LES SUCRERIES LITTÉRAIRES D'ANNA A...
Elle
n'a pas encore vingt ans. Néon™ vous propose de la lire... Des textes
courts qui passent par la tête d'une jeune fille sur la vie qui va, sa
vie à elle. Quelques lignes de temps en temps, à déguster comme une
douceur, un caramel sous un quartier de lune, une pomme d'amour... Bref !
de la littérature comme un peu de miel au rayon confiserie de la
librairie de Néon™.
IV / LA SONATE AU CLAIR DE LUNE
Trois
notes simples, quatre échos, le décor est posé. On se laisse emporter
quelques secondes lorsque soudain, les trois sol dièse font monter les
larmes depuis l’âme jusqu’au bord des yeux. « Pourquoi est-ce que je
pleurerais ? C’est ridicule, je suis stupide ». Et l’on ravale ses
larmes, puis tout à coup, alors que l’on s’y attendait sans tout à fait
pouvoir expliquer pourquoi, un crescendo, les notes grimpent, on ne sait
où elles vont finir par s’arrêter… un court temps d’arrêt sur ce ré
dièse tout là-haut avant de redescendre lourdement jusqu’à la frontière
idéale dans les graves, la limite la plus juste au demi-ton près. On se
dit que tout est prévisible, qu’elle est en fait pathétique cette
sonate. Et, alors que l’on est encore déterminé à lutter contre cette
vague mélancolique, à nouveau ces trois sol dièse… le premier suivi du
do dièse et du mi pour faire patienter jusqu’aux deux autres. Mais on
résiste encore et toujours à l’envahisseur lacrymal. Pourtant, on sait
que l’on va céder, on sait exactement à quel moment la première larme va
outrepasser le portail du rationnel, c’est toujours au même endroit,
c’est toujours là, c’est ce si qui est si triste, on ne peut résister au
si de la sonate au clair de lune. Si l’on pouvait le prendre dans ses
bras pour le consoler on le ferait, il semble si fragile. Il est en même
temps si lent ce si, et si rapide, on voudrait qu’il ne finisse jamais
et que les deux autres ne se suivent pas de si près mais soient aussi
lents que les nuages qui assombrissent les cieux du clair de lune.
Anna A
Anna A