dimanche 2 mai 2010

PHOTOMOBILES™ - LES BIJOUX DE FAMILLE / I


LES BIJOUX DE FAMILLE ou « LES ENCADRÉS »
PROJET
PHOTOMOBILES™/2010



L’esprit est un peu chargé, je veux dire légèrement « exagéré ». un cadre excessif, véritable, « récupéré » de l’époque Louis XIII ou Louis XIV... comme point de départ du projet, et une image de fond issue d’une tentative de prise de vue ratée au téléphone portable chez un antiquaire en 2006 chez qui je n’avais rien acheté (comme je déteste en général les vieilleries, la pacotille ancienne et le rustique).

L’étude de cette « boîte à bijoux ». relève de ce vieux procédé de l’accumulation, de la restauration et du collage de souvenirs intimes... La méthode du recyclage, donc... et j’y viens ! avec l’âge peut-être ?!... comme Ingres s’était déjà conformé à l’exercice avec son « Odalisque » traitée successivement à la manière orientale, puis en grisaille, à la craie, à l’huile ou à la mine... Un certain bonheur de la « réinsertion »... et un certain penchant pour l’appropriation aussi, comme qui dirait pour s’accommoder de tout. Comme Manet copiant Le jugement de Paris pour son fameux Déjeuner, Un copieux repas repris à son tour par Picasso. Sherrie Levine « photographiant des photographies » d’Edward Weston (Oui, un vrai scandale monsieur le juge ! Une sale copieuse, comme je vous le dis.) Ou encore les fleurs de Warhol dans les années soixante-dix, ni plus ni moins empruntées en l’état à une publicité de la marque Kodak™. Une pratique artistique aux contours juridiques jugés assez flous, comprise entre la citation et la rapine pure et simple (un vrai pillage ! M’ssieur le commissaire, je vous assure !) En vérité, un délice intellectuel post-moderne, ou le sacré côtoie la matière ordinaire, banale ; ou l’image prestigieuse se mêle à la simple effigie industrielle, fonctionnelle. Tout est bon dans le cochon mon bon Léonard ! (Ce « recycleur » lui-même... de vierges à gogo...) Un procédé de location, d’emprunt... plutôt que ce foutu esprit de la propriété™, ce droit d’auteur© un peu hypocrite et tellement prétentieux. Le côté : « C’est à moi » ou « c’est chez moi » puisque je l’ai acheté avec mes sous. « C’est mon pays... puisque j’ai même un papier officiel qui le prouve... Que j'ai aussi le coup de tampon qui va avec. « Oui, ma maison, ma bagnole et ma femme aussi, bien sûr ma femme ! Ma femme et mon chien. » Oh, Mon Dieu ! Le côté propriétaire... et sa propriété « bien encadrée » ; les cadres de la structure sociale et nos coutumes générales pour ne pas déborder... Tout un système institutionnel d’encadrement hiérarchisé, pour que rien ne bouge surtout ! les procédés malhonnêtes de répartition, la grande arnaque libérale, et celle des kolkhozes pour s’y opposer, les délices du collectivisme, la dictature du prolétariat.






C’est je crois Marcel Duchamp qui disait d’ailleurs sur le sujet de la propriété : « qu’il avait eu cette chance de passer à travers les gouttes ». Lui, le fils de petit notaire de province, de petit notable... l’inventeur génial du fameux Ready made, qui se souvenait avoir compris « heureusement assez tôt » que la possession était vaine... « Réduire ses besoins, posséder le moins possible... insistait Marcel Duchamp, comme la clé du bonheur de vivre et celle d’apprendre à aimer vraiment ». Ce Diogène d’Athènes en substance... plutôt qu’un mauvaise traduction de Karl Marx. Diogène et ses contradictions. L’illustre disciple d’Antisthène, qui pensait l’amour comme une discipline absurde et qu’on ne devrait jamais s’attacher à personne dans le but ultime de garantir sa liberté. » La liberté donc... Voilà la belle affaire ! Ce cynisme, cette « sagesse », cette « vertu » oubliée. Cette saine critique des convenances... et ses limites dont on pourrait discuter des heures entières sans en voir le bout.









Un projet de « Bijoux de famille » donc, tendance Magritte. Une approche « baroque » ; un traitement du message « à l’indienne », pour arrêter une bonne fois pour toutes de prendre toutes nos communications au sérieux. Le côté Brahma, Lakshmi ou Shiva de la grande messagerie Photomobiles™/2010, pour rester zen malgré le joyeux bordel médiatique et télévisuel qui nous plombe le paysage et le ciel tout entier. une prolifération de natures mortes sur l’écran et toute l’obscurité qui en résulte. Et en parlant d'indiens, tiens ! Raoni, le chef Kayapos est revenu nous tirer les oreilles ce dimanche soir sur TF1. Le chef se dit dorénavant prêt à la guerre, prêt à livrer bataille, à constituer une armée contre les blancs qui ont voté la construction du barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu, programmant du même coup la fin d'un monde, la forêt des ombres. Sa terre, la terre de ses ancêtres. "Votre technologie a abruti mon peuple, dit Raoni. Depuis l'arrivée des blancs, les malheurs se sont abattus sur mon peuple". Et voilà comment d'un coup de pinceau hertzien, cette première chaine par ailleurs souvent binaire et démagogique, m'a recollé un coup de pied au cul concernant cette bonne vieille idée "bourgeoise" de la propriété. Ou comme disait Charles Fourier qui ne croyait pas en "la bonté naturelle et infinie de l’homme "(le Fourier de "la propriété, c'est le vol" ) : "La propriété est aussi la seule garantie... de la liberté de chacun de disposer de lui-même et de se prémunir des atteintes extérieures, de tout abus contre lui" (Je traduis rapidement bien sûr). ce Fourier qui se battit contre l'Élysée, mais sans rejoindre "la Montagne" pour autant. Allo ! Ouais je sais que t'en a rien foutre des indiens et que tu n'aimes pas la montagne non plus ! D'ailleurs t'en a jamais rien eu à foutre de rien sinon de ta petite personne et de ta petite carrière idiote ; sinon de tout ce qui a une petite chance de faire briller encore un peu plus ton vernis. Je ne sais pas pourquoi je m'énerve, d'ailleurs ?! Avec tout ce clinquant dorénavant, au lieu des idéaux passés. Bon, je te laisse. J'ai ma boîte à bijoux à repeindre et un bon coup d'huile à redonner dans les charnières. À un de ces quatre comme on dit. Je t'embrasse, et prends bien soin de toi.






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LES PHOTOMOBILES™/JL GANTNER