RENCONTRE
IL REVIENT TOUT JUSTE DE NEW YORK, ÉTATS-UNIS
MONSIEUR... CHABANNE KEFTI
Je venais juste d’essayer d’entrer en résonance avec les premières lignes de l’échange épistolaire entre Houellebecq et Bernard-Henri Lévy. De réveiller, moi aussi, cette saleté d’« eczéma », à l’idée que l’on m’avait refourgué pour pas cher, de devoir cohabiter, une lettre après l’autre, avec cette charmante baudruche intelectuévisuelle d’Éric Naulleau ; lui et la gente d’une sacrée bonne critique française, perspicace et si importante. D’avoir affaire à ce genre de gentil kapo de la libre, bonne et unique pensée de la gauche de télévision, prétentieuse, bruyante et finalement, complètement dépassée... Cette gente-là plutôt qu’à Aragon, Elsa ; Pascal, ses jolies phrases assassines sur Voltaire. Que sais-je encore ? Sollers, Baudelaire bien sûr. Oui, cette journée-là aurait pu très mal commencer, comme un sacré paquet d’autres pour plein de monde un peu partout sur la terre. Mais Dieu t’aidera, me répète sans cesse un ami musulman. Dieu... rendez-vous compte où on en est arrivé ! Mon grand-père me racontait les mêmes histoires avec le sien. Une croix de bois toute moche accrochée au-dessus d’une télé Schneider™ payée à crédit pour regarder La vie des animaux.
Que je vous raconte alors... Une rencontre heureuse, salutaire dans ce monde d’infinies beautés... un type formidable... « un américain »... de la région de Gray en Franche-Comté (à moins que ce ne soit le contraire : Un type... de la région de Gray, en Amérique ! mais ça n’a guère d’importance en vérité) ! Un type formidable et toute sa bande de copains du club du Val-De-Gray. Un type... comme Néon™ les adore, lui... et sa bande de copains aussi. Mais devrais-je plutôt parler d’un Monsieur, un grand. Un Monsieur dans le genre du Monsieur pas le genre à se plaindre pour rien. Un monsieur courageux ; un Monsieur, le sourire jusqu’aux yeux. Le genre du Monsieur qu’on aimerait saluer chaque matin sur sa route avant de commencer la journée pour nous rassurer sur le temps qui passe, les horloges récalcitrantes. Un Monsieur coureur de fond, un marathonien (Voilà que Néon™ nous refait le coup de la course à pied, le coup de sa prose fatigante avec des gens qui bougent dedans. Une véritable obsession !)
Le Monsieur s’appelle Chabanne Kefti, comme je vous le dis ! Chabanne, le nom que ses amis retiennent plus facilement (et ce Chabanne Kefti-là, a beaucoup d’amis autour de lui, je vous promets). Chabanne... Un vrai champion. Un Monsieur, mesuré, évalué à la hauteur actuelle et bien dosée de ses quatre-vingt ans. Quatre-vingt, Vous entendez bien. Huit décennies de labeur terrestre, de petites misères quotidiennes... et encore capable d’aligner un temps de 4H 37’ sur la ligne d’arrivée du célébrissime Marathon de New-York ; le meilleur temps de sa catégorie. Oui Monsieur ! Comme je vous le dis. Le champion du marathon de New-York dans la catégorie des 80, 89ans. « Chapeau bas » qu’un autre Monsieur me répond alors. 4H37... soit seulement 4’ de plus qu’un certain Yannick Noah âgé lui... de quarante-neuf ans. « Non ! » me répond le Monsieur... Si ! que je lui dis, fier de ma petite comparaison de journaliste sportif très tatillon sur les chiffres à force de parler trop vite. Je vous avais prévenu... un mec formidable, un vrai virtuose. Un modèle pour tous ces potes du pays graylois. Un exemple. Et central park... Comment c’était les derniers mètres à Central Park ? Je pose la question à Chabanne qui lève ses bras au ciel. Chabanne se tient debout sur la piste un peu usée du stade municipal où il s’entraîne chaque matin sans faillir depuis quinze ans. Le Monsieur porte un short et un maillot d’athlète avec le mot France écrit dessus. Des lettres énormes. « Ce stade-là, Je l’ai vu construire, vous savez. C’était dans les années soixante. J’habitais juste à côté, j’avais le chantier sous mes fenêtres ». Chabanne me dit qu’il travaillait dans une usine, une fabrique de paniers à salades, quelque chose comme ça. Des paniers à salades... Sur le coup, j’ai tout de suite pensé à un « tube » Citroën™ !
des centaines de tubes Citroën™ noir et blanc qui sortaient d’une usine du sud-ouest haut-saônois. Un tube par heure, avec du grillage solide installé aux fenêtres pour pas que les gens se barrent avant d’avoir fini de bosser. Un de ces trucs de la maréchaussée pour trimballer la misère des gens sans avoir à se mouiller les pieds. Il n'en était rien bien-sûr ! Le Monsieur dont je vous parle bossait plus simplement dans le procédé de l'électrolyse ou quelque-chose comme ça (ne m'en demandez pas plus sur le sujet des techniques de production industrielle des objets d'aluminium auquel je ne connais strictement rien). Chabanne est en retraite aujourd'hui. Chabanne Kefti, pêcheur et coureur à pied.
« Les derniers mètres... se souvient Chabanne. On criait tous Obama, Obama !... des milliers, vous comprenez ? c’était fou. »
Je pensais tout à coup et pardonnez-moi cette digression, à la réaction épidermique du nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, la poussée soudaine de ce fameux eczéma dans les rangs calfeutrés d’une bonne partie du parti socialiste ; celle de François Hollande sur France 2, absolument convergente. Un rictus coincé à l’annonce des résultats de l’élection du 44e président des États-Unis, un démocrate. Oui, c’était à ne plus rien y comprendre ! car rappelons ce fait absolument considérable, historique considérant ce traditionnel clivage droite/gauche qui sévit encore dans cette France d’Abd Al Malik ; celle du fromage de tête qui persil-ste, celle de ce « formidable » Éric Zemmour, commenterait Michel Drucker... Celle qui discute du prix de la sécu et celle... de ceux qui en ont plus que jamais besoin. Oui rappelons cette information prépondérante pour l’avenir de la conduite des petites affaires françaises dans le grand cirque du monde : la fête... fut cette nuit-là dans les salons de l’Elysée, sur les lèvres de la secrétaire d’état Rama Yade, une sarkozyste... À l'Elysée plutôt qu'à Solférino. Oui, "Voltaire"... comme on disait encore en France du temps de Philippe Val : "Reviens... Ils sont touts devenus fous !"
En substance, j'avais écouté Chabanne me raconter comment quarante-deux kilomètres durant, le monde s'était arrêté de tourner. Un type, un Monsieur... au milieu de près de 40 000 autres coureurs venus tout exprès à New-York, États-Unis, mais en évitant de confondre la politique et la course à pied.
Avec mes plus sincères excuses de vous avoir mélé à toutes ces drôles d'idées, et tout le respect que je vous dois, Monsieur Kefti.
Sincèrement.
NÉON™
Je venais juste d’essayer d’entrer en résonance avec les premières lignes de l’échange épistolaire entre Houellebecq et Bernard-Henri Lévy. De réveiller, moi aussi, cette saleté d’« eczéma », à l’idée que l’on m’avait refourgué pour pas cher, de devoir cohabiter, une lettre après l’autre, avec cette charmante baudruche intelectuévisuelle d’Éric Naulleau ; lui et la gente d’une sacrée bonne critique française, perspicace et si importante. D’avoir affaire à ce genre de gentil kapo de la libre, bonne et unique pensée de la gauche de télévision, prétentieuse, bruyante et finalement, complètement dépassée... Cette gente-là plutôt qu’à Aragon, Elsa ; Pascal, ses jolies phrases assassines sur Voltaire. Que sais-je encore ? Sollers, Baudelaire bien sûr. Oui, cette journée-là aurait pu très mal commencer, comme un sacré paquet d’autres pour plein de monde un peu partout sur la terre. Mais Dieu t’aidera, me répète sans cesse un ami musulman. Dieu... rendez-vous compte où on en est arrivé ! Mon grand-père me racontait les mêmes histoires avec le sien. Une croix de bois toute moche accrochée au-dessus d’une télé Schneider™ payée à crédit pour regarder La vie des animaux.
Que je vous raconte alors... Une rencontre heureuse, salutaire dans ce monde d’infinies beautés... un type formidable... « un américain »... de la région de Gray en Franche-Comté (à moins que ce ne soit le contraire : Un type... de la région de Gray, en Amérique ! mais ça n’a guère d’importance en vérité) ! Un type formidable et toute sa bande de copains du club du Val-De-Gray. Un type... comme Néon™ les adore, lui... et sa bande de copains aussi. Mais devrais-je plutôt parler d’un Monsieur, un grand. Un Monsieur dans le genre du Monsieur pas le genre à se plaindre pour rien. Un monsieur courageux ; un Monsieur, le sourire jusqu’aux yeux. Le genre du Monsieur qu’on aimerait saluer chaque matin sur sa route avant de commencer la journée pour nous rassurer sur le temps qui passe, les horloges récalcitrantes. Un Monsieur coureur de fond, un marathonien (Voilà que Néon™ nous refait le coup de la course à pied, le coup de sa prose fatigante avec des gens qui bougent dedans. Une véritable obsession !)
Le Monsieur s’appelle Chabanne Kefti, comme je vous le dis ! Chabanne, le nom que ses amis retiennent plus facilement (et ce Chabanne Kefti-là, a beaucoup d’amis autour de lui, je vous promets). Chabanne... Un vrai champion. Un Monsieur, mesuré, évalué à la hauteur actuelle et bien dosée de ses quatre-vingt ans. Quatre-vingt, Vous entendez bien. Huit décennies de labeur terrestre, de petites misères quotidiennes... et encore capable d’aligner un temps de 4H 37’ sur la ligne d’arrivée du célébrissime Marathon de New-York ; le meilleur temps de sa catégorie. Oui Monsieur ! Comme je vous le dis. Le champion du marathon de New-York dans la catégorie des 80, 89ans. « Chapeau bas » qu’un autre Monsieur me répond alors. 4H37... soit seulement 4’ de plus qu’un certain Yannick Noah âgé lui... de quarante-neuf ans. « Non ! » me répond le Monsieur... Si ! que je lui dis, fier de ma petite comparaison de journaliste sportif très tatillon sur les chiffres à force de parler trop vite. Je vous avais prévenu... un mec formidable, un vrai virtuose. Un modèle pour tous ces potes du pays graylois. Un exemple. Et central park... Comment c’était les derniers mètres à Central Park ? Je pose la question à Chabanne qui lève ses bras au ciel. Chabanne se tient debout sur la piste un peu usée du stade municipal où il s’entraîne chaque matin sans faillir depuis quinze ans. Le Monsieur porte un short et un maillot d’athlète avec le mot France écrit dessus. Des lettres énormes. « Ce stade-là, Je l’ai vu construire, vous savez. C’était dans les années soixante. J’habitais juste à côté, j’avais le chantier sous mes fenêtres ». Chabanne me dit qu’il travaillait dans une usine, une fabrique de paniers à salades, quelque chose comme ça. Des paniers à salades... Sur le coup, j’ai tout de suite pensé à un « tube » Citroën™ !
des centaines de tubes Citroën™ noir et blanc qui sortaient d’une usine du sud-ouest haut-saônois. Un tube par heure, avec du grillage solide installé aux fenêtres pour pas que les gens se barrent avant d’avoir fini de bosser. Un de ces trucs de la maréchaussée pour trimballer la misère des gens sans avoir à se mouiller les pieds. Il n'en était rien bien-sûr ! Le Monsieur dont je vous parle bossait plus simplement dans le procédé de l'électrolyse ou quelque-chose comme ça (ne m'en demandez pas plus sur le sujet des techniques de production industrielle des objets d'aluminium auquel je ne connais strictement rien). Chabanne est en retraite aujourd'hui. Chabanne Kefti, pêcheur et coureur à pied.
« Les derniers mètres... se souvient Chabanne. On criait tous Obama, Obama !... des milliers, vous comprenez ? c’était fou. »
Je pensais tout à coup et pardonnez-moi cette digression, à la réaction épidermique du nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, la poussée soudaine de ce fameux eczéma dans les rangs calfeutrés d’une bonne partie du parti socialiste ; celle de François Hollande sur France 2, absolument convergente. Un rictus coincé à l’annonce des résultats de l’élection du 44e président des États-Unis, un démocrate. Oui, c’était à ne plus rien y comprendre ! car rappelons ce fait absolument considérable, historique considérant ce traditionnel clivage droite/gauche qui sévit encore dans cette France d’Abd Al Malik ; celle du fromage de tête qui persil-ste, celle de ce « formidable » Éric Zemmour, commenterait Michel Drucker... Celle qui discute du prix de la sécu et celle... de ceux qui en ont plus que jamais besoin. Oui rappelons cette information prépondérante pour l’avenir de la conduite des petites affaires françaises dans le grand cirque du monde : la fête... fut cette nuit-là dans les salons de l’Elysée, sur les lèvres de la secrétaire d’état Rama Yade, une sarkozyste... À l'Elysée plutôt qu'à Solférino. Oui, "Voltaire"... comme on disait encore en France du temps de Philippe Val : "Reviens... Ils sont touts devenus fous !"
En substance, j'avais écouté Chabanne me raconter comment quarante-deux kilomètres durant, le monde s'était arrêté de tourner. Un type, un Monsieur... au milieu de près de 40 000 autres coureurs venus tout exprès à New-York, États-Unis, mais en évitant de confondre la politique et la course à pied.
Avec mes plus sincères excuses de vous avoir mélé à toutes ces drôles d'idées, et tout le respect que je vous dois, Monsieur Kefti.
Sincèrement.
NÉON™