samedi 28 février 2009

SPÉCIALE DÉDICACE DE NÉON™




SPÉCIALE DÉDICACE
Mary Pickford, Lillian Gish, Gloria Swanson, Marlene Dietrich, Norma Shearer, Ruth Chatterton, Jean Harlow, Katharine Hepburn, Carole Lombard, Bette Davis, Greta Garbo, Barbara Stanwyck, Vivien Leigh, Greer Garson, Hedy Lamarr, Rita Hayworth, Gene Tierney, Olivia de Havilland, Ingrid Bergman, Joan Crawford, Ginger Rogers, Loretta Young, Deborah Kerr, Judy Garland, Anne Baxter, Lauren Bacall, Susan Hayward, Ava Gardner, Marilyn Monroe, Grace Kelly, Lana Turner, Elizabeth Taylor, Kim Novak, Audrey Hepburn, Dorothy Dandridge, Shirley MacLaine, Natalie Wood, Rita Moreno, Janet Leigh, Brigitte Bardot, Sophia Loren, Ann Margret, Julie Andrews, Raquel Welch, Tuesday Weld, Jane Fonda, Julie Christie, Faye Dunaway, Catherine Deneuve, Jacqueline Bisset, Candice Bergen, Isabella Rossellini, Diane Keaton, Goldie Hawn, Meryl Streep, Susan Sarandon, Jessica Lange, Michelle Pfeiffer, Sigourney Weaver, Kathleen Turner, Holly Hunter, Jodie Foster, Angela Bassett, Demi Moore, Sharon Stone, Meg Ryan, Julia Roberts, Salma Hayek, Sandra Bullock, Julianne Moore, Diane Lane, Nicole Kidman, Catherine Zeta-Jones, Angelina Jolie, Charlize Theron, Reese Witherspoon, Halle Berry.

Espérant n'oublier personne...




L'ATELIER DE JULES™ / VII




ACRYLIQUE ET JOURS DE PLUIE



ACRYLIQUE SUR PAPIER 55X80cm / JULES™


"Ce qui me navre", disait Flaubert... "c’est la conviction que nous allons entrer dans une ère stupide. On sera utilitaire"... (Oui, un vrai temps de merde ! Si je puis me permettre). Et je pensais à cette machine à air comprimée, une industrie des hautes pressions... qui plombe l’atmosphère, au lieu d’un de ces temps qui ne serait pas « un temps mort », un temps pour rien... Un de ces temps-là plutôt que n'importe quel temps de chiottes. Ce temps pâle. Ces brumes, ce brouillard épais, un peu clinquant...
JULES™


jeudi 26 février 2009

LE COUP DE CHAUD / VI



(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-6-



Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.


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CHAPITRE 5
LE SYNDROME DE MILTON

Bien né, intelligent. Un garçon plutôt sensible et tout ce qu’il y avait de bien élevé... surtout avec les filles qui ne rechignaient pas à se laisser photographier dans les tenues qu’elles acceptaient de porter pour lui. Antoine Conte-de-Beauregard, poursuivit son périple sur les terrains d’investigation journalistique à la mode du monde entier, grâce aux nombreuses relations artistiques et politiques de Madeleine Conte-de-Beauregard, née Beauregard, sa mère. Grâce surtout, au fric et à la mauvaise conscience de son père, Charles Conte-de-Beauregard, né Conte, cadre commercial spécialisé sur le marché de l’industrie textile et plus particulièrement dans la bonneterie qui lui prenait tout son temps. Quant à Marie... Elle ne l’avait plus jamais revu.

Comme à peu près tous les gamins de cette époque et de sa condition sociale, la progéniture de « B... » s’était découvert dans l’enfance, une passion pour les mondes fantastiques de Jules Verne(X), la poésie de St-Ex le facteur aérien disparu dans les sables sahariens, les aventures de Jack London(X) surtout... mais l’adolescent persista dans ses lectures infantiles et puériles. Au désespoir de « C... » très à cheval sur les principes de transmission du capital héréditaire.

-X- Écrivain de romans d’anticipation d’origine nantaise (1828-1905). Plutôt Monarchiste (orléaniste) malgré son élection au conseil municipal d’Amiens sur une liste de la gauche modérée. Un antisémite selon l'historien Jacques Sadoul. L’antidreyfusard prit tout de même position contre l’esclavagisme dans le même temps qu’il continuait de cultiver quelques idées racistes à l’endroit de tout ce qui n’était pas aryen. Se barre en Suisse entre 1870 et 1872 pendant les événements parisiens. Failli se faire flinguer vers la fin de sa vie par son neveu Gaston, venu lui soutirer un peu de fric. Une œuvre considérable.

-X- Écrivain voyageur américain (1876-1916) spécialisé dans la rédaction de livres d’animaux. L’appel de la forêt et Croc blanc sont toujours aujourd’hui des succès considérables dans les librairies du monde entier. L’auteur fut aussi très inspiré par les idées socialistes, la lecture de Victor Hugo, de Karl Marx et de Maupassant. Des idées classées alors d’extrême gauche, qui lui valurent d’être expulsé en Corée.

À la maison, c’est « B. » qui s’occupait de tout. Une correspondance familiale assidue, la couleur des fleurs du salon, le planning de la bonne et la lourde charge de l’éducation de leur fils unique. Pour le développement de ses aptitudes sportives, Madeleine avait d’abord pensé pour Antoine à quelques tentatives dans la pratique de l’équitation, mais considéra très vite la discipline corrompue et de plus en plus mal fréquentée depuis que les milieux de gauche et les fortunes faites après-guerre s’investissaient dorénavant dans cette occupation ordinaire... Non, sa véritable idée, l’authentique projet de Madeleine B. fut de destiner son cher petit Antoine à une immense carrière de danseur classique. Un petit rat. « Sa véritable vocation d’étoile ». Madeleine avait elle même passé quelques temps comme quadrille dans le corps de ballet de l’institution nationale losqu’elle faisait encore partie de l’école de danse de Paris. La sylphide, Giselle, Le lac des cygnes... Une passion. George surtout ! né Guergui Mélitonovitch Balanchivadze à St Petersbourg. (Au-delà de ses frontières naturelles, tout le monde avait fini par l’appeler George !) Elle l’avait vu dans Les 7 pêchés capitaux à Garnier, lorsqu’avec C. ils habitaient encore leur appartement parisien. George portait l’adage comme une feuille de vigne sur les belles proportions des Kouros helléniques ou sur l’Apoxyomène(X) de Lysippe. Quoique L’Eros(X) de Thespies l’inspirait beaucoup aussi... Ou bien encore cet Hermès de Praxitèle dont la jeune femme avait entendu parler bien sûr ! mais elle ne l’avait jamais vu. Charles — « un vrai con ! aurait certainement dit Vanessa… » — avait beau lui dire : « qu’il était pédé !… » Madeleine n’avait jamais voulu y croire ! Elle s’était précipitée chez un libraire de la rue St Honoré pour fouiller dans les annales de l’artiste, mais n’avait trouvé aucune preuve de ce que son mari avançait pour déshonorer son petit prince de ballets. Elle avait bien cherché, décelé peut-être quelques bribes... mais n’avait rien pu trouver d’irréfutable sur son compte à ce sujet. Madeleine expia la jalousie de son petit époux prétentieux, glissant son doigt d’une manière affectueuse sur une photographie en noir et blanc de l’athlète américain d’origine Georgienne à demi nu sous les « douches » du théâtre Kirov à Leningrad (la scène de ses débuts). Ce jour-là, Madame Conte-de-Beauregard s’était rabattue sur le Goncourt de Marcel Proust. Un roman qu’elle n’avait lu qu’en partie à ces moments perdus. Antoine était né rapidement... Antoine pour qui Carlo Blassis, Diaghilev, Nijinski Rudolph Noureev ou Carolyn Carlson... ne diraient jamais rien.

-X- Sculpture de l’art classique Grec -IVe s. montrant un athlète se nettoyant le corps avec un strigile.
-X- Anagramme de Rose

Au cours de l’année 1949, Madame Conte... sentit les premiers troubles s’installer à propos de son enviable, mais inaliénable condition de femme mariée. Cette année-là, Antoine faisait encore des dents pendant que son père s’usait les siennes à exercer sa prédestination naturelle d’homme libre, le plus souvent hors du domicile conjugal et jusque très tard dans la nuit. Le jeune énarque terminait sa formation à la tête d’une grande fabrique bonnetière installée à Troyes(X), et terminait de développer une spécialisation très appliquée dans le secteur plein de promesses des dessous féminins en fibre nylon.

-X- « Ancienne » capitale de la Champagne , dont l’image s’est fortement altérée, dégradée, corrodée, décomposée, putréfiée... au fil du temps et des pouvoirs successifs ¬— acharnés eux — à tenir les ficelles d’un petit monde de filous reconvertis dans l’art du fil à retordre et de la maille à partir avec la classe salariale... pour continuer se d’en foutre plein les fouilles aussi longtemps qu’on les laisserait tricoter leurs coups en douce dans leur coin...

« Monsieur le Comte » comme on l’avait tout de suite amicalement appelé à l’usine. L’année de leur déménagement en province. Les visites régulières d’Antoine chez le dentiste, le planning du personnel de maison, la couleur des fleurs en fonction des saisons... Madeleine avait alors commencé de s’ennuyer terriblement.

Elle regrettait : « Paris, son 9e arrondissement parisien, (le quartier de l’Opéra où elle avait laissé la plus part de ses amies d’enfance, celui du café de la Paix…) Les garçons du lycée Condorcet ; le 1er, le 2e... assez proches de chez-elle ; les films au Max Linder, des baisers volés dans les jardins du palais royal en sortant ! un flirt sans dommage sur Quai du Vert-Galant, le 1er plus sérieux devant la bourse, le 2e… le troisième, rue des Vertus (qui avait su tenir toutes ses promesses , et Madeleine n’avait pas voulu insister !) Le quatrième « un peu plus poussé », dans le marais… rue des mauvais garçons (et Madeleine avait préféré ce beau baiser-là un peu rude ! Le quatrième... et le cinquième que le garçon lui avait redonné pour la remercier « de lui avoir filé son numéro pour qu’il puisse la rappeler le lendemain »). La brasserie Lipp et puis Chez Georges dans le 6e, le café de Flore et ses amants célèbres (son côté romantique). Les deux magots, Verlaine, Arthur Rimbaud (tout le fric que Madeleine avait dépensé dans les cafés, mais elle ne s’en était pas vraiment rendue compte sur le coup !) Eugène Delacroix ; l’école des beaux arts, sa passion pour la sculpture et les colonnes statuaires, les calvaires, les bas-reliefs, les figurines, les idoles, les camées... La couleur rose claire aussi (un vieux rose pâle un peu jauni avec le temps). Madeleine aimait bien ces roses-là, toutes sortes de roses aussi et puis le bleu ! le bleu de Paris ferrocyanure potassoferrique, le bleu roi, le bleu de France... Le train bleu à la gare de Lyon, l’express très serré, les trains pour l’Italie ; Vérone, Venise, Florence, Pise, Rome et puis Capri… la Méditerranée, l’incroyable lumière bleutée qui baigne la grotte Azzurra à Capri ; les touristes allemands… (Madeleine n’oublierait jamais !) Non, jamais elle n’avait réussi à oublié Georg, un photographe de Göttingen, qui réalisait un reportage dans le sud de l’Italie… leur premier échange de politesses, leur virée inavouable au rez-de-chaussée du Louvre lorsqu’ils s’étaient retrouvés à Paris (Georg aimait bien Paris, et la sculpture aussi ! les enjolivures et les beaux ornements ; les tresses, les nattes et les rubans coincés dedans) le rez-de-chaussée... et le premier étage sous l’école italienne… Leurs adieux finalement, le deuxième… sous un triptyque de Rubens (Georg, marié, avait dû rentrer chez lui en Basse-Saxe). Madeleine était restée longtemps à pleurer sous la Victoire de Samothrace… Oui, Madeleine regrettait la sculpture gréco-romaine, la sculpture antique en général, et puis les bronzes dorés, sur le parvis néoclassique du Trocadéro aussi… sa rencontre avec Charles, le 16e… (mais elle n’avait jamais rien osé lui dire des quinze premiers qu’elle avait déjà rencontrés !… Ni des quinze premiers et encore moins de Georg non plus, le photographe de Göttingen qu’elle avait rencontré à Capri, pendant leur voyage de noces…) »

Cette année-là (et parce qu’elle n’avait vraiment rien trouvé d’autre à foutre d’un peu intéressant entre les quatre murs de leur petit hôtel particulier d’un quartier troyen, comme il en existe des répliques à l’infini de l’architecture bourgeoise du début du siècle dans toutes les villes de l’est de la France). Madeleine... s’était jetée à corps perdu dans la lecture du Deuxième sexe(X)

-X- L’essai de Simone de Beauvoir sorti en 1949 marque une sorte de tournant définitif et irrémédiable dans les rapports qu’entretenaient ensemble les hommes et les femmes depuis la glaciation de Würm…. Deux ans plus tard, la « 17a ethinyl-19nor-téstostérone » synthétisée presque par erreur par Carl Djerassi, passa d’abord sous silence pour devenir en 1960 : « la pilule contraceptive » (soit le bout plausible et et enfin vraisemblable du tunnel glaciaire le plus long de l’histoire des rapports humains ; une guerre de 100 000 ans écartée des manuels officiels et de la chronologie masculine universelle). Une année encore marquée par la diffusion du premier Journal à la télévision française. À cette époque, personne ou presque n’avait la télé et tout le monde s’en foutait donc complètement ! Personne ne verra donc Mao Tsé Toung traverser le Yang-Tseu-Kiang avec son drapeau rouge tout neuf, butter au passage quelques centaines de milliers de ses compatriotes et fonder la république populaire de Chine dans le pire des bains de sang qu’il puisse s’imaginer, et le drame chinois ne faisait que commencer.

La fameuse « sensibilité féminine », écrit Simone de Beauvoir, tient un peu du mythe, un peu de la comédie ; mais le fait est aussi que la femme est plus attentive que l’homme à soi-même et au monde. Sexuellement elle vit dans un climat masculin qui est âpre. Elle a par compensation, le goût des « jolies choses », ce qui peut engendrer de la mièvrerie, mais aussi de la délicatesse ; parce que son domaine est limité, les objets qu’elle atteint lui paraissent précieux.../... elle subit la réalité qui la submerge d’une manière plus passionnée, plus pathétique que l’individu absorbé par une ambition ou un métier ; elle a le loisir et le goût de s’abandonner à ses émotions, d’étudier ses sensations et d’en dégager les sens...

Madeleine — dont une de ses relations m’avait confié qu’elle aurait toujours voulu s’appeler « Hélène » — avait dû abandonner d’un coup toute sa vie artistique pour l’organe minable de son vendeur de bas à la mode, et pour les murs gris d’une petite ville de province qui puait la teinture industrielle, le chlorure d’ammoniaque et les maladies ouvrières à plein nez. Sa soumission était totale, qu’elle décrivait en phrases impitoyables dans un journal intime rédigé à la manière de ses études de lettres. Une source de plaisir masochiste aussi, une certaine aptitude à l’orgasme, dont elle pouvait dorénavant mieux déchiffrer l’origine... Oui, la plupart des femmes qui sacrifient à leur orgueil deviennent frigides. Disait la philosophe... alors que pour Madeleine, voyez-vous ! je puis vous assurer qu’il eut fallu plutôt parler d’une sorte de prosternation consentie, d’une servilité totalement admise à l’endroit du rôle que son éducation lui avait assigné ; de sorte que cette disposition pour la docilité et la défaite, la soumission définitive à l’entretien de son foyer familial... lui permettait d’atteindre des limites considérables de volupté dans l’acte de fornication. Le précieux renseignement fut tout de même de taille pour tenter de trouver une cause vraisemblable à tout ce qui allait suivre. En conséquences et premièrement : Hélène... entourât Antoine, d’un amour exemplaire et sans restriction... son protégé, son petit « B. B. » (et tant pis si ça faisait chier « C » !) ne serait donc jamais danseur étoile ! Une décision irrévocable promulguée « une fois pour toutes » par le chef de famille, ce barbare... le vandale inculte et borné qui faisait jouir Madeleine pour les mêmes raisons qu’elle le détestât de n’être « qu’un sale pervers ambitieux à l’éducation franchement incertaine. Un sale petit bourgeois qui ne pensait qu’au fric. Une raclure de petit patron à l’instruction douteuse, et qui savait aussi profiter de sa situation avec son petit personnel ; oui ces petites secrétaires narcissiques, prêtes à tous les sacrifices pour mettre à l’épreuve leur complexe d’infériorité bien pratique ; les petites bonnes jalouses, les ouvrières, toutes ces coucheuses, ces bordéliques... »
C’est au fait que Charles préféra ce jour-là en rester sur ces bonnes paroles de sa femme au lieu de lui infliger la correction de sa vie, que Madeleine comprit le point de non retour qu’ils venaient d’atteindre ensemble. Une jouissance absurde, le trouble indéfinissable d’être enfin dégagée de toute obligation de promiscuité dans sa vie de couple. Pour la première fois de sa vie, Hélène se sentit libre, vraiment libre... et perdit en même temps toute forme de libido.



(À SUIVRE)



FEMMES DANS LA VITRINE










PHOTOGRAPHIES ARGENTIQUES © JL GANTNER



mardi 24 février 2009

SLUMDOG MILLIONAIRE


CRITIQUE / CINÉMA


POUR VINGT MILLIONS DE ROUPIES...

« Les Cahiers » et « Télérama » détestent... « Les Inrocks » exècrent... "un simple produit dérivé de la télévision vulgaire pour gogo", écrit Vincent Ostria. On ne peut pas toujours aimé ce qu’on pense... Et qu’en dit Kaganski ? Je m’en fous. mon ami Simtriquette n’en fait même pas tout un bazar sur son blog... Première adore, Tant pis ! Slumdog Millionaire remporte 8 oscars à Hollywood. C’est beau... llywood ! Non ? Énorme ! Le réalisateur de Trainspotting (deuxième plus grand succès anglais de l’histoire du cinéma britannique, en 1996), explose la prestigieuse cérémonie américaine avec « sa première histoire d’amour » selon les propres termes de Dany Boyle.





Et le truc dépote à mort, je vous jure ! D’abord la photo d’Anthony Dod. Le type avait déjà bossé avec Thomas Vinterberg et Lars Von Trier sur Dogville. Juste pour vous situer la pointure du chef op. formé à l’école « moderne » du cinéma danois. Des cadrages chaotiques, à l’instinct... mais en réalité, beaucoup plus préparés qu’on ne pourrait le croire. Du grand art m’ssieurs, dames... Une prouesse de cirque, d’accord ! Mais j’ai toujours aimé le cirque, voilà. Le côté humain des arènes, le côté équilibriste et lanterne magique. 8 mois de tournage en Inde « à l’adrénaline » dit encore le metteur en scène anglais. Et ça ne passe pas inaperçu au montage. Chris Dickens derrière la souris (Dickens... ça ne s'invente pas! Un sérieux pedigree à la télé avant de pouvoir aussi se lâcher pour le grand écran). Bref ! Du vent dans les voiles de bout en bout. Pas une image pour souffler. Un « Autant on emporte le vent » bollywoodé sur le mode « Bombay Maximum City » (lire l’excellent ouvrage de Suketu Mehta, si vous ne l’avez pas encore fait). Des images à couper le sifflet et la musique de A.R. Raham dont je n’arrive toujours pas à me défaire. Tout y est, top modèle compris. Oui, comment vous dire Freida Pinto dans le rôle de Latika adulte. Je te comprends Dany, je te jure que je comprends...





« Latika... Latika... » hurle Jamal Malik / L'acteur Dave Patel, au début de chaque scène. Et tout se termine sur un tableau dansé et chanté, tout ce qu’il y a de plus kitch sur un quai de la gare Victoria (celle de Mumbai bien sûr !) Car tout est filmé en décors naturel et sans tricherie. Enfin, c'est juste un film ! Des taudis (en particulier dans deux bidonvilles de Bombay, Dharavi et Juhu), ainsi qu'à Agra et au Rajasthan ; en s'arrêtant à l'endroit du Taj Mahal pour faire un peu de tourisme. Je vous assure que ce truc à de quoi vous remettre du dernier opus sophistiqué de Sam Mendes, l’auteur d’American beauty (mais qu’est-ce qu’ils ont en ce moment tout ces englishs ?!) Les Noces rebelles, où une certaine autre idée de l’ enfer sur terre. Film américain, avec Leonardo Di Caprio, Kate Winslet, Kathy Bates et Michael Shannon (2 h 05). Slumdog Millionaire est adapté du roman indien à succès de Vikas Swarup, Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire. Pour une fois, le scénario l’emporte avantageusement sur l’œuvre littéraire. La faute à Simon Beaufoy (Full Monty) Un mec qui sait écrire des images si vous voyez le genre. Je ne vous ferait pas l’affront de l’histoire, c’est entendu. L’histoire du gamin qui a grandi dans les bidonvilles de Bombay et qui est soupçonné d’avoir triché au jeu télévisé « Qui veut gagner des millions » dans sa version indienne. Voilà, comme ça c’est fait.

Une histoire d'amour... Oui et alors ?!
Si y'en a que ça gène...

NÉON™



SLUMDOG MILLIONAIRE ET AUTRE OBJET "CINÉMATIQUE"


CORRESPONDANCE CRITIQUE



REPONSE UN PEU VIVE A QUELQUES CRITIQUES PERVERSES SUR LE SUJET DU FILM "SLUMDOG MILLIONAIRE"


Décidément, je me dis quelquefois que je ne vois pas les mêmes films que les autres. « Les autres »... Mais la réflexion vaut aussi dans les deux sens. Concernant Slumdog... Je m'excuse donc de n'avoir vu « qu'un film » justement (un mensonge si vous voulez !...) de la couleur ajoutée d'un son magnifique, « une beauté cinématique » disait Kurosawa, et sans autre forme de considération. Décidément non, je ne vois pas ces incursions de la bête immonde derrière chaque plan de ce troublant « mensonge » artistique. (La plus « belle » fable de l'année, si j'ose dire !) Cette idée que le discours ne puisse jamais guérir des corps lourds. À vrai dire, d'ailleurs, je ne vais jamais au cinéma pour ces choses futiles, un peu tristes et « françaises » qu'on appelle « l'histoire ». (Mon côté puéril et subordonné à la couleur du temps. Sa véritable couleur derrière le ciel gris, méprisable d'essayer de voir le mal partout). L'histoire... Un musulman ? Oui, peut-être... Certainement ! Oulalahhh !!! Mais enfin... Un musulman, comme la marque du sabre de David Carradine dans l'immense Kill Bill de Quentin Tarantino. (D'ailleurs j'y pense... Avait-il un sabre dans le film ?) Et Kill Bill est-il altermondialiste pour toute la violence qu’il trimballe ou... allez savoir, tiermondiste ? Kill bill, la sublime Urma Thurman et son sabre « non aligné... Vous voyez un peu le boulot pour essayer de trancher la gorge d’un yakuza bien dans l’axe au bout d’une ligne droite ! En cherchant bien ! J'ai lu tout autant de choses contraires également, par exemple dans le Washington post. « Le premier film véritablement mondialiste ». Ce qui est à peu près aussi con !





Non, Slumdog Millionaire est un film « film »... Je veux dire l’invention, le « produit » de beauté d'un artiste, un auteur au sens américain du terme. (Oui, il y a des auteurs anglais et « quelqu’un m’a dit » qu’il s’en cacherait peut-être aussi beaucoup aussi de l’autre côté de l’Atlantique). Un auteur donc ! un type qui « n'écrit » pas dans l'espoir d'en parler des heures au sens critique de l’action, au lieu de filmer vraiment ce qu'il a dans les tripes. Aucune colère... aucune arcane, aucun complot là-dedans. Juste un film. Un procédé de l'illusion pour faire parler les ombres claires. « Une beauté cinématique » et pardon de me répéter « cette beauté qui ne peut s’exprimer que dans un film ». Point d'enjeu sinon de faire fonctionner les points de montages à merveille, une horlogerie sensible réglée à l'heure des degrés de dilatation du mercure. Le plus fort, c'est que beaucoup de critiques s'appuient sur un point crucial du scénario qu'ils détournent admirablement à leur compte. Les vrais critiques (les critiques vraiment très à gauche donc ! les alteraméricains, ceux qui auraient encore un peu de mal avec le pop art, Pollock, Rauschenberg et « les autres »... les débilofranchouillards... ou alors franchement à droite du côté chrétien borné, du côté des croix de bois et de leur tête un peu dure plantée dessus.) L'argent, donc ! puisqu'il doit en être ainsi. Le fric, la monnaie, l’oseille... comme objet totémique, comme but ultime... Et bien justement ce ticket là chez Dany Boyle n'est qu'un prétexte. Comment disait Hitchcock déjà ?... à propos de ce truc qui fait courir le spectateur d'un bout à l'autre de l'intrigue et en fait, rien ! "Un Mc Guffin"... Le type s'est fait avoir du début à la fin sur le coup de ses propres fantasmes, toutes ses craintes du moment. C'est comme dans "Slumdog". On croit bien sûr d'emblée à cette histoire un peu mièvre, binaire et vue mille fois d'un gamin des banlieues qui tire le magot et on se retrouve avec "Les bas fonds" sous le nez Les bas fonds dans sa version d'élite ; du cinéma intégral, « cinématique »... à l’échelle planétaire ; une fresque considérable. En parlant de cinéma japonais, d'ailleurs, je pensais... Akira Kurosawa est-il un collabo ? Un cinéma « trop occidentalisé » disent les critiques nippones... Et en revenant juste un instant sur le sujet du mercure, oui, à quelle température le cinabre s’évapore-t’il dans l’azur incessant ? Non, décidément non... Comme le dit mon ami plasticien Jean-pierre Sergent, la culture française ne sait seulement voir qu'en lisant. Et dieu sait que j'aime lire pourtant, mais grand dieu, non ! pas au cinéma. Dommage alors que cette culture française en soit restée au bon "Goût des autres" Non ?... un truc franco-français sombre et bavard, mal filmé, je veux dire seulement enregistré, pas filmé du tout. « Cinématiquement » dépourvu d’aucun de sens. Du texte, rien que du texte... (les gens, chez nous, en France... je veux dire les vrais critiques français adorent, que voulez-vous que je vous dise ?!...) Une épaisse illusion dans les sables endormis d'une belle plage parisienne. Sans commentaire. Slumdog millionaire... Un type, un pauv’ type qui repart avec le magot, Trop beau pour être vrai ! mais ça n’a vraiment, vraiment aucun intérêt. Un beau film, juste un beau film. Le film de l'année... sans aucun doute possible !
Tony™




lundi 23 février 2009

L'ATELIER DE JULES™ / VI



Une gamme d'entrée dans les verts. Disons une certaine propriété du vert à épouser la couleur des ombres dans une mesure stricte. Je pensais à ce vert qui n'exige rien, une équilibre parfait sur le plan chromatique j'entends.



TALONS AIGUILLES ET LEUR OMBRE VERTE


PHOTOGRAPHIE ARGENTIQUE / ©JL GANTNER 2006



LE COUP DE CHAUD / V



(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-5-



Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de la distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.


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CHAPITRE 4

LA COTE 1047-581
(Son drôle d'étang et son micro climat)



Lorsque Jules referme la portière de son véhicule de fonction banalisé, l’orage est alors parfaitement accroché au-dessus de sa tête. Jules vérifie encore une fois ses notes au crayon sur la carte au 25000e, boucle sa ceinture, ajuste son rétroviseur et démarre.

La cote 1047-581 de la série bleue IGN N° 2818O est constituée par la pointe supérieure d’un étang marécageux long de 350m environ et large du tiers, culminant très précisément à une altitude de 149m au-dessus du niveau de la mer. Le Grand étang de Palluau n’est accessible qu’après 1200m d’une route irrégulièrement entretenue mais bien marquée, traversant le bois du grand Palluau depuis le village des Vendues l’Évêque sur la D166 en direction de Chaource.

Depuis l’embranchement de la D116 et de la route bien marquée sur laquelle le fonctionnaire s’était engagé avec toute la prudence qui le caractérisait, l’averse a redoublé. S’inquiétant de la consistance douteuse du sol qui commence à se dérober sous ses roues, Jules Chaumont juge donc plutôt raisonnable de garer son véhicule sur le bas-côté et de poursuivre à pied. Il est presque midi et la pluie n’a pas cessé.

La cote 1047-581 ne traduit rien de particulier qui trancherait avec le décor —environ deux cents kilomètres carrés de feuillus — à peu près identique entre la cote 5335 au nord et 5327 au sud selon le quadrillage kilométrique Mercator Transverse Universel Fuseau 31.

Jules eut très jeune cette aptitude enviée par ses camarades de classe, à se représenter le monde sous les formes les plus diverses de l’abstraction arithmétique. Un monde traduit en ensembles et sous-ensembles d’estimations comptables à étaler au propre sur du beau papier quadrillé. Une prédisposition, un don !... qui masquait en réalité une tare réellement funeste, celle de n’avoir aucun sens des travaux pratiques. Une « difformité » dont il pouvait chaque jour mesurer qu’elle s’aggravait à force de ne jamais rien accomplir de concret sur le terrain, sexuellement surtout. Un exercice qui réclamait « prise de risque et dépassement de soi ». Tout ce que Jules Chaumont détestât de la nature humaine. Un désagrément auquel il convint aussi de rajouter cette certitude d’être mieux né que n’importe qui, dans le dessein du commandement. Une capacité toute naturelle à enjoindre, à exiger... Une disposition innée pour l’ordre et la contrainte.

C’était, relativement conscient de ce vice de forme qui incombait à sa nature singulière, qu’il avait très vite et judicieusement dirigé sa carrière professionnelle vers des postes à responsabilités. (C’est-à-dire que Jules et son assurance de terminer au moins secrétaire d’état au planning de la brigade départementale foncière chargée du cadastre… s’estimât toujours mieux rompu à dire ce qu’il fallait faire qu’à réellement réussir à le faire lui-même). Le signe indiscutable s’il en fût besoin… de sa supériorité sur les autres. Une propriété qui lui valait chaque année, son avancement régulier, au sein de l’entreprise publique des mesures foncières.

Empêtré dans ses pensées d’une règle de Pythagore appliquée en forme des seins tout à fait désirables de Vanessa, multiplié par une somme infinie de possibilités qu’il aurait de ne jamais trouver le moyen de coucher avec elle, le type est maintenant tout à fait perdu, paumé au milieu du terreau détrempé de la forêt de Chaource. Un vrai « paumage » en règle. Le « pommmage » de chez Madame Pommery™ (une cuvée Louise 1998 à 120 euros l’étiquette. Le must de la maison champenoise). Et à ce prix là, il fallait tout de même pas déconner non plus ! Jules, en train de se fourvoyer complètement, entre une possibilité bien mince de vivre sa première véritable aventure amoureuse avec une secrétaire intérimaire, et le prix un peu fort que ça risquerait de lui coûter pour conclure avec elle.

Un certain laps de temps passe encore, avant qu’il ne commence de considérer sa véritable position dans l’espace. « Un type, pathétique géographe, qui ne serait pas moins avancé, seul à la dérive au-dessus de la grande dorsale indo-antartique, en essayant de s’y retrouver sur l’emplacement exact d’une cité bretonne engloutie dans les profondeurs du triangle des Bermudes ».

Cette dernière considération flanqua la trouille au fonctionnaire qui fit un signe de croix à l’adresse du grand ordre du monde, et dans un mouvement de recul, manqua d’écrabouiller un énorme champignon tout rouge. (Oui, Jules aurait trouvé ça dégueulasse !…) Le rouge l’énervait, et je vous assure qu’il fût tout à fait préférable que Jules ne s’étende en aucune manière sur le sujet d’une couleur vive un peu criarde. Cette saloperie de rouge, et qu’on y revienne plus !

Au lieu-dit du bois de Palluau, la pluie n’avait pas cessé, bien au contraire. Elle enflait, déferlait, cascadait d’un arbre à l’autre, comme l’incendie se propage de branche en branche en mille réseaux nerveux... « Toute cette pluie... » Jules Chaumont songea alors à son père. Par analogie sûrement ! avec cette perturbation qui lui battait le visage depuis plusieurs minutes. Son père, qui raffolait des orages, des bourrasques. Un vrai baromètre lorsqu’il s’agissait d’annoncer le mauvais temps, un vrai temps de merde...
Son père... Allez comprendre !... Jules vous aurait dit que Tony prenait l’eau, oui, comme d’autres pouvaient avoir envie de prendre l’air. Le genre de type légèrement fabriqué à l’envers si vous voyez ce que je veux dire. Le genre d’abruti qui profitait des jours d’intempéries pour sortir ; des aberrations climatiques, pour déverser à son môme ses torrents d’idées toutes faites sur les cycles lunaires ; l’objet humide et poisseux d’un joyeux bordel familial... Auprès de lui, Jules s’enhardissait de formules ésotériques qu’il répétait inlassablement ensuite à sa mère dépitée et blasée. Des locutions pleines d’esprit comme par exemple : « Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors ; il fait un froid de canard ; Le diable bat sa femme et marie sa fille… Des proverbes plutôt brillants comme : Ciel pommelé et femme fardée ne sont pas de longue durée ; Noël au balcon, Pâques au tison »... Le mioche, à la manière d’un petit phénomène surdoué, balançait ensuite ces slogans à tout va. Des dictons auxquels il ne comprenait rien, mais qu’il prenait à son âge pour des formules magiques ; des recettes linguistiques occultes qui préservaient le monde des aléas, de la malchance, des calamités et de la mauvaise fortune. Tout ce qui pourrissait la vie des Chaumont depuis leur mariage.

Autant qu’il pouvait s’en souvenir, mais l’image était floue à cause du voile de brume qui accompagne presque toujours la pluie en été ! son père avait toujours vécu sous cette forme singulière d’une contradiction à la raison générale, détestant les anticyclones bien accrochés au-dessus de l’Est de la France parce qu’ils l’empêcheraient à coup sûr de sortir pour traîner son fils dans les flaques... détestant surtout... les surplus de lumière naturelle... les lieux publics fortement éclairés ; tout ce que les gens allumaient un peu vite pour se débarrasser des trous noirs et du vide sidéral, les contre-feux au soleil couchant. Tout ce que l’humanité se chargeait d’incendier de la couleur tragique des errances et du temps maussade qui reviendrait, « parce que ce putain temps de merde trouve toujours le moyen de revenir ! » Tout ce combustible foutu en l’air pour rien et qui dégueulassait tout. Un type qui ne s’était jamais totalement désintéressé du vrai sens commun, mais seulement pour avoir toujours cherché à lui opposer ses propres contradictions. Non que ce type-là ne se fût tout à fait passionné pour rien ! (la démonstration de son intérêt pour les choses du ciel, les contrastes thermiques et les perturbations saisonnières établissait toute la preuve du contraire) mais plus précisément, Tony n’eut jamais pour personne, la moindre propension à établir cette matière d’un lien social et garante d’une quelconque attache communautaire, familiale ou même seulement amicale. Le genre de sale individualiste, indifférent à tout ce qui n’aurait pas su l’atteindre directement. Un type et son caractère exécrable, mais passons !

Lorsqu’on l’avait interrogée, son épouse n’avait pas su quoi répondre exactement. Elle dût encore expliquer aux enquêteurs, comment « le comportement de Tony avait beaucoup changé à la fin ». Marie était restée évasive, sûre de rien, mais s’était tout de même rappelé que « Tony semblait avoir trouvé d’un coup, cette forme de calme, c’est ça ! une brusque inclinaison au bien-être pour des choses aussi sommaires que les changements de température ou les variations climatiques ». « Une plante verte ! » aurait sûrement dit Vanessa ! mais qui se serait aussi mêlée de ce qui ne la regardait pas. Marie, se souvînt s’être d’abord et forcément réjouie de la transformation de son mari, quelques jours seulement... avant de devoir très vite une nouvelle fois déchanter.

Ils s’étaient rencontrés au « Citizen Kane ». Elle avait vingt ans, lui, un désir sexuel. Marie était tombée amoureuse de lui au premier regard(X). À cause de ses yeux bleus et de son air timide. Sa façon rentrée de toujours essayer de dire ce qu’il pensait et ses cheveux bruns plutôt clairs. Son côté ténébreux et solide malgré sa petite taille. Bon, oui, sa taille un peu en dessous de la moyenne, mais à force... elle se disait qu’elle n’y penserait plus.

-X- Formule littéraire usée, vieillotte, voir franchement miteuse pour définir l’idée d’un début d’histoire d’amour banale. Prémices amoureux et sans réel intérêt, dont l’auteur souhaitait se débarrasser au plus vite.

Quelques verres de Crieck™ bécasse à la cerise plus tard, et la sottise d’un baiser enflammé(X). Plus rien ne manquait plus à la combustion de ses deux matières fissibles dans le temps et les emmerdes quotidiennes en commençant par l’excrétion miraculeuse du plaisir accompli, digéré puis régurgité en forme de projet d’avenir un peu encombrant. Un certain Jules Chaumont (3,2kg), tout le portrait de son père.

-X- L’auteur... insiste. Qu’on veuille bien encore une fois lui pardonner ses excès, son goût immodéré pour la facilité. Les eaux blêmes d’une certaine complaisance avec les commodités de la langue française lorsqu’elle est amoureuse.

Tout avait donc commencé comme ça. Un ouvrier plutôt « polyvalent » dans le domaine du bâtiment et les couches du mioche à régler en fin de mois. Tony voulait refaire le monde à son image... mais son image n’était déjà plus belle à voir... le soir surtout ! très tard, lorsque le bistrot fermait. chez « Kane », où le julot avait encore ses habitude, lui et ses potes de chantiers.
Avec Marie, ils s’étaient installés rue Michelet, dans un appartement plus grand pour faire de la place au petit. Un immeuble en béton précontraint dans un quartier modeste, mais complètement rénové. Une entrée secondaire donnait au rez-de-chaussée sur la rue du commissariat, l’entrée mais également la fenêtre de leur chambre. L’unique fenêtre de l’appartement au dernier étage sous le grenier. C’est à ce moment-là que la jeune femme s’était mise à fréquenter Antoine.

Antoine Conte de Beauregard, « Conte » par son père, et « Beauregard » du côté de sa mère. Photographe reporter spécialisé dans l’exploration des cimes, la conquête des hauts sommets. Plutôt réputé jusqu’ici pour des cadrages serrés, ses close-up de jeunes filles en petite tenue débraillée. Son modèle : Barry Bishop, rédacteur et photographe du National Géographic, amputé de tous ses orteils au cours de l’expédition américaine victorieuse à l’Everest(X) le 22 mai 1963.

-X- De son nom d’origine « Peak XV » alt. 8848m (la dernière mesure connue à ce jour) rebaptisé « Everest » en 1865 par le bureau des Indes du service trigonométrique et géodésique de la couronne britannique, pour honorer la mémoire de sir Georges Everest, un des pionniers de la cartographie du sous-continent indien.

Une simple incartade pour commencer. Un simple flirt. Jusqu’à ce que l’aventure finisse un jour par dégénérer en affaire sérieuse, au moins pour Marie. Quelques rendez-vous avaient suffi pour que la jeune mariée ne puisse plus se passer de son photographe. Accrochée à son reporter comme de la craie broyée sur une ardoise (le résultat d’une loi universelle de l’attraction des corps plutôt désagréable à entendre et surtout pour Tony !) Mais Marie n’en avait vraiment rien à foutre ! Ni des lois universelles dessinées à la craie, ni des codes de procédures civiles qui encadraient encore la vie de couple au sein de l’institution du mariage.

L’année 68 défilait, le printemps, la fête à Paris, la libération sexuelle... Antoine était parti tenter sa chance dans les manifs pour essayer de vendre quelques photos dans la grande presse ; la Sorbonne et l’École de médecine avec un appareil flambant neuf comme celui de Robert Capa flingué en Indo. Celui de Cartier-Bresson qui depuis, avait décidé de se mettre au dessin. Un « Leica » équipé d’un trente-cinq, pour accentuer les effets de surprise des compagnies mobiles en contre-plongée. Prague aussi. Puis Août déjà. La fin du bal entre la Tchécoslovaquie et les troupes du pacte de Varsovie. Ses premières publications dans la presse d’opinion, son premier C.B. imprimé au pied d’un cliché.

Un an plus tard. Le jour exact du vingt-cinquième anniversaire de Marie. Ce 21 juillet 1969. À 3 heures 56 du matin, la mission Apollo 11 venait d’accomplir le plus vieux rêve de l’humanité : S’extirper enfin de son enveloppe maternelle à la conquête de l’espace infini, en commençant par se rendre chez sa voisine la plus proche. Au mois d’Août de la même année, 400 000 hippies et leurs idées anticonformistes se rejoindraient à Woodstock petite île proche de New-York (états-Unis) pour écouter de la musique rock, fumer de la Marijuana, s’aimer... Décidément ! se promettre la lune, eux(X) aussi ! et râler contre la politique américaine au Vietnam.

-X- Une génération couramment surnommée post-soixantehuitarde se dégagerait spontanément des évènements de cette année de fête, d’amour et de liberté d’opinion. Ceux-là même qui trente ans plus tard donneraient des leçons de morale à tout le monde en applaudissant la police ; réclameraient un contrôle plus sévère de l’immigration ; laisseraient crever les pays du sud en leur balançant même des bombes sur la gueule pour qu’ils évitent de l’ouvrir trop fort. Une génération qui n’aurait jamais rien à dire sur l’abattage systématique des forêts équatoriales, boréales... et tutti quanti des cargaisons de bois précieux ratissés pour s’en faire des meubles de jardin. Une génération qui ne prendrait jamais le temps de s’inquiéter des conséquences pour le monde, d’adorer poser son cul sur ce genre d’ameublement étanche, à savoir : Provoquer l’extinction de la moitié des espèces de plantes et d’animaux sur terre et dans les plus brefs délais. Une génération de vacanciers au corps badigeonné d’ambre solaire et qui éplucherait les récifs coralliens pour s’en faire des souvenirs un peu moches ! Ceux-là mêmes qui viendraient les premiers déballer leur bordel intime sur des programmes de télévision de leur propre invention. Une génération affalée devant son poste pour s’empêcher de penser. Tous ceux qui finiraient par acheter des chiens pour les faire chier sur les trottoirs ou pour bouffer les gosses des voisins. Des gros, pour faire peur aux noirs ou aux coureurs cyclistes. Une génération qui ne voudrait plus payer d’impôts, mais qui réclamerait le service minimum dans les transports publics. Tous ceux qui aurait un peu égaré leur carte d’électeur où qui réussiraient à la refiler en douce à Le pen. Tous ceux qui n’en pensaient pas moins et qui ne valaient pas mieux !

L’année de la tentative de suicide de Marie Chaumont.



(À SUIVRE)






dimanche 22 février 2009

L'ATELIER DE JULES™ / V





L'HUILE ROSE


HUILE SUR TOILE 50X70cm




samedi 21 février 2009

LE COUP DE CHAUD / IV



(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-4-



Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.


(PUBLICITÉ)



CHAPITRE 3
DU BESOIN DES CADRES (SUITE ET FIN)

.../Ce cinéphile de Jules Chaumont, qui n’allait jamais au cinéma à cause du noir et de la promiscuité, mais lisait à peu près tout ce qui s’y rapportait d’un peu théorique et susceptible d’un classement dans ses registres bien soignés... retint tout de même cette date funeste de 1933, celle de la sortie en salle du King Kong réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack... L’année ou le cinéma commença à savoir fabriquer des monstres affreux pour faire peur à tout le monde et nous les feraient payer de plus en plus cher à l’entrée… Où comme le disait Godard... « mais Godard avait dit tellement de choses déjà ! »

Bref, au jeu des colonnes et des croix ! Jules Chaumont était le chef, et rien ni personne sur son terrain de prédilection n’aurait su ou même seulement oser tenter de lui damer le pion. Une réputation de joueur, international. Le J. Edgar Hoover de la répartition des tâches. Peut-être un jour, reconnaîtrait-on d’ailleurs en haut lieu les véritables capacités du cadre émérite de la brigade départementale foncière troyenne, au point que le dénommé Chaumont finirait un jour secrétaire d’état de la planification générale ou même ministre. Oui, qui sait ? Jules y pensait quelquefois, qui inscrivait ses états d’âme sur les pages réservées aux notes personnelles à la fin de son agenda. Les jours de pluie surtout ! ces jours pisseux d’un crachin en plein été qu’ils détestaient par-dessus tout. Ces putains de saloperies de jours poisseux qui foutaient en l’air l’hygrométrie intérieure des bureaux et dégueulassait le hall d’entrée.

Emprunté aux lois classiques du 7e art, à la dramaturgie de la forme filmique dans le constructivisme russe et en particulier chez Eisenstein... le raisonnement du chef de service était des plus simples : Un conflit permanent à régler. Une arithmétique du mouvement à circonscrire dans la limite de la fluidité cinématographique spécifique aux bandes muettes, et ça ne s’arrangeait vraiment pas avec le temps. À vrai dire, toute une manière de se foutre les syndicats à dos. Le contre champ de la belle façon de penser « chaumontaise ». Oui, la perspective d’un conflit authentique. Une véritable machine de guerre dressée contre les idées à la con du grand maître des croix du septième.

Chaumont et son sens étriqué de la cinétique appliqué aux rapports humains. Jules le cinétriqué par son père (ou ce qu’il restât encore de son estomac déglingué les derniers jours de sa vie !) Jules Chaumont, sa grammaire des relations humaines qui ne se conjuguait qu’à la forme jusqu’au-boutiste de ses principes de cinéma un peu étroits.

Où il n’est certainement pas inutile de revoir la scène (Séquence 14 à 21) — restée célèbre — du grand escalier d’Odessa dans « Le cuirassé Potemkine » en alternance avec les résonnements de Jules Chaumont.

D’une rigueur tout autant déterminée, Jules collectionnait les moindres détails sur l’histoire de la pornographie portée au grand écran, son développement plus tard à la télévision, sur le marché de la vidéo et celui du DVD ensuite… Une multitude de points de vue. Une analyse critique très assidue qu’il pratiquait le soir après le boulot et surtout ses week-ends parce qu’il n’aimait pas la campagne et qu’il avait horreur de sortir par ces temps de chiottes si fréquents dans la région.

Eisenstein, le cinéma muet, la pornographie...
Jules en avait donc tirer à la règle quelques conclusions parfaitement calibrées sur un tableau prévisionnel de sa marque. Des signes distinctifs pour toutes les catégories de personnels et dessinés sur la base d’une croix de St AndréX, chacune parée d’une couleur de référence plutôt pratique à comprendre. Le bleu pour ceux qui pointaient tous les jours à l’heure et quelque soit le temps pourri prévu pour la journée, et puis les rouges (Tous ceux qui n’avaient pas de quoi s’acheter une montre, ceux qui ne couraient jamais assez vite pour attraper leur bus, les trotskistes (Jules prononçait : les trot-x-kistes), les tire-au-flanc, les emmerdeurs de tout poils...)

-X- crux decussata.
Du mot latin crux, pouvant désigner « l’objet du supplice » (pal, potence ou gibet). Pour le Robert, le mot peut également prendre le sens de « torture morale ».


Vanessa ne s’était toujours pas inquiétée de la moue raide et freinée de son chef de service. La jeune femme fit encore deux ou trois choses machinalement sans même s’apercevoir de sa présence, comme continuer de mâcher un morceau de chewing-gum aux fruits commencé la veille en agitant la tête sur le rythme des Pink Floyd, ou tenter d’essuyer toute la transpiration qui coulait sur son fauteuil en plastique à l’aide du revers de sa robe en dentelles presque entièrement déboutonnée. C’est seulement lorsqu’elle s’aperçut de l’ombre portée en train de dévaler de son épaule pour se répandre sur le clavier de son PC, qu’elle redressa la tête d’un coup. « Oh le con ! ». « Pardonnez-moi, je voulais juste dire, Excusez-moi Monsieur Chaumont. Je... À vrai dire, vous m’avez fait une de ces trouilles ! »

« Ces seins... » Jules se prit des paquets de poitrines féminines en pleine figure en commençant par ceux d’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi à Rome, La scène culte de la Dolce Vita, mais préféra tout de suite un plan de Margaret Livingston se recoiffant à la hâte dans une scène de L’Aurore... « Quelque chose qui voue ennuie Monsieur Chaumont ? »

« Non, tout est vraiment parfait » sa nuque brûlée, ses cheveux en cascade sur sa nuque sculptée, ses lèvres assorties à ses grands yeux d’ambre, ses gestes élastiques, son brin d’insolence, l’air oppressant, les gouttes de sueur crevées, la vapeur chaude dilatée en motifs aléatoires sur sa robe. « Je pensais juste... » Le type eut un mal de chien à terminer sa phrase jusqu’au bout... « Vous pouvez m’appeler Jules si vous préférez ». C’était, pensait-il, la moindre des politesses à rendre à cette petite garce, cette petite allumeuse qui avait commencé par foutre en l’air toute sa concentration depuis le début de la matinée. La moindre des choses ! » « Jules... » répondit seulement la pin-up avec des yeux de bonbons écarquillés.

Satisfait et tout à fait rassuré par cette faculté « innée » qu’il vérifiait une fois de plus à prendre les décisions qui s’imposaient ; un pli de contentement s’imprima au coin de ses lèvres moites et toutes recroquevillées. Un sacré connard ! abandonna encore en souriant Vanessa qui s’était replongée dans la lecture de son traité conceptuel de géométrie sociale, et concentrée sur les accords majeurs des Pink floyd- Goodbye blue sky -

Vanessa relut :
Ainsi l’homme dévore l’apesanteur et finit toujours par s’effondrer sous son propre poids. L’homme se rempli, oui par trouille ! il « se comble », fait le plein... se rassasie jusqu’à déborder. Cet homme qui comble le vide comme il remplit les fosses septiques. De sorte que nos sociétés modernes à ce point gavées dans l’assurance de leur cadre protecteur infaillible, L’homme moderne à ce point bouffi de murs d’enceinte, de fortifications parfaites, s’assurent en vérité... les conditions d’un échec pitoyable à se comprendre eux-mêmes pour réussir à se sortir de la merde sans l’aide de personne. Une véritable crise d’intestins, un mal de bide permanent.

Et s’il osait, aujourd’hui, Jules Chaumont ! Si pour une fois il se laissait aller avec cette petite intérimaire qui n’attendait que ça ?… L’idée lui traversa l’esprit comme un grand vide.

Bulletin météo pour la journée du 21 juillet...

Goodbye blue sky - Temps chaud et déjà lourd le matin - Did, did, did, did, you see the frightened ones.Did you hear the falling bombs. Did you ever wonder -Le puissant anticyclone centré sur l’Europe s’affaisse devant une dépression - why we had to run for shelter. when the promise of a brave new world - permettant l’arrivée des perturbations atlantiques qui apporteront beaucoup de nuages et d’abondantes précipitations. Ce front pluvieux laissera toutefois la place au retour rapide des hautes pressions - unfouled beneath a clear blue sky – De grosses chaleurs encore à venir - ooooooooooooooooooooooh

Written by Roger Waters © 1994 Pink Floyd LTD



(À SUIVRE)





vendredi 20 février 2009

LE PANOPTIQUE DE NÉON™ / 4



LE "PANOPTIQUE" PERSISTE DANS LE JOURNAL DE NÉON™. UNE RUBRIQUE RÉGULIÈRE POUR DÉNICHER DES RÉFLEXIONS, DES MORCEAUX D'ESPRITS... UNE SORTE D'ANTIMANUEL RÉCURENT DES PIPE-LINE DE LA PENSÉE DIRIGÉE.



"Nous vivons à l’âge moderne, l’usure de la tradition, la crise de la culture" Hanna Arendt.



PHOTOMOBILE™/ JL GANTNER - N°219


NICOLAS SARKOZY ET LA PRINCESSE DE CLÈVES
(À PROPOS DE LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT)


Nicolas Sarkozy... (et je m’étais pourtant juré de ne jamais parler de lui ici. A quoi bon ? puisque tout le monde y va de sa petite phrase, des journaux entiers, des dizaines de milliers de pages sur la toile, la totalité des écrans hertziens... Une véritable calamité intellectuelle ! ) Mais bon, puisqu’il paraît qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis.

« L'autre jour, dit le président des français. « je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves. La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »

Et puis tiens ! pour rester sur le terrain de cette « culture » dédaignée, bringuebalée, dénigrée, mise au ban (« la culture »... et même si le mot a relativement tendance à faire sourire aujourd’hui ! Ou comme le dit Chabrol : Quand j’entends le mot culture, je sors ma sucette.) cette drôle de mode consistant à tout rejeter de quelques hauteurs autrefois prospères en cette matière d’un savoir essentiel et pour le bien de leurs propre comptes. Car finalement, est-ce bien tout de même de cela dont il s’agit ! Cette sorte de culture dont nul ne sait plus finalement de quoi nous continuons de parler dans l’agitation permanente de l’esprit de supermarchés... C’était hier ou cette nuit. Je relisais ce passage de Hannah Arendt (merde, encore une de ces juives !) : Chaque génération, écrit-elle. Oui « Chaque génération nouvelle doit redécouvrir laborieusement l’activité de pensée. Longtemps pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons à l’âge moderne, l’usure de la tradition, la crise de la culture ».

Et puis je tenais aussi à vous faire cet aveu — pour réconforter tout le monde — qu’à l’adresse du Journal de Néon™, personne n’est... universitaire ! Ni maître, ni aucun professeur pour faire « la leçon » à personne, nul enseignant d’aucune sorte, ni chercheur « marxiste-léniniste »... pour exprimer les bruits de fond d’une « élite intellectuelle française en pleine débâcle ». Mais qu’ici, malgré tout, comme en beaucoup d’autres endroits du simple peuple, de la foule éloignée des châteaux, Une certaine Princesse de Clèves dont notre cher président aurait eu, dit-il, « pas mal à souffrir »... m’aura pour ma part et pour quelques-uns de mes amis de cette France profonde et un peu triste dont nous avons un peu réussi à nous arrachés (un tout petit peu grâce à eux)... aidé en tant que cette formidable langue de Madame de Lafayette a su nous convaincre d’une certaine beauté des choses, une certaine esthétique dans l’opération du bavardage et de la correspondance entre nous. Tout ce qui nous a permis de poursuivre notre périple vers un peu de lumière possible plutôt que de finir derrière un sombre guichet. Guichetier, « guichetière » Oui... « Imaginez un peu le spectacle ! » Monsieur le président, de ceux qui sont toujours derrière, pendant que tout se joue devant, mais toujours sans eux. Oui, imaginez un monde meilleur, un monde moderne... dont vous nous promettez le bonheur imminent. Un monde disons, d’avant 1968... un monde d’avant les premiers crash test de l’économie mondiale, un monde... disons, d'avant le cinéma moderne, un monde d'avant le premier voyage sur la lune, ce monde d'avant la fin de la guerre du Viêt Nam... un monde où l’on était guichetier de père en fils. Je parle de mon père, de ma mère, de mes grands-parents... de tous ceux qui finalement, et loin des seigneurs, des princes et des princesses, loin de « l'ornement » de la grande cour de France qui justifiât longtemps son admiration, auraient certainement adoré savoir lire et écrire un peu de cette langue là pour vous répondre la honte qui s'abat sur votre vertu.
Néon™



jeudi 19 février 2009

L'APPEL DE LA SORBONNE



RÉACTION


"L'APPEL DE LA SORBONNE"
ET DE 12 PRÉSIDENTS D'UNIVERSITÉS FRANÇAISES FACE AU PROGRAMME DE RÉFORMES EN COURS.
9 février 2009

Le discours de Georges Molinié (président de Paris IV) à la tribune de l'amphithéâtre Richelieu. Un président très énervé, mais déterminé pour "sauver" l'enseignement public français face aux programme de réformes qu'il juge "totalement inacceptable. Des réformes bidons, mais calamiteuses".
"Je maintiens", dit Georges Molinié, "que ce programme est une farce et du mépris de la part du ministère". Il n'y a eu aucune écoute, aucun contact avec la réalité de ce que nous représentons.
Ce ne sont pas des erreurs, du bling, bling par hasard... mais un programme politique! Le plus grand coup porté à l'enseignement public depuis Vichy".

"Nous en avons surtout assez de la désinformation dans presque tous les médias télécommandés. Non nous ne sommes pas contre toutes réformes, non nous n'idéalisons pas le passé ni l'actuel, non, nous ne sommes pas une bande de vieux cons réactionnaires, de gauchistes gâteux fainéants ou nuls. ce qu'on dit qu'on est !"

Pour finir, les 12 présidents signataires de l'appel, réclament le minimum d'un moratoire en préalable de toute nouvelle discussion.







Après trois semaines de mobilisation, les facs descendent à nouveau dans la rue ce jeudi 19 février. Ils réclament toujours : Le retrait des réformes du statut des enseignants-chercheurs et de la formation des enseignants, le rétablissement des postes supprimés dans le supérieur et le refus du démantèlement des grands organismes de recherche. Entre 43 000 et 100 000 personnes selon les sources, avaient défilé dans toutes les villes de France le 10 février dernier. (source AFP)


Une analyse (dans l'édition du Monde du 18/02/09)
Les présidents d'université lâchent l'exécutif (Le Echos du 13/02/09)


mercredi 18 février 2009

NÉON™ RÉPOND À "VOLTAIRE"



COURRIER


LETTRE À UN ABONNÉ AU RÉSEAU VOLTAIRE ET COMMENTATEUR ASSISU DU JOURNAL DE NÉON™. (QU'IL EN SOIT AUSSI REMERCIER PAR AVANCE DE CE QUI SUIT)


Quoi ? Un ami m’apprend que « l’Idiot » est de retour dans les fenêtres de commentaires du Journal de Néon (voir l'article NÉON™ PARLE DE SON KEFFIEH)... Chouette ! Encore de bien bonnes lectures en perspective. Que le meilleur ! L’huile essentielle du monde sensible. La liqueur des liqueurs médiatico-anarcho-agréssives, portée à son degré d’ébullition tragique dans la couleur inquiétante d’un rouge-brun assez moche. « Le réseau Voltaire » Celui de Thierry Meyssan (il ne manquait plus que lui !) aux commandes d’une piètre machine de guerre journalistico-dépressive complètement détraquée depuis que Sollers et Bourdieu ont décidé de quitter le navire de leur plein gré avec tous ceux qui les ont suivi depuis. À cette première embarcation des années quatre-vingt dix, et pleine de bonnes intentions contre le retour de l’ordre moral en Europe et ailleurs — un réseau d’esprit... — succède aujourd’hui un « Voltaire » aux ordres d’une manigance interalliénés représenté par son capitaine archi mythomane Thierry Meyssan, un maçon girondin (ce qui n’est pas forcément une tare, à part pour les maçons eux-mêmes qui auraient fait n’importe quoi pour s’en débarrasser plus tôt !) Thierry Meyssan... Son ami le brillantissime Claude Karnoouh, oui, le révisionniste et négationniste Claude Karnoouh qui avait rejoint le commandant du bateau ivre. Et puis Alain de Benoist de la nouvelle droite de 2005 (l’ivre droite)... comme il en fut déjà dans celle des années 70 et comme collaborateur du mouvement Europe-action quelques années plus tôt. Jack Naffair ou Paul Labarique ou quelque pseudo que vous voulez. Un véritable nid d’alchimistes à dix balles. Qu’ils aillent tous cuire en enfer ! Oh !!! Jean Edern... Sais-tu que tu finiras même un jour par nous manquer ? Qui aurait pu croire ça ?!



François Marie Arouet, dit Voltaire, 1694-1778, écrivain et philosophe français.


Le réseau Voltaire... si vous avez les moyens de perdre votre temps avec ce genre de pensée unique contestataire et revancharde. Une bande d’individualistes haineux, jaloux et sacrément fouteurs de merde. Si vous avez la chance, oui, de disposer d’assez de temps libre (un bon petit boulot tranquille et pas trop mal payé)... sans savoir qu’en faire, au lieu de relire Baudelaire en voyageant vraiment. Baudelaire un « non aligné » lui aussi, mais par la voix de la belle âme, de l’âme pure de l’écrivain qui se livre à ses lecteurs en plein jour et en raclant jusqu’à ses dernières miettes d’altruisme. Baudelaire, qui s’adressait justement à ses lecteurs en préambule des « Fleurs du mal » le 1er juin 1855 en ces termes :


La sottise, l’erreur, le pêché, la lésine
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.


Mais alors, que cet « Idiot » comme il se désigne sans autre référence... (et tout à l’opposé du célèbre personnage de Dostoïevski !) veuille bien sortir de l’ombre un peu sale où il se taire pour hurler avec la meute, la charogne ! Qu’il ose, oui, par la vraie valeur de sa plume, enfin montrer son visage cambré par la spirale infernale de la vindicte et des histoires d’amour perdues. Toute la couleur du monde qui le quitte, son horizon détraqué par la colère et le ressentiment.

Enfin, quant à ce Monsieur Voltaire qu’on agite un peu partout à loisir de quelques morceaux de ficelles philosophiques bricolées à bon compte... Voltaire, que je me permette un court instant de vous l’emprunter à mon tour et songeant à Candide. « l’ennui, le vice et le besoin ». Voilà les trois maux les pires de l’humanité.

À mon hypocrite lecteur, — pour emprunter une dernière fois les vers de Baudelaire — mon semblable, — mon frère !

Néon™



PHOTOMOBILE™ - 196



LES PHOTOMOBILES DE JL GANTNER/PLASTICIEN

(Des images réalisées à partir de son téléphone portable, ses communications régulièrement mises "en ligne". Tout un commerce d'échange et totalement inutile de libres transports avec un vrai mobile d'une bonne marque™ collée sur l'écran. "De l'art moderne" pour ceux qui en douterait, comme on dit aussi "De l'électronique embarquée" ou "De la pression dans un pipe line" ).

JL Gantner est plasticien (journaliste/plasticien)... dans le sens d'un artiste qui préfère pratiquer l'information sur le mode de la digression.... aux trous de taupinières des sociétés de contrôle et du régime des entreprises. Tous les milieux d'enfermement préconçus et l'asservissement aux méthodes du brouillard givrant.



"BLEU KLEIN"




PHOTOMOBILE N°196 FEMME VOILÉE SUR IKB /JL GANTNER 2007
Message envoyé du centre Pompidou. Paris-France
3 février 2007 à 13H18 GMT




Yves Klein considérait la couleur comme une force spirituelle, un élément de la matière hautement symbolique. D’abord en limitant sa palette à trois tons, il met ensuite au point le fameux bleu « IKB » pour « International Klein Blue », (V14, acétone, pigment d'outremer).




LES PHOTOMOBILES™ DE JL GANTNER SONT VISIBLES À LA GALERIE LA PRÉDELLE À BESANCON






mardi 17 février 2009

LE COUP DE CHAUD / III



(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-3-



(PUBLICITÉ)



CHAPITRE 3
DU BESOIN DE CADRES

(Et du vide qui risquerait un jour de tout emporter !)



Jules, cadre salarié de la fonction publique à la direction départementale du cadastre dans le département de l’Aube. Auquel il faut d’emblée commencer de rajouter Vanessa pour tenter de se faire une idée d’ensemble du tableau final. Une toute jeune secrétaire pour laquelle Jules éprouve depuis plusieurs mois quelques sentiments « honteux ».

Nous sommes le 21 juillet vers la fin de la matinée.

Recroquevillée au fond d’un fauteuil de travail ergonomique équipé d’un système de basculement, à vis, mais qui ne fonctionne plus depuis longtemps… Vanessa tente pour la seconde fois de la matinée de se lever pour se rafraîchir la figure au lavabo. Pour la seconde fois, elle hésite encore et se dit finalement que ce serait encore pire après ! Pour la seconde fois... Vanessa replonge alors dans la lecture d’une sorte de traité des formes appliquées à la géographie sociale, une poésie écrite sur le ton un peu naïf d’une rédaction de troisième. La possibilité d’un journal intime, un carnet d’artiste un peu abscond. Des notes manuscrites sur un simple cahier d’écolier (le cahier rouge à spirale). Mais Vanessa a chaud et ne songe qu’aux deux premiers boutons de sa petite robe rose qu’elle voudrait bien détacher pour sentir un peu l’air frais du climatiseur général sur sa peau. (La robe, un vieux rose pâle.) Au dernier moment, La jeune femme s’était souvenue de son simple statut d’intérimaire, estimant plus avisé, de rester les cuisses collées à son fauteuil en sky sous l’effet du paquet de sueur qui coulait de ses seins.


Du vide et des formes modernes de l’assurance pour nous en protéger.
Que l’homme se rassure... du monde qui le protège ! Le monde le protège parce que la terre est son berceau, sa nourrice, son garde du corps ; sa mère nourricière, et son océan déchaîné ; son ventre gras, son corps céleste et sa nature profonde ; son huile et sa marne, son grain du large et sa pluie de flots bleus ; sa rose des vents ; son voile devant les yeux, sa reine d’orient ; son soleil ardent et puis ses crises de lunes aussi... Mais l’homme a peur du vide. Une peur ancestrale des abîmes... et ne cesse de circonscrire son champ d’investigation spirituelle à la force de ces peurs immémoriales. Il ne cesse vouloir se barricader contre ce fossé qui l’entoure, contre ce perpétuel précipice qui le borde. Le monde, oui, est un abîme pour l’homme, un maelström, la révélation de mille morts affreuses contre lesquelles il tente de s’assurer... un avenir garanti, un océan infini. L’homme ne cesse de vouloir se prémunir d’un vertige inacceptable pour lui ;de tirer des filets de protection contre le sort d’un monde sensible inquiétant, contre une multitude infinie d’âmes discrètes, de brumes inattendues, de brouillards inopinés sur sa route. L’homme réfute le vide qui l’entoure, comme il dément les formes abstraites, absurdes et surréalistes, repousse les ectoplasmes, les mirages et les vaisseaux fantôme... comme il ne voyage pas sur des bateaux ivres. Ainsi l’homme dévore l’apesanteur et finit toujours par s’effondrer sous son propre poids. L’homme se rempli, oui par trouille ! il « se comble », fait le plein... se rassasie jusqu’à déborder. Cet homme qui comble le vide comme il remplit les fosses septiques. De sorte que nos sociétés modernes à ce point gavées dans l’assurance de leur cadre protecteur infaillible, L’homme moderne à ce point bouffi de murs d’enceinte, de fortifications parfaites, s’assurent en vérité... les conditions d’un échec pitoyable à se comprendre eux-mêmes pour réussir à se sortir de la merde sans l’aide de personne. Une véritable crise d’intestins, un mal de bide permanent.

Vanessa, concentrée sur l’hypothèse de ses formes vertigineuses qui la protégeaient encore d’un besoin d’assurance particulière contre le vide du ciel et de tous ses bienfaits comme la pluie un peu rare cette année 2003 depuis le mois de Juin ! n’avait pas remarqué le visage austère et condescendant du cadre supérieur qui l’observait depuis un moment.

Jules Chaumont, la quarantaine (ce qui ne voulait pas forcément dire grand chose de précis). Sec ! Petit et sec. « L’air con ! » aurait dit Vanessa, si on lui avait demandé son avis. « Chaumont ?... Quel nom absurde pour une personne, pensait la jeune femme. « Chaumont !... » Vanessa se le répétait par jeu. « Chaumont(X), un nom de ville ! » Elle avait vérifié dans le dictionnaire des noms propres.

-(X)« Chaumont-sur-Loire » et « Chaumont (tout court... !) ». La première dans le département du Loir-et-Cher ; la seconde dans celui de la Haute-Marne. ha (chaumontais). Carrefour ferroviaire et routier. Centre admin. Et commercial avec quelques indus. En vrac : Église St Jean-Baptiste, peintures de J-B. Bouchardon, viaduc, musée de l’affiche. © 2003 Éditions Dictionnaires Le Robert.

Souvent, les patronymes sont un peu à leurs propriétaires ce que la caricature des chiens est à celle de leurs maîtres. Arrangée d’un nom pareil, Jules Chaumont n’avait pas dû trouver de quoi remuer la queue tous les jours ! Que je vous présente alors cette belle famille d’un coin du département de l’Aube. Jules, que vous connaissez déjà. Et puis Marie, sa mère, une putain de sacrée belle salope lorsqu’elle était jeune. Quant au père, je ne sais pas trop quoi vous dire pour que vous me compreniez bien. Tony. Et peut-être est-ce déjà suffisant ?

Comme à son habitude, l’autorité supérieure adjointe au planning général du service des mesures avait rejoint le rez-de-chaussée par l’escalier de service, préférant cet exercice physique plutôt sain pour la santé à celui d’une aventure aléatoire en ascenseur. « Avait-il besoin, lui, Jules Chaumont, cadre émérite du département troyen de la grande administration fiscale… de voyage précaire et d’aventure ? » N’en avait-il pas déjà assez fait comme ça avec son diable de père, toute son enfance, avant que ce parasite ne finisse enfin par crever tout seul dans sa cave comme un con ?

Lorsque le chef de service arrive à la hauteur de la secrétaire d’accueil intérimaire, il est donc près de midi ce jour-là. Quatre enceintes nasillardes crachotent ce qu’elles peuvent d’un passage de Me Butterfly, Un bel di vedremo, quelques notes aériennes, sublissimes de l’acte II du célèbre opéra de Puccini, sans cesse interrompu... Butterfly... par des annonces personnelles... Chiamerà Butterfly dalla lontana et la répétition... Butterfly... a un po’ per non morire. d’un bulletin météo local plutôt favorable (mais il pouvait se tromper, comme la météo se trompe souvent et il est tout de même de notoriété publique qu’il faut constamment s’en méfier...) Tutto questo avverà, te lo prometto. Tienti la tua paura, io con sicura fede l’aspetto pour le restant de la journée.

-Je l’entends « Butterfly » sans qu’il me voie !
-Et pour ne pas mourir de joie
-Tout celà adviendra, je te l’assure ! Sois désormais sans crainte ! Moi, du profond de l’âme, j’ai foi.


Vanessa, qui préférait la musique des PINK FLOYD aux ambiances de supermarché, décrocha un mouvement de tête blasé, mais poli, sur un rythme tout à fait indépendant du brouhaha Puccino-fortissimo-météo-nasillard qui flinguait l’acoustique du hall d’accueil. Une prouesse, en vérité bien aidée par son iPod 40GO à 549 euros pièce et ses écouteurs enfoncés dans le crâne, capable d’embarquer quelques dix mille morceaux gratuits dans son disque dur de quelques grammes seulement. Un exploit qui étonna réellement l’habitué des escaliers de service.

« Ces seins ! »

Ce 21 juillet un peu chaud depuis le début de la matinée maintenant passé de dix heures, Jules Chaumont fait la gueule à cause des seins de Vanessa. Il y pense depuis la sonnerie du réveil, depuis son bol de café au lait consciencieusement préparé la veille pour ne pas être en retard au bureau, et très doucement ingurgité pour ne pas risquer de s’étrangler. Ce serait con !… Il pense aux seins de Vanessa, parfaitement incapable de se concentrer plus de trois cases d’affilée sur le planning des tâches du septième et de l’ensemble des étages subordonnés dont il est en charge. Un planning qu’il rectifie pour la énième fois à haute voix devant sa mixture de céréales diététiques. Un assortiment de croix en tout genre, de toutes les tailles, couvertes d’une large gamme de couleurs primaires impeccables. L’ensemble réparti en groupes et sous-groupes (les emmerdeurs et ceux qui ne tarderaient pas à le devenir !) Des croix très adroitement distribuées sur une grille pro format, et repliée deux fois sur elle-même pour tenir à l’intérieur de son agenda personnel. Une sorte de composition magistrale qui avait fait la bonne réputation du fonctionnaire appliqué, et donnait à ses yeux un sens irréfutable au monde réel. Une géométrie arbitraire invariable, comme dans les plus beaux films de Murnau.. ou les montages idéologiques de S. M. Eisenstein (quoique Jules Chaumont n’aurait pas pu résister bien longtemps à l’analyse critique de la théorie des conflits, dans le cadre développée par l’orientation prolétarienne et révolutionnaire de l’art soviétique des années 20). Jules s’intéressait beaucoup au cinéma et aux lois obscures qui l’enfermaient dans son cadre stricte, mais s’était arrêté aux tout premiers films parlant, bien avant la couleur et le cinémascope faute de ne plus réussir à classer ces nouvelles catégories dans le fouillis post-Lenniniste-muet-noir & blanc qui s’émancipait. Avant surtout, que ne soit portée à la connaissance du public cette spécificité esthétique militante, fournie par les bolcheviques, leurs « conflits » et leur débauche de condensés temporels contradictoires.

Le cinéma muet était la seule véritable concession qu’il avait bien voulu faire à l’art moderne et à son luxe de moyens artificiels pour s’employer à ne plus rien dire de très intéressant. Le fonctionnaire en avait rempli des pages entières. Du cinéma tiré à la règle d’écolier dans ses cahiers rouges à spirale et lui servaient aussi d’agenda. Des colonnes de noms, de dates, et d’annotations diverses... Melies - Sjöstrom - Marcel l'Herbier - Fritz Lang - Abel Gance - Sternberg - Griffith- enfin, Koulechov et Vertov (X) renvoyaient à un commentaire sommaire en fin de paragraphe par le procédé typographique d'un signe de croix.

-(X) Lev Koulechov 1924 Les aventures extraordinaires de Mister West au pays des soviets.
-(X) Dziga Vertov, Le kino pravda de Lénine, (même année).


- Chaplin - Larsen - Machin... La liste s’étendait jusqu’à l’année 1927 où un trait rouge au crayon gras soulignait Le chanteur de jazz d’A. Crosland. Une liste définitive qui s’arrêtait comme ça sur le titre du Premier film sonore de l’histoire. Passé cette ligne, l’almanach ne relevait plus rien d’autre concernant le cinéma qui avait suivi cet exploit technique. Une impasse radicale sur les cinq années de l’âge d’or français, et son triomphe définitif face aux expériences esthétiques décadentes des années folles, celles des surréalistes surtout ! et de Bunuel en particulier… L’avènement d’une expression narrative et d’un réalisme poétique couronné d’un succès populaire sur les écrans parlants, et la formidable victoire du front populaire en France aux élections de 1936 grâce à l’union de la gauche et à la bonne bouille de Léon Blum... taisaient un processus en marche d’une nature inimaginable fomentée dés 1933 avec l’arrivée de Hitler à la tête du IIIe reich. Lois antisémites en Allemagne puis dans l’Europe entière… Annexion de l’Autriche, invasion de la Pologne, et pour finir... l’extermination systématique de 6 millions de juifs par les nazis et leurs alliés. Treblinka, Sobibor, Auschwitz-Birkenau… oui, auront contribué à l’enterrement définitif des courants alternatifs et dissidents du début du XXe siècle. Le cinéma s’était mis à parler juste au moment où le monde avait compris qu’il valait mieux fermer sa gueule une fois pour toutes ! Fin de l’histoire.


(À SUIVRE)






lundi 16 février 2009

L'ATELIER DE JULES™ / IV




"ELLE" UN CLOSE-UP À L'ENCRE ET AU CAFÉ



2008 - ENCRE ET CAFÉ SUR CARTON 20X32cm / JULES™

Le côté café des relations humaines. Le côté, je t’écris, je me torréfie la cervelle pour t’écrire ce que je pense... pendant que tu restes plantée là, les yeux qui coulent dans le mare. Ton côté, je me faufile dans les parties sombres, je me diffuse vers l’intérieur ; mille arômes perdus sous la pression ; ton côté, je t’entends ! bien sûr que je t’entends, mais je vois tellement mieux dans le noir. Un café triste, un café serré. Le genre café du Commerce et sa petite musique d’ascenseur les jours de pluie passés à l’attendre. Le genre du café nostalgique. le Flore, le Procope ou le Foy... à Paris (le genre café littéraire, philosophique envahit de touristes à toute heure du jour et de la nuit). Préférez le Charbon dans le 11e au lieu d’une file d’attente pour déjeuner chez Charetier. Le Café Gijón à Madrid, le Slavia à Prague, n'importe quel autre à Budapest. Un Ghahveh-Khâneh, le Café Azéri à quelques pas de la gare centrale de Téhéran. L’ancien Conradas lituanien et cet autre établissement encore dont j’ai totalement perdu le nom, rue Gediminas à Vilnius, près de la cathédrale St Pierre et St Paul. La Potinère, place Balmat à Chamonix, devenu tout récemment cette sorte de snack, cette chose informe et strictement rentable sous le Mont-Blanc. Un café italien sur la Piazza della Repubblica à Florence pour tenter de la retrouver. Le café du Musée, à Troyes, je crois n’y être jamais retourné.


(Jules™ est une marque déposée de Néon™)


dimanche 15 février 2009

LE COUP DE CHAUD / II



(ROMAN EN LIGNE)
LE COUP DE CHAUD
-2-



Un roman... et c'est évidemment Tony™ qui s'y recolle ! Sacré Tony ™ ! Un roman... ou une somme de lignes superposées au mouvement de l'air ambiant. Un de ces procédés écologiques pour dire la couleur verte qui lui coule dans les yeux au lieu d'une industrie lourde incapable de le distraire vraiment. Un roman... disons plutôt une correction à la volée d'un vieux manuscrit laissé pour compte par faute de temps, l'été 2003. Le coup de chaud... où ce qui arrive à force de prendre des douches froides au travers du cadre strict d'une météo de merde. Le coup de chaud ou une façon de décliner un paquet d'histoires anciennes, des engrenages, la mécanique rouillée des passions en retard. L'effort illuminé d'en découdre avec ses vieilles leçons de voyages, les malles défaites un peu partout dans le coeur de gens admirables et réconfortants. Le coup de chaud... comme on dirait : de La poésie, le cinéma... un tas d'emmerdements à la fin.


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CHAPITRE 2
EXCRÉTION AMOUREUSE

Deux corps flambants d’ardeur et d’amour fou s’étaient promis la construction d’un monde atypique et simplement modelé à leur image. Un caractère amoureux typique, mais développé dans des mesures tout à fait considérables. Une simple tentative de rapprochement cellulaire, mais dans des proportions cosmiques.

Il y a 65 millions d’années : Une astéroïde de taille et d’allure respectable à l’échelle de l’univers, mais apocalyptique pour un coléoptère, un agaricacée ou toute autre forme de vie sur terre. Un caillou aux allures de conquistador cosmique... oui, se prit d’amour fou pour cette drôle de toute petite planète d’un peu moins de 13000 Km de diamètre... oui, cette terre là, ce vieux morceau de nébuleuse, cette simple masse de gaz poussiéreuse et probablement détachée d’un simple coup de soleil, disons... il y aurait 4,5 milliards d’années...
Ce météorite donc ! s’enticha de cette fonderie hautement énergétique, cette fournaise. Et provoqua son embrasement immédiat... une nuit si fougueuse, frénétique ( « volcanique » ne serait pas forcément inopportun dans ce contexte précis !...) que toute espèce, sous-espèce, genre ou sous genre de toutes les familles du monde, ont ainsi été privés de tous les projets que leurs parents avaient lentement, amoureusement, laborieusement, douloureusement, élaborés pour eux. Massacrés, exterminés, rayés des cartes, évincés à tout jamais de la grande histoire du grand livre du monde. À cause d’un simple fichu morceau de caillou. (Une simple saloperie de putain de morceau de caillou...)

La grande affaire de l’attraction de la matière pour quelques natures des forces extérieures qui l’entourent. Cet étrange besoin de fusion des corps célestes, passé un certain seuil de rapprochement... composait à la taille minuscule des relations humaines, les exemples les plus tragiques d’une sorte de dégénérescence universelle programmée pour foutre un sérieux dans le monde des sentiments amoureux et de la perception du monde sensible en général.

Un juste retour des choses adressé à « l’homme d’affaires » du dessus et plutôt très arrêté sur l’idée du mariage, des alliances irrévocables, des accouplements définitifs. Un type bloqué à mort sur l’idée d’une fusion globale entre des êtres faits l’un pour l’autre depuis le départ. Le truc du mec incapable de laisser le moindre champ libre à la discussion sur le sujet des histoires de cul et qui ne seraient pas toujours obligées de finir dans le mur. Un vrai caractère de cochon de ce côté-là ! Le mec borné de chez borné. Un jeu des « Mille bornes » à lui tout seul ! Le genre de joueur qui tire toujours les bonnes cartes. Un as du volant. Le genre qui crève jamais. Un type, le genre qui sait tout sur tout, qui ne se laisse jamais déborder sur les côtés. Un directeur de firme moderne, pour la paix dans le monde et l’arrêt immédiat de toutes formes d’hostilités qui pourrissent la vie des gens, mais bourré d’idées pour soutenir les guerres de tranchées, les conflits d’intérêts ; déclencher des luttes intestines, la concurrence déloyale et les rivalités de tout poil à une échelle astronomique. Un chef d’entreprise militant du parti socialiste, mais qui préfère quand même la droite pour ramener un peu d’ordre dans les rangs syndicaux des usines. Un dirigeant social-démocrate de nature chrétienne assez ostensible.

Marie aurait dû se méfier, Marie n’aurait pas dû, Marie aurait dû consulter son horoscope ce matin-là ! Marie aurait dû se méfier de l’eau qui dort, avant de se jeter dans le bain, Marie aurait dû, avant qu’il y ait de l’eau dans le gaz. Marie... aurait dû déguerpir. (Les filles savent bien quelquefois qu’elles devraient, juste avant que le pire ne finisse par leur tomber dessus… mais les filles ont besoin d’amour, c’est comme ça ! d’une petite flamme qui brille chaque jour pour elle, d’un regard sur elle, qui s’accorde chaque jour à ses désirs... aurait aussi pu dire André Bazin. Une dépendance sans espoir, une regrettable addiction du sexe « faible » qui ordonne la grande mécanique de l’univers à l’image de son horoscope dans les magazines féminins).

VIERGE (23 août - 22 septembre) Le cosmos sourit enfin à vos amours. Le ciel vous aide à vous reprendre en mains grâce à Mercure prêt à en découdre avec Pluton. Chassez vos idées noires, n’écoutez pas Saturne.... Vénus est amoureuse, faites comme elle ; c’est l’heure d’une rencontre qui peut changer votre vie. Bref, le ciel vous sourit, profitez-en ! JOUR DE CHANCE : 21 juillet.

Bon d’accord ! Marie « n’aurait pas dû » lire son horoscope, pas celui-là, pas ce matin-là, pas ce 21 juillet de l’année 1964 ! Une année propice aux rencontres astrales les plus farfelues. Une conjonction planétaire biscornue, qui entraînerait pêle-mêle : La remise du prix Nobel de la paix à Martin Luther King qui luttait pour l’égalité des droits entre les noirs et les blancs, et la condamnation à la prison à vie de Nelson Mandela qui se battait pourtant exactement pour la même chose. La consécration de Robert Rauschenberg à la biennale de Venise pour ses « combines ». La destitution de Nikita Khrouchtchev et son remplacement à la tête de l’URSS par Léonid Brejnev. Le décès de Maurice Thorez, premier secrétaire du parti communiste français. La fermeture définitive du dossier Warren avec la conclusion d’une culpabilité assurée et sans équivoque d’un certain Lee Harvey Oswald dans l’affaire de l’assassinat du président John Kennedy. Le triomphe des Beatles au hit-parade américain et dans le reste du monde disposant au minimum d’une radio susceptible de recevoir les grandes ondes à ce moment-là. Le combat légendaire du boxeur Cassius Clay pour la ceinture mondiale, Cassius Clay, plus connu sous le nom musulman de Muhammed Ali. Une année totalement extravagante, oui, qui vu naître en France l’actrice Béatrice Dalle, et la sublime Maggie Cheung à Hong Kong ; le futur champion cycliste espagnol Miguel Indurain et la star du porno Rocco Siffredi. J’en oublie forcément ! des naissances, une multitude d’événements comme La création des FARC en Colombie. L’inauguration du plafond de Chagall à l’opéra de Paris ou bien encore le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Rentre ici jean Moulin... Toi et ton terrible cortège... Jean Moulin, Béatrice dalle, Muhammed Ali, Nikita Khrouchtchev... Je ne fais que reproduire ici cet inventaire de péripéties, ce catalogue de coïncidences, de circonstances atténuantes pour tenter d’expliquer tout ce qui suit.

Une année pauvre pour le cinéma français ( LE MEPRIS Et mes fesses ? Tu les trouves jolies mes fesses ?... datait de l’année précédente, LA RELIGIEUSE ne serait tourné que l’année suivante. Notons toutefois, et l’affaire est loin d’être négligeable, LES PARAPLUIES DE CHERBOURG, de Michel Legrand1 véritable OVNI dans la cinématographie nationale française).

-1- On avait tirer un trait rouge à la règle sur le nom de l’auteur de la musique du film et inscrit dans la marge le nom de Jacques Demy.

Cette année-là : Le monde en question n’était qu’à peine remis de cette image sanglante de John F. Kennedy dans sa belle voiture de fonction, la cervelle explosée sur le Chanel tout neuf de sa femme la mieux mise de son époque… (Je veux dire par là : la plus élégante, la mieux habillée de son temps. Une dame, une épouse disposant de tous les moyens nécessaires à son accoutrement de luxe et à ses bonnes manières pour épater la galerie du monde libre et civilisé). Une époque... qui pleurait encore le suicide de Norma Jean Mortenson, dite Marylin Monroe (une actrice, une blonde qui couchait avec tout le monde – entendez bien le cliché ! – avec tout le monde et y compris avec son gentil président américain écervelé). Yves Klein, lui, était mort depuis deux ans, qui cherchait une symbolique universelle intégrant l’homme au cosmos par la théorie de la couleur pure et absolue. Henri Cartier-Bresson2 retournait au Mexique photographier l’anniversaire de la mort d’Emiliano Zapata.

-2- HCB, Né en 1908. Neveu de Louis Cartier-Bresson, prix de Rome 1910 ; études au lycée Condorcet, n’obtient pas son baccalauréat ; fréquente le café de la place Blanche où il subit l’influence des surréalistes (André Breton, Louis Aragon, Max Ernst) ; étudie la peinture avec André Lhote, voit les films d’Eisenstein et de Griffith ; séjour à Cambridge ; vit de la chasse en côte d’ivoire ; achète enfin un « Leica » en 1932 et part voyager en Europe ; Continue de parcourir le monde ; revient en France photographier les congés payés, rencontre et travaille avec Jean Renoir ; épouse une danseuse Javanaise, travaille pour les communistes au journal « Ce soir » ; part à la guerre comme tout le monde ou presque en 40 ; prisonnier pendant 3 ans ; reprend ses boîtiers à la libération, s’affranchira plus tard de l’étiquette de photographe surréaliste grâce à son ami Robert Capa en fondant la célèbre agence coopérative « Magnum » à New-York ; continue de faire le tour du monde, publie régulièrement dans « Life magazine », épouse Martine Franck, sa seconde femme ; lâche la photographie pour le dessin ; rencontre et collaboration fructueuse avec Robert Delpire ; rétrospective géante à Beaubourg 2003.

Les dunes gigantesques du plateau d’Alashan avançaient inexorablement sur les ruines de Khara Khoto, la ville noire légendaire conquise par Gengis Khan en 1226 et rendu au sable de Gobi dans un bain de sang par les Ming, un siècle plus tard. (Une expédition occidentale dirigée par les géologues Allemands Dieter Jäkel et Jürgen Hofmann découvrira la région en 19953).

-3- A partir de la fin des années 90, la région sera visité chaque année par environ 200 000 touristes du monde entier qui contribueront encore un peu plus à sa désertification.

Une passe plus loin (à l’extrémité nord d’un lac saturé de bactéries halophiles qui lui donne une incroyable couleur rouge orangé), une vieille femme nommée Diu Diu, une mongole semi-nomade, jette des feuilles de thé dans une bouilloire. Un geste qu’elle répète tous les jours de l’année 1964, chaque jour, inlassablement depuis 72 ans. Autour de la vieille femme, des chèvres broutent une Armoise artemisia une plante réputée vermifuge et abortive, plus couramment connu sous nos climats sous le nom d’absinthe, de citronnelle, de génépi ou d’estragon. Cette année-là : près d’un milliard de musulmans s’aimaient sur la terre. L’année de l’éruption des « Chaumont ».

Chaumont ? Jules détestait ce nom idiot appliqué à une personne. Chaumont !... Pourquoi pas : Château-Thierry, Brive-la-Gaillarde, Villersexel ou Knokke-le-Zoute ?!... se répétait le fonctionnaire.


(À SUIVRE)