jeudi 30 octobre 2008

NÉON™ AU MARATHON DE LAUSANNE



COURSE À PIED


NÉON™ AU MARATHON DE LAUSANNE...
26 octobre 2008


Du sport dans le Journal de Néon™ - Deuxième ! De l’activité physique pour s'assouplir les méninges et voir du pays défiler sous ses pompes... Après une expérience sur le semi marathon de Genève, Néon™ retourne en Suisse tenter sa chance sur la distance mythique du marathon.




De l'égalité des chances présumée pour remporter une victoire sur soi-même, à la propension de chacun à s'en tenir à son plan de départ pour ne pas finir complètement cuit après un effort pareil.


L’histoire se déroule à Lausanne, la capitale olympique ou celle du canton de Vaud... appelez cette ville-là comme vous voudrez ? Lausanne, en Suisse, une ville de gauche avec ses châteaux médiévaux un peu snobs, et ses hôtels de luxe vissés sur la rive droite du lac Léman pour narguer les français d’en face et leurs petits tracas financiers. J’avais pour ma part, préféré l’anonymat d’un établissement moins tape-à-l’œil, un bivouac plus discret en temps de crise, une suite toute simple dans un hôtel perché au-dessus de la gare. Je dis ça dans la plus totale hypocrisie du type qui aurait fait n’importe quoi pour roupiller à l’hôtel Angleterre ou à même le tapis persan de la suite 315 du Beau rivage, mais bon. Je me rassure avec mes belles idées de gauche, mon procédé rhétorique récurent du mec qui tient envers et contre tout à continuer de se battre contre toutes les formes d’inégalités sociales pour rester fidèle à ses principes hérités d'un autre âge. Le type qui en a... un mec qui a les couilles de dire ce qu’il pense tous les jours à la même heure avec sa bande de potes entièrement convertis aux belles idées pas trop chères à trouver. sa lutte, son engagement pour que quelque chose change un jour dans ce foutu monde de goinfres, individualiste, et tellement sûr de lui. Et je ne vous parle-là bien sûr que du menu fretin, du petit nanti à sa mémère, du petit propriétaire sans prétention qui s'arrange pour garnir sa bibliothèque d'une littérature bien élevée. Les vrais courageux, les forçats des trente-cinq-heures-à-en-découdre avec leurs vacances à essayer de caser entre les RTT, pendant qu'un tas d'autres triment à leur place sans pouvoir la ramener. Des gens de gauche, des humanistes... ; des... pour la paix dans le monde et contre les enfants qui meurent de faim en Afrique ; des contre la guerre en général, à part du côté palestinien. Des... pour que tout le monde aille bien dans le meilleur des mondes, du moment qu'ils peuvent garder leur blé et leur propriété privée.



Un bon hôtel donc, où juste ce qu'il faut pour passer une nuit confortable avant le grand jour, le big day, le jour J. 42,195Km... La distance m'effraye encore rien que d'essayer de l'écrire.
J'avais à peu près tout lu depuis six mois, de ce qu'il faut lire, à propos de cette course mythique. L'entraînement le plus adapté, 6 séances de course par semaine (le truc impossible à tenir pour un type obligé de bosser toute la journée comme tout le monde) ; Le meilleur régime alimentaire possible (fibres, eau plate et menus crétois, sucres lents, lait de soja et tofu...) Ce qu'il ne fallait pas faire surtout ! Partir trop vite, griller toutes ses cartouches dès le départ, accélérer à la première côte pour jouer les gars qu'en ont sous les semelles devant un public médusé... Et voilà, en plein dans le mille ! Un premier "semi" en à peine plus d' 1H30 et "le mur" quelques kilomètres après. Un véritable chemin de croix. Les quinze bornes les plus difficiles qu'il m'ait été données de parcourir à pied sans intention de rapporter quoi que ce soit d'un tant soit peu utile en échange. Des kilomètres qui s’allongent sans motif, un kilomètre comme mille étages à remonter, et dix mille paliers à franchir pour espérer revoir enfin la terre. "L'enfer suisse". Une vraie galère. Un temps de 3H23 à l'arrivée, les dix derniers kilomètres presque en marchant et un plan de 3H et quelques... qui n'aura jamais servi à rien. Un plan, un contrat de principe entre les sacrifices consentis, la quantités d'efforts fournis à l'entraînement pendant des mois... et ce qu'on est quand même en droit d'en attendre le jour J face au chronomètre qui ne pardonne rien.

Portrait de Jean-Jacques Rousseau par Maurice Quentin de La Tour, 1753

Vous ne pouvez pas vous imaginer le plaisir de la ligne d'horizon d'un seul coup transformée en matière palpable, un port... La 42e unité kilométrique convertie en tarmac paroxystique. L'extrême plaisir, L'ultime délectation d'arrêter de mettre un pied devant l'autre et de recommencer pendant des heures entières. Un type, disons un coureur de fond, complètement cuit ; un type et son plan à dix balles sur les bonnes manières de se tenir debout en plein sur les terres de Monsieur Rousseau. Un type qui n'en veut à personne en particulier, mais au fait d'une volonté générale aveuglément tournée sur la défense des petits privilèges de chacun. Rousseau à Sparte, Rousseau de l'Émile ou de la jeune Héloïse, plutôt que cette France de courtisans, de libertins et de révolutionnaires hypocondriaques. Et pardonnez mon offense à Monsieur Voltaire pour qui j'éprouve tout de même un profond et silencieux respect. Non... vous n'imaginez pas, cette sorte de drap qui vous couvre, vous enrobe, l'étoffe qui vous nargue depuis le départ pour vous filer entre les doigts au pire moment. Les jambes en coton dans un costume de champion, devenu simple uniforme de galérien.


L'esprit qui divague, le délire, les hallucinations... Rousseau, Voltaire qui déraillent avant le dernier virage, les lumières anglaises, dans la ligne droite finale la Révolution française, l'art américain.. tout ce qu'on s'était battu pour en arriver là. Le type coure, il continue de courir alors que la ligne d'arrivée est déjà dépassée depuis longtemps. Le type, disons un coureur bien entraîné, mais qui ne sait pas ralentir dans les virages ; un type qui ne fait qu'accélérer pour se prouver qu'il n'est pas toujours obligé de freiner.



Le genre de type, ses semelles toutes cramées à force de toujours vouloir foncer dans le tas. Oui, voilà, ce type-là, comme il est, comme il aurait dû se voir avant, fut bel et bien pris à son propre piège d'essayer de se perdre en route, de se larguer en plein parcours au beau milieu d'une grande compétition classée au patrimoine sportif de l'humanité. Un contrat plombé, une belle leçon de morale à méditer.
Néon™





mardi 28 octobre 2008

NÉON™ ET SA BOITE À SOUVENIRS - I




LA BOITE À SOUVENIRS / I
C'est le seul souvenir matériel tangible qu'il me reste de cette époque. Une photographie prise dans les parois des gorges du Verdon.


Ça doit faire à peu près huit ans... Je crois qu'on ne s'était plus revu depuis, disons... ce moment fatidique où l'on est censé comprendre qu'une certaine vie d'adulte doit dorénavant couper court à l'instinct déraisonnable d'avancer droit devant soi sans dévier d'un pouce quelle que soit la somme d'obstacles hissés sur son chemin, cette capacité juvénile d'imaginer les plus improbables lignes droites tirées rien que pour soi et dans toutes les directions du monde sensible. Je travaillais encore comme journaliste et réalisateur free-lance à Paris, je revenais d'un long séjour assez pénible en Himalaya et je préparais du matériel plus léger pour un tournage hétéroclite en Afrique équatoriale. Un voyage chez les pygmées, des fêtes rituelles chez les simba, les massango, un portrait de Kate Abernety (une primatologue paumée au milieu de la jungle et qui comptait les populations de mandrills avec un accent écossais à couper au couteau) le souvenir d'un moment exceptionnel avec le professeur de botanique tropicale Francis Hallé (le type qui volait en dirigeable au-dessus de la canopée) l'inventeur, l'auteur des missions "Radeau des cimes". J'avais croisé un tas de gens déjà... enregistré quelques morceaux de la vie de toutes sortes de gens. Un sacré beau tableau, je te raconterai... Une prédelle d'humanité anecdotique ou considérable, sans préférence hiérarchique de ma part. Chaban, Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg, le colonel Rol-Tanguy, Gérard Boyer dans ses cuisines, le professeur Boris Cyrulnik, Nicolas Hulot, Arlette Laguiller, Le Pen, Jean-Marie Pelt ou Françoise Verny... Des acteurs français, Claude Lelouch, des flics allemands, des intellos indiens, un ministre lituanien, un vieux photographe iranien, des écrivains à la mode, des coureurs automobiles, un champion olympique, plusieurs... des skieurs de fond, un plongeur de combat breton, un gourou, des mecs armés jusqu’aux dents sur une frontière de l’Est, les mêmes un peu partout sur les routes de l’ex-Yougoslavie, au Kosovo... des journalistes un peu cons dans leurs gilets pare-balles à vingt heures, des rédacteurs en chef, une pute qui changeait de nom tous les jours, des mineurs au chômedu qui votaient facho sous la photo de Jaurès, un vendeur de poissons rouges à la sauvette, Miss France, plusieurs..., quelques filles assez gentilles pour m’aider à décompresser.


NÉON™ 1987


NÉON™ SUR LE TOURNAGE DES "NOUVEAUX MONDES/FRANCE 2" /1999


On s'est croisé entre le rayon chapeaux brousse du Vieux campeur et une sorte de restaurant chinois sans aucun caractère particulier quelque part entre la Sorbonne et Jussieu. Il était tard. Je prenais un avion le lendemain, il faisait un peu froid je crois. Mon pote. Mon vieux "compagnon de cordée" comme ça se disait encore dans les bouquins de Frison Roche. Ensemble, nous avions parcouru des dizaines de parois un peu partout en France. On faisait du stop pour ne pas gaspiller le peu d'argent de poche dont nous disposions à la faveur de quelques jobs sans intérêts. On roupillait à la belle tout l’été et quelquefois l’hiver aussi ; on s'imaginait une vie formidable, une vie d'alpiniste ou de marin libre comme l'air, une vie de bouquin ; on écumait les bars surtout ! C'était il y a longtemps maintenant. On avait vingt ans. C'était juste avant que je ne devienne reporter faute d'avoir appris un vrai métier à l'école, juste avant que j'écrive un tas de trucs convenus dans les journaux pour gagner ma vie comme l'aurait voulu mon grand-père qui détestait quand même les flics à peu près tout autant que les communistes et les fouteurs de merde de toutes sortes ; juste avant que je ne commence à faire des films pour les autres et puis de réussir aussi à tourner les miens (quelques bandes documentaires, pas grand-chose en réalité). Juste avant que tout ne doive s'arrêter dans un cadre de télévision plutôt restreint d'une grande chaîne publique, parce que tout doit forcément s'arrêter un jour, c'est comme ça ! les grandes histoires de cinéma... les rêves d’écrans larges, la liberté de gravir des sommets au rythme de ses colères effrayantes, l'idée que tout dure toujours, les pentes folles, les abîmes ; les mille manières de se jeter dans le vide pour réussir à garder la tête hors de l'eau... la folie de penser que rien ne doit jamais s'arrêter des sublimes instants critiques !

On s'est recroisé comme ça. Vingt ans plus tard ou à peu près, je n'ai pas compté. Rien n’était prévu. Une pure coïncidence. Rien n’avait changé des vieilles habitudes qu'on avait prises de se parler d'un tas de choses hétéroclites, nos manières très sérieuses d'essayer de tout comprendre sans jamais réussir à rien expliquer du mouvement de la lune. On s’est raconté certains de nos souvenirs en commun, nos beuveries dans les bars, avant de se dire des trucs un peu banals sur nos familles respectives. On a peut-être évoqué Gainsbourg. sûrement ! L’homme à tête de chou, les dessous chics, Bonnie and Clyde... des amis en commun, toute une bande de gens dont on avait perdu la trace dans la panique du temps qui passe. Je ne me souviens plus s'il était convenu de se revoir un jour ? Avions-nous pris rendez-vous pour une date précise ? C'est un mec, disait un autre mec dans les années quatre-vingt... il me manque un peu.


ERIC BOEGLIN DANS "JE SUIS UNE LÉGENDE" 7a, FALAISE DE L'ESCALES - GORGES DU VERDON


C'est le seul souvenir matériel tangible qu'il me reste de cette époque. Une photographie dans les gorges du Verdon. C'était vers la fin de l'après-midi au printemps, ou à l'automne, avant ou juste après que je ne me sois marié, je ne suis plus capable de me rappeler ce détail. Je me souviens par contre de chaque aspérité ou presque, d'un ciel magnifique. Des couleurs à la dérive, la magie, l'attraction d'un paysage unique au monde. Nous avions tenté à tour de rôle de comprendre l'enchaînement logique d’un certain nombre de mouvements précaires à plus de 300m du pied de la paroi. Je me souviens qu'Éric l'emporta aisément contre moi ce jour-là. Une sacrée belle longueur d'avance, le salaud !


Vous n'imaginez pas le temps qui passe et qui ne change rien aux souvenirs. J'en ai toute une boite. Une qui jaunit. Une grande boite qui rétrécit avec la pluie.

vendredi 17 octobre 2008

L'ANTIGUIDE DE LA LIGUE 1



LIVRE



FOOTBALL
L'ANTIGUIDE DE LA LIGUE 1
STÉPHANE MOROT & GUILLAUME BOUZARD




Enfin, une sortie intéressante sur les terrains de foot. Du Stéphane Morot dans le texte et Guillaume Bouzard pour la planche à dessins. Stéphane Morot, un pote à moi, un vrai. L'anti Michel Gasse™ (un autre pote que j'ai perdu de vue, ça fait maintenant au moins dix ans, si c'est pas plus ! L'ex compagnon de Libé, un journaliste sportif qui m'a tout appris sur ce qu'il convenait de savoir pour marquer des buts dans cette vie de cons et ne jamais réussir à s'en relever après coup. Michel Gasse, L'ex-cell-ent Michel Gasse, l'ex futur gagnant du Loto, un fidèle du jeu de paume. Le pilier du service des sports de la rue du Général de gaule qui a tout de même fini par accrocher son célèbre imper de reporter au vestiaire du journal d'en face. Bon, en même temps, la droite et la gauche, sur un terrain de sports, ça vaut comme qui dirait... les rouges d'un côté et les bleus de l'autre... ça change toujours à la mi temps ! Michel Gasse, "La" plume du T.A.F. déchu, l'ex stade troyen, pour ceux qui ne s'en souviendraient pas...) Michel, si tu passes un jour par le Journal de Néon !!!... Je t'aime mon Michounet, tu me manques ; toi, pas le gros beauf qui nous servait de chef avant qu'il me vire du bureau comme un chien. C'était quoi son petit nom déjà ? Je crois savoir qu'il a fini au chômedu après le rachat du titre par la famille Hersant. Je ne me souviens plus très bien, c'est vieux tout ça. J'ai juste l'idée qu'on s'est quand même bien marré avec tous ces cons qui se prenaient au sérieux. La droite, la gauche, le terrain miné, l'arnaque au fond des filets, personne pour siffler les hors jeux. "Circulez, y'a rien à voir"... disait à l'époque notre comique préféré. Nous, on a préféré se barrer avant la fin du match, allé voir loin des tribunes s'y on y était. Toute la fine équipe... une bande d'amis pierrot prêts à tout pour décrocher la lune. À tout... mais faut p'têtre pas non plus pousser mémé.

STÉPHANE MOROT, AUTEUR RECOMMANDÉ PAR NÉON™

Le "petit" Morot donc ! J'y reviens. Mon poteau un peu "largué", mon ami "de vingt ans" qui préfère bosser dans les vestiaires pour être bien sûr qu'on ne le remarquera pas au milieu du terrain. Un romantique le Morot ! Un idéaliste, un sensible... Y'a ka voir sa plume. Le fin duvet, l’aigrette du gars qui se donne sans retenue à toutes les lignes de son ouvrage. Ah si j’aimais le foot ! Oui, voilà, je me mettrais bien à me passionner pour le football, rien que pour me délecter de cet Antiguide de la ligue 1 auquel j’avoue humblement ne pas tout comprendre dans le détail. Pensez, même le journal France football a adoré. Ce qui n'est pas forcément un compliment, mais quand même, quoi ! Stéphane Morot... installé au sommet de la couverture de son déjà cultissime "petit livre rose du football français". Une sorte de "particules élémentaires" du milieu footballistique. Un truc post-moderne... le coup du facteur, ou plutôt de la factrice qui veut rajeunir son image... un sacré coup dans la gueule ! ( Ne cherchez pas... on ne peut pas toujours tout comprendre !) "Putain, mais qu'est-ce qui fout l'arbitre non d'une pipe ?! Bref ! le "Steph" et tout son étrange "bazar" planqué dans So foot sort enfin du bois. Rangez vos poules et vos Ribéry, vos Houellebecq/Bernard-Henri Lévy... vos Domenech et autre François l'ambrouille, vos Roselyne Bachelot et vos Bernard Laporte planqué d'dans. La "footésie" est enfin de sortie. Amis du foot bonjour, et viva la jolie poésie française. Au fait, le Steph... Je crois que j'ai toujours un Debord à toi qui traîne dans ma bibliothèque. Il rode à côté d'un vieux Bukowski et d'un Roland Barthes tout corné. Tu viens le récupérer quand tu veux, je te ferai un pot au feu avec un peu de bière pour faire passer. Je te jure que tu pourras me parler de football aussi longtemps que tu voudras, de football, de la ligue 1, de la Chapelle-St-Luc ,et même des histoires drôles de Michel Gasse. Tu te souviens de Michel ? Mais si, c'est même toi qui m'avais parlé de son retour dans un quotidien local près de chez toi. Le canard qu'on trouvait complètement nul à l'époque parce qu'il voulait péter plus haut que son cul. D'ailleurs, je crois que c'est pire aujourd'hui. Oui je sais, c'est loin d'être le seul dans ce cas-là, mais c'est tout de même pas une raison. C'est triste, mais c'est l'air du temps qu'est-ce que tu veux. Tout ça ne nous rajeunit pas mon p'tit gars. Allez, faut que j'y aille, j'ai un marathon qui m'attends à Lausanne et mon bureau à ranger à la télé pour faire plaisir à mon rédacteur en chef préféré. Reçoit toutes mes félicitations pour ton ouvrage. Lâche rien, continue comme ça et bonjour à Juliette.
Néon™



L'ANTIGUIDE DE LA LIGUE 1
CHEZ CALMANN-LÉVY

"On refait la ligue !"


jeudi 16 octobre 2008

LE PANOPTIQUE DE NÉON™ / 2




LE PANOPTIQUE DE NÉON™ / 2
Le "panoptique" progresse dans les colonnes de Néon™. Une rubrique régulière pour dénicher des réflexions, des morceaux d'esprits... Une sorte d'antimanuel récurent des pipe-line de la pensée dirigée.



BLACK MARKET / ROBERT RAUSCHENBERG



une totalité (de faits) n’est pas réductible à la somme de ses parties, et présente des traits d'un genre qui lui est propre.

sui generis


À PROPOS D'UN COURS PROFESSÉ PAR ÉMILE DURKHEIM À LA FACULTÉ DES LETTRES DE BORDEAUX ET À LA SORBONNE SUR LE CONTRAT SOCIAL DE ROUSSEAU. MORCEAUX CHOISIS...


Préoccupé par l'intégration des individus dans les sociétés démocratiques modernes et engagé publiquement dans l'affaire Dreyfus, Durkheim fait valoir un "individualisme moral" contre un "individualisme utilitaire". Au nom de cet "individualisme moral, Durkheim assure "qu'il n'y a pas de raison d'état qui puisse excuser un attentat contre la personne quand les droits de la personne sont au dessus de l'état". cet individualisme consacre à l'individu sa valeur universelle : sa dignité d'humain, respectable et sacrée. Par là même, il repproche à Rousseau l'idée de vouloir réduire la solidarité sociale à l'union autour des lois qui "attachent les individus au groupe, non les individus entre eux ; ils ne sont solidaires les uns des autres que parce qu'ils sont tous solidaires de la communauté". Une telle société implique en substance, des individus complètement interchangeables et aliénés au processus d'unité sociale. Au contraire Durkheim propose la philosophie d'une société non homogène fondée sur la spécialisation des tâches et des fonctions. Par conséquent, cette société a besoin d'individus non interchangeables, précisément valorisés par "les caractères différentiels" qu'ils apportent à la société.
Dans une société complexe, les individus sont conduits à négocier et à se concerter directement, en faisant usage de leurs compétences respectives et complémentaires. Mais il tâche aussi de montrer que la liberté individuelle n'est pas acquise au prix d'une illusoire indépendance. "L'individu" dit Spinoza" n'est pas un empire au sein d'un empire". "Il faut", conclut sur ce point Durkheim "que notre société reprenne conscience de son unité organique, que chacun sente cette masse sociale qui l'enveloppe et le pénètre.
Mais le sociologue rejoint vite le noble précurseur de l'étude des moeurs et des coutumes humaines, lorsqu'il s'agit de dresser le constat des inégalités sur le terrain de la socialisation "innée ou conjoncturelle" des individus.
Le développement social, reprend l'enseignant, a suscité des inégalités artificielles qui sont tout à fait contraires à celles que comporte l'état de nature. Ces inégalités artificielles dépendent d'une sorte de convention sociale qui consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux. Cette convention a pour effet de mettre entre les mains d'individus ou de certains groupes d'individus, qui à l'état de nature ne seraient pas supérieurs aux autres, parfois même leur seraient inférieurs, des forces exceptionnelles qui leur confèrent, par conséquent, une supériorité contre nature. "Il est manifestement contre la loi de la nature, de quelque manière qu'on la définisse, qu'un enfant commande à un vieillard, qu'un imbécile conduise un homme sage et qu'une poignée de gens regorge de superfluidités tandis que la multitude affamée manque du nécessaire. C'est surtout l'institution conventionnelle de l'hérédité qui a suscité ces inégalités artificielles. La propriété et l'institution héréditaire, comme la première violation des lois de la nature. "L'homme est né libre, et partout il est dans les fers" Du contrat social, I, 1, O.C., t. III, p. 351.


Émile Durkheim est un des fondateurs de la sociologie moderne. Au cours de sa vie, le type croisa Jaurès et Bergson (le petit veinard !) Agrégé de philo, il enseigna à Bordeaux de 1887 jusqu'en 1902 ou il fut nommé à la Sorbonne.


mardi 14 octobre 2008

PHOTOMOBILES™ - 251



LES PHOTOMOBILES™ / JL GANTNER

(Des images, des messages/objets... réalisés à partir de son téléphone portable. Ses communications régulièrement mises "en ligne". Tout un commerce d'échange et totalement inutile de libres transports avec un vrai mobile d'une bonne marque™ collée sur l'écran. "De l'art moderne" pour ceux qui en douterait, comme on dit aussi "De l'électronique embarquée" ou "De la pression dans un pipe line" ).

JL Gantner est plasticien, journaliste/plasticien.. dans le sens d'un artiste qui préfère pratiquer l'information sur le mode de la digression.... aux trous de taupinières des sociétés de contrôle et du régime des entreprises. Tous les milieux d'enfermement préconçus et l'asservissement aux méthodes du brouillard givrant.





MESSAGE PERSONNEL

"C'est une image que j'ai retrouvée au fond de la mémoire de mon téléphone portable. Un fichier périmé, un peu jauni. C'est ça, c’est son côté jaune qui m'a plus tout de suite, la pointe ambrée mélangée à la tonalité générale. C'est une idée sotte d'imaginer quelqu'un mêlée à la couleur jaune. Non ? Une vieille idée de cinéma. Le jaune, pour ne pas confondre la scène de jour avec la séquence bleue nuit. Un virage pour passer outre la couleur réelle, blafarde du monde qui nous entoure. En 1914, le cinéaste italien Pastrone tourne Cabiria dans des tons sépias, puis c'est Griffith qui plonge dans le procédé en 1916 avec Intolérance. Le Nosferatu de Murnau est à revoir dans le même registre. Pour ceux bien sûr qui s'intéresseraient encore au cinéma. Le truc, c’est que je ne vois pas très bien pourquoi je te parle de ça ? Le jaune, une technique de virage, le cinéma en couleur dans les années dix ou vingt du siècle dernier, Murnau... Alors qu'aujourd'hui on a la télévision et des téléphones portables avec des écrans barbouillés de toutes les couleurs qu'on veut.



PHOTOMOBILE N°251 / Lili, vingt ans, le matin
Message envoyé de la rue Jean Moinon, Paris, France
24 août 2008 à 10H05 GMT



Allo !... Oui, je t'entends très bien. Je disais juste que j'aimais beaucoup le film. Le truc du type qui accepte de faire un stage pour débiles dans une grande université d'entreprise au nom ridicule et carrément pompeux collé dessus ! tout ça pour réussir à voir sa fille après les cours, goûter son excellente mousse au chocolat et tester les nouveaux parcours de Vélib's entre la Vilette et le Champ-de-mars. Oui, d'accord, je raccroche et je te rappelle quand je serai moins énervé. Au fait, le filtre pour la cafetière Bodum... ça va pas, il est trop grand ! Sinon, ta maman va mieux. Elle s'est mise aussi à la course à pied et au tofu. Son objectif : une robe toute neuve si elle réussit à courir une heure sans jamais passer au-dessus des 130 pulsations/minute. Tu n'imagine pas tout ce qu'on doit faire pour continuer de se tenir en forme après quarante ans. Bon, voilà, n'oublie pas de me ramener des photos de la bibliothèque de la Sorbonne ; c'est pour les peindre en jaune aussi ! Ah oui, j'oubliais, à Vesoul... J'étais encore enrhumé, mais j'ai quand même terminé sur la deuxième marche du podium vétérans sur le 10Km en un peu moins de 39'. J'espère être remis pour le marathon de Lausanne la semaine prochaine. Mes chaussettes me vont super bien. Celles du Vieux campeur... des socquettes Monnet à 10,90 euros ! J'ai repris l'entraînement sur l'home trainer, tu sais, le vélo accroché à cette sorte d'engin rouge et noir qui sert de sculpture post-moderne au milieu de mon atelier. Deux séances par jour quand il pleut, et tu sais qu'il pleut pas mal dans la région.

Je voulais te dire aussi pour ton p'tit gars... je le trouve vraiment sympathique et intelligent. Je crois aussi qu'il devrait reprendre des études, au lieu de regarder passer les avions de ligne au-dessus de lui ! un truc dans les sciences humaines. La société d'aujourd'hui manque cruellement de gens vraiment doués pour les sciences humaines. On ne rencontre plus que des gens de commerce ou des professionnels de télévision plutôt cons et sûrs d'eux-mêmes. C'est assez lassant à la longue. Parle-lui de la "psychohistoire" par exemple, celle d'Asimov... une thermodynamique de l'humanité qui fonctionne sur la base de la physique quantique et statistique, une manière de réviser la théorie du chaos... ça lui plaira sûrement. Bon, je te laisse, n'oublie pas de téléphoner à l'oncle Henri pour ses quatre-vingt ans et à tonton Cyrille qui vient de se trouver une nouvelle petite copine. Je t'embrasse. Ton père qui t'aime très fort. "



PHOTOMOBILE N°252 / Lili, vingt ans, le matin
Message envoyé de la rue Jean Moinon, Paris, France
24 août 2008 à 10H06 GMT






LES PHOTOMOBILES™ DE JL GANTNER




lundi 13 octobre 2008

CLAIRE CASTILLON (version longue)




CLAIRE CASTILLON À BESANÇON
LE FILM EN VERSION INTÉGRALE


© JL GANTNER 2008