mercredi 12 décembre 2007

FRANCK JUERY



PHOTOGRAPHIE

Bon, j'avais d'abord pensé faire oeuvre de charité intellectuelle à propos d'une réflexion sur l'image moderne à la télévision et plus particulièrement à propos de l'image dans les journaux télévisés régionaux (leur sens inné du cadrage naturaliste et toute une palette de couleurs primaires qui vont bien avec !... Des couleurs essentielles, passées d’âge depuis les premiers temps du cinéma moderne. Les années soixante de la pensée audiovisuelle avant les premiers films de Rohmer, ou pour dire franchement les choses : Le tout début des années soixante dans le camp des opérateurs arque boutés sur leurs principes hérités de l’âge d’or du cinéma français. Le côté Henri Verneuil de la pensée « ultra » cinématographique franchouillarde-nationaliste. Henri Verneuil !!! Notre David Lynch de l’après-guerre de ce côté-là du mur de l’Atlantique. Notre Coppola à nous, le Tarantino des campagnes du côté des vaches). Et puis d'un coup de clic sur le site de Readymade images à la rubrique "Photographe", voilà que je tombe sur un marchand d'allumettes mais pas seulement. Des images de Franck Juery... toute une série de vers en image avec du bleu d’âme qui coule franchement dedans. Des morceaux de bitume collé au chewing-gum dans la bouche des enfants. Des portraits de la ville ou des champs, emballés avec des papiers de bonbons. Des plages, des pâtés « nickel » sous l’orage à Dunkerque, du sel sans argent sous l’usine toute moche de Boulogne s/mer.


De l’eau à la mer, ou dans un joli bassin en couleurs près de Beaubourg ; de l’eau de plage à Paris s/mer... de l’eau de sel avec des gens de la ville qui marinent dedans, des gens tout seuls ou toute une foule de gens qui se baignent dans l’eau de rue. De l’herbe... juste de l’herbe comme celle qu’on trouve quand on regarde les champs maintenant. De l’herbe ni plus, ni moins sans se retourner sur les « clichés » des vieux prés d’avant. De l’herbe toute neuve, mais déjà vieille, exprès pour pleurer tout ce qui fout le camp comme l’amour des gens quand ils regardent franchement derrière. Le côté Vincent Delerme de la photo d’herbe comme on peut la voir en dehors des journaux régionaux.


© Franck Juery

© Franck Juery

Ah oui, et puis je voulais vous dire avant d'aller dormir... et vous aurez remarqué que je n'ai pas parlé une seule fois de Godard ! Pas un seul mot ! Car à propos de l'audiovisuel régional public par exemple... j'aurais pu aussi vous citer l'auteur du "Mépris", celui d' "À bout de souffle", du "Rapport Darty" ou du "King Lear"... Oui, j'aurais pu vous citer JLG lorsqu'il évoquait cette "Gestapo de l'esprit" du temps de Peyrefitte et d'un Malraux aux ordres du ministère de l'information. Les temps changeaient ! avais-je dit ou écrit quelque part ! les temps changeaient, bien sûr et heureusement ! Mais c'est surtout le temps de merde qui revenait au grand galop sous les sabots des néosalauds. ceux des PTT transformés en cadres de télévision. Godard... lorsqu'à propos de la chaîne régionalistisée (la chaîne préférée des français. De ces "bons" français-là, de ces bons français de la belle France d'avant. Une bonne France bleue, blanc, rouge pour faire ressortir le joli sépia sur l'écran de cette télé moderne-là). Gogard donc ! qui citait Verneuil : "Un saltimbanque, un Tzigane"... disait le réalisateur. "Henri Verneuil est un tzigane à côté du directeur de FR3. Enfin, par comparaison". Mais je ne vous dirai rien sur Godard, promis. Pas ce soir. Un autre jour sûrement. Quand on se parlera d'images vraiment. Des photographies de Juery par exemple. Des images avec une bonne gueule sympathique du monde moderne d'aujourd'hui.

Néon™

Franck Juery est photographe professionnel. Le type vit et travaille à Paris, principalement à Paris. Aucune technique particulière. Utilise "inconsciemment" les Polaroïds, les instantanés, le numérique selon le sujet, le moment et l'humeur.