RÉACTION
UN KEFFIEH POUR LA PAIX, ET L'INDUSTRIE DU VOILE COMME INSTRUMENT DE CONCILIATION ENTRE LES PEUPLES.
Aux porteurs de keffiehs qui négligeraient un peu vite l’origine de leur libre-façon de pouvoir le porter où ils veulent même au milieu de la foule du samedi. À tous ceux qui auraient la mémoire un peu courte ou l’estomac tapissé de bouillon de courges pour ne pas se souvenir qu’ils vivent ici dans une société démocratique et libre de porter ce qu’elle veut sur la tête, à partir du moment où ça n’emmerde personne et dans le respect des lois républicaines et laïques. (Pour rappel des principes relatifs à la loi de 1905 : La République assure la liberté de conscience, article 1. Elle proclame l’interdiction de tout port de signes religieux visibles). Rajoutons que : La laïcité n’est pas l’instrument d’une neutralité. Elle est au contraire un processus d’engagement constant et réfléchi, déterminé et respectueux, pour la liberté de conscience et d’expression, pour l’émancipation et le combat contre toutes les formes d’obscurantisme et d’aliénation.
J’entends bien le vacarme, tout ce chahut, les grincements à propos d’une guerre horrible en terre sainte, une de plus ! Un conflit sans nom sur la terre des « ancêtres ». Une expédition barbare... Un meurtre programmé, planifié ; un génocide, allons-y ! « Un holocauste ». Je ne veux pas ici refaire l’histoire de qui a forcément raison ou tord, selon une sélection de dates officielles à retenir et à partir desquelles on devrait objectivement pouvoir se référer pour trancher la justice. Là n’est pas mon propos. Mais J’entends bien, ces ombres s’éveiller ; ses sombres silhouettes, sortir de leur torpeur... pour réclamer le droit à la justice pour tous, le respect des plus faibles. Oui, exiger la paix dans le monde en commençant par l’arrêt des combats sanglants dans la bande de Gaza. Et comme je suis d’accord avec eux sur ce point. Comme je conviens avec tous les loups qui hurlent, qu’il n’est rien de plus précieux que la vie d’un enfant sur la terre et d’où qu’il vienne, un enfant bien vivant et ses yeux encore innocents. Comme je conviens qu’une vie humaine vaut mille dieux que je ne connais pas, que je n’ai jamais vu et pour qui donc, je ne saurais me battre. Mais voilà, que justement, tristement... Dieu que l’on croyait ici-bas endormi depuis un bon bout de temps, le grand manitou, le sorcier des sorciers, Dieu l’omnipotent, l’omniscient... Dieu le tout puissant, Dieu l’éternel, l’incréé... fait son retour en force sur la voie publique et dans les manifs. « Vengeance ! » exhorte Dieu d’Abraham, à marche forcé sur le pavé. Oui, Dieu est grand ! Mais le message est un peu court sur les banderoles pour l’affirmer sans devoir s’écarteler entre deux conceptions du monde qui s’opposent au proche orient. « Vengeance pour les enfants palestiniens »... et encore oui ! Je m’indigne avec vous sur ce point d’enfants martyrs ensanglantés sous les bombes. Des innocents. « Mort à Tsahal, mort aux soldats israéliens, mort aux juifs, donc ! Mort à tous les feujs de la terre et d’où qu’ils puissent se taire encore, les salauds... » pour oser tirer sur des enfants sans défense... (car tout juif est complice de son frère juif, n’est-ce pas ? L’idée est récurrente, qui a déjà fait des miracles en mille temps de haine fameux, et jusqu’à la folie nazie au siècle dernier). Des juifs, et pourquoi pas tous les autres avec, pendant qu’on y est ? ces athées, cette bande d’infidèles, ces laïcs... le mot est lancé. La grande confrérie des agents du Mossad planqués dans chaque paquet de chips qui accompagne le pain de mie Harry’s au couleurs du drapeau yankee. Et vive le Hamas* alors ! (la branche palestinienne des Frères musulmans, concepteurs de bombes humaines et de toutes sortes de saloperies explosives destinées à faire respecter la paix un peu partout dans les discothèques ou les bus de Tel-Aviv).
*La charte du Hamas pour qui aurait la tête dure, prévoit l’avenir de la paix sur le sol palestinien en ces termes : « Les initiatives, les prétendues solutions de paix et les conférences internationales préconisées pour régler la question palestinienne vont à l'encontre de la profession de foi du Mouvement de la Résistance Islamique […] Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le djihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. » (Article 13)
Vive ce parfait modèle de tolérance sur le mode de la politique iranienne qui accompagne le mouvement artistique du djihad islamique et du Hezbollah libanais. (Un anniversaire cette année à Téhéran. Trente ans de bonnes œuvres à l’égard du reste du monde en commençant par son traditionnel ami hébreu qu’il préférerait purement et simplement rayer de la carte. L’Iran passé d’un islamisme révolutionnaire bercé d’illusions « humanistes », à un néofondamentalisme pernicieux, qui cherche à tout niveler par le bas. Un Iran obsédé par l’influence corruptrice de la culture occidentale décadente. Est-ce d’ailleurs pour ça que l’on ne voit pas de keffiehs pendre des épaules de la foule de Mahshad ou d’Ispahan ? La grande culture des descendants de Darius, dans les yeux de la république des Mollahs, tente désespérément d’accorder ses mœurs à la vision étriquée des gardiens de la révolution. Et pardonnez-moi alors mon manque de relativisme culturel lorsqu’il s’agit d’un sujet qui me touche à la hauteur de mes amours chroniques... De Khomeiny à Ahmadinejad... La ségrégation sexuelle se voudrait à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’une charia appliquée à la lettre. Des persanes... sous le voile et sous tutelle du monde viril. Faites vous-même le bilan ! Même si nous aurions plutôt pas mal de choses à nous dire encore sur le sujet du combat pour l’émancipation féminine des iraniennes. Une bataille contre le conservatisme religieux qui commence à porter ses fruits sous les hijabs. Rappelons pour être tout à fait juste, que le sort de la femme iranienne est largement plus enviable que dans la majorité des autres pays musulmans de la région. un enjeu considérable pour les autres... dans l'espoir de réconcilier une certaine lecture du Coran avec la perspective d'une "modernisation" de toute la société musulmane).
Vive les fabricants d’horreurs idéologiques de toutes sortes, donc ! Vive les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et tous ceux qui les financent sur les rives du golfe persique. Faites votre marché d’idées toutes faites et profitez de la saison des soldes pour tout brader avant qu’elles ne vous reste sur les bas le jour du jugement dernier. Et pardonnez leur, disait-« il » cet autre Dieu, encore ! au moment de monter sur sa croix... parce qu’il ne savent pas ce qu’ils font. Continuez, oui, de parler fort et de tout confondre... la mode du foulard de l’OLP chez Balenciaga et le morceau de tissu solidaire vendu 5 euros dans les surplus américains aux couleurs grises un peu chiffonnées. Continuez de tout secouer : Jésus, Mahomet, Claire Chazal, Sarkosy et Voltaire. Mais laissez-moi croire que personne ne peut préférer trop longtemps l’ombre à la lumière ; un obscurantisme passé d’âge, au lieu des mille prairies parfumées à l’eau claire. Dites-moi que ces voiles rêches qui flottent sur le visage de ces femmes « éclairées » dans les banlieues françaises grâce à la bonté d’âme de leur mari, de leur père ou d’un frère conciliant. Ces belles musulmanes ensevelies sous leurs manteaux sans forme, ses âmes de jade emballées d’un noir militant... sont le fruit d’une mode passagère dans les quartiers ; une simple protection contre le vent qui tourne toujours du mauvais côté, les menaces d’un réchauffement planétaire. Et serais-je-là, sur le point de choquer quelqu’un ? Aurais-je d’emblée franchi la ligne rouge de la liberté de ton, osant parler-profaner l’ « hadith » loi du livre des livres ; « J’ai rêvé d’un monde sans religion » a dit un jour l’écrivain bangladaise Taslima Nasreen dont la tête est toujours mise à prix pour avoir oser un jour écrire sur son enfance gâchée. Et tiens... pendant que nous y sommes ! Que dirait-on de Faubert par ces temps qui courent ? Faites aussi interdire Flaubert des programmes de l’éducation nationale pour ne choquer personne. Puisqu’il ne faut plus choquer personne ! puisqu’il ne faudrait plus peindre autre chose que des toiles lisses ! Car, n’est-ce pas dans L’éducation sentimentale que L’immense Flaubert, le rédacteur de Salammbô, l’auteur réaliste, l’inspirateur de Maupassant écrivait à Madame Roger des Genettes « Je demande, au nom de l'humanité, à ce qu'on broie la Pierre-Noire, pour en jeter les cendres au vent, à ce qu'on détruise la Mecque, et que l'on souille la tombe de Mahomet. Ce serait le moyen de démoraliser le Fanatisme ». Alors, au poteau Flaubert ! Au billot ? Ton compte est bon. Ta gorge sous les couteaux du GIA ! (al-Jama'ah al-Islamiyah al-Musallaha) T’avais qu’à réfléchir un peu avant de « traiter » le prophète et Allah tout puissant. T’avais qu’à tourner plusieurs fois ta langue avant qu’on te la coupe et qu’on la file à bouffer au cochons. Et crac ! Ta tête d’écrivain « infidèle » toute sanguinolente dans YouTube ! Un véritable buzz sur le Net.
Bref, vous pouvez bien garder vos keffiehs serrés autour du cerveau pour vous éviter de penser au-delà d’un nœud bien serré dans la gorge, en afficher la couleur un peu triste pour vous protéger des coups de chauds... mais gardez donc votre vindicte, vos porte-voix ; toute votre haine... Votre aptitude à la vengeance sanguinaire... pour défaire ce mutisme affligeant de tout un monde laïque, face à la montée tranquille d’un arbitraire mystique dont on connaît déjà toute la belle poésie. J’entends par là celle des uns et puis celle des autres et sans distinction de drapeau.
Bon, voilà. Et comme j’entends déjà poindre les injures des habitués de la diagonale... les abonnés du texte lu un paragraphe sur deux. Je tiens tout de même à préciser qu’il n’existe nul rapport entre ce dont nous parlons ici et la plupart de ce milliard et demi de musulmans occupés à s’aimer sur la terre comme ils peuvent. (la première religion du monde, sunnite, chiite et autres courants confondus).
NÉON™