mercredi 15 décembre 2010

BARRY UNDERWOOD


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vendredi 10 décembre 2010

RENCONTRES D'AUTOMNE


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Je ne sais pas vous ? Mais depuis quelques jours, j’ai quand même un peu de mal de décrocher d’une playlist de Benjamin Biolay. Trois, quatre titres en particulier que je me passe en boucle sur mon vieux Power book™ tout usé. « La superbe », « Brandt rhapsodie », « L’héritage », « Mélancolique », « Tout ça me tourmente », « Sans viser personne »... C’est-à-dire que l’album détonne tellement au milieu de cette « nouvelle chanson française » comment dire ?!... Peut-être un peu triste, parce que tout de même un peu crémeuse et si convenue aussi ! (le côté business un peu moche des trafics d’âmes et de toute la musique facile qu’on peut poser dessus pour se défoncer les neurones aux parts de marché, s’exploser le cerveau aux bénéfices nets).





Benjamin Biolay... Depuis ce début de mois de décembre un peu déroutant côté ciel gris avec toutes les saloperies qui traînent dedans (la démagogie politique, en creux d’obligations bancaires auxquelles plus personne ne comprend rien ; l’hypocrisie des tribunes ; le conformisme médiatique en général). Benjamin Biolay. Bon d’accord, le type est accro aux opacités de Bashung et à toutes les noirceurs de Gainsbourg ; à Miossec et à Dominique A aussi. Enfin tout ce qui ressemblerait un peu à quelque chose au-delà des fluctuations radiophoniques standardisées depuis au moins vingt ans. Putain, vingt ans !... comme le temps passe, et qui ne m’évoque rien de bon pour ce qui doit suivre encore sur le terrain des idées molles et des marches arrières forcées. Benjamin Biolay qui « ne vise personne » mais si quand même un peu ! Toutes les formes d’esprit ressassées, l’industrie du plaisir immédiat ; une certaine forme de vulgarité pour finir. La pornographie des sentiments vagues. Mais bon, passons. Juste pour évoquer encore et en contrepartie... cette diffusion dernièrement sur arte, d’un film d’animation réalisé par le metteur en scène israélien Ari Folman. « Valse avec Bachir ».



Cette « bande » en forme de ruban sublime et pudiquement intraverti pour parler du massacre de Sabra et Chatila en 1982 pendant la guerre du Liban. Ari Folman faisait alors parti du corps expéditionnaire de Tsahal dirigé sur Beyrouth au moment des faits sanglants perpétrés par les milices libanaises de droite. Une véritable nausée. Le film est une enquête documentaire fabriquée sur le mode du dessin animé. (Qui aurait pu oser ?) Des véritables coups de crayon de couleurs noir et jaune sur le ton onirique, celui d’un rêve comme autant de cauchemars qui persistent. Une grâce dont seul peut-être « Persepolis » de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi avait déjà fait preuve en 2007, l’histoire de la petite Marjane qui commence en 1979 à Téhéran, juste avant que tout ne finisse par basculer dans l’absurde. « Valse avec Bachir » comme un chef d’œuvre du genre. Un coup de cinéma magistral et une bande son comment dire... un concerto de Bach, une sonate de Schubert, une valse de Chopin juste après Orchestral Manoeuvre in the Dark.
Pour le reste. Une rencontre à la fac de lettres de Besançon avec Philippe Brunet, Helléniste et professeur de Grec ancien pour sa nouvelle traduction de « l’Iliade ».



« Homère... à la télévision ». On n’avait jamais vu ça ! (Encore une idée de mon libraire préféré après son coup fumant d’un Levy-Strauss et d’un Jünger dans la Pléiade...) Homère. L’histoire d’un poète qui écrivait « avec ses pieds. » Dit comme ça, l’idée pourrait prêter à confusion. Mais voilà bien cette sorte de réalité, selon Philippe Brunet, qui doit dorénavant s’imposer dans la lecture d’une tragédie antique. Comprenez par là, l’idée d’un geste émouvant, considérable à l’attention du corps, ce corps rétabli comme instrument principal de nos envoûtements lyriques. L'iliade et le prétexte d'une autre rencontre avec Françoise et Jean-Marc Quillet (respectivement prof de lettres et d'art dramatique). un rendez-vous plein de promesses de voyages, autour d'un verre de Cahors élevé comme il faut.
Quoi d’autre ?...



« Into the wild » de Sean Penn, revu dans les conditions d’un écran réduit à une petite lucarne familiale et récemment connectée à une TNT un peu défaillante les soirs de pluie. L’histoire vraie d’un étudiant américain qui décide un jour de faire la route au lieu d’un destin tout tracé. L’embuscade possible d’un Kerouac bien sûr ! Magnifique. La musique est d'Eddie Vedder, le chanteur de Pearl Jam. Une plongée radicale dans la littérature wilderness américaine. Norman Mc Lean bien sûr... Larry Watson, Rick bass... L'école du Montana (le Big Sky Country). C'est Robert Redford qui le premier avait largement contribué à faire connaître ce style "Wild" avec le film "Et au milieu coule la rivière". En France, Un éditeur d'origine bretonne, Olivier Gallmeiter s'intéresse depuis quelques années à découvrir le jardin secret d'écrivains comme David Vann ou Pete Fromm. Des auteurs jusque là, totalement inconnus en Europe et dédaignées des grandes maisons d'édition françaises. Le dernier chapitre d' « Into the wild » laisse également planer ce sentiment d'un « Last day » de Gus Van Sant. (le récit halluciné des quelques jours qui amenèrent le chanteur Kurt Cobain de Nirvana jusqu'à son suicide).

Et puis cette autre rencontre encore, lumineuse, avec Jean Dupuy devant sa machine à poussière de 1968. (Des microparticules en suspension dans une boite toute rouge). Un des inventeurs de « la performance artistique » dans les années soixante-dix.



Le garçon né à Moulin en 1925 s’est exilé longtemps à New York pour échapper au conformisme et à la morosité française de l’époque, déjà ! L’artiste a fréquenté la Factory d’Andy Warhol, discuté du chant des étoiles avec Rauschenberg, John Cage en personne ou Lichtenstein. Dupuy à la télé... (Le gros coup, cette fois, d’un Laurent Devèze, patron de l’école des beaux-arts de Besançon, en très grande forme cette année. Le monsieur est entre autres, agrégé de philosophie, critique d’art, et s’est occupé longtemps de culture dans les plus hautes institutions françaises à l’étranger).



Des artistes, comme Gilles Picouet et son « Dédale » de plusieurs tonnes installé dans la cour du musée du temps ; pendant que Nicolas Floch' faisait bouger ses plantes vertes dans l'air un peu inquiétant d'un hangar ouvert pour l'occasion aux touristes du Zoo. Deux artistes d'importance qui ont bénéficié d'un mécénat exceptionnel de la part des Ateliers Mantion installés en Franche-Comté. (Le spécialiste mondial des montures et rails de roulement). Des rencontres... comme autant d’apartés sensibles au milieu du bruit et d’un tas causeries vaines entre nous.
NÉON™