samedi 9 janvier 2010

L’ESCALADE... / 2


RÉUNION DE CRISES / 2

« Camus » à la télé... j’avais d’abord cru à une confession du producteur de Johnny. Un docu-fiction filmé sur une star du rock franco-suisse, en cure de repos dans un « Halliday in*** » de Los Angeles. Camus... Le Nobel... en habit d'apparat taillé dans le sens d'un faux format 16/9e (d'info format 16/9e)... Mais quelle merde ! Pardonnez-moi l’expression ! L’auteur de « La chute » traduit en langage télévisuel ! Camus ramené à quelques histoires de culs ennuyeuses sur toile de fond d’un suicide amoureux annoncé, J’exagère à peine ! Ou lorsque France 2 se lance dans la grande aventure d’un service public prêt à toutes les compromissions intellectuelles pour « s’agiter, faire du bruit, montrer qu’elle existe... » (dirait Godard...) auprès du plus grand nombre et au mépris de toutes les règles cinématographiques de bonne conduite (d’ailleurs le type se tue en bagnole à la fin, pour dire !...) Le côté, oui, « pornographique » (pour reprendre l'auteur du « Mépris »). Le côté simpliste et réducteur de la grande société de l'audiovisuel public en plein chantier de rénovation. Bon, oui, je sais... J’aurai s plutôt dû terminer mon Andrew Sean Greer qui ne demandait que ça sur ma table de nuit. Une belle histoire de mariage... « L’histoire d’un mariage » sur fond d’Amérique des années 50, de ségrégation raciale, et des méchants époux Rosenberg qui terminèrent tout cramés sur la chaise électrique d'un grand pays libre. Mais là n’est pas l’essentiel. « L’histoire d’un mariage ». C’est le titre de ce bel opus littéraire d’un écrivain américain subtil et plein d’intérêts pour la chose humaine. « Nous croyons connaître ceux que nous aimons. Nous croyons les aimer. Mais ce que nous aimons se révèle n’être qu’une traduction approximative, notre propre traduction d’une langue mal connue. » Pour tout dire : une expérience profondément déstabilisante. (Un joli cadeau de ma Lili...) L’auteur des « Confessions de Max Tivoli », mais que je n’ai pas lu... À bon entendeur ! Une sorte de filiation avec Jonathan Coe. Oui, bon, là n’est pas l’important non plus.




L'ÉCLUSE / NÉON™ 1982


Écluse : Ouvrage d’art permettant de faire monter ou descendre le niveau d’eau d’une rivière ou d’un fleuve pour autoriser la navigation sur un réseau hydraulique en pente. Voir aussi, Écluser : Solder tout ce qu’il reste de la marchandise à vendre, écluser les stocks. Ou bien encore : S’en jeter quelques-uns dans la cave d’un pote ; faire la tournée des bars jusqu’au bout de la nuit. Payer quelques tournées à des gens qu’on aime bien. Se saouler la gueule par une belle soirée de janvier pour se souvenir de quelques bons moments passés.



PARADOXES ET CONTRADICTIONS

C’est-à-dire que l’idée m’est venue comme ça, cet après-midi, lors d’une séance d’entraînement de course à pied dans une couche de neige toute neuve d’au moins vingt centimètres, et alors que j’aurai vraiment préféré sortir mes planches pour une virée à ski quelque part, n’importe où sur les pentes douces d’un Jura suisse bien comme il faut. Une idée en l’air, juste une pensée à réagir, à sortir de cette sorte de somnolence naturelle, cet engourdissement consenti... comme une crise de lucidité au milieu d’un beau voyage militaire. L’idée, plutôt l’image d’un corps plongé dans l’agitation sans scrupule, une véritable tempête et ses vagues à l’âme récalcitrants. Quelques kilomètres de course à pieds en pleine nature pour respirer l’air plutôt frais de ce début d’année, ce marasme, cette faillite de tout un système qui garde ses grands airs d’y croire encore et jusqueboutistes, malgré les trous noirs et tout ce qui nous dévore de l’intérieur depuis des lustres ; la société bourgeoise, comme on disait avant ! (vous sûrement ! moi... Un tas de gens bien élevés au pouvoir d’achat quoiqu’on en dise... oui, plutôt favorable, malgré la crise, ah... la crise !!! et cette sorte d’intention funeste d’une caste installée encore une bonne tête au-dessus, de vouloir à peu près tout s’accaparer sur terre au plus grand mépris des règles élémentaires de bienséance entre nous.) L’image d’une association corrompue, comme pourrie de l’intérieur et devenue totalement aveugle à la réalité de ses propres privilèges. Tout ce qui menace le grand principe de cohésion des éléments. Une vieille compagnie d’intérêts communs gangrenée par essence par la convoitise, la cupidité et l’ambition. Tout ceux qui croient bon commenter par le silence honteux, la moindre tentative de rétablissement d’un principe d’équilibre entre nous... Tout ceux qui ricanent au triste chant des bas-fonds... Cette assemblée prête à toutes les compromissions pour continuer de s’accaparer le stérile, l’oiseux et le superflu ; maintenir son rang crasseux, sa place indécente, coûte que coûte... dans l’odieux manège d’une prospérité déraisonnée et des méthodes d’enrichissement excessifs. Un manège dont tout le monde a pourtant fait le tour depuis longtemps. Un grand huit des « trois-huit » en haut des bosses et du chômedu au pied des pentes raides de cette belle économie si tolérante et généreuse avec le plus grand nombre d'entre nous. L’image d’une bande de petits cireurs de pompes mielleux et leur sourire assigné face à tout ce qui les dépasse d’une forte tête ou d’un portefeuille un peu fort en gueule. Tout ce que ces rognures de princes déchus, ces bas-fonds en jabots... tout ce que cette forme d’humanisme chic et bien habillé est prête à tous les petits arrangements, toutes les manœuvres, toutes les compromissions pour tenter l’expérience du patrimoine avantageux et de la possession singulière, privée et sexuellement transmissible. La propriété... L’héritage donc. Et j’y reviendrais certainement ! Tout ce que ces « mystiques » en chapeau claque, ces pieux adeptes des cercles privés, des cénacles bien chauffés... s’imaginent encore réussir à conserver des lois qui les protègent d’une république véritable, « équitable » et juste.

Et tiens ! en parlant d’héritage donc... de transmission... Je pensais (toujours en jouant à saute moutons entre une envie de gerber dans la lumière réconfortante de cette neige providentielle de janvier, et celle de rattraper tout le temps perdu avec ma paire de Nike air™ triple épaisseur pour amortir les chocs à l’endroit du talon d’Achille) Ce Camus (j’y reviens aussi !) Ce Camus qu’on nous ressasse maintenant comme si tout le monde avait lu dans le détail l’abominable homme de Sartre... du premier au dernier chapitre et entre les lignes évidemment. Un Camus consensuel pendant qu’on y est ! Et pourquoi pas un Sartre qui ne plairait pas à tout le monde, non plus ! un Sartre qui ne cesserait de se poser des questions entre ses prises de positions un peu strictes à propos du Viet Minh, du conflit israélo-arabe ou de la guerre d’Algérie. Ce sartre-là, engagé un temps aux côtés de Castro ou d’un parti communiste à genoux devant les églises soviétiques, disons jusqu’en 56, Budapest... Et d’autres chats à fouetter sur l’autre rive de la Méditerranée. Je ne sais pas ?! Oui, après tout le mal qu’il avait d’abord pensé du stalinisme. Sartre, un idéaliste... Et alors, quoi ?! Un sale gosse quand même amoureux de Flaubert malgré son intérêt pour une certaine forme « obligatoire » de terrorisme pour tenter de survivre et puis d’exister... Sartre et son côté anti impérialiste primaire, mais tellement nécessaire pour espérer exploser la tronche d’un capitalisme de salauds, inventé tout exprès pour durer et foutre un sacré bordel dans nos bons vieux rapports humains déjà si compliqués sur une terre saturée... Sarte contre camus !?... Les fourbes ! Les ingrats !... Quelle drôle d’invention ! Que je vous précise alors quelques points cruciaux qui gouvernent à ma pensée pour élaborer le fondement de nos relations futures... Premièrement Camus n’est pas une case sur un échiquier philosophique réduit encore au seul état d’opposant bienséant d’un abominable Sartre agité sur sa banquette du café de Flore. Mais d’abord le prodige des belles lettres. Cette intuition magique d’un forcené du cœur errant. Un marcheur dans le désert sous un ciel hurlant. L’épopée de ce Sisyphe dont il fait bravement son raisonnement sensible, sa véritable lutte, son enchantement radical. Un Camus déraciné, écorché de l’intérieur. Mais je vois le temps passer déjà, pardonnez-moi cette longueur matinale... et vos tumultes qui s'en inquiètent, votre précipitation et la mienne. Alors, on s'en reparle comme on dit. Et puis continuez de télécharger surtout !... Oui, comme je vous dirais de continuer de tout prendre comme ça vous vient, à qui ne saurait jamais rien rendre à son prochain... Prenez tout et balayez devant votre porte surtout ; nettoyez sec, faites briller vos idées sincères vos belles opinions tranchées, et à très bientôt.
NÉON™