LE « SOUVENIR FRANÇAIS »
SÉANCE DE RATTRAPAGE
PHOTO © JL GANTNER (1983)
CAMP DE CANJUERS, ALPES DE HAUTE PROVENCE
ENTRAINEMENT DE LA SECTION MILAN DU 27e BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS (1983)
Je ne sais pas qu'elle grosse connerie j'avais bien pu faire à 18 ans, pour me retrouver tout un mois dans un endroit pareil sous les couleurs du drapeau français ? Trente jours de cagnard à jouer aux guerriers sur ce plateau aride des Alpes de Haute Provence qui borde les gorges du Verdon. Les falaise de l’Escales... Un vrai supplice pour ceux qui connaissent mon intérêt pour les parois de ce genre. 300 mètres de calcaire impeccable dans un décor de rêve. Une catégorie d’aspérités formidables en forme de gouttes d’eau et jusqu'aux baignoires... Pour mémoire, les itinéraires du bombé de « Pichenibule / 7b », les longueurs de « Dingomaniaque / 6c+ » dans les dalles grises, ou la fissure plus sauvage du « Necronomicon / 6c ». Les soirées à la terrasse des bistrots de La Pallud. (Où je devrais convoquer cette parabole de ce bon vieux mythe de Sisyphe pour que l’on se comprenne bien sur le protocole d’accord qui régissait mes rapports avec l’institution militaire à cette époque de ma vie !)
Un mois de manœuvre avec pour seule distraction quotidienne, la première possibilité d’un exercice de tir de missile sol-sol Milan™ au prix exorbitant de celui d'une Golgf GTI. D'une séance de tir un peu cher ou celle d’une séance de récupération/destruction d'obus tirés la veille et qu’on nous conviait expressément de découvrir dans un champ de mines de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Levé à 3 ou 4 heures du mat après une nuit sur des lits-picots rangés sous des tentes dortoirs. Mille mecs déployés chaque matin après le café en une seule colonne dans leur treillis de campagne, et un chef par section pour leur gueuler dessus toute la journée. Le chef !... Pas le genre philosophe... si vous voyez de quoi je veux parler. ! (Bien que j'en ai ensuite connu d'autres, qui n'avaient même pas fait leur service militaire...) Le 8 mai donc... ce 8 mai là, 1982, pluvieux à Paris ; le premier 8 mai « férié » depuis longtemps selon les propres souhaits du président François Mitterrand de renouer avec une certaine idée du souvenir et des traditions nationales. À vrai dire... je ne m’en souviens plus vraiment. Ni du défilé sur les Champs Élysée sous la pluie, ni de l’accident de Villeneuve le même jour (le corps du pilote filmé au ralenti par les caméras de TF1 alors qu’il est éjecté de sa monoplace et projeté contre le grillage de sécurité). Diffuserait-on la même horreur aujourd’hui à vingt heure sur nos écrans retroéclairés ? Je ne sais pas ? Faudrait voir !... Bon week-end en tout cas, et bonne armistice à tous.
SÉANCE DE RATTRAPAGE
« La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu’un individu » (Ferdinand LOT)
PHOTO © JL GANTNER (1983)
CAMP DE CANJUERS, ALPES DE HAUTE PROVENCE
ENTRAINEMENT DE LA SECTION MILAN DU 27e BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS (1983)
Je ne sais pas qu'elle grosse connerie j'avais bien pu faire à 18 ans, pour me retrouver tout un mois dans un endroit pareil sous les couleurs du drapeau français ? Trente jours de cagnard à jouer aux guerriers sur ce plateau aride des Alpes de Haute Provence qui borde les gorges du Verdon. Les falaise de l’Escales... Un vrai supplice pour ceux qui connaissent mon intérêt pour les parois de ce genre. 300 mètres de calcaire impeccable dans un décor de rêve. Une catégorie d’aspérités formidables en forme de gouttes d’eau et jusqu'aux baignoires... Pour mémoire, les itinéraires du bombé de « Pichenibule / 7b », les longueurs de « Dingomaniaque / 6c+ » dans les dalles grises, ou la fissure plus sauvage du « Necronomicon / 6c ». Les soirées à la terrasse des bistrots de La Pallud. (Où je devrais convoquer cette parabole de ce bon vieux mythe de Sisyphe pour que l’on se comprenne bien sur le protocole d’accord qui régissait mes rapports avec l’institution militaire à cette époque de ma vie !)
Un mois de manœuvre avec pour seule distraction quotidienne, la première possibilité d’un exercice de tir de missile sol-sol Milan™ au prix exorbitant de celui d'une Golgf GTI. D'une séance de tir un peu cher ou celle d’une séance de récupération/destruction d'obus tirés la veille et qu’on nous conviait expressément de découvrir dans un champ de mines de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Levé à 3 ou 4 heures du mat après une nuit sur des lits-picots rangés sous des tentes dortoirs. Mille mecs déployés chaque matin après le café en une seule colonne dans leur treillis de campagne, et un chef par section pour leur gueuler dessus toute la journée. Le chef !... Pas le genre philosophe... si vous voyez de quoi je veux parler. ! (Bien que j'en ai ensuite connu d'autres, qui n'avaient même pas fait leur service militaire...) Le 8 mai donc... ce 8 mai là, 1982, pluvieux à Paris ; le premier 8 mai « férié » depuis longtemps selon les propres souhaits du président François Mitterrand de renouer avec une certaine idée du souvenir et des traditions nationales. À vrai dire... je ne m’en souviens plus vraiment. Ni du défilé sur les Champs Élysée sous la pluie, ni de l’accident de Villeneuve le même jour (le corps du pilote filmé au ralenti par les caméras de TF1 alors qu’il est éjecté de sa monoplace et projeté contre le grillage de sécurité). Diffuserait-on la même horreur aujourd’hui à vingt heure sur nos écrans retroéclairés ? Je ne sais pas ? Faudrait voir !... Bon week-end en tout cas, et bonne armistice à tous.