mardi 24 février 2009

SLUMDOG MILLIONAIRE ET AUTRE OBJET "CINÉMATIQUE"


CORRESPONDANCE CRITIQUE



REPONSE UN PEU VIVE A QUELQUES CRITIQUES PERVERSES SUR LE SUJET DU FILM "SLUMDOG MILLIONAIRE"


Décidément, je me dis quelquefois que je ne vois pas les mêmes films que les autres. « Les autres »... Mais la réflexion vaut aussi dans les deux sens. Concernant Slumdog... Je m'excuse donc de n'avoir vu « qu'un film » justement (un mensonge si vous voulez !...) de la couleur ajoutée d'un son magnifique, « une beauté cinématique » disait Kurosawa, et sans autre forme de considération. Décidément non, je ne vois pas ces incursions de la bête immonde derrière chaque plan de ce troublant « mensonge » artistique. (La plus « belle » fable de l'année, si j'ose dire !) Cette idée que le discours ne puisse jamais guérir des corps lourds. À vrai dire, d'ailleurs, je ne vais jamais au cinéma pour ces choses futiles, un peu tristes et « françaises » qu'on appelle « l'histoire ». (Mon côté puéril et subordonné à la couleur du temps. Sa véritable couleur derrière le ciel gris, méprisable d'essayer de voir le mal partout). L'histoire... Un musulman ? Oui, peut-être... Certainement ! Oulalahhh !!! Mais enfin... Un musulman, comme la marque du sabre de David Carradine dans l'immense Kill Bill de Quentin Tarantino. (D'ailleurs j'y pense... Avait-il un sabre dans le film ?) Et Kill Bill est-il altermondialiste pour toute la violence qu’il trimballe ou... allez savoir, tiermondiste ? Kill bill, la sublime Urma Thurman et son sabre « non aligné... Vous voyez un peu le boulot pour essayer de trancher la gorge d’un yakuza bien dans l’axe au bout d’une ligne droite ! En cherchant bien ! J'ai lu tout autant de choses contraires également, par exemple dans le Washington post. « Le premier film véritablement mondialiste ». Ce qui est à peu près aussi con !





Non, Slumdog Millionaire est un film « film »... Je veux dire l’invention, le « produit » de beauté d'un artiste, un auteur au sens américain du terme. (Oui, il y a des auteurs anglais et « quelqu’un m’a dit » qu’il s’en cacherait peut-être aussi beaucoup aussi de l’autre côté de l’Atlantique). Un auteur donc ! un type qui « n'écrit » pas dans l'espoir d'en parler des heures au sens critique de l’action, au lieu de filmer vraiment ce qu'il a dans les tripes. Aucune colère... aucune arcane, aucun complot là-dedans. Juste un film. Un procédé de l'illusion pour faire parler les ombres claires. « Une beauté cinématique » et pardon de me répéter « cette beauté qui ne peut s’exprimer que dans un film ». Point d'enjeu sinon de faire fonctionner les points de montages à merveille, une horlogerie sensible réglée à l'heure des degrés de dilatation du mercure. Le plus fort, c'est que beaucoup de critiques s'appuient sur un point crucial du scénario qu'ils détournent admirablement à leur compte. Les vrais critiques (les critiques vraiment très à gauche donc ! les alteraméricains, ceux qui auraient encore un peu de mal avec le pop art, Pollock, Rauschenberg et « les autres »... les débilofranchouillards... ou alors franchement à droite du côté chrétien borné, du côté des croix de bois et de leur tête un peu dure plantée dessus.) L'argent, donc ! puisqu'il doit en être ainsi. Le fric, la monnaie, l’oseille... comme objet totémique, comme but ultime... Et bien justement ce ticket là chez Dany Boyle n'est qu'un prétexte. Comment disait Hitchcock déjà ?... à propos de ce truc qui fait courir le spectateur d'un bout à l'autre de l'intrigue et en fait, rien ! "Un Mc Guffin"... Le type s'est fait avoir du début à la fin sur le coup de ses propres fantasmes, toutes ses craintes du moment. C'est comme dans "Slumdog". On croit bien sûr d'emblée à cette histoire un peu mièvre, binaire et vue mille fois d'un gamin des banlieues qui tire le magot et on se retrouve avec "Les bas fonds" sous le nez Les bas fonds dans sa version d'élite ; du cinéma intégral, « cinématique »... à l’échelle planétaire ; une fresque considérable. En parlant de cinéma japonais, d'ailleurs, je pensais... Akira Kurosawa est-il un collabo ? Un cinéma « trop occidentalisé » disent les critiques nippones... Et en revenant juste un instant sur le sujet du mercure, oui, à quelle température le cinabre s’évapore-t’il dans l’azur incessant ? Non, décidément non... Comme le dit mon ami plasticien Jean-pierre Sergent, la culture française ne sait seulement voir qu'en lisant. Et dieu sait que j'aime lire pourtant, mais grand dieu, non ! pas au cinéma. Dommage alors que cette culture française en soit restée au bon "Goût des autres" Non ?... un truc franco-français sombre et bavard, mal filmé, je veux dire seulement enregistré, pas filmé du tout. « Cinématiquement » dépourvu d’aucun de sens. Du texte, rien que du texte... (les gens, chez nous, en France... je veux dire les vrais critiques français adorent, que voulez-vous que je vous dise ?!...) Une épaisse illusion dans les sables endormis d'une belle plage parisienne. Sans commentaire. Slumdog millionaire... Un type, un pauv’ type qui repart avec le magot, Trop beau pour être vrai ! mais ça n’a vraiment, vraiment aucun intérêt. Un beau film, juste un beau film. Le film de l'année... sans aucun doute possible !
Tony™