vendredi 20 février 2009

LE PANOPTIQUE DE NÉON™ / 4



LE "PANOPTIQUE" PERSISTE DANS LE JOURNAL DE NÉON™. UNE RUBRIQUE RÉGULIÈRE POUR DÉNICHER DES RÉFLEXIONS, DES MORCEAUX D'ESPRITS... UNE SORTE D'ANTIMANUEL RÉCURENT DES PIPE-LINE DE LA PENSÉE DIRIGÉE.



"Nous vivons à l’âge moderne, l’usure de la tradition, la crise de la culture" Hanna Arendt.



PHOTOMOBILE™/ JL GANTNER - N°219


NICOLAS SARKOZY ET LA PRINCESSE DE CLÈVES
(À PROPOS DE LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT)


Nicolas Sarkozy... (et je m’étais pourtant juré de ne jamais parler de lui ici. A quoi bon ? puisque tout le monde y va de sa petite phrase, des journaux entiers, des dizaines de milliers de pages sur la toile, la totalité des écrans hertziens... Une véritable calamité intellectuelle ! ) Mais bon, puisqu’il paraît qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis.

« L'autre jour, dit le président des français. « je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves. La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »

Et puis tiens ! pour rester sur le terrain de cette « culture » dédaignée, bringuebalée, dénigrée, mise au ban (« la culture »... et même si le mot a relativement tendance à faire sourire aujourd’hui ! Ou comme le dit Chabrol : Quand j’entends le mot culture, je sors ma sucette.) cette drôle de mode consistant à tout rejeter de quelques hauteurs autrefois prospères en cette matière d’un savoir essentiel et pour le bien de leurs propre comptes. Car finalement, est-ce bien tout de même de cela dont il s’agit ! Cette sorte de culture dont nul ne sait plus finalement de quoi nous continuons de parler dans l’agitation permanente de l’esprit de supermarchés... C’était hier ou cette nuit. Je relisais ce passage de Hannah Arendt (merde, encore une de ces juives !) : Chaque génération, écrit-elle. Oui « Chaque génération nouvelle doit redécouvrir laborieusement l’activité de pensée. Longtemps pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons à l’âge moderne, l’usure de la tradition, la crise de la culture ».

Et puis je tenais aussi à vous faire cet aveu — pour réconforter tout le monde — qu’à l’adresse du Journal de Néon™, personne n’est... universitaire ! Ni maître, ni aucun professeur pour faire « la leçon » à personne, nul enseignant d’aucune sorte, ni chercheur « marxiste-léniniste »... pour exprimer les bruits de fond d’une « élite intellectuelle française en pleine débâcle ». Mais qu’ici, malgré tout, comme en beaucoup d’autres endroits du simple peuple, de la foule éloignée des châteaux, Une certaine Princesse de Clèves dont notre cher président aurait eu, dit-il, « pas mal à souffrir »... m’aura pour ma part et pour quelques-uns de mes amis de cette France profonde et un peu triste dont nous avons un peu réussi à nous arrachés (un tout petit peu grâce à eux)... aidé en tant que cette formidable langue de Madame de Lafayette a su nous convaincre d’une certaine beauté des choses, une certaine esthétique dans l’opération du bavardage et de la correspondance entre nous. Tout ce qui nous a permis de poursuivre notre périple vers un peu de lumière possible plutôt que de finir derrière un sombre guichet. Guichetier, « guichetière » Oui... « Imaginez un peu le spectacle ! » Monsieur le président, de ceux qui sont toujours derrière, pendant que tout se joue devant, mais toujours sans eux. Oui, imaginez un monde meilleur, un monde moderne... dont vous nous promettez le bonheur imminent. Un monde disons, d’avant 1968... un monde d’avant les premiers crash test de l’économie mondiale, un monde... disons, d'avant le cinéma moderne, un monde d'avant le premier voyage sur la lune, ce monde d'avant la fin de la guerre du Viêt Nam... un monde où l’on était guichetier de père en fils. Je parle de mon père, de ma mère, de mes grands-parents... de tous ceux qui finalement, et loin des seigneurs, des princes et des princesses, loin de « l'ornement » de la grande cour de France qui justifiât longtemps son admiration, auraient certainement adoré savoir lire et écrire un peu de cette langue là pour vous répondre la honte qui s'abat sur votre vertu.
Néon™