(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
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LE COUP DE CHAUD
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Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.
CHAPITRE 14 (suite)
LA NUIT DU VINGT AU VINGT-ET-UN JUILLET DIX-NEUF CENT SOIXANTE-NEUF ...
et l’exceptionnel sang-froid d’un homme qui réussit cette manœuvre d’alunissage au jugé dans la poussière sélénite, au lieu de son ordinateur de bord aux neurones encore balbutiants et complètement débordés.
« -D’accord, allons-y ! Un peu moins de six heures trente... pendant lesquelles pas une image télévisée, ni même un son ne nous est parvenu, ni de l’intérieur, ni de l’extérieur de la capsule. Rien. Le black-out audiovisuel total. Juste dans l’intervalle des deux plus grands pics d’audience enregistrés sur l’ensemble de la mission. J’ai tout vérifié sur l’archive de l’émission diffusée cette nuit-là la télévision française. Vous pouvez vous rendre compte par vous-même, le document est disponible à l’INA. Tout le monde peut y avoir accès sans aucune restriction. » Les yeux de Jules se mirent soudainement à briller avec une effrayante intensité. « Deux astronautes, le pilote Buzz Aldrin(X1) et le commandant Neil Amstrong, enfermés dans leur engin d’exploration spatiale au terme d’un voyage de près de trois jours dans les radiations mortelles de la grande nuit stellaire et après un atterrissage —et tiens, prenez justement l’atterrissage... oui, commençons par le commencement !— Quelques minutes avant le Final touchdwon prévu selon un protocole d’approche et d’alunissage dont il est raisonnable d’imaginer que rien n’avait été laissé au hasard quant à cette phase jugée la plus critique de l’opération, l’ordinateur de bord, l’AGC (Apollo Guidance Computer) affiche alors un code erreur 1201 puis encore 1202... tout de suite après (ou dans l’ordre inverse, de toute façon ça n’y changerait rien...) dont personne à Huston ne semble savoir ce que cette formule numérique affichée sur le DSKY (l’interface de commande) peut bien vouloir signifier. Même pas les gens du MIT (Massachusetts Institute of Technology) qui avaient pourtant conçu la machine, révolutionnaire pour l’époque et dont les ingénieurs maîtrisaient forcément jusqu’à la plus futile des variables de fonctionnement (un ordinateur portable de 32 Kg, d’une puissance CPU de 1MHz avec 4Ko de RAM... Soit la capacité d’une simple calculatrice d’écoliers. Un système d’exploitation doté d’une mémoire de 16 bits... et censé permettre d’exécuter quelques 8 tâches simultanées). Je simplifie pour que l’on ne perde pas de vue l’essentiel. Au bout d’un moment, le centre de commandes comprit enfin que l’AGC devait saturer à cause d’un encombrement de données, rendant le système de navigation automatique totalement hors service (je passe sur la probabilité d’une défaillance aussi grossière et pile au moment crucial !) Mais je vous le donne en mille... À quelques secondes de la nécessité immédiate de devoir tout abandonner, ou de l’unique autre solution d’attendre tranquillement de l’appareil, qu’il se crashât sur le rebord d’un cratère ou d’un autre : Amstrong, désigné pour être le premier humain à poser le pied sur l’objectif, repris tranquillement les commandes... à la main, comme un bon vieux pilote d’essai qu’il était, le « héros » que l’Amérique et la plus grande partie du monde occidental espérait depuis les plus fâcheuses péripéties de la guerre froide. Cet homme, « seul », le champion, le patron, le boss... l’archétype campbellien(X2) du preux chevalier, ce « surhomme » au-delà de l’évidente victoire collective... Oui, l’accomplissement ultime qui s’annonçait, un triomphe définitif du libéralisme... contre ce spectre communiste, bolchevique qui hantait le monde affranchi, menaçait son intégrité, sa toute puissance, son orgueil en marche jusque dans les étoiles. Tout y était. Une séquence de choix, peut-être la meilleure de tout le programme lunaire... où ce fut bien la « main » de l’homme, oui, la seule aptitude humaine, —suivez-moi bien— qui resta dans la légende comme ayant autorisé cet exploit, la performance la plus remarquable de toute l’histoire de l’humanité. L’homme et non l’outil, la machine... (encore moins cet « ordinateur » encore à ses balbutiements). Une occasion trop belle pour d’innombrables mécènes ! de démontrer —en adversaire réputé de Descartes— la supériorité de la nature humaine sur toute autre chose, dans un dernier réflexe de Pavlov en somme, ou bien dans l’accomplissement d’un scénario, d’une stratégie de communication... où rien, vraiment rien n’avait été négligé. 25 milliards de dollars... pour l’emporter définitivement sur Descartes. Voilà mon avis mon cher, l’impression que je me suis faite de cet alunissage héroïque d’un américain dans la grande histoire de l’entendement universel. Mais attendez le meilleur. Voyez au-delà de l’aspect purement allégorique de cette aventure, les faits bruts dont je puis aussi vous rapporter quelques aperçus à méditer. Prenez encore une fois le déroulement des événements qui ont précédé la pose du LM dans cette sombre et dérisoire régolite ; et considérez maintenant le film dans le détail pétrifié de chaque photogramme. Écoutez par exemple l’enregistrement audio de deux hommes dont je conviendrais volontiers avec vous qu’ils avaient subi un entraînement adéquat pour faire face à toutes sortes de situations inédites, certes ! Mais considérez ce paramètre d’un flegme incroyable dans la voix des deux pilotes, deux terriens fait de chair et se sang sous la pression de la circonstance exceptionnelle du premier alunissage de la carrière humaine, pression encore accrue par ce tracas d’un système de guidage défaillant, en réalité totalement obsolète à ce moment précis de la manœuvre la plus scabreuse qu’un homme n’est encore jamais réussi. Et bien oui, constatez dans le ton de leur voix, cette indolence hallucinante dans la situation de la pire calamité statistique qu’on puisse leur infliger : mourir à des centaines de milliers de kilomètres de chez soi, dans le noir d’encre affligeant de l’espace inexploré. Leur voix, parfaitement calme... pendant cette phase d’une chute ostensible du niveau de propergol dans le réservoir. Une maîtrise impeccable (le produit d’une physiologie exceptionnelle et d’un entraînement sans faille, d’accord !) Mais imaginez qu’au moment précis du tir de la fusée depuis cap Canaveral le 16 juillet (sous les millions de tonnes de poussée des moteurs de Saturne V, me direz-vous...) : le cœur de Neil Amstrong marqua 109bpm, c’est-à-dire un niveau de stress déjà significatif pour les performances cardiaques de cet athlète de haut niveau confronté à ce premier problème du décollage. Et j’entends encore le commentateur de l’ORTF de l’époque, le chef du bureau de New-York Jacques sallebert, s’inquiéter 4 jours plus tard (ce jour où l’homme marcha sur...) de ce que la commandant Amstrong —reprenant la main sur la machine alors que le carburant allait manquer et que la cible prévue pour poser l’engin était déjà dépassée de plusieurs kilomètres— aurait atteint son niveau de pulsations cardiaques le plus élevé de toute la mission. Tout ceci pour vous inviter à réaliser vous-même cette expérience élémentaire, cette simple petite épreuve physique de poursuivre une conversation, sereinement et sans que personne ne réussisse à déceler la moindre peine dans le rythme ou le débit de vos paroles, et alors que vous atteignez une force cardiaque permettant de courir à l’allure d’un concours de course à pied ?!... Oui, faites tout simplement cette expérience par vous-même et comparez votre résultat à l’aune de la communication enregistrée entre les deux astronautes à l’instant critique et la console du capcom... Oui, tout simplement ahurissant ! »
-X1- Edwin E. Aldrin, Franc-maçon. Initié en février 1965, devenu Compagnon le 12 avril de la même année et Maître le 21 février 1968 au sein de la "Montclair Lodge" No. 144 de la Grande Loge du New Jersey. Il est 33ème degré du REAA, membre du Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien & Accepté des Etats-Unis, Juridiction Sud. Sur le même thème et pour le cas d’Amstrong, rien est tranché de manière définitive, au seul détail que son père Neil (senior) fut bien lui, un membre actif au sein de la grande loge de l’Ohio. Idem pour John Glenn (Mercury 6) devenu par la suite sénateur du même état.
-X2- Joseph Campbell, anthropologue américain (1904-1987). Auteur d’un travail de recherche sur les mythologies comparées et d’une définition singulière du héro dont on peut encore vérifier les traits symétriques dans les œuvres hollywoodiennes actuelles.
(À SUIVRE)
-X1- Edwin E. Aldrin, Franc-maçon. Initié en février 1965, devenu Compagnon le 12 avril de la même année et Maître le 21 février 1968 au sein de la "Montclair Lodge" No. 144 de la Grande Loge du New Jersey. Il est 33ème degré du REAA, membre du Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien & Accepté des Etats-Unis, Juridiction Sud. Sur le même thème et pour le cas d’Amstrong, rien est tranché de manière définitive, au seul détail que son père Neil (senior) fut bien lui, un membre actif au sein de la grande loge de l’Ohio. Idem pour John Glenn (Mercury 6) devenu par la suite sénateur du même état.
-X2- Joseph Campbell, anthropologue américain (1904-1987). Auteur d’un travail de recherche sur les mythologies comparées et d’une définition singulière du héro dont on peut encore vérifier les traits symétriques dans les œuvres hollywoodiennes actuelles.
(À SUIVRE)