mercredi 19 décembre 2007

NÉON™ ET LA LITUANIE


VOYAGE




TOUR DE TÉLÉVISION, VILNIUS © JL GANTNER/CIRIC PRESS AGENCY


Vilnius... On fait des tas de choses aujourd’hui à Vilnius. L’ex capitale des mafias russes poursuit sa mue vers les choses formidables de l’esprit. L’ex théâtre tragique du marché des âmes perdues sort de l’ombre pour produire le meilleur de l’art étrange sur la scène culturelle internationale. Les lituaniens ont cet esprit « bizarre » inscrit dans leurs chairs. Toute une identité nationale qui s’appuie sur des chemins de pierres et de bois sculptés dans les forêts secrètes. J’ai vu là-bas des cygnes la nuit éclairés aux bougies, des reflets de femmes blanches comme des ondes sur les étangs au bord de la Baltique. J’ai vu des serpents taillés dans la région de Varena, des couleuvres à têtes couronnées, trôner devant les églises chrétiennes. J’ai entendu les chants des anciens, des litanies, des vieux poèmes naïfs où les lutins, les farfadets, les trolls et les fleurs fées croisent encore les gens modernes. J’ai vu les forges des anciens maîtres du feu, les arbres magiques, on m’a raconté l’histoire du Vaïdela, « le soucieux »... celui a qui on a enfoncé la couronne d’épines sur la tête.


THÉÂTRE DE VILNIUS © JL GANTNER/CIRIC PRESS AGENCY


Ipolitas Uzkurnis

Ipolitas Uzkurnis, un très vieux monsieur aux yeux immenses comme ses mains m’a renseigné sur la question douteuse des âmes perdues et de l’ignorance considérable du monde chrétien. « La guerre, les travaux des champs... J’ai beaucoup perdu mon temps » m’a dit le vieil homme. Il me parlait en faisant des grands gestes autour de lui tout en tirant du « vin d’arbre » une recette de son grand-père... De la sève sucrée avec juste un peu d’eau. On a regardé le mouvement des hêtres dans sa forêt enchantée. Il m’appelait « Napoléon », me parlait des russes, des soviétiques, de Staline qui lui avaient gâché sa vie d’artiste. Des cicatrices larges comme des saillies qu’il creusait dans les grands chênes pour décorer le monde libre, enfin libre autour de chez lui. « Le gars du village », m’avait-il confié. « Oui, ce gars-là ». Il désignait trois gigantesques sculptures de bois érigées loin de la ville comme des totems. « Le jeune homme est tombé amoureux de la fille à l’arc en ciel, mais le tonnerre, son père, se fâche et tente de le tuer... Ça représente la terre et le ciel qui s’unissent. J’ai mis trois mois à les sculpter. C’était le camarade Pranas Sasnaukas, le responsable du Kolkhoze, qui m’avait demandé de faire le travail dans ces délais. Je me souviens aussi qu’on a parlé « l’Europe », l’Europe... mais c’était il y a longtemps déjà ! La Lituanie savourait les premiers mois de son indépendance. Ce pays « merveilleux », qui au carrefour du monde slave et germanique s’était imposé durant des siècles face à l’Europe chrétienne, comme le dernier sanctuaire des Dieux Païens. Oui "Natali"... je te jure qu'ils sont vraiment très beaux tes dessins lituaniens. De cette Lituanie là. de cette Lituanie des sorcières et des croix de bois que je n'oublierai pas. Et dis-moi, oui, dites-moi vous aussi... si ce morceau de terre existe encore, si Ipolitas est toujours vivant dans le ciel où il pleuvait des jolis contes pour enfants malgré tout un tas de saloperies qui traînaient dans le ciel, déjà.
Néon™


SUR LE CHEMIN DE CIURLIONIS, VARENA © JL GANTNER/CIRIC PRESS AGENCY




(AFFICHE DU FILM)


Après 50 ans d'occupation soviétique, la Lituanie retrouve son indépendance et renoue avec ses coutumes, les croyances de ses origines. Le film est un poème, un hymne à la nature et aux divinités domestiques plantées sur les rives de la Baltique. Un conte... sur le chemin des poteaux sculptés à la mémoire du grand Ciurlionis, au pays de Mindaugas, des arbres qui chantent et des serpents à têtes couronnées.


LE PRINTEMPS DES TOTEMS


©1995 JLGANTNER / EOLISPRODUCTION