mercredi 14 décembre 2011

UN TRAMWAY À L'ODÉON...




UN TRAMWAY…
D'APRÈS LA PIÈCE DE TENNESSEE WILLIAMS
"UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR"
Mise en scène de Krzysztof Warlikowski
Avec Isabelle Huppert, Florence Thomassin et Andrzej Chyra





D’abord un train. Deux rails bien parallèles pour être sûrs de ne pas pouvoir changer de destination en route. La couleur du ciel gommée de partout à travers les vitres de la voiture Dix huit en tête de convoi, et un papier du Monde sur les genoux pour bien garder « la crise » à l’esprit pendant tout le voyage. Le beau bordel des dettes souveraines en Europe, les actifs toxiques, la menace de dégradation du triple A français (Ahahah !!!) Le tout sur un morceau de musique de Kate Bush. 50 words for snow » à fond. Un train à grande vitesse sur une ligne de l’Est, un piano rauque, éraillé… et une voix perchée dans les étoiles prémonitoire avant toute la neige qu’on annonce pour bientôt. La couleur blanche pour recouvrir des couches de cendres vertes des beaux jours passés sur la voie serrée. Blanche… Rappelle-toi. Une « avalanche » hystérique d’une beauté monumentale. La descente aux enfers d’Isabelle Huppert sur la scène de l’Odéon dans la pièce de Tennessee Williams.


ISABELLE HUPPERT

Isabelle presque nue dans ses beaux habits dessinés par les gens de la grande couture parisienne (Dior™, St Laurent™). Des détails qui ont leur importance dans cette époque bénie de l’économie de marché en rade de bonnes histoires à raconter. Blanche Dubois™ qui avait sauté des planches de Broadway pour atterrir dans les bras de Vivien Leigh en 1951. C’était il y a si longtemps déjà. Marlon Brando et Vivien Leigh devant la caméra d’Elia Kazan. Un truc plutôt sombre tout au bout d’une ligne de transport en commun, dans les bas fonds d’un quartier populaire de la Nouvelle Orléans Un truc sombre avec un tee-shirt blanc au milieu.


MARLON BRANDO

Cette sorte de mythologie des corps brûlés à coup de projecteurs qui nous revient dans la gueule d’emblée. De la pellicule comme il y n’en reste plus guère aujourd’hui et qui coincerait un peu sur les écrans des téléphones portables saturées de couleurs compressées. Oui, je sais. C’est un peu l’âge aussi. Les vents de travers qui m’emmêlent les cheveux. Toute cette grisaille dans l’air qui nous incombe les jours de nuit. Andrzej Chyra (l’acteur, mais aussi le scénariste de « Melancholia » de Lars Von trier). Andrzej Chyra (le fameux Stanley Kowalski) sur la scène au ralenti pour son premier grand rôle au théâtre. Le célèbre maillot de corps de Brando/Kowalski vu sous toutes les coutures comme une partie du décor de salle de bain perché dans un couloir mobile/morbide transparent au dessus d’un bowling épuisant… Une bousculade terrible dans le jeu des idées toutes faites. Un carambolage infernal dans la matière théâtrale et une scène d’amour amplifiée qui pèse lourd sous nos écrans de fumée. Une des plus belles scènes de toute l’histoire du théâtre, je vous assure ! Ce « Salomé » psalmodié comme une récurrence poétique vertigineuse plaquée sur quelques notes de piano dans la forme d’un exercice de respiration. Simple, extatique, évident. « Juste une vibration » aurait dit John Cage. Stella (Pas la marque de bière dégueulasse…) Cette Stella jouée par Florence Thomassin, qu’aucun public n’aura jamais vu aussi « belle » que ça. L’ex danseuse nue à l’Alcazar, une sculpteuse dans sa « vraie » vie. « Un long dimanche de fiançailles » de Jean Pierre jeunet ou encore « Dobermann » de Jan Kounen… Une carrière modeste au cinéma qu’on est bien obligé d’oublier dans ce rôle-là.
« Salomé » l’héroïne de Matthieu, à poil sur les planches de l’Odéon, qui réclame la tête de St Jean Baptiste depuis un plumard réfléchi en vidéo... « Salomé » sous le plafond repeint par André Masson, fille d'Hérodiade, à la hauteur des bogies d’un Tramway bien aiguillé sur la scène d’un grand théâtre à l’italienne du 6e. Je vous assure qu’il fallait voir ça !...

- Et après ?
- Après, rien ! Juste cette couche d’humidité sordide et l’odeur d’une lumière blafarde dans les rangs. Pas de quoi motiver les troupes pour sortir du peloton avant la pancarte.
Le dernier métro après ce voyage étourdissant en tramway et avant de reprendre le train. Une vraie tragédie.
JLG




jeudi 8 décembre 2011

CYCLOCROSS DE VALDAHON



JÉRÔME CHEVALIER (AMICALE CYCLISTE BISONTINE)
CHAMPION DE FRANCHE COMTÉ...



CHAMPIONNATS DE FRANCHE-COMTÉ DE CYCLO CROSS /2011
TOUS DROITS RÉSERVÉS ©FRANCE TV/2011



LE DÉPART DE LA COURSE ÉLITE
PHOTO © JL GANTNER



jeudi 1 décembre 2011

CYCLOCROSS DE RIOZ






CYCLOCROSS DE RIOZ (2011)
©FRANCETV / JL GANTNER /nov 2011

dimanche 23 octobre 2011

LA BOITE À SOUVENIRS LA BOITE À SOUVENIRS DE NÉON™ / IV



L'HISTOIRE D'UN BEAU MARIAGE ENTRE UNE DEUX CHEVAUX ET UN SÉRIEUX COUP DE POMPE QU'ON S'ÉTAIT PRIS JUSTE APRÈS...



L’année, disons les années quatre-vingt... Je n'ai pas une mémoire infaillible à propos des jours de pluie et de leurs conséquences sur les pare-brises. Une Deux chevaux, rouge (Elle… je m’en souviens très bien…) qui fonctionnait à l’air pur et n’avait pas de frein malgré tout ce qui la retenait de se lâcher vraiment. Une 2CH chic d’une couleur amoureuse et une paire d’EB™ dans leur version cousues main. Des « Super Maestria’s » dessinées par un type qu’on appelait JC Droyer (ce type-là ne vous dira sûrement rien, qui a pourtant révolutionné sa discipline au début des années quatre-vingt. Une sorte de chantre de l’escalade dite « libre » comme l’ont d’abord pratiqué les belges et les anglais bien avant les grimpeurs français qui continuaient encore de « tirer aux clous » selon l’expression consacrée. Une bande de ferrailleurs des cimes, et pas toujours commodes quand on pensait pas comme eux !) Bon, et voyez au moins comme j’essaye d’être précis avec vous sur le point d’une paire de godasses mythique en toile bleue et sa semelle de gomme dérivée du modèle « Super grattons » pour ceux qui aiment se rappeler ce genre de détails superflus.


PHOTOGRAPHIE © JL GANTNER

Une bagnole et une paire de croquenots. Deux souvenirs photographiques, pas grand chose, d’une période où l’on se prenait pour des acrobates. Une bande d’équilibristes sans un rond, qui dormions dehors, et un peu dupes de tout. Le genre de vagabonds qui vivions à la belle et au rythme des projets de grande vie de marins au long court. Des projets de grandes voies d’escalade dans les Alpes et d’expéditions en Himalaya. Toute une vie de Grand reporter ou d’écrivain voyageur. Je ne sais pas si je me souviens de tout, mais je pigeais à l’époque pour un journal de gauche qui me valait quelques critiques de mon grand père plutôt à droite depuis que la guerre avait succédé au grand ramdam du Front populaire. Moi je n’y comprenais rien. Mon grand-père du côté de personne (une sorte de grand-père qu’on avait trouvé pour moi, plutôt que de ne jamais avoir eu de grand-père du tout !) Un journal… Un grand quotidien de la démocratie socialiste comme c’était encore marqué dessus avant qu’il ne se mette à cirer les pompes à tout le monde. La gauche, bien avant celle de Hollande ou de Martine Aubry… La gauche des années Mitterrand qui avaient pourtant si bien commencé dans le genre de métier du faiseur de brillances à bon prix). On se baladait chaque jour (ma deuche et moi) à la recherche d’une bonne feuille à écrire sur les conseils d’un rédacteur en chef ou d’un autre. Une pile de copies pour remplir des grandes pages blanches entre les cases réservées à la publicité payante, et quelques portraits aussi. Mon exercice préféré pour essayer de comprendre un tas de gens qui ne pensaient pas comme moi : Des fabricants de pompes en toile bleue ou des laveurs de vitres, des bureaucrates ou des vendeurs de chiens, des pilotes de tracteurs ou des réparateurs de Deux chevaux… (Elle… et moi n’étions pas à un voyage près !) On n’est pourtant jamais parti pour de bon. Ni elle, ni moi. Ou plutôt, on a fait semblant tellement de fois. Elle, un peu clinquante dans sa belle peinture rouge sur les ailes et qui démarrait au car de tour ; et moi, qui lui avait rapidement préféré une Volkswagen™ de couleur moche pour passer inaperçu au milieu des alpinistes allemands. Ma Volkswagen… troquée ensuite contre une Ford™ de la même couleur que la Deux chevaux dont je vous parlais à l’instant. Une Ford taunus rouge carmin au moteur qui ronflait et un vieux Nikon™ à déclenchement mécanique attaché autour du cou pour photographier la guerre sur fond d’un paquet de gens qui crevaient dedans sans avoir jamais rien su des snipers de droite ou de gauche qui leur avait tiré dessus.


PHOTOGRAPHIE © JL GANTNER


Une bagnole qui a dû terminer sa course folle en forme de compression dans une galerie de recyclage pour métaux ordinaires, et une paire de souliers d’escalade en toile dont j’ai perdu toutes traces aujourd’hui… Voyez ce qu’il me reste de ces années quatre-vingt dont je n’envie à personne de les avoir vécues dans une robe de mariée sans se rendre compte que son amoureux à genoux sous les cloches n’était pas forcément le meilleur des sacristains. Une sacrée bonne équipe au début pour bouffer les dragées. Les années quatre-vingt et sa musique un peu con au lieu des Smiths que personne n’écoutait vraiment. Tout ce que ces belles années-là avait jugé périmé ou trop grave pour réussir à se trémousser dessus. Les Smiths, comme on écouterait Phoenix aujourd’hui (J’ai dit Phoenix au hasard bien sûr !… Phoenix pour le côté voyage à grande vitesse à l’intérieur des tunnels et la lumière incandescente qu’on se prend chaque fois dans les yeux.) Oui, je sais que tu écoutais les Cure à ce moment là ! D’ailleurs moi aussi j’écoutais Roger Smith. Smith, les Smiths… C’est drôle non ? Phoenix, les Smiths ou ce que tu veux d’autre, la tête basculée sur les sièges en cuir d’une 300SL un peu chère malgré ses beaux yeux et ses portes qui s’ouvrent comme les plans d’un film de Kiarostami. Des bagnoles de cinéma au lieu d’une Deux chevaux dans la vraie vie et ses ressorts un peu mous. Des machines recouvertes d’acier brossé, juste pour frimer un peu avec une belle mariée plantée d’dans. Une jeune femme et sa bague au doigt toute neuve qui commence de se faire chier au milieu de tout ce déballage de machins publicitaires dans la vitrine. Elle… (la belle mariée) qui aurait peut-être préféré se faire un peu peur dans les virages serrés qu’elles avait imaginé à seize ans. Les années quatre-vingt… et les vingt cinq ans qui sont passés depuis sur la couleur blanche d’une jolie robe de mariée dont personne n'a jamais retrouvé la photo. Ne me demandez pas d'autres explications.
NÉON™


samedi 22 octobre 2011

TOUR DE FRANCE 2012



3 ÉTAPES DU TOUR DE FRANCE 2012 DANS LA RÉGION DE FRANCHE COMTÉ




TOUR DE FRANCE 2012 / PRÉSENTATION DU TRACÉ EN FRANCHE COMTÉ
©FRANCETV


TOUR DE FRANCE 2012 / CLM ARC & SENANS-BESANÇON
©FRANCETV


TOUR DE FRANCE 2012 /"L'AMICALE CYCLISTE BISONTINE" SUR LES ROUTES DU TOUR
©FRANCETV


mardi 4 octobre 2011

WALTER BONATTI



"MORT D'UN GUIDE"
(1930-2011)


WALTER BONATTI


PILIER BONATTI / FACE SUD-OUEST DU PETIT DRU / ED - 500M
(OUVERTURE : WALTER BONATTI EN SOLO DU 17 AU 22 AOÛT 1955)




« Je sais qu’il y a toujours en nous des portes à ouvrir. Je reconnais que les difficultés ne mettent pas à l’épreuve la force de l’homme, mais sa faiblesse. En outre ce qui me fascine, c’est de placer l’existence de la réalité seulement dans le reflet de son rêve ; je tiens en effet pour assuré que l’on vit comme l’on rêve. A d’autres questions difficiles que je me pose, je me suis répondu que la vie, en définitive, n’a de sens que si on la vit en se donnant à fond, en cherchant à réaliser tout ce qu’on a en soi ». WALTER BONATTI / MONTAGNES D’UNE VIE / 1997/ TRADUIT PAR J & MN PASTUREAU ET A PASQUALI / ARTHAUD.


J’ai appris la nouvelle comme beaucoup, dans quelques entrefilets de la presse nationale. La mort d’un héros considérable, la disparition d’une légende de l’alpinisme contenue dans une « brève ». Dix lignes laconiques sur une dépêche AFP du 13 septembre 2011 et reprises du bout des lèvres en cul de gazettes… Le grand Walter Bonatti, mort à Rome à l’âge de 81 ans. Et cette idée d’emblée, d’une page définitivement tournée avec une certaine conception du monde que le grimpeur italien nous avait transmise tout au long de sa vie grâce à ses exploits. Des « exploits » —Et il faudrait d’abord s’entendre sur le mot— mais surtout cette formidable manière qu’avait eu cet homme-là de les accomplir. Des morceaux de bravoure sans trucage et sans fanfaronnade d’aucune sorte pour les proclamer. Des « exploits » avec la noblesse qui devrait accompagner toute performance de cette nature et retranchée de ce procédé moderne de babillardage étalé sur nos écrans à paillettes vulgarisés. Bonatti, l’homme et ce sens de la droiture sans équivoque qui accompagnait son goût prononcé pour une compétition d’un autre temps. Cette école de pensée un peu vaine aujourd’hui, dérisoire et puérile… Un vrai gâchis ! Bonatti. J’ai dû le lire mille fois lorsque j’avais 16 ans. « A mes montagnes », le titre était simple comme l’objet littéraire qu’il désignait. Le récit sans fioritures de quelques premières qui ont marqué nos carrières d’alpinistes et conditionné notre manière d’en découdre avec les hauteurs considérables.


"A MES MONTAGNES" W. BONATTI / EDITION ORIGINALE 1962


L'ITINÉRAIRE DE LA DESCENTE DU PILIER DU FRENEY (P264 & 265)
"A MES MONTAGNES" W. BONATTI / EDITION ORIGINALE 1962


Point de fanfaronnade disais-je… Juste des faits. Probes, et sans bricolage. En réalité, la pire façon de s’instruire dans le but de ce qui nous attendrait une fois nos corps meurtris redescendus à l’altitude des plaines et de leur formidable économie de marché. Bonatti, mais qu’on préférait toujours appeler « Bonatte » entre nous… Celui là nous avait pourtant prévenu. Lui qui fit les frais de toutes les bassesses et de toutes les infamies à son encontre. Où l’on se souviendra par exemple de ce qu’un Club Alpin Italien en mal d'estime et de réputation s’était donné la peine de répandre sa soupe odieuse sur « l’affaire » du K2. Une accusation sordide balancée sur le dos d’un jeune prodige de la montagne, juste le jour où celui avait failli donné sa vie pour poncer le vernis tout neuf de son pays natal comme celui de l’institution alpine nationale qui avait cru bon vouloir l’enrôler dans ses combines.

Le K2… et les cinquante années qui auront été nécessaires avant que le la société alpine italienne ne daigne enfin rétablir la vérité sur le rôle joué par le grand homme dans cette magistrale entreprise. Celui d’un brave. Ou cet autre procès encore, comme une obscénité répandue dans les journaux à l’époque. Cette tragédie vécue par les jeunes alpinistes Vincendon et henry l’hiver 1956, et qui voudrait à certains égards continuer de se cramponner au nom de Walter Bonatti. Par commodité peut-être ?!... (Le guide avait croisé le chemin des pauvres hères sur la route du mont-Blanc balayé par une tempête effroyable, mais sans réussir pour autant à convaincre les deux grimpeurs en perdition de le suivre, lui et son client jusqu’au bout). À la pureté des cimes conquises par cet homme d’exception, se sont synchronisées ses images contradictoires de crasse médiatique et de boniments de tout acabit. De vils arguments propagés par ceux-là mêmes qui sortiraient leur plus beau costard aux funérailles d’un Maurice Herzog (le soi-disant « alpiniste » français…) pour couvrir d’éloges cette vieille « fripouille » du seizième arrondissement parisien en ignorant le nom illustre de ce bon Louis Lachenal qui l’avait pourtant conduit au sommet ; n’en déplaise forcément à Monsieur le ministre aux doigts gelés de la jeunesse et des sports d’alors et à ses amis tout aussi formidables du Club alpin français qui ont toujours tout cautionné dans cette histoire d’un « premier 8000 » remporté par la France en 1950 à l’Annapurna. (Lire à ce sujet l’inévitable : « Annapurna, une affaire de cordée ». Cette enquête un temps interdite… rédigée par Denis Roberts aux Éditions Guérin.)

Walter Bonatti a multiplié ses ascensions comme d’autres avaient continué d’affuter leur poésie singulière. Loin du vacarme convenu. Face Est du Grand Capucin en 1951 ; l’ouverture en solo de la face Sud-Ouest du Petit Dru l’année 1955 sur le pilier qui porte dorénavant son nom (un monument absolu de la mythologie alpine, rayé en partie des topos à la suite du grand éboulement de 2005. Sa solitaire encore, hivernale cette fois dans la face nord du Cervin en 1965… L’homme, le guide de Courmayeur avant de travailler comme grand reporter et de parcourir le monde avec son matériel photographique ; vainqueur de quelques derniers grands problèmes alpins comme la face nord des Grandes Jorasses en hiver avec son ami Cosimo Zappelli en 1963 ; le voyageur rescapé du pilier du Freney avec Pierre Mazeaud et Roberto Gallieni lors de cette grande tragédie survenu au Pilier Central en 1961 (la mort d'Andréa Oggioni, Pierre Kohlmann, Robert Guillaume et Antoine Vieille lors de la tentative d’un repli terrifiant dans la tempête du versant italien du Mont-Blanc). « A mes montagnes »… et son cortège funéraire à trainer derrière soi. Bonatte… Le nom qu’on gardait toujours à la bouche comme une ligne de conduite pour ne pas dévier de la route que nous nous étions promis de suivre à seize ans. « Juste » un père pour nous accompagner dans la bataille. Tchao Bonatte.
JLG



lundi 3 octobre 2011

"DU TEMPS QU'ON EXISTAIT"



En préambule d’un automne qui n’en finirait plus et d’un hiver qu’on annonçait forcément encore plus terrible entre nous.






J’hésitais encore entre la lecture d’une étude approfondie concernant la posture du coureur cycliste au moment du sprint final et cette sorte d’élan littéraire de jeunesse circonscrite à la personne de ce Marien Defalvard dont on parle beaucoup en ce moment (cette posture justement, délibérément préférée, de ne jamais succomber à lire des trucs pareils, rabâchés partout et en toute occasion jusqu’à la nausée). Un principe, qui vaut quand même quelquefois d’être dépassé. Je hochais donc entre Deux tomes réunissant l’intégrale des « fondamentaux du cyclisme » de Christian Vaast (déjà ancien) ou bien ce « Du temps qu’on existait » d’un tout jeune écrivain resté coincé quelque part entre Flaubert et Proust dans la demeure « mystérieuse » du Grand Meaulnes. « Du temps qu’on existait »… du temps où tout était encore comme avant. Du temps où le nombre de places disponibles dans les tribunes correspondait parfaitement avec le nombre de ceux qui avaient envie de s’asseoir pour voir le match. Du temps où les gens qu’on croisait dans les yeux continuaient de marcher en ligne droite sans être forcément obligés de faire des ronds dans l’eau pour se faire remarquer. Ce temps là qu’on prenait ensemble au lieu des turpitudes binaires et des confusions électroniques entre nous. « Du temps qu’on existait » Le machin plein de pages bien cousues et sa cour d’idées sur tout a fini par l’emporter un peu sur les calculs de ratios rapportés aux principes de mécanique du corps humain dont j’avais forcément fini par me lasser. L’automne naissant. Un automne qui n’en finirait plus dans son décor de cuivre ensanglanté. La vieille rengaine d’une fin d’été meurtrier. J’alternais. Une page ce Christian Vaast, une page de Marien Defalvard. L’une ou l’autre dans n’importe quelle ordre pour me défaire des modes bien cadencées sur l’écran. « Du temps qu’on existait » et toute la mort qui va avec une fois la page tournée. La mort d’avant et… celle d’après (la mort définitive donc, celle-là !) Une mort complètement morte. Une mort où il ne resterait plus de vie du tout à la fin hormis peut-être ces quelques traces synthétiques indélébiles à propos du temps qui passe et de certains de nos amours dépareillés, des traces factices et bornées, récalcitrantes aux opérations de gommage forcé sur nos réseaux fantômes. Quelques stigmates du monde réel burinés sur nos disques durs un peu chers à payer, avant que tout cela ne soit à son tour recyclé en machins tout mous pour éviter à une ribambelle de gamins de se cogner dessus trop fort. Quelques marques tangibles et glaciales de cette « prétendue » existence…
Et dire que j’étais parti pour vous parler de l’hiver moi ! D’un hiver qui préparerait le printemps juste avant l’été qui reviendrait forcément. Quelle connerie ! Et que deviendrait-elle pendant ce temps là ? Elle… D’où qu’elle me perçoive au fond de sa cage dorée et quoi qu’elle puisse penser des demi tours d’horloges que je passe à dormir avant de me réveiller chaque matin sous un « nuage splénétique ». Imaginez alors ma tribune auprès d’elle, mon piteux édifice de spectacle dans son portrait déjanté de l’aurore. Imaginez l’esquisse, l’étude de mon matériel de scène dans la débâcle ; tous mes efforts pour aligner mon podium défiguré dans la cohue de l’aube naissante, la pagaille de mes sentiments délabrés envers elle… Mais « elle » n’en lira rien. C’est l’avantage d’écrire au delà de la seule mensuration du SMS ou du langage forcé par notre électronique embarquée. Un mode de transport idéal pour n’avoir à gêner personne au delà des vitesses autorisées. « Elle ». Assise sur cette abominable dépouille de Proust comme on s’invente des fauteuils Voltaire rayés pour se réchauffer le cul d’un paquet de hachures exotiques sur les plateaux de télévision. « Elle ». Cette époque tragique et post-télévisuelle. Ce corps fébrile entièrement refait à neuf dans sa culotte « en string », ce cadavre remodelé pour plaire au plus grand nombre et dépourvu de toute sensualité dans sa matière plastique ultra légère. Bon. Qu’est-ce qu’on s’en fout de toute façon ! On n’a déjà plus d’air pour respirer que nous ne passerons pas la journée. « Du temps qu’on existait », et qu’on faisait du vélo en se parlant de nos erreurs de jeunesse bien assis sur une selle en cuir. « Du temps qu’on existait », et à bientôt dans le peloton.
JLG


vendredi 23 septembre 2011

"DU" SPORT CYCLISTE EN FRANCHE-COMTÉ



LES 4 ÉPISODES DU FEUILLETON DIFFUSÉ SUR FRANCE 3 À PROPOS DU SPORT CYCLISTE DANS LA RÉGION DE FRANCHE COMTÉ


« Du » cyclisme sportif. Comme on pourrait écrire aussi : « De la question » d’une obligation à considérer la pratique d’une activité sportive dans nos histoires d’amour en général. « Du » cyclisme… Ou du principe d’une paire de roues qui tournent rigoureusement dans le même sens, au contraire de tout ce qui roule dans ce vieux monde avec le principe du « chacun pour soi ».



SPORT CYCLISTE EN FRANCHE-COMTÉ 1/4


SPORT CYCLISTE EN FRANCHE-COMTÉ 2/4


SPORT CYCLISTE EN FRANCHE-COMTÉ 3/4


SPORT CYCLISTE EN FRANCHE-COMTÉ 4/4




Elle me dit : Est-ce que tu connais Selah Sue ?!... Selah Sue… je crois que ça va te plaire, tu verras. Un truc raga, soul, reggae, et je ne sais quoi encore d'un peu terrible dans la voix avec un peu de blues dans le texte. Selah Sue, une chanteuse belge. Et me voilà alors parti avec ce « pot » belge… d’une dizaine de titres, chargé sur mon iPod ; les écouteurs enfoncés dans le crâne, tout debout sur les pédales automatiques de mon vieux Scott pour voir si le machin fonctionne même dans les pentes raides.

Un feuilleton télévisé sur le thème du sport cycliste en Franche-Comté.

« Du » cyclisme sportif. Comme on pourrait écrire aussi : « De la question » d’une obligation à considérer la pratique d’une activité sportive dans nos histoires d’amour en général. « Du » cyclisme… Ou du principe d’une paire de roues qui tournent rigoureusement dans le même sens, au contraire de tout ce qui roule dans ce vieux monde avec le principe du « chacun pour soi ». Du cyclisme sportif dans le sens d’un tas de sentiments pour elle qui filent droit devant à toute allure, au lieu de tout ce qui persiste à marcher de travers entre nous. Oui, voilà. Du cyclisme, pour mesurer tout le temps qu’on perd sur le côté de la route à ne rien faire, en nombre de bidons vidés dans les cimetières. Voilà pour vous dire la vérité « vraie » et sans détour d’aucune sorte, comment tout a commencé. Une paire de roues toutes neuves montées sur un cadre déjà ancien avec un guidon bien profilé pour attaquer le vent de face dans la meilleure position. Des pneus gonflés à bloc pour filer sur le bitume bien sec, alors qu’on ne peut s’attendre qu’à une météo exécrable… Un feuilleton sur le vélo, pour parler des gens. Ceux-là, bien posés sur leur bicyclette ou d’autres qui piloteraient dans le noir sans aucun moyen de transport. Des gens installés à bord de leur vaisseau lunaire ou des gars aux commandes de leur engin militaire à côté des brasseurs d’air et des piliers de comptoirs ; des vendeurs de sornettes et des fabricants d’oboles de toutes sortes. Une multitude de fiers-à-bras, de Matamores bien en place. Un feuilleton… Et n’imaginez pas non plus une de ces expertises argumentées sur une sorte de condition humaine arqueboutée sur sa selle en Kevlar à l’entrée de quelques virages un peu serrés ! Une sorte de machin à suivre par un temps de chien, pour comprendre le sens de toute l’eau qu’on prend quelquefois dans les yeux à force d’un tas de changements de rythmes décisifs qui s’enchainent sur une route détrempée. Un feuilleton… plutôt dans l’ordre d’une tentative d’un contre la montre affligeant pour résister à l’accélération de l’air ambiant. Voilà tout.





CAPTATIONS D'ÉCRAN


JEAN-LUC GANTNER
images
JEAN-MARIE BAVEREL
son
REMI BOLARD
montage
ALEXANDRE BAUDRAND
mixage
MARIE BASHUNG
FRED RAGENZUK

TOUS DROITS RÉSERVÉS © FRANCE TÉLÉVISION 2011


lundi 15 août 2011

MELANCHOLIA


CINÉMA

Je connaissais les 15 planches fameuses des gravures sur bois illustrant L’Apocalypse, le texte des Révélations de Jean… et puis cette « Melancholia-I d’Albrecht Dürer datant de 1514.

Melancholia de Lars Von Trier… Ou la « Sixtine » d’un cinéma du chaos. «Mélancholia» ou cette attitude intrigante d’un ange aux humeurs féminines qui rappelle celle de Job dans le Retable « Jabach ». Dürer, Lars Von Trier… Je ne sais pas ?! Sartre, Goya bien sûr !… Baudelairien !





On a d’abord cherché à trouver la bonne distance dans une petite salle d’un cinéma de quartier. C’est-à-dire un peu trop près de l’écran entre le troisième et le cinquième rang. Un vieux reflexe de cinéphile pour se persuader un instant de tout réussir à contrôler parfaitement des angles morts et des lignes de fuite. La position idéale pour assister au spectacle de sa propre mort sur grand écran. La fin du monde en un prologue intransigeant d’une rare beauté, et deux actes filmés avec cette sorte d’intelligence propre à quelques grands peintres de la renaissance. Disons Jérôme Bosch pour commencer. Bosch et Grunwald pour rester synchrone de ce même côté des Alpes… Bosch placé sous la baguette de Wagner en personne, ou disons celle au moins de son ami Hermann Levi dans sa conduite de Tristan et Isolde à Bayreuth. (Ce Wagner combattu par Nietzsche pour ces idées franchement antisémites). Oui, bon. Comment dire ?... le sujet d’un scandale qui n’en finira jamais. Nietzche contre Wagner pour qu’on ne confonde pas tout. Ce Wagner mort à Venise pour faire plaisir à Monsieur Visconti. Ce proustien de Visconti qui pour sa part fit figurer Gustav Mahler, Moussorgski et Beethov à son générique pour son adaptation de l’œuvre cultissime de Thomas Mann. Ce Beethoven embarqué lui aussi sur le navire amiral nazi avec Wagner et Bruckner, allez savoir ce que l’art peut encore nous réserver… Céline, Ciorian… Les amours sataniques de Lars Von Trier avec Wagner alors !… Ces conférences de presse ineptes et ce concert pathétique permanent des petites « gallianauseries » sans panache sur You Tube…. Toute cette nausée médiatique. Le bavardage évangélique, la vérité de catéchisme, les certitudes d’autels numérisées à tout va…. Oui, voilà. Mais revenons plutôt à ce « Jugement dernier ». Ce chapitre 20 de l’Apocalypse de Jean, brossé en 2:35 Dolby Digital HD.


MELANCHOLIA-I / ALBRECHT DÜRER 1514


Melancholia… du nom de cette mystérieuse gravure de Dürer (peut-être une des plus célèbres du monde). Albrecht Dürer. Encore un allemand ! Un génie. Le maitre germanique le plus grand de son temps. Une gravure, ou comme certains l’affirment : « une suite » de trois œuvres au burin de signification allégorique fort complexe… datant du tout début du XVIe siècle sur lesquelles depuis les érudits de tout acabit ont planché. D’abord cet ange soucieux de 1514 qui donnera plus tard ce fameux « spleen baudelairien. Cet ange ou plutôt ce génie « saturnien » plié sous son carré magique à 16 cases (le premier apparu en Europe, dit-on). Un ange céleste et ses attributs… ses outils de construction, disons… triviaux, pour une créature de cette condition si élevée. Un ange affligé, pile dans la trajectoire d’une comète fichée au cœur d’un pont mythique, une arche de couleurs annonciatrice d’un solde de tout comptes à régler en temps et en heure. (Un ange, « wagnérien » dirons-nous plus tard…) ; Et puis ce « St Jérôme à son étude » ; ou ce « Chevalier ». trois gravures tirées de la séquence célèbre dite de Meisterstiche. Les symboles du feu, de l’air et de l’eau pour certains (ou plutôt cette triade sidérale à laquelle on aurait aussi rajouté la terre pour avoir de quoi s’amuser un peu ici bas des forces géométriques qui nous tirent sans cesse par les pieds).

LE CAVALIER, LE DIABLE ET LA MORT / ALBRECHT DÜRER 1514


ST JÉRÔME / ALBRECHT DÜRER 1514


Cela ou autre chose comme la tentative d’une allégorie aux quatre humeurs essentielles prescrites à l’époque ou vivait ce « da Vinci" du Nord, selon le thème de la chute de l’homme. Bref, nous ne savons rien vraiment de définitif à propos de ce travail sur la mélancolie, d’un artisan graveur du XVIe siècle qui inspire aujourd’hui une œuvre audiovisuelle d’envergure promise d’emblée aux critiques les plus sourdes. Un monument du cinéma européen privé de son église naturelle pour quelques rapidités d’esprit incongrues sur le sujet du mal indicible élevé au rang de beauté monumentale. Un monument, et peu importent vraiment, les postillonneries post-canoises, le verbiage facile ou les confabulations de comptoir. L’ensemble est sans intérêt face à l’immense dépression flanquée par ce Mélancholia dans le paysage cinématographique insipide de cet été qui se termine avant d’avoir vraiment commencer. Un film catastrophe d’un genre totalement inconvenu. Un cataclysme dans l’ordre de la multitude de bandes hollywoodiennes à gros budget sur le sujet de notre fin annoncée à tous. Le tableau est profond et tout ce qu’il y a de plus habile. Un Caravage ou un Michel Ange… Une « Sixtine », disais-je… dans la matière des films de genre et de chaos ! (Et tant pis pour le caractère empesé des superlatifs ici utilisés). Un tableau Délectable à tout points de vues. Un sujet philosophique à tiroirs où le sentiment de nature l’emporte sur la grammaire critique d’un bout à l’autre des deux grands chapitres. Deux actes d’une poésie insensée pour notre époque de flux hyperactifs.

D’une certaine façon, le film et son teint de façade, proprement « nihiliste » propose une lecture en creux de l’impression de matérialité concernant notre rapport au monde. Ce sentiment d’une frontière difficile à mesurer entre une réalité possible et tout ce qui relève de la fiction. Une peinture inspirée par la géométrie des relations humaines et des engrenages amoureux, l’ensemble circonscrit aux seuls principes de leurs représentations symboliques. Ni plus ni moins. (Effacez donc ce blason sur le drapeau, et votre fier étendard redeviendra alors ce simple chiffon). L’amour… comme un « slogan » publicitaire placardé aux frontons des églises et des parlements de toute nature avant le grand déménagement annoncé. De l’amour… ou de l’affect dans les rapports humains en général, mais du côté de Schopenhauer pour vous dire les choses simplement. Une des clés pour rapprocher ce Lars Von trier du radeau idéologique wagnérien, mais passons. Notre rapport à la terre et aux étoiles à travers une visée franchement fataliste. Cette ostensible et récurrente manière de vouloir exister… mais pour rien. Oui, comment vivre après Nietzche ?!... seuls et affranchis dans ce grand désert céleste. Seuls et sans déité d’aucune sorte. Seuls et dans le tombeau glacé de nos anciens protecteurs. Melancholia de Lars Von Trier est une condamnation sans appel du principe d’osmose originelle consenti au genre humain. L’affaire d’un simple match de coïncidences plutôt !... où les rendez-vous solennels avec l’intelligence cosmique peuvent prendre des allures de compétitions radicales… Une géométrie des rencontres fortuites mise en scène comme on pratique ces opérations à cœur ouvert loin des couvents et de toutes autres formes de monastères. Une séance de beauté pure et affligeante, tragique pour l’espèce. Une leçon de rêverie morose sous la pâleur exquise de Saturne. Cet espace d’origine où la mentalité d’intuition finit par l’emporter sur toute autre force inspiratrice. Saturne esprit du monde, le doyen de l’Olympe. Saturne le créateur contre Jupiter qui seulement gouverne… Voilà l’invention moderne de la Renaissance. L’imagination… L’instrument de contemplation élevée bien au-delà du sens pratique. L’humeur mélancolique gage de toutes les sciences d’avant garde et de l’ultime conscience du monde qui nous entoure.



MELANCHOLIA : BANDE-ANNONCE


Mélancholia est une descente aux enfers qui peut se décrire exactement avec les arguments du contraire. Ce « bonheur d’être triste » disait Victor Hugo. La mélancolie comme l’angoisse du néant, la détresse à l’orée des trous noirs. La vie de l’homme souillé par le pêché originel bien sûr !... La mélancolie comme une nature infinie qui vous submerge jusqu’à la félicité. Une affliction si forte qu’elle finit par se dévorer elle même à l’image de Cronos qui dévorait ses propres enfants. Comme Baudelaire à son époque qui fut décrété infâme et tout à fait méprisable pour avoir su extraire la beauté de l’horreur dans « Les fleurs du mal », Lars Von Trier s’extasie de l’atroce condition humaine bien au delà des mouvements de foules subjuguées de son temps. Baudelaire et Lautréamont si l’on veut se risquer au jeu des filiations poétiques dans la matière philosophique du sensible opposée aux écoles du sens commun et de la morale générale. Tous des « saturniens »… Lars Von trier : Un voyant. Un de ses ouvriers de la sorcellerie évocatoire touché par la grâce du « Grand maléfique » dirait un vieil astrologue. Saturne, le héro civilisateur du panthéon romain, en tant qu’il représente la puissance intellectuelle placée très au-dessus de nos simples attaches terrestres. Lars Von Trier en génie du christianisme, mais dans sa version forcément la plus critique...

Dans le tableau final de Mélancholia de Lars Von trier, c’est Justine/Kirsten Durst (la mélancolique), la saturnienne qui sauve le monde au lieu de Claire/Charlotte Gainsbourg qui pourtant s’escrime à le faire depuis le début dans un mouvement ininterrompu d’une sorte d’agitation morale et convenue. Justine, la « wagnérienne »… sauve le monde et le genre humain grâce à ce vieux subterfuge de la cabane symbolique dressée contre les forces naturelles maléfiques. Le pouvoir de l’imagination, celui de la contemplation, dressé comme un ultime rempart aux effets récalcitrants du chaos primordial. Mélancholia : Un humanisme... Mais si, mais si, je vous assure !
NÉON™

dimanche 7 août 2011

UN BEAU MAILLOT !


CYCLISME SUR ROUTE

PODIUM À LANGEAC (HAUTE-LOIRE)
ET UN TITRE DE CHAMPION DE FRANCE DES JOURNALISTES (UJSF)




LE PODIUM DES CHAMPIONNATS DE FRANCE DES JOURNALISTES CYCLISTES (MOINS DE CINQUANTE ANS)
1- JEAN-LUC GANTNER (FRANCE TV)
2- PHILIPPE TRIAS (LE PROGRÈS)
3- CHRISTOPHE DARNE (L'ÉVEIL)


J'étais un peu venu, l'histoire de faire plaisir à mon père qui "avait fait le métier" dans son temps, comme une dédicace spéciale à mon paternel et puis voilà tout. Mais l’aventure commence à me coûter cher en champagne et en vins fins de toutes sortes. Une montagne de SMS et de messages de félicitations qui arrivent d’un peu partout. Le résultat… d’un maillot tricolore enfilé ce samedi 6 aout 2011 à Langeac (Haute-Loire) sur le podium des « Championnats de France cycliste sur route des journalistes ». Si ! Comme je vous le dis ! Un championnat de France... (tout ce qu’il y a de plus sérieux, dit-on…) des journalistes « cyclistes ». C’est-à-dire le genre de gratte-papiers, d’animateurs télé encartés ou de « paparazzis » qui calculent leur vitesse de déplacement dans l’air de l’information internationale en braquets... et leur vague à l’âme à propos d’un monde déglingué, en nombre de tours de roues par minute… Des « forçats » de la ligne rédactionnelle détournée en course au maillot tricolore…




Un coup à jouer en trois bandes gagnantes Bleu, blanc, rouge sous l’égide de l’UJSF (Union des journalistes de sport en France). Une épreuve de force de réussir à faire pédaler un tas de journaux dans le même sens avec tout le fair play qui s’impose en pareille circonstance d’une lutte sans merci pour tenter de faire figurer le nom de sa boite et le sien avec au tableau d’honneur. Un maillot de champion de France, une médaille d’or et… la marseillaise, jouée par la fanfare de Langeac en personne cette année. Autant dire : la valise, sa poignée, et l’étiquette de voyage collée dessus… Un public, auvergnat, mais large pour ce qui est d’encourager le client à la dépense physique sur le parcours. Des fans sur la ligne d’arrivée pour couvrir les cris de rage dans le sprint final. Une véritable « émeute » de groupies venues tout exprès pour soutenir leurs « champions » préférés… Philippe Trias du journal « Le Progrès » et ce Néon™ de cycliste à ses heures et reporter à France télé le reste du parcours de l’horloge. Philippe Trias™, le responsable de tout ce qui est advenu cette fameuse journée du 6 aout. Une date ! Car c’est bien la faute de ce jurassien de cœur et son Trek Madone™ (la monture des frères Schleck™ prise en défaut cette année sur le tour de France par le BMC™ de Monsieur Cadel Evans…) si on en est arrivés là. Des heures d’entraînement certes ! Mais cette idée de participer à cette épreuve nationale venait entièrement de lui. Je le jure sur la tête de Jean-Marie Baverel et de sa caméra qui filme entre les rayons pour passer inaperçu dans les allées des supermarchés. Un caméraman féru de vélo qui est aussi pour quelque chose dans ce programme de récompenses estivales totalement impromptues.



AVANT LE DÉPART AVEC PHILIPPE TRIAS


Au final, moins de deux heures de course pour en finir d’une somme d’efforts terribles dans les bosses auvergnates. Des volcans sous les cales… de quoi mettre le feu dans le peloton. Un petit groupe lancé à toute berzingue dés les premiers échanges de politesses. Pas même le temps de dire bonjour à tout le monde, et encore moins celui de contempler le paysage. Des forêts sauvages sur les rives de l’Allier. Un tas de types la tête rentrée dans des cuisseaux bandés, larges comme des semi-remorques. Les premières minutes de course sur un de ces faux plats réservés à des « rouleurs » aguerris. Une course de camions, où Philippe et moi ne pesons pas bien lourd. Mais la course sur route est une épreuve tactique où rien ne se joue jamais définitivement sur un coup de « biceps » décroché prématurément. Et comme dit la fable depuis la poésie grecque à laquelle elle fut empruntée : Rien ne sert de courir…


DANS LA BOSSE DE 12KM


Quelques kilomètres plus tard, et au bout de quelques dénivelés bien placés, les costauds et leur réputation finiraient bien par plier sous la charge de leur ambition. Une collision fatale entre les facteurs naturels d’inertie et l’impitoyable administration des fardeaux… Un gouvernement favorable aux grimpeurs, élu pour une petite quinzaine de kilomètres et sans aucune combine parlementaire possible. Le supplice démocratique sous sa forme la plus radicale. Monte et tais toi. « La culture pour tous » aurait dit Malraux et pour rester un moment sur le terrain politique, mais de la culture physique. Une vraie « chienlit » pour les gros bras !



QUELQUES MINUTES APRÈS LE PASSAGE DE LA LIGNE D'ARRIVÉE


Au tiers de la bosse, ils ne sont plus que six au-dessus de nous en position probable de réussir à mener l’opération d’un bastringue dantesque prévu sur le plateau sommital. Une montée « de Varennes » (ça ne s’invente pas !) construite sur le papier comme la possibilité d’une fuite décisive en vue de la victoire finale. L’accident de terrain à négocier au plus juste avant que le tocsin ne résonne enfin, 500 mètres plus haut, au profit du plus combatif du jour. Un plan d’évasion trafiqué dès le départ par deux complices de la première heure à qui on ne fait pas l’histoire, et collés aux basques par un genre de Lafayette finalement pris au dépourvu « empêtré » au lendemain des événements du 20 juin 1791 (Ce général, héros français de l’indépendance américaine, né dans ce pays de Haute-Loire justement ! et qui avait tenté de couvrir la fuite du roi par un de ces procédés tarabiscotés auquel personne ne crut jamais.) Pour vous dire aussi l’histoire… ou le genre d’histoires qu’on finit par se raconter sur un vélo, dans les pires hauteurs d’Auvergne et à quelques distances du mystérieux Gévaudan. Une sorte de Marquis… qui ne sait plus très bien à mi parcours avec qui continuer de chasser l’horrible bête, ni quelle bête immonde il lui revenait exactement de traquer dans le scénario prévu, pour ne pas succomber lui même sous ses propres crocs.


LA CHEMISE POUR LA CÉRÉMONIE

Cinq concurrents encore devant… dont un coureur de tout juste vingt cinq ans, maintenant en ligne de mire dans les derniers lacets. Cette idée idiote, oui, je l’avoue… de vouloir lui nouer sa paire de chaussures avec, pour en finir plus vite avec son envie de se battre jusqu’au bout dans ma roue. Encore 1 kilomètre avant le fameux tocsin… et ce dernier naufragé repris dans la tempête qui fait désormais rage à plus de mille mètres d’altitude sur une route dorénavant changée en montagne russe balayée par le vent.



SUR LE PODIUM DES CHAMPIONNATS DE FRANCE USJSF

LA MÉDAILLE !

JLG, PHILIPPE, ELVIS
APRÈS L'EFFORT...

Voilà le morceau de choix de la journée ingéré et la perspective alors, d’une forte honorable quatrième place à la clé si rien ne tourne mal entre temps. Car l’attraction comporte encore quelques fameux décors à absorber, en commençant par ce promontoire en forme de plateau de « Ferrussac » défiguré par des bourrasques surnaturelles. Des trombes d’eau lancées à toute blinde et qui dévaleront bientôt les pentes terminales pour amuser le public téméraire ou un peu sadique aussi… attardé dans les dernières épingles à cheveux. Quatrième… mais cette sorte de hussard d’origine champenoise qui me précède maintenant d’un peu moins d’un quart de lieue, va me servir de frère d’armes pour accompagner cette dernière chevauchée. Trois cents mètres de montée, puis la même distance en descente, puis trois cents mètres de montées, puis… Le même supplice chinois qui se répète pendant une vingtaine de minutes d’une lutte interminable contre cette sorte de Mistral glacial débarqué de je ne sais quelle direction contradictoire avec son origine supposée. Un duo de circonstance, providentiel, qui nous mène relai après relai et de plus en plus rapidement jusqu’à la ligne d’arbitrage à Langeac. Quatrième... et pourquoi pas "troisième" du classement général de l'épreuve sur la centaine d'engagés au départ et la trentaine de journalistes ?!... Deux cents mètres à peine pour en causer au sprint, la roue de mon confrère dans la mienne, l’ensemble de la ferraille et des boyaux, encastré dans les grilles du couloir de ralentissement alors que le speaker prononce dans mon dos un nom que je connais à la perfection depuis plus de quarante cinq ans… Voilà l’histoire d’un maillot tricolore des journalistes cyclistes "de moins de cinquante ans"... enfilé à Langeac, département de la Haute Loire, ce samedi 6 aout 2011... Et tout le poids qu’on m’a confié sur les épaules de faire honneur au métier avec un beau maillot bleu blanc rouge comme ça et une médaille en or accrochée par-dessus.
JLG 6/08/2011


DES MESSAGES SUR FACEBOOK !

ET D'AUTRES ENCORE...





jeudi 21 juillet 2011

LE SPRINT DE SISYPHE


LE SPRINT DÉCISIF


Bon, je sais… d’aucuns diront encore que je parle beaucoup trop de sport ces temps ci. D’activité physique en général au lieu d’une transcription de l’âme à laquelle nous nous étions forcément un peu habitués dans ces colonnes de verbiage entre nous. De sport ou plutôt, d’une sorte d’hymne à l’effort considérable. De ce calvaire d’un travail d’endurance répété chaque jour sur la route et allez donc bien savoir pourquoi ?! De cette activité de « forçats » accumulée au fil des semaines et depuis des années dans le but imprécis de parfaire un entraînement de compétition. Du sport… ou cette drôle d’idée peut-être, d’essayer de repousser les limites de notre mystérieuse condition d’être humain sur terre. Du sport ou quelque chose comme « la possibilité d’une île »… aurait dit Houellebeck. L’auteur des « particules » dont je viens de terminer le Goncourt 2010 « La carte et le territoire » avec un peu de décalage horaire pour cause… d’entraînement justement. L’entraînement… Où l’on pourrait convoquer d’emblée ce « Sisyphe » roulant son rocher sous la plume d’Homère. Mais « il faut imaginer Sisyphe heureux » disait aussi Camus.



Ottavio Bottechia / Tour de France 1924


Heureux comme un cycliste dans l’eau de cette fin de mois de juillet un peu moche, et cramponné derrière des collègues de vingt ans de moins que lui sur des distances et à des vitesses insensées. Mais bon, comprenez par là que je chéri depuis toujours ce vieux Nietzche en cette formule admirable qu’il consacre au bonheur : « Ce sentiment d’une résistance en voie d’être surmontée » (L’antéchrist). Ce frein sordide, ce mode d’obstruction mécanique lorsque la route s’élève en même temps que les vents contraires… et ce réflexe « absurde » de jeter toutes ses forces dans la bataille de cette compétition dantesque. Un réflexe « absurde », mais je vous parlais bien de Camus juste avant. De Camus ou de Schopenhauer par l’engrenage d’un prix littéraire à son comble s’agissant de cette matière philosophique. Le vélo ou le truc d’en chier vraiment avec le sentiment du devoir accompli. Un truc « chrétien » gouailleront certains. Un machin de « forçat » avait écrit Londres lorsqu’il suivit pour le Parisien l’incroyable épopée d’Ottavio Bottecchia sur le tour de France 1924. Un véritable tour de l’hexagone en quinze étapes de trois cent à quatre cent kilomètres chacune, soit plus de 5000 kilomètres au total et « sur la plaque » comme on dit aujourd’hui (un développement de fou pour espérer franchir l’étape du Galibier sans poser le pied par terre). Tout ça pour vous dire que j’ai donc décidé de terminer cette séquence d’une mise en « quarantaine » un peu contrainte sur le chemin inéluctable du temps qui passe… par le dispositif d’un entraînement de corps d’élite. Ce truc, oui, un peu « nietzschéen » du dépassement de soi, pour continuer de prendre les virages à la corde au lieu d’essayer d’écraser la pédale de frein sur le dos du peloton.



Un masque de souffrance physique bien planté au sommet du maillot à pois plutôt que cette figure d’un monde auquel je ne comprends décidément plus grand-chose. Au hasard, cette image d’un retour de cadavres d’Afghanistan, imposée récemment à la nation sous la forme d’une mise en scène télévisuelle pompeuse et au final quelque peu indécente en comparaison de la multitude de drames humains qui persistent dans les ombres du monde. Cette question « surréaliste » posée par une journaliste pour introduire son sujet imposé. Une présentatrice vedette qui se demande face au prompteur et droit dans ses bottes, en l’occurrence Marie Drucker, quel sentiment, de « l’individualisme ou du nationalisme » inspire le mieux aujourd’hui les français face à l’épaisseur du trait symbolique qu’on voudrait leur prescrire ?!... Une forme d’expression « journalistique » excluant par conséquent toute facture intellectuelle intermédiaire. Un de ces journalismes sans nuance qui fait toute la beauté du métier. Un journalisme binaire véritablement émouvant sur le service public, pris en tenaille entre le procédé de l’auto-information smartphonisée promu à tout va, et les numéros corporels de bimbos de l’info qui raflent ce qu’il reste de parts de marchés sur nos écrans passés de mode ! « Un sacré numéro ! » aurait sûrement dit Thierry Adam (le causeur dans le poste en chef du Tour de France Le Cantador du micro, le Thomas Voeckler de l’analyse des fins de courses sur le plat les jours de grandes échappées qui n’arriveront pas au bout à moins qu’elles ne réussissent quand même devant le peloton qui n’a jamais vraiment mis en marche et on se demande bien pourquoi ?) Une présentatrice de télévision… On croit rêver ?!... Et pourquoi pas embaucher les restes de Jean-Paul Sartre pour faire le guide dans le Marais Poitevin ou recruter Robert Murdoch pour s’occuper de la famine et de la guerre dans la corne de l’Afrique (près de 2 millions de morts en moins de 20 ans « sans qu’on en fasse toute une cérémonie… ») Les « événements » en Somalie… Le sujet placé à une distance respectable de la tête de gondole du journal ce jour-là. Parce qu’il faudrait pas non plus tout mélanger. Pour tout dire, j’avoue avoir eu beaucoup de mal à sortir complètement d’un « Job » gratté dans le marbre le plus brillant qui soit par le rédacteur inspiré de « La république des livres » cet hiver… oui, j’avoue en être resté au résultat de ce travail considérable d’un écrivain penché sur les hystéries du monde et ses douleurs intérieures. Pierre Assouline après Camus plutôt qu’un journal de télévision, et je vous prie de bien vouloir m’excuser ! Le biographe transformé en passager d’un drame en vers, unique et qui nous vient d’on ne sais où exactement ; une « Odyssée » hors concours qui agite le monde sensible et les arcanes intelligibles depuis des lustres.

Des étrangers percent des ravins
En des lieux non fréquentés
Et ils oscillent, suspendus, loin des humains.
(Job, XXVIII)

Où ce « Job »-là est rattrapé par le sort d’un Sisyphe bien sûr… Où tout se rejoint dans l’absurde condition humaine qui nous afflige. Sisyphe et Job en ce chaos… Mais a t-on déjà vu un jour un Job heureux ?!...

Qui disait déjà : « Comprenez bien que jamais cette sorte d’accumulation d’informations ne produira la moindre étincelle d’intelligence, mais juste une certaine forme tragique d’un dégoût de soi-même »… Quelque sociologue de passage et vite oublié, comme le temps passe et comme tout file aussi. Cette accélération constante de l’air ambiant et la course affligeante d’un tas d’électrons libres au cœur de nos orbites tout tracés. Une somme de courants considérables qui continuent heureusement de les transporter. Alors voilà, et n’allez pas dire que vous n’étiez pas prévenu si toutefois vous n’avez pas les jambes pour espérer rivaliser avec les meilleurs dans le sprint final. Vous souhaitant un bon repos à tous cet été.
NÉON™


dimanche 29 mai 2011

SERGENT /9 JUIN 2011



Jean-Pierre Sergent signera son catalogue « Mayan Diary »

Le 9 juin 2011 entre 18H et 20H
Restaurant/Salon de thé « Mon Loup » 10 rue Pasteur à Besançon.
A cette occasion, l’artiste présentera un entretien filmé par JL Gantner.


Je suis pour ma part, le produit d’une éducation sceptique du point de vue des doctrines ou des églises quelles qu’elles soient. Point de sainte vierge pour défendre mon armada affective, ni aucun mandalas pour me retenir à l’intérieur du cercle de mes amours perdus… Cette sorte d’agnostique plutôt. Car j’ai tout de même croisé dans mes voyages, des ombres effrayantes et des parfums sublimes qui s’entremêlaient sans raison apparente, comme les étoiles et les comètes s’entrechoquent quelquefois ailleurs dans l’univers pour produire quelques poussières de couleurs magiques sur cette sorte de terre-là qui nous porte ensemble sans raison apparents. S’il m’est souvent arrivé d’avoir peur dans l’obscurité, je dois dire encore que c’est en raison plutôt des hommes et de leurs mœurs fâcheuses qu’à cause d’une somme de courants d’air occultes. Voilà pour être tout à fait loyal envers vous avant d’en arriver à mon compte, et pour être quitte de nos itinéraires métaphysiques respectifs.


"Mayan Diary #4", acrylic silkscreen on plexiglass & tinted plexiglass, 2007, 55"X55"


À vrai dire, Je ne sais plus précisément où et quand j’ai rencontré Jean-Pierre Sergent la première fois, mais le détail n’a en fait aucune espèce d’importance à l’échelle des temps cosmologiques dont nous parlons. Disons qu’une sorte d’institution officielle de la culture m’avait conseillé l’obscure démarche sur la pointe des pieds et l’affaire aurait pu s’arrêter là. On ne sait jamais vraiment de quelle façon exacte un enchaînement de circonstances finit par s’imposer comme une forme de bonne fortune pour l’esprit ? Voilà peut-être l’Axis Mundi qui précipita cette première rencontre. Juste une somme de coïncidences… « Un cataclysme ».
Je crois que l’on a d’abord parlé de Bacon… Où alors nous aurions dû. Bacon… « Ni une narration, et encore moins de l’illustration » disait Maurice Tourigny(1). Juste une confrontation des affects dans l’idée d’un terrible accident de parcours. Bacon, comme un récepteur du temps qui passe, « terrible ». Ce « résultat » d’une somme de hasards, et de leurs corolaires intimes obsédants.

Jean-Pierre Sergent, cet artiste qui débarquait de New York quelques heures plus tôt tentait de me convaincre d’un tas de puissances démiurgiques qui coloraient la profondeur des mondes anciens. Un tas de formules magiques difficiles à admettre depuis mon espèce de promontoire occidental un peu figé. Moi qui préférait en général débattre de ce thème prolixe des baigneuses dans l’histoire de l’art ou de Guernica. Des annonciations au trecento ; Giotto bien sûr… et plus tard surtout Piero della Francesca. D’un déjeuner sur l’herbe qui pu faire scandale en son temps ou cette ignoble Hallali de Courbet dont il me semble que tout le monde veuille avoir son petit mot à son propos. Cette Aphrodite de Cnide de Praxitèle bien sûr, ou un dialogue tout aussi convenable entre une Pietà de Villeneuve et une nymphe de Titien. Ce « style » des christ d’or et d’argent byzantin ; ces Madones romanes ; les escarpements gothiques. Le génie de Daumier. En vrac, Rembrandt, Caravage, Rubens, Velasquez ou Manet. Mon admiration pour Baudelaire ou Mallarmé si l’on avait parlé de poésie d’emblée. Tout ce qui compose et ordonne la consistance de nos colloques académiques de ce côté du monde, nos schémas… L’exégèse et l’herméneutique… Nos manières exécrables de nous parler de haut, sûrs de nous et débarrassés de nos fibres ardentes. « On n’y voit rien » disait le critique Daniel Arasse. Et les musées même… leur profusion insensée, continuent de nous rendre aveugle aux effleurements sensibles qui transcendant les siècles.
Ce peintre… ancien éleveur de chevaux dans le haut Doubs avant de faire le choix d’aller visiter les indiens navajos dans les réserves de l’Arizona au lieu d’un destin figé dans sa Comté post agricole. Ceux de l’Utah ou du nouveaux Mexique, qu’avant lui Pollock avait côtoyé sous l’emprise de quelques drogues autochtones séculaires. Un shoot magnifique pour la scène mondiale de l’art moderne.



Large-Paper-n°20-JP-Sergent-July-2010


Pollock, Lichtenstein, Rosenquist, Jasper Johns ou Rauschenberg… La conversation s’est installée comme ça, sur le ton d’un dialogue sidéral à propos des traces que les hommes laissent, de leurs traces et de leur altérité dans la nuit infinie. L’idée d’une interview nous est venue bien plus tard alors que l’on travaillait ensemble sur le projet d’un premier film. Quelques questions lancées dans le vide comme Jean-Pierre peint aussi dans l’esprit d’une forme de langage des signes intuitif. Une interview dans le genre de ces bavardages amicaux à partir d’un grand livre d’art posé sur sa table de travail. Cette sorte de muséographie imaginaire dont Malraux parlait, mais du point de vue des pôles inversés. D’abord cette Khajurâho indienne au lieu d’une Athéna de Phidias. Oui, d’abord ce Çiva d’Ellorâ, ce masque africain ou tordu des chamans esquimau ou ce Chevalier-Aigle de Mexico… comme sujet principal de toutes nos métamorphoses au lieu d’une nuit mortelle dans un Louvre glacial. Jean-Pierre Sergent riait aux scènes un peu crues rapportées sur la pierre sacrée d’un monde disparu. Des scènes de fécondité débordante et d’amour joyeux entre les hommes, les femmes et leurs rythmes naturels ensevelis. Le travail, ou plutôt la production de ces autres « grands maîtres de l’irréel » et de leur paradis perdu. Je revoyais un à un ces chevaux bruns des grottes de Lascaux nous dépasser dans un éclair foudroyant, ces figures stylisées au verbe oublié sous la cohorte de nos gisants chrétiens (un langage de plomb contre la chronique aérienne des ciels sumériens ou aztèques). La beauté des gravures rupestres de Tamun en Litsleby. Le génie insoluble du Codex de Madrid… Oui, nous avons beaucoup parlé, mais aussi beaucoup ri ce jour-là à propos des corps et des organes ingurgités dans la couleur céleste. Des scènes érotiques sans tabou. Des corps-signes, des corps-fleurs, des corps-dieux de toutes sortes et leurs postures phénoménales dans la jouissance extatique. Une multitude de thème « pornographiques » dans les critères sordides de nos conventions sociales dégénérées. Je lui ai dit les difficultés qu’il risquerait de rencontrer dans un de ces petits villages de l’Est de la France où il revenait s’installer, face à l’opinion et au jugement de valeurs. L’aveuglement des foules dans la promiscuité des figures de style standardisées… La politique molle de l’idéal humain en cette étrange affaire d’un monde moderne tout accaparé par la litanie de son déclin annoncée. Un genre de discours que ce « new-yorkais » entendait bien sûr… mais l’artiste lui, s’est mis a sourire un peu en pensant à cette sorte de tapage qu’il déclencherait peut-être à la porte des institutions françaises et qui risqueraient dés lors de lui rester fermées à jamais. On a parlé de Michelet et puis de Ferdinand de Saussure, de Levi Strauss, du docteur Freud et d’un tas de formules secrètes contenues dans les écritures saintes. Des gestes et des réseaux, des symboles… de tout de ce qui fait encore sens dans le grand espace pétrifié ; des feux follets qui le transpercent pour nous ranimer. On s’est revus quelques jours plus tard pour parler du vide aussi. De la théorie du chaos, de la phénoménologie de Bergson et du peuple Maya. De l’art sacré et de sa forme naturellement sexuée avant que tout ne disparaisse dans un grand branle-bas punitif judéo-chrétien.


Mayan Diary/2009", acrylic silkscreen on plexiglass & tinted plexiglass 55"X55"

C’est-à-dire que l’homme depuis est devenu mon ami, mais son « mur de lumière » continue de me subjuguer. Sa matrice. Son Iliade… de plexiglass™. Une fournaise de signes incandescents rapportés d’un voyage transatlantique qui a réussi à me transporter moi aussi ; comme chaque voyage à la charge de nous ouvrir un peu les yeux dans l’obscurité récurrente. Car comment vous dire qu’au lieu de cet l’Aurige de Delphe, je préfère aujourd’hui le « maniérisme » cosmique des fresques d’Ajantâ, ou pire encore… cette peinture de Jean-Pierre Sergent qui s’adresse au corps, à notre anatomie particulaire, plus qu’à la raison logique, et dégagée de tout arbitraire « convenable » comme ces Sabbat de femmes, divines… même lorsqu’elles sont « attachées » sur leur lit de vinyle, retenues prisonnières entre leurs parois faites de surimpressions énergétiques aléatoires. Des juxtapositions magiques de principes actifs hyper sensuels où la culture archaïque côtoie le pire manga ; la bande dessinée et la caricature pornographique. Comme au tant où les messages des rois scythes parvenaient à Darius sous une forme qui pouvait prêter à la controverse, les signes « muets » utilisés par accumulation dans l’œuvre de JP Sergent peuvent d’abord prêter à l’équivoque. Une œuvre qui en dit pourtant bien plus long que tout ce que nous pourrions nous écrire d’un peu intelligible dans le but d’apprendre à nous connaître nous-mêmes. Des signes millénaires chargés d’une énergie propre dont les conventions graphiques peuvent nous échapper un instant, mais dont la puissance naturelle de chacun d’entre eux, accouplés dans cette sorte de symbiose hallucinante, couche après couche… révèle la possibilité d’une figure d’amour rituel qui frappe d’emblée notre imagination. Enter dans l’univers de Jean-Pierre Sergent, c’est accepter de pénétrer un espace sacré. Une expérience sensible aux limites de l’Aube de notre humanité. Mais que je vous avoue maintenant, après quelques préliminaires consommés entre nous. Oui, que je vous dise la stricte vérité sur ce Jean-Pierre Sergent. L’homme est un chaman… Un « technicien » du sacré… Il a vu des fleuves de sang couler dans le pistil des fleurs de Jade et des tigres blanc remonter aux sources de feu par la voie du Nirvana. Un sage et son tambour de rêves qui parle aux attelages mythiques et aux abeilles des ruches séculaires. Le gardien… de la forêt d’Aphrodite et d’Ishtar. Il a vu en rêve les jeunes filles prises par les hommes de l’île de Goulburn. Les jeunes filles qui poussent des cris de douleur à cause de leurs longs pénis. Les jeunes filles de la tribu Nagara… Les hommes de l’île de Goulburn éjaculant leur semence dans le corps des jeunes Burara… Celles qui sont toujours là, couchées sur le dos, étendues parmi les feuillages de la palmeraie, au lieu dit des Nuages immobiles, où se lèvent les nuages de l’ouest(2).
Voilà la vérité vraie et comme j’ai pu moi-même tout vérifier sans rien de tenter de vous cacher.
JLG

1-Maurice Tourigny. Francis Bacon : le hasard et l’odeur de la mort
Vie des Arts, Volume 35, numéro 139, juin-été 1990, p. 16-19

2- Cycle de l’île de Goulburn - Poésie du peuple de la Terre d’Arnhem (Australie)
in Les Techniciens du sacré - Anthologie de Jerome Rothenberg / Éditions José Corti



vendredi 27 mai 2011

EN MAI, ON ROULE LES MÉCANIQUES...


PREMIER TOUR DE ROUES

Une machine toute neuve ou presque pour, tiens… Pourquoi pas aller disputer les « championnats de France des journalistes » le 6 aout prochain à Langeac dans l’Allier ?!... (Ceci est un message personnel adressé à Philippe Trias, journaliste au Progrès !)


MAVIC R-SYS


Des roues Mavic R-Sys de 1390g (la paire), et un cintre 3T ergo pro compact recouvert d’un grip de couleur blanche encore propre. Un résultat impeccable sur un bon vieux cadre alu de 2004 revu et corrigé par l’un des meilleurs préparateurs de machines de la région. Merci Jérôme ! Comme ça je serai plus obliger de t’attendre dans les côtes !!!... (Je parle bien sûr de Jérôme Chevallier de l’AC bisontine, un des tout meilleurs spécialistes français de cyclo cross qui officie également au BD du Cycle, rue de Dole à Besançon). De quoi redonner un peu de peps à la mécanique d’entraînement surchauffée depuis deux mois d’un été exceptionnel installé sur les routes depuis la fin du mois de février. Un paquet de bornes accumulées déjà dans les côtes de Champlive, La Maltournée, Lizine, Saules ou Bonnevaux-le-Prieuré… De la bonne petite côte comtoise avant d’attaquer les Alpes avec une chaine un peu bling blig et des pignons frais. Une année faste après toute la flotte qui nous était tombée sur le maillot au début du printemps de l’année passée.


CINTRE 3T ERGONUM PRO


Au premier essai hier après-midi sur ma bécane diabolique et bien briquée, j'ai eu à peine le temps de finir mon jus d’orange lors d’un arrêt à Epeugney chez Jean-Marie à cause de mes roues déjà parties devant sans même s’inquiéter de l’orage qui couvait. (Le JM Baverel de la télé avec sa caméra soudée sur l’épaule dans les courses cyclistes régionales). Une descente « tout droit » pour rejoindre les rives du Lison, et le résultat d’un tas de moucherons collés de partout sur les lunettes profilées. Une côte d’Abbans-Dessus remontée comme sur une chaise à porteurs avant d’enquiller Torpes sur les grandes dents le vent dans le dos… Une sensation de rappel tendu sur un catamaran de compétition. Un vrai délice ! Demain, j’attrape ma BMW de 1989 (une 318is collector avec un moteur à réaction alimenté au champagne d’Épernay, une cuvée Louise de chez Pommery modèle 1998 / 20l au 100 au dessus de 5000tm) et je vais tester les rayons en carbone dans les bosses du Haut-Doubs avant de descendre rigoler sur le sommet du Mont Ventoux avec des potes. En se débrouillant bien, un petit détour pourrait nous ramener au bercail en profitant du Galibier et du col de la madeleine… Mais bon, faudrait pas non plus tout vouloir bouffer d’un coup. Flaubert, Proust et Chateaubriand. Faut en laisser aussi pour le mois de juillet et le mois d’août.

SCOTT AFD TEAM (2004)


Bon, alors c'est quand tu veux mon Philippe ? L'histoire de mettre une mine à Edouard Choulet qui frime avec son maillot officiel de l'UCI dans les salles de rédaction. (Trêve de plaisanterie : Chapeau bas, pendant que j'y pense, Monsieur Choulet...) Et un grand merci à Jérôme pour sa collaboration efficace au sommet.
JLG


lundi 23 mai 2011

TOUR CYCLISTE DE FRANCHE-COMTÉ 2011



4 JOURS À UN TRAIN D'ENFER SUR LES ROUTES DE FRANCHE-COMTÉ

Quatre jours de directs et de reportages sur une épreuve réputée comme un des plus beaux rendez-vous du cyclisme amateur français. Au total : 600 kilomètres de course à parcourir en cinq étapes (dont deux demies journées dans la montagne sur les pentes du Jura des deux côtés de la frontière avant de rejoindre Besançon). Les numéros d’équilibriste du cameraman dans des descentes à moto au milieu des concurrents déchaînés ; l'inénarrable JMB (qui fait aussi office de Road book, d'attaché de presse, de Public relation et de conseiller de production). Francis, au guidon de sa belle mécanique. Les coups de volants « intuitifs » de notre ingénieur du son bien installée dans son Aston Martin pour éviter les coureurs, les arbitres, les invités et les commissaires de course ; les spectateurs sur le côté de la route, les mouches sur le pare brise et les « chiens »… Le travail d’un monteur au cerveau magique et ses machines infernales pour assembler les images dans l’ordre et le temps d’un sprint olympique. Des transmissions satellite réglées chaque midi et chaque soir comme une horloge suisse au poignet de Marie même en terre ennemie. Notre boite à coucou à nous. (Une Marie sans OGM ; une Marie 100% naturelle à n'importe qu'elle heure du jour ou de la nuit. "Oh Marie, si tu savais... Tout le mal, que...") Tout le boulot de Sarah sur le web qui peste quand même un peu contre les zone blanches de la Comté, et qui pense que le Wifi « suisse » devrait couler partout de chaque côté de la frontière… Le truc aussi, d'être un peu triste d'être obligé de se quitter si vite après le début d'une si belle aventure entre nous. JLG




J1 / PRÉSENTATION DU TOUR DE FRANCHE COMTÉ À DELLE (TERRITOIRE DE BELFORT)


J1 / 1e ÉTAPE ENTRE DELLE ET BELFORT


J2 / 2e ÉTAPE ENTRE AUXON DESSUS (DOUBS) ET DOLE (JURA)


J3 / 3e ÉTAPE ENTRE LONS LE SAUNIER (JURA) ET FRASNE (HT DOUBS)


J3 / 4e ÉTAPE ENTRE PONTARLIER (HT DOUBS) ET LA CHAUX DE FOND (SUISSE)



Les images de la dernière étape du Tour à Besançon (tout bientôt)


Voir le résumé en images du Tour de Franche Comté 2011
sur France3.fr




TOUS DROITS RÉSERVÉS ©FRANCE TÉLÉVISION 2011

JEAN-LUC GANTNER
JEAN-MARIE BAVEREL (Images)
FRANCIS MOURE (Moto)
ABOU SOW (Son)
ERIC DEBIEF (Montage)
MARIE BASCHUNG (transmission satellite)
SARAH REBOUH (web)