lundi 22 décembre 2008

PHOTOMOBILES™ - 89


LES PHOTOMOBILES™/JL GANTNER


Des images, des messages/objets... réalisés à partir de son téléphone portable. Ses communications régulièrement mises "en ligne". Tout un commerce d'échange et totalement inutile de libres transports avec un vrai mobile d'une bonne marque™ collée sur l'écran. "De l'art moderne" pour ceux qui en douterait, comme on dit aussi "De l'électronique embarquée" ou "De la pression dans un pipe line
.

JL Gantner est plasticien, journaliste/plasticien.. dans le sens d'un artiste qui préfère pratiquer l'information sur le mode de la digression.... aux trous de taupinières des sociétés de contrôle et du régime des entreprises. Tous les milieux d'enfermement préconçus et l'asservissement aux méthodes du brouillard givrant.



LA BOMBE À FRAGMENTATION
MESSAGE N°89


N°89 / Bombe à fragmentation
Message envoyé de la place de la révolution à Besançon
24 mai 2004 à 15H05



Je n’aime pas les musées. C’est-à-dire que j’apprécie à fortiori la « belle » œuvre pour ce qu’elle saurait se dissimuler sous l’alcôve, ne pas se dévoiler tout à fait d’emblée, garder sa réserve. Tout l’inverse d’un musée soumis à la pression, aux lois inquiétantes de l'économie de marché. Non, je rigole bien sûr ! C'est Noël... La naissance du petit Jésus... Marie (la mère de Dieu) aux anges devant son tout petit ; Joseph un peu largué qui compte les points sans la ramener ; les rois mages, leurs noms de scène un peu nazes (Balthazar, Melchior et puis Gaspard, le nom d’un petit fantôme qui a fait carrière chez Disney...) Des animaux de compagnie planqués dans le décor... Un bœuf et un bel âne, bien sage pour finir le tableau (celui du Baroche par exemple, Frederico Barocci. L'œuvre, éblouissante est conservée au musée du Prado, à Madrid). Toute une conception de l'art moderne avant que ce Clément Greenberg ne veuille s'en mêler d'un peu trop près juste avant la seconde guerre mondiale, garder sous globe la poussière des siècles passés, tout garder en l’état pour que rien ne bouge, surtout. Bonjour les dégats !...

Depuis, on a eu Jeff Koons heureusement ! Jeff dans la position d'Adam 1990. Eve, la Vierge ; n'importe qu'elle bombe... sous les traits de la Cicciolina allongée sur le dos et prête à tout pour les beaux yeux de son jeff adoré. Pour dire toute la vérité, le mariage de ces deux-là n'aura pas tenu bien longtemps. Bon, et après ?!

Regardez bien ce que vous voulez, où vous voulez et même en payant un max si ça vous fait plaisir. Vous pouvez même regarder la télévision si ça vous chante. Regardez la une comme la deux, et même la TNT si vous préférez. Oui, voilà, vous pouvez bien continuer de commenter le monde en guerre sur un écran LCD de votre choix (cette nouvelle caverne, cette nouvelle « immaculée conception ») considérer la politique exécrable, les crises passagères, les carnages récurrents... mater d’un œil à vingt heures les enfants palestiniens en charpie sous les bombardements des israéliens et puis vous boucher l’autre face aux horreurs perpétrées par le Hamas depuis des mois. Une certaine idée sur la persistance rétinienne et tout ce qui torpille le procédé magique du souvenir comme les contes, les jolies fables, la mystification, l’hypocrisie, le mensonge, la convoitise surtout ! et puis cette satanée jalousie qui gâche tout.

Mais de quoi parlions-nous juste avant ? D’une bombe, c’est ça, d’une de ces sortes de machines infernales, froides et inquiétantes qui avait pourtant tout pour plaire au début ! (La télévision et les grandes histoires d’amour ratées). Je veux dire juste avant qu’« elle » ne se fasse larguer pour de faux, mais « elle » n'avait rien compris au film. Une bombe sacrément bien foutue, qui jouait à s’exploser les viscères toute seule au lieu de l'appeler et de le serrer, « lui » dans ses bras à « elle » pour le reste de sa vie. Une bombe de cinoche. Un truc qui te pète à la gueule juste avant de toucher le sol et d’en foutre partout. Une bombe à fragmentation pour se répandre sur les murs en forme d'un tableau post-moderne. Saint Jean-Baptiste décapité et le coup de grâce du bourreau... ou le festin d'Hérode et la danse de Salomé dans une représentation du Caravage.




(Et va savoir pourquoi je pensais à John Travolta dans PULP FICTION juste à ce moment-là ! TRAINSPOTTING, la bande déjantée archi culte de Dany Boyle ; THE CRYING GAME ou l’étonnant VIRGIN SUICIDE, le talent de Sofia Coppola, la fille de son père! les frères Cohen, FARGO ou THE BIG LEBOWSKY, n’importe ?! Le côté Louise Brooks, Anny Ondra ou peut-être un peu Tippi Hedren de mes histoires d’amour... Tout ce que j’écris à propos de tout et n’importe quoi quand je m’emmerde tout seul dans le noir ! Tout ce que je peins pour me donner le droit de boire, et que je balance juste après pour m’éviter la nausée. Moi, face à ma propre mort, moi face à Dieu au moment de ma mort, « Moi, avec mes rêves et mes visions » aurait dit Bergman ; moi et tous mes cauchemars. Tout ce qui me détraque le cerveau quand je regarde sous la hauteur du ciel, toute la psyché du monde qui m’entoure, mes pulsions sexuelles, les corps dorés par l’abîme, tout ce qui brille au fond d’un gouffre, l’obscurité du plaisir charnel, l’inconjugable plaisir des puits ( je puis, ou plutôt vous pûtes !) les antres, les fosses… et puis les vraies aussi ! la vertu d’un fourre-tout et le mérite de son charmant fourreur… Je ne sais pas !)
... Allo ! Oui, je sais bien que tu ne m'entends plus.
Tony™




LES PHOTOMOBILES™ DE JL GANTNER


mardi 16 décembre 2008

ROBERT RAUSCHENBERG



ROBERT RAUSCHENBERG
OU UNE ÉTRANGE IDÉE DES "COMBINES" POUR RÉUSSIR À TROMPER TOUT SON MONDE À BON PRIX.




Ce que j’ai d’abord « aimé » chez lui, c’est son grand prix de peinture en 1964 à la Biennale de Venise, la victoire d’un américain sur un français, en l’occurrence, Bissière, Roger Bissière. Une victoire qui reléguait d’un coup la façon « française » et sacrément pompeuse de cette « École de paris »... au rang d’une fabrique de croûtes surfaites, complètement démodées. Oui, bon, d’accord ! à part Buffet. Bon, Buffet et on en parle plus. Kisling peut-être ? ce futuriste !!.. Un polonais. N’y comptez pas. C’est-à-dire qu’à part quelques exceptions étrangères venues s’installer en France comme (le roumain) Brancusi, Chagall (un Russe), Modigliani (italien) ou ce Picasso (l’espagnol) et qui bossaient pour la génération précédente... Je ne vois pas ce que ce Paris des années soixante, cette « nouvelle école de Paris » aurait pu laisser comme souvenir impérissable dans l’histoire du monde ! Comme ça, c’est fait. L’école de Paris... et on en parle plus.




ECRASED DE KOONING DRAWING 1953 / ROBERT RAUSCHENBERG
Traces d'encre et crayon sur papier avec marie-louise et étiquette dans un cadre doré.
Musée d'art moderne de San Fransisco, USA.



C’est l’effacement d’un dessin de Kooning en 1953, qui avait commencé de le rendre un peu célèbre. Une histoire de potache qui tourna au scandale, mais pas seulement. Robert Rauschenberg, qui n’avait rien trouvé de mieux, que de gommer un dessin au crayon de son ami De Kooning. « Une performance »... Oui, un sacré scandale à l’époque !



BLACK MARKET 1961
(Marché noir)



« J’ai toujours été très attentif à ne jamais rien apprendre », disait le maître, le fondateur du pop art. L’ami de John Cale, le danseur en parachute, le « néo dada », le pote de Jackson Pollock... Rauschenberg est mort dans la nuit du 12 au 13 mai 2008. L’événement a fait quelques lignes dans les journaux français pendant que j’écrivais quelques notes à propos de maisons molles, celles de Richard Rogers. Des maisons molles, des murs transparents, des habitacles perméables à la poésie... Je me suis repassé « Les oiseaux » d’Hithcock (toutes les scènes, une par une et dans l’ordre jusqu’au générique de fin). Tippi Hedren / Mélanie au volant d’une Aston Martin DB2/4 MK DHC. Le coupé, peut-être le plus beau jamais construit dans le monde, toutes marques confondues. Tippi hedren... l’actrice de « Marnie ». Que voulez-vous que je vous dise de plus. Rauschenberg. Je ne crois pas avoir été autant enthousiasmé par personne d'autre. Pollock, Warhol Lichtenstein, Jasper Johns, bien sûr !... Le Tintoret, Fragonard, Botticelli... dans le désordre. Giotto. Lorenzetti, Piero della Fransesca juste avant. L’école de Sienne, Rome, Venise, et la Toscane pour aller vite. Les annonciations de Filippo Lippi, celles de Fransesco Del Cossa évidemment. À propos de ce Del Cossa ! je ne vous apprendrai rien si je vous dis que ce dernier s’amusait à peindre des escargots sous les jupes de la vierge Marie. Des cornes et une coquille énormes sur le bord du tableau...




CANYON 1959
Huile, crayon, papier, tissu, métal, boîte en carton, papier imprimé,
reproductions imprimées, photographie, bois, tube de peinture et miroir sur toile
avec huile sur aigle impérial, ficelle et oreiller.




Un gastéropode tout baveux juste aux pieds de l’immaculée conception... Voyez-vous ça ! Un bourgogne monstrueux qui coulisse à son rythme entre deux grandes idées du monde, celle de Descartes, celle qu’on joue quelquefois à la roulette russe pour arrêter de se faire chier dans un monde déjà froid ; et puis celle du ciel, un éther mythique tout de même un peu dur à avaler en dehors des églises, de la liturgie officielle. (Une signification qui fait d’ailleurs encore débat aujourd’hui). Un escargot ?... l’ange Gabriel n’en est pas encore revenu ! Certains diront que c'est ce qu'on appelle "chercher la petite bête !" On dit tellement de choses... Voyez comme voyait Daniel Arasse, cette bestiole au pied du St Jérôme de Lorenzo Lotto. Un escargot, une sauterelle... Vous pourrez bien dire : des "arasseries", et peut-être auriez-vous raison ?! Comme aujourd'hui, tout le monde a toujours raison.

Comment ne pas tomber dans le panneau d’un Robert Rauschenberg après ça ? Le type, une véritable réincarnation de cette manière de faire de la renaissance à base d’escargots , de sauterelles et de toute une panoplie d’objets hétéroclites réunis sur la même toile (des combines). Un véritable bric-à-brac de citations, d’allégories, de métaphores... Un authentique carnet de souvenirs intimes et disposés juste au bon endroit pour se rappeler facilement de ce qu’on aurait perdu en route, mille amours mortes, des parfums essentiels de fleurs fanées... une délivrance paternelle.



FIRST LANDING JUMPING 1961
(Saut du premier étage)



« J’ai toujours été attentif à ne rien apprendre »... Et n’allez pas prendre cette déclaration au pied de la lettre ! Non, grand Dieu non ! N’imaginez pas que cet homme-là et son esprit si fin (un des plus grands artistes du XXe siècle), aurait pu un jour tailler dans le marbre cette sorte d’incitation à ne jamais rien étudier vraiment ; cette sottise d’une exhortation à ne jamais rien voir de mieux que le bout de son nez. Bon Dieu, de Bon Dieu, non ! Mille fois non. Ce Rauschenberg-là... n’aurait jamais su parler d’autre chose que du procédé par lequel le « bon artisan » s’exprime, apprenant... puis répétant à l’infini le même geste jusqu’à... l’écoeurement.

Je ne sais plus quel imbécile me parlait d’art dernièrement. De ce que l’œuvre d’art n’aurait « forcément » aucun besoin du moindre mode d’emploi, de la moindre science, de la moindre éducation pour se laisser voir, lire ou entendre. De ce que l’œuvre, n’importe qu’elle œuvre... de quelque histoire qu’elle provienne, de quelque nature qu’il soit possible de la définir, devrait se suffire à elle même comme forme de terminaison nerveuse d’un processus artistique spontané, impulsif ou même... hasardeux, allons-y ! (Je crois que ça l’arrangeait bien, celui-là ! Ce baratineur.) Je devinais cet imbroglio de connexions cérébrales s’agiter, s’affoler aux ordres intérieurs abscons de mon interlocuteur un peu trop sûr de lui. Un type, un passager du transport en commun pour pas cher et qui file droit devant lui sans trop savoir ou il va. Un tireur d’élite de flèches empoisonnées à l’eau plate. Un de ces types qui filent comme un avion vers des mers de clichés. Le tout sans jamais avoir vraiment oser se mouiller les pieds au-delà des plages parfaitement cataloguées. Un type banal qui se prend pour Dieu, mais suffisamment malin pour prétendre tous les jours le contraire auprès de ses meilleurs camarades de classe. Un type méchant en fait. Exécrable. Un monument, une citadelle d’égoïsme. Narcisse à son apogée. Le genre de type qui fait rire au début avec ses simagrées faciles, ses grimaces à bon prix, mais qui finit par se répéter jusqu’à la nausée. Un « bon artisan » du gras-double, de la cochonnerie de supermarché. Un « vulgaire » artisan (dans le sens ou ce Monsieur Rauschenberg pointait du doigt la bonne méthode de certains petits malins pour savoir faire le singe à la tête des gondoles. Des crieurs de citations, des annonceurs). Un type tout ce qu’il y a de plus de gauche forcément ! Mais alors de cette gauche de propriétaires bien nourris, bardés de principes bien appris pour épater les gens du quartier, faire le paon, baratiner la donzelle... fanfaronner à l’école avec sa progéniture fringuée à pas de prix... et « forcément » plus douée que les autres. Le genre de mec de gauche, mais seulement pour son propre compte. Ses grandes idées sur la justice sociale, l’évolution de carrière obligatoire pour tous, l’augmentation de salaires pour chacun... mais dans le seul souci de son propre enrichissement. L’homme de troupe blindé de poncifs, ce salaud... contre la guerre et les famines, tous les morts de faim dans le monde ; contre les renvois à la frontière ou les roquettes israéliennes, contre les banques ou le marketing mondialisé, contre les sous-marins nucléaires... mais qui voudrait aussi gagner plus et finir plus tôt. Un qui braille sur la mauvaise répartition des choses dans le monde et qui ne partage rien de lui-même de ce qui lui appartient, de ce qu’il s’est payé avec ses sous, de ce qu’on lui a transmis d’office grâce à une vieille politique de droite. Les pires ! Le genre de député, d’adjoint au maire, l’espèce de syndicaliste, d’élu du personnel... qui prétend se donner du mal pour l’humanité en souffrance et qu’il exècre en secret. L'imbécile... Oui, ce salaud disait sartre !

Mais revenons plutôt à Rauschenberg justement. À cet incroyable faiseur de couleurs. Ce journaliste véritable. Son grenier de la mémoire du monde. Rauschenberg l’allégoriste... ce Baudelairien, ce kafkaïen... Mais je ne vous apprendrai rien sur ce point, que vous ne sauriez voir par vous-même, n'est-ce pas ?! Et pardonnez-moi alors cette digression.
Néon™




dimanche 7 décembre 2008

NÉON™ ET LILI 6/12/2008



Je crois qu'il était question d'aller au Grand Palais voir Picasso, ou bien Pollock à la Pinacothèque. je crois même qu'il eu surtout fallu ne pas dépasser la station Rambuteau, les futuristes à Beaubourg... En fait, on a fait quelques photos sur le pont Alexandre III avec un appareil de prise de vues numérique. C'est-à-dire pas tout à fait des photos, mais des souvenirs assistés par ordinateur. Une machine à se souvenir des bons moments, mais qui n'en fait qu'à sa tête avec le vent, les cheveux dans les yeux, les arrière-plans, les temps de pauses hirsutes. On a quand même essayé de faire avec, de shooter quelques trucs en plein courant d’air. On a fait ça, l’histoire de bien rigoler. J’avais un train à cinq heures. On a tenté de traîner jusque-là ; des trottoirs bondés vers Madeleine et une crêpe au chocolat.


LILI, PARIS, PONT ALEXANDRE III (06/12/2008) © JL GANTNER


C’était lundi, j’avais d’abord retrouvé Lili sur une scène, une toute petite scène, mais une scène de théâtre quand même du côté de Montparnasse. « Regarde, meurs, souviens-toi », le nom de la pièce. Trois moments de la vie d’une déportée à Ravensbrück. Un texte de Jean-Louis Bachelet. De quoi se foutre un sacré coup de blues juste avant les fêtes de noël. Des phrases considérables. Des fragments de génie. Une paroi tragique du temps qui s’écoule. Mille temps terrestres réunis sous la pluie, une poussière immonde. Un écoeurement en beauté.



La pièce « Regarde, meurs, souviens-toi » sera accueillie
du 24 mai au 30 juin 2009 au Théâtre de L’Ile Saint Louis, à Paris
pour trente représentations.

Avec, dans l’ordre d’apparition :
Olivier Raclot, Aliouchka Binder, Aurélie Gantner et Marjolaine François.