(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
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LE COUP DE CHAUD
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Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.
CHAPITRE 2
EXCRÉTION AMOUREUSE
Deux corps flambants d’ardeur et d’amour fou s’étaient promis la construction d’un monde atypique et simplement modelé à leur image. Un caractère amoureux typique, mais développé dans des mesures tout à fait considérables. Une simple tentative de rapprochement cellulaire, mais dans des proportions cosmiques.EXCRÉTION AMOUREUSE
Il y a 65 millions d’années : Une astéroïde de taille et d’allure respectable à l’échelle de l’univers, mais apocalyptique pour un coléoptère, un agaricacée ou toute autre forme de vie sur terre. Un caillou aux allures de conquistador cosmique... oui, se prit d’amour fou pour cette drôle de toute petite planète d’un peu moins de 13000 Km de diamètre... oui, cette terre là, ce vieux morceau de nébuleuse, cette simple masse de gaz poussiéreuse et probablement détachée d’un simple coup de soleil, disons... il y aurait 4,5 milliards d’années...
Ce météorite donc ! s’enticha de cette fonderie hautement énergétique, cette fournaise. Et provoqua son embrasement immédiat... une nuit si fougueuse, frénétique ( « volcanique » ne serait pas forcément inopportun dans ce contexte précis !...) que toute espèce, sous-espèce, genre ou sous genre de toutes les familles du monde, ont ainsi été privés de tous les projets que leurs parents avaient lentement, amoureusement, laborieusement, douloureusement, élaborés pour eux. Massacrés, exterminés, rayés des cartes, évincés à tout jamais de la grande histoire du grand livre du monde. À cause d’un simple fichu morceau de caillou. (Une simple saloperie de putain de morceau de caillou...)
La grande affaire de l’attraction de la matière pour quelques natures des forces extérieures qui l’entourent. Cet étrange besoin de fusion des corps célestes, passé un certain seuil de rapprochement... composait à la taille minuscule des relations humaines, les exemples les plus tragiques d’une sorte de dégénérescence universelle programmée pour foutre un sérieux dans le monde des sentiments amoureux et de la perception du monde sensible en général.
Un juste retour des choses adressé à « l’homme d’affaires » du dessus et plutôt très arrêté sur l’idée du mariage, des alliances irrévocables, des accouplements définitifs. Un type bloqué à mort sur l’idée d’une fusion globale entre des êtres faits l’un pour l’autre depuis le départ. Le truc du mec incapable de laisser le moindre champ libre à la discussion sur le sujet des histoires de cul et qui ne seraient pas toujours obligées de finir dans le mur. Un vrai caractère de cochon de ce côté-là ! Le mec borné de chez borné. Un jeu des « Mille bornes » à lui tout seul ! Le genre de joueur qui tire toujours les bonnes cartes. Un as du volant. Le genre qui crève jamais. Un type, le genre qui sait tout sur tout, qui ne se laisse jamais déborder sur les côtés. Un directeur de firme moderne, pour la paix dans le monde et l’arrêt immédiat de toutes formes d’hostilités qui pourrissent la vie des gens, mais bourré d’idées pour soutenir les guerres de tranchées, les conflits d’intérêts ; déclencher des luttes intestines, la concurrence déloyale et les rivalités de tout poil à une échelle astronomique. Un chef d’entreprise militant du parti socialiste, mais qui préfère quand même la droite pour ramener un peu d’ordre dans les rangs syndicaux des usines. Un dirigeant social-démocrate de nature chrétienne assez ostensible.
Marie aurait dû se méfier, Marie n’aurait pas dû, Marie aurait dû consulter son horoscope ce matin-là ! Marie aurait dû se méfier de l’eau qui dort, avant de se jeter dans le bain, Marie aurait dû, avant qu’il y ait de l’eau dans le gaz. Marie... aurait dû déguerpir. (Les filles savent bien quelquefois qu’elles devraient, juste avant que le pire ne finisse par leur tomber dessus… mais les filles ont besoin d’amour, c’est comme ça ! d’une petite flamme qui brille chaque jour pour elle, d’un regard sur elle, qui s’accorde chaque jour à ses désirs... aurait aussi pu dire André Bazin. Une dépendance sans espoir, une regrettable addiction du sexe « faible » qui ordonne la grande mécanique de l’univers à l’image de son horoscope dans les magazines féminins).
VIERGE (23 août - 22 septembre) Le cosmos sourit enfin à vos amours. Le ciel vous aide à vous reprendre en mains grâce à Mercure prêt à en découdre avec Pluton. Chassez vos idées noires, n’écoutez pas Saturne.... Vénus est amoureuse, faites comme elle ; c’est l’heure d’une rencontre qui peut changer votre vie. Bref, le ciel vous sourit, profitez-en ! JOUR DE CHANCE : 21 juillet.
Bon d’accord ! Marie « n’aurait pas dû » lire son horoscope, pas celui-là, pas ce matin-là, pas ce 21 juillet de l’année 1964 ! Une année propice aux rencontres astrales les plus farfelues. Une conjonction planétaire biscornue, qui entraînerait pêle-mêle : La remise du prix Nobel de la paix à Martin Luther King qui luttait pour l’égalité des droits entre les noirs et les blancs, et la condamnation à la prison à vie de Nelson Mandela qui se battait pourtant exactement pour la même chose. La consécration de Robert Rauschenberg à la biennale de Venise pour ses « combines ». La destitution de Nikita Khrouchtchev et son remplacement à la tête de l’URSS par Léonid Brejnev. Le décès de Maurice Thorez, premier secrétaire du parti communiste français. La fermeture définitive du dossier Warren avec la conclusion d’une culpabilité assurée et sans équivoque d’un certain Lee Harvey Oswald dans l’affaire de l’assassinat du président John Kennedy. Le triomphe des Beatles au hit-parade américain et dans le reste du monde disposant au minimum d’une radio susceptible de recevoir les grandes ondes à ce moment-là. Le combat légendaire du boxeur Cassius Clay pour la ceinture mondiale, Cassius Clay, plus connu sous le nom musulman de Muhammed Ali. Une année totalement extravagante, oui, qui vu naître en France l’actrice Béatrice Dalle, et la sublime Maggie Cheung à Hong Kong ; le futur champion cycliste espagnol Miguel Indurain et la star du porno Rocco Siffredi. J’en oublie forcément ! des naissances, une multitude d’événements comme La création des FARC en Colombie. L’inauguration du plafond de Chagall à l’opéra de Paris ou bien encore le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Rentre ici jean Moulin... Toi et ton terrible cortège... Jean Moulin, Béatrice dalle, Muhammed Ali, Nikita Khrouchtchev... Je ne fais que reproduire ici cet inventaire de péripéties, ce catalogue de coïncidences, de circonstances atténuantes pour tenter d’expliquer tout ce qui suit.
Une année pauvre pour le cinéma français ( LE MEPRIS Et mes fesses ? Tu les trouves jolies mes fesses ?... datait de l’année précédente, LA RELIGIEUSE ne serait tourné que l’année suivante. Notons toutefois, et l’affaire est loin d’être négligeable, LES PARAPLUIES DE CHERBOURG, de Michel Legrand1 véritable OVNI dans la cinématographie nationale française).
-1- On avait tirer un trait rouge à la règle sur le nom de l’auteur de la musique du film et inscrit dans la marge le nom de Jacques Demy.
Cette année-là : Le monde en question n’était qu’à peine remis de cette image sanglante de John F. Kennedy dans sa belle voiture de fonction, la cervelle explosée sur le Chanel tout neuf de sa femme la mieux mise de son époque… (Je veux dire par là : la plus élégante, la mieux habillée de son temps. Une dame, une épouse disposant de tous les moyens nécessaires à son accoutrement de luxe et à ses bonnes manières pour épater la galerie du monde libre et civilisé). Une époque... qui pleurait encore le suicide de Norma Jean Mortenson, dite Marylin Monroe (une actrice, une blonde qui couchait avec tout le monde – entendez bien le cliché ! – avec tout le monde et y compris avec son gentil président américain écervelé). Yves Klein, lui, était mort depuis deux ans, qui cherchait une symbolique universelle intégrant l’homme au cosmos par la théorie de la couleur pure et absolue. Henri Cartier-Bresson2 retournait au Mexique photographier l’anniversaire de la mort d’Emiliano Zapata.
-2- HCB, Né en 1908. Neveu de Louis Cartier-Bresson, prix de Rome 1910 ; études au lycée Condorcet, n’obtient pas son baccalauréat ; fréquente le café de la place Blanche où il subit l’influence des surréalistes (André Breton, Louis Aragon, Max Ernst) ; étudie la peinture avec André Lhote, voit les films d’Eisenstein et de Griffith ; séjour à Cambridge ; vit de la chasse en côte d’ivoire ; achète enfin un « Leica » en 1932 et part voyager en Europe ; Continue de parcourir le monde ; revient en France photographier les congés payés, rencontre et travaille avec Jean Renoir ; épouse une danseuse Javanaise, travaille pour les communistes au journal « Ce soir » ; part à la guerre comme tout le monde ou presque en 40 ; prisonnier pendant 3 ans ; reprend ses boîtiers à la libération, s’affranchira plus tard de l’étiquette de photographe surréaliste grâce à son ami Robert Capa en fondant la célèbre agence coopérative « Magnum » à New-York ; continue de faire le tour du monde, publie régulièrement dans « Life magazine », épouse Martine Franck, sa seconde femme ; lâche la photographie pour le dessin ; rencontre et collaboration fructueuse avec Robert Delpire ; rétrospective géante à Beaubourg 2003.
Les dunes gigantesques du plateau d’Alashan avançaient inexorablement sur les ruines de Khara Khoto, la ville noire légendaire conquise par Gengis Khan en 1226 et rendu au sable de Gobi dans un bain de sang par les Ming, un siècle plus tard. (Une expédition occidentale dirigée par les géologues Allemands Dieter Jäkel et Jürgen Hofmann découvrira la région en 19953).
-3- A partir de la fin des années 90, la région sera visité chaque année par environ 200 000 touristes du monde entier qui contribueront encore un peu plus à sa désertification.
Une passe plus loin (à l’extrémité nord d’un lac saturé de bactéries halophiles qui lui donne une incroyable couleur rouge orangé), une vieille femme nommée Diu Diu, une mongole semi-nomade, jette des feuilles de thé dans une bouilloire. Un geste qu’elle répète tous les jours de l’année 1964, chaque jour, inlassablement depuis 72 ans. Autour de la vieille femme, des chèvres broutent une Armoise artemisia une plante réputée vermifuge et abortive, plus couramment connu sous nos climats sous le nom d’absinthe, de citronnelle, de génépi ou d’estragon. Cette année-là : près d’un milliard de musulmans s’aimaient sur la terre. L’année de l’éruption des « Chaumont ».
Chaumont ? Jules détestait ce nom idiot appliqué à une personne. Chaumont !... Pourquoi pas : Château-Thierry, Brive-la-Gaillarde, Villersexel ou Knokke-le-Zoute ?!... se répétait le fonctionnaire.
(À SUIVRE)