dimanche 30 décembre 2007

VIRPEEN



JEUNE TALENT / PHOTOGRAPHIE

Je ne sais à peu près rien d'elle sinon quelques images "disponibles" sur Internet. Fabienne Sypowski, mais elle préfère généralement qu'on en reste à "Virpeen" un pseudonyme que la jeune femme dit avoir vu en rêve. Virpeen... plutôt que Fabienne Sypowski, 35 ans, Offlanges, Jura. "Virpeen" artiste... et c'est déjà beaucoup.


Offlanges / ©Virpeen


Virpeen est photographe ou plutôt, Virpeen écrit des mots, conjuguent des verbes sur la solitude à la lumière d’un ciel épais un peu forcé. Tout un carnet intime d’images vives ; des messages... comme autant d'éclairs de couleurs, une somme d’adjectifs incisifs qui transpercent l’horizon de ses nombreux voyages artificiels. Je vous en parle comme j'ai cru la voir la première fois. Une galerie numérique et des « faux » polaroids, l’idée d’un anagramme un peu impressionniste à l’adresse émouvante d’un « expressionnisme abstrait » d'une beauté saisissante. J'hésite... entre Cézane et Gauguin. Les couleurs de Gauguin, celles de Modigliani, mais c'est surtout Monet qui l'emporte. Virpeen capte le soleil à travers un filtre de peinture parfaitement maîtrisé (et les puristes de l'instant crieront au scandale d'un si profond détournement des valeurs séculaires de l'image photographique instantanée). Scrutez l'illusion de la matière, les surfaces de ces "Faux Polaroïds" et c'est la vibration de plusieurs millénaires d'un art "muralistes" qui vous remontent aux yeux. Les murs de cavernes anciennes, des plâtres, des étoffes... tout ce que le sentiment peut s'afficher sur les murs pour s'imprégnier des écorchures de la terre.

Offlanges / ©Virpeen

Sur la route / ©Virpeen

Country 2 polaroid / ©Virpeen

L’ensemble des photographies reproduites ci dessus, proviennent d'une série intitulée :
FAKE POLAROIDS



Des routes... mais où vont-elles ? Des murs... mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Des portes... L’arbitraire, tout ce qui se ferme inexorablement dans les yeux de gens. Des arbres... des lignes enchevêtrées, mélancoliques ou plutôt des traces sombres, tragiques du temps qui passe. Des figures, des détails... Des arbres noués des racines jusqu’au nombril et un « Hiver » si long !


©Virpeen


Et puis des silos, des cheminées... des monolithes oppressants, les sombres archanges du désir et leurs formes de réceptacle pour recueillir la douleur trop vive de l’intimité perdue. Des forêts, des fissures, des craquelures... Des fêlures... Des brumes et la lumière blafarde ou tout le contraire dans le génie électrique des cerveaux saturés.


Baumann - Death in barrel / ©Virpeen


J’avais surprise Virpeen à Chamonix juste en face la face ouest des Drus. Plus tard, elle fouillait la mémoire de l’usine Baumann à Colombier-Fontaine, une fabrique de chaises, de tables, de rocking-chairs ou des sièges de bureaux qui employait 600 salariés dans les années soixante-dix. L’usine avait fermé ses portes définitivement au mois de décembre 2003. Qu’est-ce qu’une jeune femme comme elle pouvait faire dans un endroit pareil ? Berlin, Genève, Dijon, Besançon, Lyon, Sallanches, Chamonix, Étretat, un cimetière parisien, des usines désaffectés... Je la suivais à la trace, elle, son Lubitel, son Holga color, ses Lensbabies... pour essayer de comprendre ce qu’elle avait perdu de si grave pour voyager autant dans les yeux des gens.

Néon™