mardi 4 mars 2008

NEON™ ET UN DIMANCHE AVEC "LILI"



UN DIMANCHE AVEC "LILI"

La jeune fille est une comédienne de 19 ans. Aurélie Gantner découverte par Jean-Louis Bachelet (pianiste et auteur dramatique, passioné de Lorca, Mishima, et Koltès). Une véritable rencontre et mille projets sur les planches.

Elle marche, légère à cause de son téléphone portable de 170 grammes qui sonne tout le temps et qu'elle voudrait changer bientôt contre un mobile aux mélodies plus douces. Allo, non, je ne pourrais pas venir parce que je suis avec mon papa à moi. Oui, au jardin du Luxembourg avec plein de gens qui marchent vite, un tas « d’hommes pressés » qui finiront sûrement la gueule enfarinée dans un platane un peu dure de la feuille. On fait des photos avec son appareil tout neuf, un Nikon™ parce qu'il préfère au Canon™. En fait je crois qu'il s'en fout. Il dit toujours que les gens qui parlent de photos avec des mots techniques et des marques accrochées de partout... ça l'ennuie ! D’accord, demain... Ouais salut. La jeune fille dépasse la statue de Sainte Geneviève sans se douter de rien. Une sainte au milieu des muses, des reines et duchesses de France. Je l’examine, elle, de ses dix-neuf ans, ne rien concéder à cette histoire de reliques sans importance pour son âme élastique, et lancer des regards vifs sur un palais façon franchement Louis XIII, le style très perspicace de son pote Richelieu qui avait un goût suffisant pour deux. Le type l’observe, guette l’instant décisif planqué derrière un bijou de la technologie moderne de 12 mégapixels équipé d’un zoom numérique qui ne sert pas toujours à rapprocher ce qu’il y a de mieux chez les gens. Mais celui-là, ça va ! Il l’ajuste, elle, sous les traits de Clémence Isaure, la rapproche de Laure de Noves avec son zoom numérique, « Beaujeu » pixellisée sous les traits d’Anne de France. Toute une « pierrerie » périmée qui fait quand même hyper classe en haut du jardin tiré à quatre épingles. Un « beau jeu » pour faire sa star devant les touristes étrangers ! Elle ; se dit que c’est son père qui débloque, que son papa à elle n’est pas vraiment net, que c’est à cause d’un paquet d’images floues qu’il a quand il est loin de ses jolis yeux à elle. Lui, mitraille comme un fou ; sa jeunesse, ses vingt ans bientôt. Elle est belle, pas sûre d'elle, magnifique... et le jardin, ampoulé remâche ses lumières passées, simple décor dans la profondeur de champ. Elle, sa manière d'être à elle, rien qu'à elle. Elle, "Antigone"... Vous me dégoûtez tous, dit-elle, avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse! Je ne veux pas être modeste , moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage.

Et voilà. Dit le coeur... Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant, c'est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le contraire même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l'histoire sans y rien comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre leurs noms. C'est fini. Antigone est calmée, maintenant, nous ne saurons jamais de quelle fièvre.

LILI, 01/03/2008 © JL GANTNER

Le type se dit que la jeune fille a grandi, c’est ça. Il se dit qu’elle n’est plus seulement une enfant et il n'a rien vu venir. Le type s’était dit ça lorsqu’il avait invité sa Lili, sa fille à déjeuner dans un café près de l'église St Sulpice. Samedi, juste avant de rencontrer le metteur scène favori de son actrice carrément préférée à lui. Une rencontre... un imprévu. Le vent de glace place de la Sorbonne ce premier mars, un café sous le brasero transformé en bar tabac, un paquet de Lucky's, alors que j'avais arrêté depuis au moin trois heures. Ils sont deux à remonter la rue Champollion derrière mon dos. Béatrice Bern, photographe, et Jean-Louis. "Lui", un père militaire, le général Bachelet. Commandant en chef des armées de Besançon et de Haute Savoie. L'ex Yougoslavie, le Kossovo... J'en oublie sûrement. j'ai préféré retenir l'endroit de Chamonix qui créait du sens pour nous deux bien au-delà de la couleur kaki sur les visages d'une enfance détraquée. Jean-louis, toute sa passion dans les yeux, un ami... un "frère". Elle, Béatrice, sa belle aventurière à la caméra, le coeur perforé d'images d'amour quasi mystiques. Des plans de toute beauté. leur générosité... Cette sorte d'âme. On a parlé un peu de musique, de Tarkovski (Andrei Roublev ou l'enfance d'Ivan), de Proust, de Dostoïevski... autour d'une bouteille de vin, ou deux... je n'ai pas compté. Oui, comment éviter de parler de proust quand on voyage la première fois dans le coeur des gens ?! Quatre heures du matin, un taxi, la nuit noire dans les reflets de la seine débordée, vol tranquille au dessus du parc Montceau, atterrissage rue de Courcelles. Comment oublier ?

LILI, 01/03/2008 © JL GANTNER


C’est dimanche à Paris, le lendemain sur le parvis Beauboug et puis à l’intérieur aussi, Un dimanche à l’abri pour s'épargner le silence d'un ciel vide après une nuit pareille. Un dimanche « enferraillé » dans une robe transparente façon "Rogers". Brancusi, Otto Dix ou Calder derrière les sas de sécurité... et Lili joue à monter les marches avec des escaliers automatiques. Lili Gantner, une jeune actrice de 19 ans, en pleine ascension dans des tubes en verre bien alignés, une ligne de progression toute rouge pour être sûr d’aller où elle va, dans la couleur de son coeur. Comment dire... Néon™ la connaît un peu. C'est-à-dire que j'ai suivi ses premiers pas, ses premiers regards émerveillés sur le revêtement rugeux d'un ciel splendide dont elle ne savait rien encore, et toute la grisaille qui peut couler dedans quelquefois quand il pleut un tas de saletés du genre humain. Les premiers pas d'une petite fille... tout ce qu'elle a grandi aujourd'hui. Tout ce que je n'oserai plus jamais lui dire de son talent, pour ne rien encombrer des doutes qui la grisent. Dimanche après-midi. J'avais un train à prendre, un dernier train pour le fin fond de la france à quelques pas de la Suisse. Loin, très loin du tumulte et de ses jolis yeux à elle. Lui... Néon™, Tony™, son papa™, où qui elle voudra.
Néon™


DÉDICACE



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