARIAR ADLE, HISTORIEN

Ces milliers de photographie retrouvées dans les caves du palais royal de Téhéran, avaient déjà fait l’objet d ‘un premier travail de classement par l’état iranien en 1966. Des plaques, en majorité des format 30X40… réalisées — pour beaucoup d’entre elles — par EBRAHIM AKASBASHI, le photographe attitré de Nasser-0d-Dinn Shah… Toutes ces images étaient longtemps restées à l’abandon, la plupart du temps sous forme d’albums enfermées dans de simples cartons.


©Fond d'archives photographiques du Golestan




EXTRAIT D'UN CARNET DE NOTES DE L'AUTEUR™
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Train toute la nuit vers le sud depuis la gare centrale de Téhéran. Le désert, les vents de sable à l'infra rouge (le mode de visée préférée des nouvelles caméras portables). Dernières pages d'un bouquin de Sollers. surimpression. Venise par la fenêtre. Un Watteau à la dérive dans un désert persan. J'ai repris la lecture d'Ulysse. Joyce... Je pense à la mer. Vertige, grand vide et angoisse par dessus les vagues. Les murs de sable et la montagne juste au-dessus. Murs d'enceintes, ventre vide, envie de gerber quand même. Soleil glacé, lumière démembrée. Millions, milliards d'étoiles accrochées au vide et la lune pleine. Lune remplie d'eau de mer jusqu'au sel. 80 000 morts en Inde, en Thaïlande... flux incessant. Info en continue sur CNN, Chambre d'hôtel surchauffée, bar sans alcool. Régime sec à l'eau plate et golfe persique. Tentative de connexion internet avec le reste du monde... Je pense à la neige sur les sommets de l'Erbruz, Je pense à la neige blanche et aux mollahs dans cette neige-là ! aux robes noires des mollahs dans les neiges éternelles et au vert aussi. Du vert sur les murs de Téhéran, du vert saturé qui vire au noir à tous les temps. Conjugaison impossible. Virage serré à la couleur des fleurs, la couleur rose tendre des jardins de Shiraz dans le noir épais. L'obscurité d'aspect clinquante, un peu bruyante même ! De la matière sombre pour habiller les hommes, et puis les femmes surtout... Le vert comme une nuit à la fin. Attendre que le matin se lève pour respirer un peu. Nous attendions le matin, mais la nuit persane est bourrée d'étoiles précieuses. Le noir d'Iran est plombé d'étoiles brillantes et les jours sombrent à l'Orient. J'ai trouvé Rahim magnifique. Rahim, l'AKASBACHI, le descendant du grand MIRZA.



DÉCOUVRIR UN FILM SUR LA PRATIQUE DU ZOURKHANEH



PHOTOMOBILES™ D'IRAN



DANS L'ŒUVRE DES PHOTOMOBILES™ / JL GANTNER


L'exposition comprend une trentaine de digigraphies sur papier brillant au format 50X50cm


(Il a été tiré d'un voyage en Iran une "BOITE DE REPORTAGE" en fer blanc de facture artisanale (contenant à l’origine des
célèbres pâtisseries d’Ispahan). Une boîte dont le contenu rassemble une trentaine de PHOTOMOBILES™ DE REPORTAGE packagée dans un format de 12X12cm, une affichette du film « Clichés persans » et trois MARQUE-PAGES confectionnés à partir des reproductions de prises de vues archivées au palais du Golestan à Téhéran).



BOITE DE VOYAGE - IRAN

OBJET RÉPERTORIÉ DANS L’ŒUVRE PHOTOMOBILES™/JL GANTNER




"AKS" (prononcez "axe") traduit "une image photographique" en Farci.



OUTILS UTILISÉS : LEICA M6 ET OBJECTIF ELMAR-M 1:2.8/50.
BANC-TITRAGE : TÉLÉPHONE MOBILE SONY ERICSSON (MODE PHOTO 2.0 MEGA PIXELS.
POST-PROD : POWER BOOK G4/1,67GHh et PHOTOSHOP CSII)


(COVER) BOITE PHOTOMOBILES™ DE REPORTAGE / IRAN aks


PHOTOGRAPHIES & DESIGN GRAPHIC ©JL GANTNER 2005
DIGIGRAPHIE ORIGINALE SUR PAPIER MAT 200g (format 12X12cm)


J'avais fait la rencontre de RAHIM SHIROHIAMMADI un peu par hasard, dans le quartier des mosquées à Yazd, une ville aux portes du désert. Un studio au premier étage, au-dessus d'une boucherie. Il revenait d'une séance de travail à la maternité, des portraits de nouveaux-nés tirés à la chaîne. Le photographe avait tenu à me montrer un article de journal qui parlait de son père et une sorte de discours officiel encadré. Le discours rendait hommage à cet homme le jour de sa mort et disait à peu près ceci : C’était au début des années vingt. Un homme, un artiste de grand talent est venu s’installer à Yazd, Il avait appris le métier avec son oncle qui avait un atelier à Ispahan, lui-même était l’élève du grand AKASBACHI, le photographe officiel du Shah. Mirza fut le premier photographe de notre pays, et la ville lui en est très reconnaissante. Je n'en revenais pas. Le hasard... avait placé sur ma route un héritier direct de la mystérieuse histoire des tout premiers maîtres Akasbachi. Après une courte interview réalisée devant une chambre d'un autre âge, Rahim tint encore à me présenter quelques souvenirs. Des tirages par contact sur papier au format 20X25cm. Un grain d'une finesse remarquable. Les portraits réalisés avant 1979, présentaient des bustes de hauts dignitaires de l'administration Pahlavi, rehaussés d’une improbable palette de couleurs pastel. Une technique de colorisation pratiquée par son épouse à l’époque, mais qui n’avait plus court depuis la révolution. J'ai senti Rahim un peu triste. Des images aussi belles, tous ces souvenirs... La mémoire dorénavant interdite.


PHOTOGRAPHIES & DESIGN GRAPHIC ©JL GANTNER 2005
DIGIGRAPHIE ORIGINALE SUR PAPIER MAT 200g (format 12X12cm)



NÉON™ FILME LES ZOURKHANEH



IRAN / LES ZOURKHANEH
Une tradition de 2000 ans


C'est un chauffeur de taxi qui m'a proposé de rencontrer les Zourkhaneh. Des combattants dont la tradition remonte à 2000 ans, et constitue encore aujourd’hui un art martial respecté par tous les chi’ites dans l’ensemble des régions de l’ancien empire de Perse. Les « samouraïs » d’Ali et du martyr Husayn.
 Celui qu’on appelle ici le « champion du monde » a gentiment accepté de répondre à toutes les questions que je me posais sur sa discipline favorite. Il m’a parlé des « lois de la fosse », de toutes les règles immuables du combat à la régulière, du respect de l'ennemi et des amis qu’il avait laissés dans des tranchées à la frontière irakienne.



Zourkhaneh : Art martial pratiqué en iran depuis 2000 ans.


ZOURKHANEH - FILM REPORTAGE
Réalisé à Yazd - Iran - 01/2005
© JL GANTNER 2005



vendredi 14 novembre 2008

JEAN-CLAUDE BOURGEOIS / IV



PEINTURE



JEAN-CLAUDE BOURGEOIS EXPOSE À LA GALERIE MÉDICIS, BESANÇON
(Jusqu'au 6 décembre 2008)



BOURGEOIS "DE LA COMTÉ" / IV (DERNIER ÉPISODE)

LA FOI, LA MORALE ET L'ILLUSION...




LA DESCENTE AU VILLAGE / ©JEAN-CLAUDE BOURGEOIS 65X54cm



Néon™ vous livre la fin du "quadriptyque"... le dernier épisode de l'entretien (in) l'atelier du maître de peinture comtois. Le prétexte d'une exposition à la galerie Médicis à Besançon pour faire la publicité d'une nouvelle correspondance métaphysique avec une idée en l'air du temps qui passe. C'est donc avec un certain enthousiasme que j'attaquerai cette fois le vernis du tableau par la racine ; et j'y viens sans plus attendre.

On dit quelquefois que les plus grands écrivains répètent à l’infini le même livre (Proust, Flaubert...) comme les peintres de talent, les véritables artistes... peignent d’une œuvre à l’autre, la même forme invisible, le même mystère, la même problématique. Loin des figures de styles, des traits de cirque, loin de la geste, du spectacle gratuit ou de l’agitation télévisée. Ce fut le cas de Monsieur Ingres, le cas de Vermeer, du grand Léonard, de Raphaël bien sûr. Ce fut le cas de tous ceux-là réunis au panthéon des beaux-arts occidentaux, comme on le mesure encore aujourd’hui et partout ailleurs, de Giotto à Manet, de Bosch à Pollock... Un style ?... Pensez-vous ! Un retour d’âme plutôt, une errance figée dans le tumulte. Van Gogh, du Borinage à Saint-Rémy-de-Provence, Oui, ce Van Gogh malade, cet épileptique, Van Gogh alcoolique, ce schizophrène a peint son propre massacre intérieur et rien d'autre, un tourbillon, tableau après tableau, paysages après portraits, ses natures mortes comme tout ce qui vivait trop fort autour de lui. Oui, qui prétendrait au "style" dans ses conditions. Le style... une tournure, une simple facture ; un contour strictement répété sans la moindre opinion ; un effet de mode. Le style... Auriez-vous vraiment songé à vous en sortir comme ça ?!

Je pensais comme ça à ces "Annonciations" de la renaissance. Le style "Annonciation" à la renaissance ou bien encore des "Annonciations" selon le style de la Renaissance... et nous voilà bien avancés, vraiment ! Ambrogio Lorenzetti, Domenico Veneziano, Pierro della fransesca, fra angelico, Filippo Lippi, Léonard de Vinci lui aussi, bien sûr!... et pour finir cet inventaire fragile, désordonné ; la plus belle peut-être ? cette détrempe sur bois de francesco del Cossa conservée à Dresde, un pur prodige du "style Perspective"... Un style de plus de six siècles qui nous bassine encore de sa belle rigueur, sa profondeur de champ et ses lignes de fuite tirées à quatre épingles Une trouvaille pratique, tragique pour "encadrer" les peintres. Un truc de Vélasquez pour être bien sûr qu'on ne déborde pas, que personne ne regarde ailleurs. Et allez donc savoir ce qu'il lui a pris ce jour là, cette année-là 1656 instruisant de son pinceau les fameuses Ménines qui n'en demandaient pas tant. Le style ?... et pourquoi pas le style "Vierge à l'enfant" pendant qu'on y est ?! le style femme de face, de profil, de dos ou qui à l'air de vous regarder de travers... le style femme les fesses en l'air. Le style tournesol ou vitamine A garanti sans cholestérol ; le style Mick Jagger ou pierres qui roulent n'amassent certainement pas que de la mousse ; le style Vache folle, le style Vache qui rit ou veau d’or avec un peu de persil coincé dans le pif. Un vrai « stïle » pour faire genre les soirées de vernisage.

Je pensais comme ça au "style" Bourgeois (qu'il puise me pardonner cette sottise !) au style "figuratif" de ce Monsieur Jean-Claude Bourgeois qu'il conviendrait alors d'utiliser pour mieux conserver la couleur de l'oeuvre dans la matière inerte des calculs futiles. Et puis je me suis dit qu'il vaudrait mieux lui demander son avis, son avis d'homme, son avis d'artiste ; Savoir si "le style" convenait bien à la morale de l'illusion standardisée ? Savoir si la foi naturelle était du bon calibre ; oui, savoir si les proportions entraient bien dans le processus de déclenchement du sommeil ; si le modelé était susceptible de régénérer encore l’étourdissement ? On s'en recause comme on dit !
Néon™





BOURGEOIS "DE LA COMTÉ" LE FILM (ÉPISODE IV)



Le site des amis de Jean-Claude Bourgeois



GRETE STERN AU MUSÉE


EXPOSITION



GRETE STERN AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE BESANÇON
jusqu'au 26 janvier 2009


GRETE STERN Sueños n°1 - 1950
Articulos eléctricos para el hogar

Certes, l’artiste est une des photographes la plus célèbre du monde, certes, Grete Stern fait partie d’une des écoles d’art la plus fascinante, la plus riche, la plus créative de l’histoire de l’art moderne, « la nouvelle objectivité ». Mais tout de même... le fait est incontestable : L’exposition qui commence ces jours-ci au Musée des beaux-arts de Besançon et qui retrace la carrière de l’élève de Walter Peterhans, la cofondatrice du studio Ringl+Pit, la féministe, l’auteure des Sueños à Buenos Aires... témoigne d’une véritable rupture dans la politique de « montrage » d’œuvres d’art de l’institution régionale. « La faute » à Emmanuel Guigon, son nouveau directeur. Un type débarqué d’un prestigieux poste strasbourgeois avec un paquet de lumières avant-gardistes dans son sac. Indéniablement, la « chose », l’ancienne halle aux grains de la place du marché fait peau neuve ; une petite révolution.

EMMANUEL GUIGON
DIRECTEUR DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS ET D'ARCHÉOLOGIE DE BESANÇON


Le dit-on suffisamment ? Ce musée-là fut le premier, la plus ancienne collection publique française. 1694. Oui, Besançon eut son musée d’art un siècle avant que le Louvre n’ouvre ses portes au public parisien.


JOSEPH FRANÇOIS DUCQ - PORTRAIT DE PIERRE ADRIEN PÂRIS - HUILE SUR TOILE 1812


Fragonard, Boucher, Ingres... le lègue de Pierre Adrien Pâris à la ville de Besançon est considérable. La collection personnelle de l’artiste (l'architecte oublié, le grand dessinateur des « menus-plaisirs » de louis XVI et rassembleur de ravissements significatifs du XVIIIe siècle) fait également l’objet d’une « mise en scène » tout à fait perspicace, visible jusqu’au 23 janvier 2009. Un hommage. Stern, Pâris... de quoi passer l’hiver au chaud à Besançon.
Néon™


LE TRIOMPHE DE VÉNUS / JEAN-HONORÉ FRAGONARD - HUILE SUR BOIS, VERS 1765 1770
(COLLECTION PIERRE-ADRIEN PÂRIS)






dimanche 9 novembre 2008

LA CULTUREBOX DE FRANCE 3


BONNES INTENTIONS...



UNE BELLE BOITE...
LA CULTUREBOX DE FRANCE 3




Je ne vous dis pas toujours du bien de ce que la télévision est capable de nous en mettre plein les yeux pour pas grand-chose. Mais "quand c'est bon, c'est bon !" dit un dicton un peu simpliste et tout emprunté à la célèbre expression de l'artiste conceptuel Ad Reinhard transformé en "chaise" par Joseph Kosuth "One and three chair". Une sorte de contradiction solennelle avec le fameux "Ceci n'est pas une pipe" surréaliste de René Magritte. Mais, passons.


Voilà l'objet : Un patchwork de cultures à mettre sous le museau de sa souris pour vous éclater les mirettes. Étonnant, vraiment ! Une plateforme de contenus vidéos hyper simple à utiliser et plutôt agréable à regarder "même à plusieurs !!!" sur son ordinateur personnel.


LA CULTUREBOX DE FRANCE3


"La chose" sort des ateliers de l'agence UZIC, spécialisée dans la communication online et le développement de portails complexes à fort trafic (voilà, qui peut paraît-il en intéresser certains... Alors voilà, ça c'est dit !) La CULTUREBOX...une machine à recycler les émissions culturelles et les reportages locaux, régionaux ou nationaux fabriqués par la chaîne publique. Le concept est ultra innovant et surtout extrêmement efficace à utiliser. Promenez-vous dans la mosaïque d'images et sélectionnez la vignette qui vous fait envie. La captation d'un spectacle musical, une pièce de Tchekhov ou ou hasard... Le misanthrope de Molière, une ballade dans une exposition d'art contemporain au château de Fontainebleau avec des éléphants la tête à l'envers, un portrait de "The Electrix" le rock de trois jeunes bisontins survoltés encore au lycée.. l'interview de Beigbeder sur la foire du livre à Brives, que sais-je encore ?! Parait qu'il manque quand-même quelques perles comme "l'arrivée à cheval de Claire Castillon en franche-Comté"... Mais, bon ; Claire faisait déjà son show dans le Journal de Néon™. On peut pas être partout !

Vous avez raté l'émission ou vous désirez revoir un reportage diffusé sur France 3 ? Pas de problème, la CULTUREBOX est faite pour ça. "La boite à culture" propose également une recherche par critères thématiques, région ou mots-clés. Enfin, le site renvoi vers un agenda de "toutes" les manifestations culturelles en France, un forum de discussions pour les internautes un peu piqués ; et un lien vers les offres d'emploi dans le domaine du spectacle. Un véritable "tout en un" si vous préférez. Une seule porte pour toute la maison culture installée sur la chaîne (Comprenez par là que notre ami Néon™ s'essaye à la technique du cloutage publicitaire au cas où les temps changeraient dans les couloirs de France télévision. La bonne vieille technique du clou biens enfoncé, pour rester bien en place au moment opportun d'une sale tempête qui pourrait bien nous tomber dessus dés le mois de janvier prochain). Heuhhh, oui ! Pour les clous, vous m'en mettrez une boite aussi s'il vous plaît ; c'est pour offrir. C'est-à-dire que c'est bientôt Noël et je ne voudrais pas attendre le dernier moment pour emballer mes cadeaux.

Une belle boite, vous disais-je... Et je vous assure qu'elle fonctionne déjà à merveille, qu'elle obéit au doigt et à l'oeil. Un vrai petit soldat, une belle machine toute neuve, un vrai miracle de la technologie moderne et entièrement dévouée. Un beau programme... paré pour affronter les tumultes du grand chambardement annoncé dans l'audiovisuel public. Mais personne ne saurait ignorer Célimène en la demeure tragique d'un misanthrope. Alceste, son procès perdu. "C'est ainsi qu'un amant dont l'ardeur est extrême" dit Eliante, "aime jusqu'aux défauts des personnes qu'il aime". (Eliante, acte II, scène IV. Le misanthrope de Molière).

"Voilà donc bien là, une drôle de bonne occasion de se taire sur la capacité du service public à proposer des nouveautés pertinentes, pleines de bons sens et remplies de bonnes intentions." "Bein oui, voilà !..." comme on dirait dans un français subordonné aux sobres et merveilleux principes d'une réalité de café du commerce.
À bon entendeur...

VOTRE AMI NÉON™





samedi 8 novembre 2008

CHABANNE KEFTI



RENCONTRE



IL REVIENT TOUT JUSTE DE NEW YORK, ÉTATS-UNIS
MONSIEUR... CHABANNE KEFTI

Je venais juste d’essayer d’entrer en résonance avec les premières lignes de l’échange épistolaire entre Houellebecq et Bernard-Henri Lévy. De réveiller, moi aussi, cette saleté d’« eczéma », à l’idée que l’on m’avait refourgué pour pas cher, de devoir cohabiter, une lettre après l’autre, avec cette charmante baudruche intelectuévisuelle d’Éric Naulleau ; lui et la gente d’une sacrée bonne critique française, perspicace et si importante. D’avoir affaire à ce genre de gentil kapo de la libre, bonne et unique pensée de la gauche de télévision, prétentieuse, bruyante et finalement, complètement dépassée... Cette gente-là plutôt qu’à Aragon, Elsa ; Pascal, ses jolies phrases assassines sur Voltaire. Que sais-je encore ? Sollers, Baudelaire bien sûr. Oui, cette journée-là aurait pu très mal commencer, comme un sacré paquet d’autres pour plein de monde un peu partout sur la terre. Mais Dieu t’aidera, me répète sans cesse un ami musulman. Dieu... rendez-vous compte où on en est arrivé ! Mon grand-père me racontait les mêmes histoires avec le sien. Une croix de bois toute moche accrochée au-dessus d’une télé Schneider™ payée à crédit pour regarder La vie des animaux.

Que je vous raconte alors... Une rencontre heureuse, salutaire dans ce monde d’infinies beautés... un type formidable... « un américain »... de la région de Gray en Franche-Comté (à moins que ce ne soit le contraire : Un type... de la région de Gray, en Amérique ! mais ça n’a guère d’importance en vérité) ! Un type formidable et toute sa bande de copains du club du Val-De-Gray. Un type... comme Néon™ les adore, lui... et sa bande de copains aussi. Mais devrais-je plutôt parler d’un Monsieur, un grand. Un Monsieur dans le genre du Monsieur pas le genre à se plaindre pour rien. Un monsieur courageux ; un Monsieur, le sourire jusqu’aux yeux. Le genre du Monsieur qu’on aimerait saluer chaque matin sur sa route avant de commencer la journée pour nous rassurer sur le temps qui passe, les horloges récalcitrantes. Un Monsieur coureur de fond, un marathonien (Voilà que Néon™ nous refait le coup de la course à pied, le coup de sa prose fatigante avec des gens qui bougent dedans. Une véritable obsession !)


CHABANNE KEFTI, MARATHONIEN, GRAY, HAUTE-SAÔNE, FRANCE


VOIR LE REPORTAGE


Le Monsieur s’appelle Chabanne Kefti, comme je vous le dis ! Chabanne, le nom que ses amis retiennent plus facilement (et ce Chabanne Kefti-là, a beaucoup d’amis autour de lui, je vous promets). Chabanne... Un vrai champion. Un Monsieur, mesuré, évalué à la hauteur actuelle et bien dosée de ses quatre-vingt ans. Quatre-vingt, Vous entendez bien. Huit décennies de labeur terrestre, de petites misères quotidiennes... et encore capable d’aligner un temps de 4H 37’ sur la ligne d’arrivée du célébrissime Marathon de New-York ; le meilleur temps de sa catégorie. Oui Monsieur ! Comme je vous le dis. Le champion du marathon de New-York dans la catégorie des 80, 89ans. « Chapeau bas » qu’un autre Monsieur me répond alors. 4H37... soit seulement 4’ de plus qu’un certain Yannick Noah âgé lui... de quarante-neuf ans. « Non ! » me répond le Monsieur... Si ! que je lui dis, fier de ma petite comparaison de journaliste sportif très tatillon sur les chiffres à force de parler trop vite. Je vous avais prévenu... un mec formidable, un vrai virtuose. Un modèle pour tous ces potes du pays graylois. Un exemple. Et central park... Comment c’était les derniers mètres à Central Park ? Je pose la question à Chabanne qui lève ses bras au ciel. Chabanne se tient debout sur la piste un peu usée du stade municipal où il s’entraîne chaque matin sans faillir depuis quinze ans. Le Monsieur porte un short et un maillot d’athlète avec le mot France écrit dessus. Des lettres énormes. « Ce stade-là, Je l’ai vu construire, vous savez. C’était dans les années soixante. J’habitais juste à côté, j’avais le chantier sous mes fenêtres ». Chabanne me dit qu’il travaillait dans une usine, une fabrique de paniers à salades, quelque chose comme ça. Des paniers à salades... Sur le coup, j’ai tout de suite pensé à un « tube » Citroën™ !

TUBE CITROËN™ VERSION POLICE

des centaines de tubes Citroën™ noir et blanc qui sortaient d’une usine du sud-ouest haut-saônois. Un tube par heure, avec du grillage solide installé aux fenêtres pour pas que les gens se barrent avant d’avoir fini de bosser. Un de ces trucs de la maréchaussée pour trimballer la misère des gens sans avoir à se mouiller les pieds. Il n'en était rien bien-sûr ! Le Monsieur dont je vous parle bossait plus simplement dans le procédé de l'électrolyse ou quelque-chose comme ça (ne m'en demandez pas plus sur le sujet des techniques de production industrielle des objets d'aluminium auquel je ne connais strictement rien). Chabanne est en retraite aujourd'hui. Chabanne Kefti, pêcheur et coureur à pied.

« Les derniers mètres... se souvient Chabanne. On criait tous Obama, Obama !... des milliers, vous comprenez ? c’était fou. »


PDT BARRACK OBAMA

Je pensais tout à coup et pardonnez-moi cette digression, à la réaction épidermique du nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, la poussée soudaine de ce fameux eczéma dans les rangs calfeutrés d’une bonne partie du parti socialiste ; celle de François Hollande sur France 2, absolument convergente. Un rictus coincé à l’annonce des résultats de l’élection du 44e président des États-Unis, un démocrate. Oui, c’était à ne plus rien y comprendre ! car rappelons ce fait absolument considérable, historique considérant ce traditionnel clivage droite/gauche qui sévit encore dans cette France d’Abd Al Malik ; celle du fromage de tête qui persil-ste, celle de ce « formidable » Éric Zemmour, commenterait Michel Drucker... Celle qui discute du prix de la sécu et celle... de ceux qui en ont plus que jamais besoin. Oui rappelons cette information prépondérante pour l’avenir de la conduite des petites affaires françaises dans le grand cirque du monde : la fête... fut cette nuit-là dans les salons de l’Elysée, sur les lèvres de la secrétaire d’état Rama Yade, une sarkozyste... À l'Elysée plutôt qu'à Solférino. Oui, "Voltaire"... comme on disait encore en France du temps de Philippe Val : "Reviens... Ils sont touts devenus fous !"

En substance, j'avais écouté Chabanne me raconter comment quarante-deux kilomètres durant, le monde s'était arrêté de tourner. Un type, un Monsieur... au milieu de près de 40 000 autres coureurs venus tout exprès à New-York, États-Unis, mais en évitant de confondre la politique et la course à pied.


Avec mes plus sincères excuses de vous avoir mélé à toutes ces drôles d'idées, et tout le respect que je vous dois, Monsieur Kefti.
Sincèrement.

NÉON™







samedi 1 novembre 2008

L'ENTERREMENT DE NÉON™



ART/ATELIER


DÉCONSTRUCTION D'UNE PHOTOMOBILE™/JL GANTNER





Que les lecteurs assidus du Journal de Néon™ me pardonnent cette nouvelle mise en exergue d'un propos introductif à l'œuvre Photomobiles™ dans les colonnes de leur journal préféré. Mais pensez donc un peu au autres non d'une pipe ! Aux nouveaux venus, aux nouveaux lecteurs que l’on se doit d’accueillir comme il faut.




PETIT PROPOS PRÉALABLE À L'OEUVRE DES PHOTOMOBILES™, donc !... Et que pour personne ne soit tout à fait largué.

(Des images, des messages/objets... réalisés à partir de son téléphone portable. Ses communications régulièrement mises "en ligne". Tout un commerce d'échange et totalement inutile de libres transports avec un vrai mobile d'une bonne marque™ collée sur l'écran. "De l'art moderne" pour ceux qui en douterait, comme on dit aussi "De l'électronique embarquée" ou "De la pression dans un pipe line" ). JL Gantner est plasticien, journaliste/plasticien.. dans le sens d'un artiste qui préfère pratiquer l'information sur le mode de la digression.... aux trous de taupinières des sociétés de contrôle et du régime des entreprises. Tous les milieux d'enfermement préconçus et l'asservissement aux méthodes du brouillard givrant.




PHOTOMOBILE™ / N°132 (TRIPTYQUE)
L'ENTERREMENT™



PHOTOMOBILE™/JL GANTNER N°132 (TRIPTYQUE) - L'ENTERREMENT ™OU LA NAISSANCE DE L'HOMONÉON™
(UN VIRAGE UN PEU FORT AU BOUT D'UNE LIGNE DROITE, L'ACCIDENT, L'ENTERREMENT, ET LA NAISANCE DE L'HOMONÉON™)
TIRAGE DIGIGRAPHIQUE MONTÉ SUR CHÂSSIS BOIS, PLEXIGLASS VISSÉ 65X20CM




Elle fait partie des premières œuvres composites de la série des "PHOTOMOBILES™". Une œuvre-accident... une œuvre-hommage au travail du photographe Victor Burgin et au peintre d'origine Franc-Comtoise Gustave Courbet. (L'objet culte consacrant la naissance de Néon™), l'œuvre-testament de toute une vie préliminaire au grand raout de l'artiste au début des années 2000.






Les deux œuvres ci-dessous, « Un enterrement à Ornans » de Gustave Courbet et « Office at night » de V. Burgin constituent le support de réflexion principal pour la réalisation de la Photomobile™/n°132 opportunément intitulée "L'enterrement™ ou la naissance de l'Homonéon™". Mais ne m'en demandez pas non plus d'avantages. Sachez aussi faire un effort par vous même, que diable ! Vous avez déjà toutes les pistes entre les mains et y compris les fausses pistes.



UN ENTERREMENT À ORNANS / GUSTAVE COURBET -1849/50
HUILE SUR TOILE 315 × 668 cm
MUSÉE D'ORSAY, PARIS


OFFICE AT NIGHT 1985/86
VICTOR BURGIN
PHOTOGRAPHIE ET VINYLE 183X244 cm
COURTESY GALERIE DURAND DESSERT, PARIS





VOIR AUSSI : NÉON SOUS LE CHARME (DÉCONSTRUCTION D'UNE PHOTOMOBILE™/ N°011)




LES PHOTOMOBILES™ DE JL GANTNER