dimanche 2 mars 2008

NAHUI OLIN



PORTFOLIO


PEINTURE / NAHUI OLIN ET L'ART RÉVOLUTIONNAIRE MEXICAIN


D'abord un bouquin de Pino Cacucci. Une vieille folle qui vend des cartes postales érotiques sur l'avenue Madero... Quelques pesos réclamés aux touristes pour l'image sépia d'un corps de rêve ; un pactole pathétique ; de quoi gavé ses chats. Qui pourrait deviner ? Qui pourrait se douter que sous les rides de la vieille vendeuse, la puta, "la sorcière", se cache les traits d'une des plus formidables icônes du monde artistique des années trente ?... Ses yeux ! Il suffirait pourtant de regarder ses grands yeux verts, turquoises et violets, ceux-là même qui rendirent complètement fous tout ce qui comptait dans les années vingt d'intellectuels à la mode, de génies des arts plastiques, et jusqu'à "la bande de bohémiens de Montmartre ! (Oui, quel touriste pressé pourrait se douter ?) Une paire d'émeraudes voilées sous le ciel pourpre de Tacubaya. Il suffirait pourtant d'ouvrir grand les yeux face à cette "fresque" de Diego Rivera, le muraliste, certainement le plus important de son temps. Regarder ce corps exhibé, provocant, peint de couleurs vives à la manière naïve. Ce corps, hallucinant, accroché, à la toile naturelle d'un décor archaïque, témoin essoufflé d‘une révolution populaire et de son million de morts indélébiles. Un corps en flammes, fracassé, tâché d’un sang de ruines.


NAHUI OLINE PHOTOGRAPHIÉE PAR EDWARD WESTON

C'est l'image que beaucoup ont préféré retenir de "Maria del Carmen Mondragon Valseca", alias "Nahui Oline". Une jeune fille scandaleuse, l'égérie des années vingt au Mexique, fille de l'habile général putschiste Manuel Mondragon. Nahui de son nom de scène... qui répétait sans cesse :"Je me suis laissé photographier nue parce que j'avais un corps si beau que je n'aurais jamais pu priver l'humanité du droit d'admirer cette oeuvre".



En 1922, la senora Carmen, Nahui... pose en poésie érotique pour Diego Rivera, héroïne des 900 mètres carrés de murs enduits de l'amphithéâtre Bolivar. Une "récréation" avant que le peintre ne fasse la rencontre de Frida Kahlo. Pour Nahui Oline, c'est le temps de sa gloire immense comme modèle et celui de sa rencontre avec le Dr Atl (Gerardo Murillo) qui changerait sa vie après son mariage raté. cet amant merveilleux, son plus grand amour, sa passion dévorante, cette obsession, cette tempête... cet assassin, ce "dragon", ce salaud... ce misérable charlatan.


NAHUI OLIN ALORS QU'ELLE PARTICIPE AU MOUVEMENT DE REVENDICATIONS DES ARTISTES POLITISÉS QUI MILITAIENT DANS LE SYNDICAT RÉVOLUTIONNAIRE DES OUVRIERS, TECHNICIENS ET PLASTICIENS, FONDÉ PAR DIEGO ET SIQUEROS / 1922. SES CHEVEUX SONT COUPÉS TRÈS COURTS EN SIGNE DE PROTESTATION CONTRE LES POSTURES SOCIALES SÉCULAIRES ET TOUT AUTANT CERTAINEMENT POUR SUIVRE LA MODE DES ACTRICES D'HOLLYWOOD.

SON PÈRE, LE GÉNÉRALPUTSCHISTE MANUEL MANDRAGON

SON MARIAGE AVEC MANUEL RODRIGUEZ LOZANO LE 6 AOUT 1913

LE DOCTEUR ATL (GERARDO MURILLO)

Nahui en modèle parfaitement libéré, symbole d'un modernisme affirmé, desinhibé. Mais l'artiste fut aussi écrivain, pianiste, compositeur, actrice et peintre... une formidable coloriste.



Son amour pour le capitaine Eugenio Agacino, la dernière passion de sa vie, fut la source d'inspiration de son travail le plus abouti. E 1934 alors que l'artiste expose vingt-deux toiles à l'hôtel Regis, un article dans le grand quotidien Excelsior fait l'éloge de cette "Nahui Oline" en ces termes : "L'artiste peintre de grand talent, poétesse et compositeur, nous a montré une série de comptes rendus de son oeuvre qui nous a laissés perplexes. Pourquoi l'oeuvre de cette artiste multiforme et exceptionnelle qui a suscité tant d'éloges de la critique étrangère, n'a-t'elle pas encore été considérée à sa juste valeur au Mexique ?"