mercredi 28 mai 2008

LA PLÉIADE À BESANÇON



EVENEMENT LITTÉRAIRE



LA PLÉIADE S'INVITE À BESANÇON...


La soirée était attendue de longue date. La Pléiade, à Besançon... Il fallait au moins le génie perspicace d'un personnel de librairie prêt à tout pour en arriver là. Celui de la maison Camponovo par exemple !... Une ligne de violoncelles pour recevoir le monument de l'édition française et un canapé cuir coupé à la main pour accueillir les deux invités de cette soirée, rare, sous les pentes timides d’un Jura plutôt affable cette nuit-là. (Hugues Pradier d'abord, directeur éditorialiste de la célébrissime bibliothèque et Vincent Debaene, préfacier et co-éditeur de Claude Levy-Strauss.)




LE FILM


© JL GANTNER / LE JOURNAL DE NÉON™



La soirée fut bien d’avantage que ce qu’il convenait d’en attendre, ou plutôt, devrais-je vous dire que cette magnifique veillée fut frappée à l’or fin ; vingt-quatre carats pour être précis. De la belle ouvrage pour une affiche comme on en fait plus. Un marque-page en tissu doré au chapitre d’Ernst Jünger, un autre pour les Brontë, quelques dandysmes autour d’André Breton et puis un sacré beau voyage dans le structuralisme de Claude Lévy-Strauss. C’est-à-dire qu’à force de remuer la langue et ses nobles ligatures dans son Garamond le plus élégant, tout le monde a fini par se coucher un peu tard, un voile de papier devant les yeux (un Bible véritable), trente-six grammes tout juste, oui ! juste quinze grammes plus lourd qu’une âme pesée par ce sacré docteur Duncan Mac Dougall, (Pour tous ceux qui l’ignoreraient, Dougall fut ce type, drôle comme tout, mais con comme ses pieds ; ce savant dégénéré et bigot... l’inventeur de la pesée du souffle divin au moment critique du dernier arrêt de jeu). Et on se demande bien ce que ce type vient foutre ici en plein milieu d’une salle toute dédiée aux lumières les plus critiques du monde moderne et de son goût mystique pour la gymnastique intellectuelle. Un public sensible à la moindre digression, et on en attendait quand même pas moins de lui ! Aussi, fut-il agréable ce soir-là, de sauter en si peu de temps d’une embarcation à l’autre et d’écumer quelques anecdotes à propos du monde sensible. Tenez, cette chamaillerie d’écoliers entre un Breton et Monsieur Claude Lévy-Strauss sur le sujet de l’art magique... ou bien plus tard, cette sortie de l’Abbé Demard, une morceau de papier à la main. La lecture d’une lettre de l’anthropologue à son ami de Champlitte. Historique !



À force d’arabesques vous disais-je donc, une salle pleine à craquer s’est enrayée les mirettes entre un album de Breton tout bien décoré et une myriade de signes bien reliés composant deux tomes des Journaux de guerre de Jünger. Les 1776 pages consacrées aux trois soeurs Brontë (Charlotte, Emily et Anne). Jane Eyre, bien sûr ! considérable. Pour ma part l’iconographie commentée par Robert Kopp, reliée pleine peau et présentée sous étui illustré, ne m’a pas laissé complètement indifférent, loin de là. Je veux dire que ce Monsieur Breton et son atelier de la rue Fontaine momifiés sur un papier Bible aussi délicat... Ses amis Picabia, Duchamp, Bunuel... couchés sur ces fameux 36 grammes de papier imputrescible... vraiment ! Ces gens, ces très chers gens de la maison Gallimard peuvent revenir quand ils veulent.
NÉON™



DERNIÈRES PARUTIONS À LA PLÉIADE

Claude Lévi-Strauss ŒUVRES
Ernst Jünger JOURNAUX DE GUERRE I, II
Anne Brontë, Charlotte Brontë, Emily Brontë JANE EYRE
André Breton ÉCRITS SUR L'ART ET AUTRES TEXTES
Robert Kopp ALBUM ANDRÉ BRETON